La lecture à portée de main
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Publié par | bibebook |
Publié le | 14 janvier 2013 |
Nombre de lectures | 79 |
EAN13 | 9782824710570 |
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Langue | Français |
Extrait
H EN RI BARBUSSE
LET T RES DE H EN RI
BARBUSSE À SA
F EMME
1914-1917
BI BEBO O KH EN RI BARBUSSE
LET T RES DE H EN RI
BARBUSSE À SA
F EMME
1914-1917
1937
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1057-0
BI BEBO OK
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LE CARN ET DE NO T ES
contiennent le te xte intégral du car net de
notes d’Henri Barbusse . Sur ce car net, for mé de cinq feuilletsL cousus ensemble et qu’il p orta sur lui sans cesse , Henri
Barbusse notait, au jour le jour , ses déplacements et les faits qui l’avaient le
plus frapp é . Ces notes rapides de l’é crivain sont doublement pré cieuses :
elles donnent la chr onologie e x acte d’une p ério de de sa vie de
combattant et, dans leur laconisme pr esque br utal, contiennent maints détails
que Barbusse avait cr u de v oir omer e ou aénuer lor squ’il é crivait à sa
femme .
1ʳ août 1914. — T amb our A umont. Mobilisation 4 h. 1/2.
3 août. — Retour à Paris. Re cr utement. Eng ag ement.
14 août. — Pr emier v o yag e à Melun.
19 août. — D euxième v o yag e à Melun.
Jeudi, 10 septembre. — 5 heur es, conv o cation p our Albi. Je p ar s à 9
heur es.
Samedi, 12 septembre. — Ar rivé e à Albi.
10 octobre. — Hély onne à Albi. Maison Juér y .
Lundi, 21 décembre. — D ép art d’ Albi av e c le 231 ᵉ — 5 h. 3/4 du soir .
Vendredi, 25 — Ar rivé e en chemin de fer à Vier zy . Mar che
1Ler es de Henri Barbusse à sa femme , 1914-1917 Chapitr e
(14 kilomètr es) de Vier zy à V auxbuin. — Cantonnement à V auxbuin.
Mardi, 29 décembre. — T ranché es de V auxr ot (trav er sé e de Soissons).
2 janvier 1915. — D ép art des tranché es p our P loizy (8 kilomètr es). —
Cantonnement à P loizy .
7 janvier. — Journées terribles. D ép art de P loizy à 2 heur es du matin,
cartouches. Cantonnement à la V er r erie de V auxr ot, p endant l’aaque
des Mar o cains et des Chasseur s. Couloir s nus, courants d’air . Fr oid. V er s
2 heur es, dép art p our la Car rièr e . P luie à la tombé e du soir ( longs
stationnements). Les tranché es prises p ar les Mar o cains sont b ondé es p ar
les autr es Comp agnies. Nuit ter rible dans les champs à côté des
tranché es. Boue , fondrièr es. Stationnement d’une heur e au r e v er s d’un talus
de ter r e , de 3 ou 4 heur es dans un champ au b ord d’une flaque . Fusé es
é clairantes allemandes. T out le monde couché . Silence , balles. J’ai dor mi
un p eu, transp er cé p ar le fr oid. A 11 heur es la lune se lè v e . A 11 h. 1/2,
malgré tout on se met en mar che . On p asse dans des r outes qui sont de
véritables monce aux de b oue . Chacun tomb e plusieur s fois. On trav er se
un b o yau pris aux Allemands, b oue , jusqu’à mi-mollet. On ar riv e au b out
des tranché es du 204. On dort un p eu, malgré le fr oid, sur un r e v er s de
talus — Le mort dans le quel tout le monde s’ empêtr e . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Samedi, 9 janvier. — T ranché es à la baïonnee . Le matin, le b
ombardement commence . On cher che des abris.
Lethume blessé à côté de moi. Dumont et moi nous nous appuy ons
au pie d de la tranché e près de l’abri des Chasseur s. Pr esque plus rien à
mang er . Je mang e un r este de p ain et de cho colat. A. . . heur es, le b
ombardement r e double . A 1 m. 50 de moi, qui me suis un p eu déplacé et qui
sommeillais, D . . ., frapp é à la tête , le crâne ouv ert, râle , p endant que ter ré ,
la musee sur la tête , j’aends les coups ( je cr ois qu’il r onfle , en me r
etour nant je le v ois étendu, couv ert de sang et de ter r e ). G. . ., bras coup é ,
crie qu’ on lui bande le bras. La rafale r e double . Chaque coup me lance
de la ter r e . A un moment, coup violent au pie d. Je me cr ois blessé . Ce
n’ est qu’un mor ce au de madrier détaché p ar un shrapnel. . . Je chang e de
place . Je me tapis dans le couloir qui mène à une cabane-abri. Je suis à ciel
ouv ert. Je mets sur ma tête ma musee ; sur le v entr e une autr e musee
tr ouvé e là , sur mes jamb es une couv ertur e r oulé e . Feu effrayant p endant
2Ler es de Henri Barbusse à sa femme , 1914-1917 Chapitr e
tout le r este de la jour né e . Je v ois l’é clatement des shrapnels, à dr oite , à
g auche , en avant.
Nous sommes r ele vés v er s 8, 9 heur es. Cheminement mi-p artie dans
les b o yaux, mi-p artie dans les champs, en dehor s des tranché es, à cause
de l’ encombr ement pr o duit p ar la r elè v e . Ar rivé e à la Gr oe .
Stationnement, p our aendr e que la tranché e soit vide des se ctions qui y défilent.
Fusé e é clairante ( cee fusé e a p er mis de r ep ér er l’ endr oit et quelques
instants après notr e dép art, des obus sont tombés là , faisant huit ou dix
victimes). Finalement, l’adjudant nous fait p artir p ar la crête , en dehor s de
la tranché e , p our en finir et r entr er . Balles. Sifflements. Les infir mier s et
les morts. O deur p estilentielle . Enfin, r oute et car rièr e . On s’installe p our
dor mir , harassés. Mais v er s 11 heur es on vient demander vingt-quatr e
hommes p our aller p orter des fils de fer sur la ligne de feu. J’ en suis. On
se r elè v e . On va à la V er r erie dép oser les couv ertur es et les musees, et
ar més du fusil, av e c le char g ement de cartouches, on pr end, deux à deux,
dans l’ ombr e , des bar ricades de b ois tendues de fils de fer barb elés, les X,
et on r ep art p our la ligne . Sifflements de balles. On ar riv e à la Gr oe . On
dép ose les X et on r e vient. Il est 4 h. 1/2 envir on. On se réinstalle p our
dor mir sur la pier r e av e c une p oigné e de p aille , je n’ai p our or eiller que
ma musee . Je dor s tout de même comme un plomb jusqu’à 8 heur es.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Dimanche, 10 janvier. — Le matin, la moitié de l’ escouade se fait p orter
malade . On appr end que dans la 17 ᵉ Comp agnie qui a été contr e-aaqué e ,
il y a eu plus de vingt morts, cinquante-cinq blessés ( envir on deux cents
hommes hor s de combat p our la nuit d’avant-hier et la jour né e d’hier ). On
raconte des détails : les blessés collés dans la b oue et qu’il faut se mer e
à deux p our dé coller de la vase des tranché es. Les Allemands ne faisant
p as de quartier . Les Allemands ayant essayé de se fair e p asser p our « la
r elè v e de la 19 ᵉ et de la 21 ᵉ » afin de r entr er dans nos tranché es.
A ujourd’hui nouv elle aaque des nôtr es sur la tranché e de Cr ouy .
D e l’avis g énéral, la jour né e p assé e est la plus meurtrièr e qu’ on ait
v ue depuis le commencement de la guer r e , et p ourtant le régiment a fait
la pr emièr e p artie de la camp agne , de la Meuse à la Mar ne .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Lundi, 11 janvier. — Matiné e à la V er r erie . A 4 heur es on crie :
« Ras3Ler es de Henri Barbusse à sa femme , 1914-1917 Chapitr e
semblement ! » On nous réunit dans la cour . Puis on se dirig e v er s la
sortie . On crie : « Par escouade , p as g y mnastique . » Nous sommes sur la r oute
de Cr ouy et elle est r ep éré e . On aeint, sous la pluie d’ obus, le châte au.
Halte . On r ep art en se défilant. Balles et shrapnels. On a