Rapport d'information fait au nom de la mission commune d'information sur les conséquences de la révision générale des politiques publiques pour les collectivités territoriales et les services publics locaux - Tome II : Auditions et annexe
Lancée en juin 2007 dans un objectif de modernisation de l'action publique, la révision générale des politiques publiques (RGPP) a entraîné une réorganisation des services publics aussi bien dans l'administration centrale qu'à l'échelon local. Dans son rapport, la mission commune d'information a été chargée d'évaluer l'impact de la RGPP sur les collectivités territoriales et les services publics locaux au regard des objectifs initialement fixés (amélioration du service rendu aux usagers, simplification, modernisation de la fonction publique et valorisation des initiatives des agents, réalisation d'économies). Ses travaux devaient porter sur la méthode adoptée dans le cadre de cette réforme, sur l'adéquation des moyens engagés pour atteindre les buts arrêtés ainsi que sur les effets produits par cette politique. A noter que le rapport de la mission est consultable dans un tome I disponible à l'adresse suivante : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/114000359/index.shtml
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Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Extrait
N° 666
SÉNATSESSION ORDINAIRE DE 2010-2011
Enregistré à la Présidence du Sénat le 22 juin 2011
RAPPORT D’INFORMATION
FAIT
au nom de la mission commune d’information sur lesenquscecséon de la révision généraledespolitiques publiquespour lescollectivités territorialeset lesservices publics locaux(1),
Par M. Dominique de LEGGE,
Sénateur.
Tome II : Auditions et annexe
(1) Cette mission commune d’information est composée de: M. François Patriat,président;MM. Gérard Bailly, Raymond Couderc, Jean-Luc Fichet, Didier Guillaume et Mme Jacqueline Gourault, vice-présidents; Mmes Michèle André, Marie-France Beaufils, Catherine Deroche, MM. Adrien Gouteyron et Jacques Mézard,secrétaires; M. Dominique de Legge, rapporteur Christiane Bécot, Pierre-Yves Collombat, Mme Michel; MM. Éric Demontès, MM. Doligé, Alain Houpert, Mme Valérie Létard, MM. Roland du Luart, Rachel Mazuir, Gérard Miquel, Georges Patient, Charles Revet, Alex Türk, Bernard Vera et Jean-Pierre Via .l
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S O M M A I R E CRENDU DES AUDITIONS DE LA MISSIONOMPTE
MERCREDI9FÉVRIER2011
- M.CLAUDYLEBRETON, PRÉSIDENT DE LASSEMBLÉE DES DÉPARTEMENTS DE FRANCE(ADF)........................................................................................................................... 8
- M.BRUNOBOURG-BROC,PRÉSIDENT, ETM.SERGEGLOAGUEN,DE LA FÉDÉRATION DES MAIRES DES VILLES MOYENNES(FMVM).................................................... 13
- M.PHILIPPERICHERT,MINISTRE CHARGÉ DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES.................. 18
MERCREDI16FÉVRIER2011 - TABLE RONDE AVEC LES SYNDICATS DE LA FONCTION PUBLIQUE:INTERCO-CFDT :M.YVESLETOURNEUX,PRÉSIDENT,FNACT-CFTC :MM.ALAINMAZEAU,SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ETPATRICEBEUNARD,FÉDÉRATION DESFONCTIONSPUBLIQUESCGC :MM.JEAN-PASCALLANUIT ET DOMINIQUEZAUG,FSU :M.DIDIERBOURGOIN,UNSAFONCTIONNAIRES:M.HANSHELMRICH,CGT :MM.JACQUESNICOLAS ETPATRICKHALLINGER,CFTC-FAEFONCTIONNAIRES:M.DENISLEFEBVRE,SECRÉTAIRE GÉNÉRAL,CFDT :M.PATRICERIO............................................................................................................. 24- M FRANÇOISBAROIN, MINISTRE DU BUDGET,DES COMPTES PUBLICS, DE LA .FONCTION PUBLIQUE ET DE LA RÉFORME DE LETAT,RAPPORTEUR GÉNÉRAL DU CONSEIL DE MODERNISATION DES POLITIQUES PUBLIQUES..................................................... 37
MERCREDI2MARS2011 - M.ERICJALON, DIRECTEUR GÉNÉRAL DES COLLECTIVITÉS LOCALES,MINISTÈRE DE LINTÉRIEUR,DE LOUTRE-MER, DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES ET DE LIMMIGRATION......................................................................................................................... 44M.HENRI-MICHELCOMET, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR,-DE LOUTRE-MER,DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES ET DE LIMMIGRATION................... 50- MM.OLIVIERDUSSOPT,VICE-PRÉSIDENT,ETNICOLASSORET,ASSOCIATION DES PETITES VILLES DEFRANCE(APVF)........................................................................................ 55
JEUDI3MARS2011 - M.GEORGESTRON, SECRÉTAIRE DETAT CHARGÉ DE LA FONCTION PUBLIQUE................... 60
MERCREDI9MARS2011 - M.RAPHAËLBARTOLT, DIRECTEUR DE LAGENCE NATIONALE DES TITRES SÉCURISÉS(ANTS).................................................................................................................... 67
MERCREDI23MARS2011 - M JACQUESPÉLISSARD, PRÉSIDENT DE LASSOCIATION DES MAIRES DEFRANCE .(AMF)........................................................................................................................................ 77- M.DANIELCANEPA,PRÉFET DE PARIS,PRÉFET DE LA RÉGIONÎLE-DE-FRANCE,PRÉSIDENT DE LASSOCIATION DU CORPS PRÉFECTORAL ET DES HAUTS FONCTIONNAIRES DU MINISTÈRE DE LINTÉRIEUR,DE LOUTRE-MER,DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES ET DE LIMMIGRATION........................................................ 83- M.JEAN-MARCREBIÈRE, PRÉSIDENT DU CONSEIL SUPÉRIEUR DE LADMINISTRATION TERRITORIALE DE LÉTAT(CSATE)....................................................... 88
MERCREDI30MARS2011 - M.VANIKBERBERIAN, PRÉSIDENT DE L'ASSOCIATION DES MAIRES RURAUX DE FRANCE(AMRF)....................................................................................................................... 91- MM.DANIELDELAVEAU,PRÉSIDENT,ETCHRISTOPHEBERNARD,SECRÉTAIRE GÉNÉRAL,DE LASSEMBLÉE DES COMMUNAUTÉS DEFRANCE(ADCF)................................... 98- M.JEAN-FRANÇOISMONTEILS, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU MINISTÈRE DE LÉCOLOGIE,DU DÉVELOPPEMENT DURABLE,DES TRANSPORTS ET DU LOGEMENT............... 103
MERCREDI6AVRIL2011 - M.EMMANUELBERTHIER, DÉLÉGUÉ INTERMINISTÉRIEL À LADÉLÉGATION À LAMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET À LATTRACTIVITÉ RÉGIONALE(DATAR)................. 109- M.FRANÇOIS-DANIELMIGEON, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA MODERNISATION DE LETAT(DGME),MINISTÈRE DU BUDGET,DES COMPTES PUBLICS, DE LA FONCTION PUBLIQUE ET DE LA RÉFORME DE LÉTAT................................................................................. 114
MERCREDI13AVRIL2011
- M.ALAINROUSSET, PRÉSIDENT DE LASSOCIATION DESRÉGIONS DEFRANCE (ARF)......................................................................................................................................... 120
- MM.THIERRYLATGER,SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, ETLAURENTJANVIER,DU SYNDICAT NATIONAL DES INGÉNIEURS DES TRAVAUX PUBLICS DE LETAT ET DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES(SNITPECT)....................................................................... 127- M. VINCENTDESCOEUR,PRÉSIDENT,ET DEMMECHANTALROBINRODRIGO,SECRÉTAIRE GÉNÉRALE, DE LASSOCIATION NATIONALE DES ÉLUS DE LA MONTAGNE(ANEM)................................................................................................................. 133
MERCREDI27AVRIL2011 -MM.JEAN-PIERREAUGER,PRÉSIDENT, ET DEFRANÇOISGUILLOT,VICE-PRÉSIDENT,DE LASSOCIATION DES INGÉNIEURS TERRITORIAUX DEFRANCE(AITF)........... 137- M.JEAN-MARIEBERTRAND, PRÉSIDENT DE CHAMBRE,RAPPORTEUR GÉNÉRAL DU COMITÉ DU RAPPORT PUBLIC ET DES PROGRAMMES À LACOUR DESCOMPTES..................... 144
MERCREDI4MAI2011
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- M.JEAN-FRANÇOISVERDIER, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LADMINISTRATION ET DE LA FONCTION PUBLIQUE(DGAFP),MINISTÈRE DU BUDGET,DES COMPTES PUBLICS,DE LA FONCTION PUBLIQUE ET DE LA RÉFORME DE LÉTAT..................................................... 152- M.MARCCENSI,PRÉSIDENT,ETMMEDELPHINEVINCENT,DIRECTRICE,D'ENTREPRISES,TERRITOIRES ETDÉVELOPPEMENT(ETD)................................................... 157- M.BRUNOLEMAIRE, MINISTRE DE L'AGRICULTURE,DE L'ALIMENTATION,DE LA PÊCHE,DE LA RURALITÉ ET DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE......................................... 163
MERCREDI11MAI2011
- M.CHRISTIANPIOTRE,SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LADMINISTRATION DU MINISTÈRE DE LA DÉFENSE ET DES ANCIENS COMBATTANTS................................................... 170
- M.JEAN-JACQUESBROT, PRÉFET DE LAVENDÉE................................................................... 175
JEUDI12MAI2011
- M.ANDRÉMARCON, PRÉSIDENT DE LASSEMBLÉE DES CHAMBRES FRANÇAISES DE COMMERCE ET DINDUSTRIE(ACFCI)..................................................................................... 183
MERCREDI18MAI2011 - M.CHRISTIANCHARPY, DIRECTEUR GÉNÉRAL DEPÔLEEMPLOI.......................................... 187
- MMESEMMANUELLEWARGON, SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DES MINISTÈRES CHARGÉS DESAFFAIRES SOCIALES, ETANNIEPODEUR, DIRECTRICE GÉNÉRALE DE LOFFRE DE SOINS,MINISTÈRE DU TRAVAIL,DE LEMPLOI ET DE LA SANTÉ........................... 196- M.YVESSARRAND, DIRECTEUR GÉNÉRAL DES SERVICES DU CONSEIL GÉNÉRAL DE LASAVOIE,MEMBRE DE LASSOCIATION NATIONALE DES DIRECTEURS GÉNÉRAUX ET DES DIRECTEURS GÉNÉRAUX ADJOINTS DES RÉGIONS ET DÉPARTEMENTS (ANDGDGARD)....................................................................................................................... 202
MERCREDI25MAI2011 -MM.JEAN-FRANÇOISROUBAUD,PRÉSIDENT, ETPASCALLABET,DIRECTEUR DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES,DE LACONFÉDÉRATION GÉNÉRALE DES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES(CGPME)......................................................................................... 206- M.CLAUDEGUÉANT, MINISTRE DE LINTÉRIEUR,DE LOUTRE-MER, DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES ET DE LIMMIGRATION........................................................ 212
JEUDI26MAI2011 -MM.EMMANUELRÉBEILLÉ-BORGELLA,SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ETMARCNIELLY,CHARGÉ DE MISSIONRGPP,DU MINISTÈRE DE LA JUSTICE ET DES LIBERTÉS........................ 218
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MERCREDI8JUIN2011
- M.FRANÇOISMOUTOT, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L'ASSEMBLÉE PERMANENTE DES CHAMBRES DE MÉTIERS ET DE L'ARTISANAT(APCMA).......................................................... 242- MMEMARIE-LUCEPENCHARD, MINISTRE CHARGÉE DE LOUTRE-MER................................ 247
MERCREDI1ER JUIN2011
- M.GUYVASSEUR, PRÉSIDENT DE LASSEMBLÉE PERMANENTE DES CHAMBRES DAGRICULTURE(APCA).......................................................................................................... 224- M.JEAN-PAULDELEVOYE, ANCIENMÉDIATEUR DE LARÉPUBLIQUE, PRÉSIDENT DUCONSEIL ÉCONOMIQUE,SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL(CESE).................. 228 - TABLE RONDE AVEC DES ASSOCIATIONS DE CONSOMMATEURS ET DUSAGERS:ASSOCIATION DENTRAIDE DES USAGERS DE LADMINISTRATION ET DES SERVICES PUBLICS ET PRIVÉS(ADUA),MMEJOSETTEMONDINO,PRÉSIDENTE,MM. BERTRAND DEQUATREBARBES ETJEAN-PIERREVAILLANT,VICE-PRÉSIDENTSCONFÉDÉRATION DE LA CONSOMMATION,LOGEMENT ET DU CADRE DE VIEDU (CLCV),M. THIERRYSANIEZ,DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL.................................................................................... 234
ANNEXE - NOTE SUR LES RÉFORMES RÉCENTES DE L'ADMINISTRATION EN ANGLETERRE, AU CANADA, EN ITALIE ET AUX PAYS-BAS.................................................. 267
MERCREDI15JUIN2011
- M.JEAN-LOUISDAUMAS, DIRECTEUR DE LA PROTECTION JUDICIAIRE DE LA JEUNESSE(PJJ),MINISTÈRE DE LA JUSTICE ET DES LIBERTÉS................................................. 252- GÉNÉRAL DARMÉEJACQUESMIGNAUX, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA GENDARMERIE NATIONALE........................................................................................................ 256M.FRÉDÉRICPÉCHENARD, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA POLICE NATIONALE....................... 262 -
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MERCREDI9FÉVRIER2011 M.CLAUDYLEBRETON,PRÉSIDENT DE LASSEMBLÉE DES DÉPARTEMENTS DEFRANCE(ADF) ____
M. François Patriat, président. Nous inaugurons avec vous une mission qui devrait durer quatre mois, où nous chercherons à mesurer les conséquences de la RGPP pour les collectivités territoriales, avec le souci daméliorer les politiques publiques, daller vers une action publique plus efficace et moins coûteuse, mais aussi de faire remonter les difficultés rencontrées du fait de la RGPP. Mes questions seront volontairement larges, et simples : avez-vous été associés à la mise en place de la nouvelle organisation des services déconcentrés de lEtat ? Quels vous paraissent être les premiers résultats de la RGPP ? M. Claudy Lebreton, président de lassemblée des départements de France (ADF). Je ne lai pas été comme ! ? Jamais Avons-nous été associés président du Conseil général des Côtes dArmor. Cela ne ma pas empêché den parler avec le préfet de mon département, un homme courtois, républicain, qui ma fait part de ses propres interrogations sur le processus. Je nai pas non plus été associé comme président de lADF et ce nest pas faute de lavoir demandé, à plusieurs reprises, par les voies les plus officielles. Mais tout sest passé comme si lEtat devait se réformer sans que les collectivités territoriales ne soient concernées -je lavais déjà signalé devant le comité Balladur. Cette réforme de lEtat, pourtant, nous, nous lattendions depuis longtemps. De fait, les lois de décentralisation ont bouleversé lorganisation territoriale de la République, des compétences toujours plus nombreuses ont été confiées aux collectivités territoriales, à quoi se sont ajoutés les transferts vers léchelon européen -et lEtat devait redéfinir ses fonctions, ses missions, ses propres compétences, pour tenir compte de ces bouleversements. Or, ce que je continue de déplorer, pour la déconcentration des services de lEtat, cest linsuffisante territorialisation de la décision publique : le préfet doit encore trop souvent en référer à Paris avant de pouvoir prendre une décision. Ce défaut menace du reste nos propres administrations locales, dès lors quelles sont devenues plus importantes. Quant à la RGPP proprement dite, nous commençons tout juste à la vivre, à en ressentir les effets. M. François Patriat, président. Quels sont-ils, ces effets, comment les choses sont-elles ressenties ? M. Dominique de Legge, rapporteur. On a le sentiment que lEtat réorganise ses services déconcentrés à partir dun pôle fort, la région ; cétait le vu du comité Balladur de privilégier le niveau régional. Mais, au vu des transferts de compétences, la réalité est différente et la question de savoir si la région lemporterait sur le département ne se pose plus. Comment un président de Conseil
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général vit-il cette primauté du préfet de région ? Constatez-vous, en particulier, des retards dans les décisions, du fait quelles doivent être prises, désormais, à la préfecture de région ? Quest-ce qui a changé pour le quotidien de nos concitoyens, en particulier pour leurs démarches administratives, la délivrance des documents administratifs, mais aussi pour le contrôle de légalité ? Diriez-vous que la performance de lEtat saméliore ? M. Claudy Lebreton. Lorsque la RGPP a été annoncée, jai dit par plaisanterie à mon préfet quil lui faudrait désormais apprendre à redevenir sous-préfetde région. La réforme de lEtat est souhaitable, elle intervient dans un contexte où la relation entre lEtat et les collectivités locales a changé en profondeur. Je me souviens quen 1977, lorsque je suis devenu maire, les élus se levaient en réunion pour sadresser au préfet, en ôtant leur casquette ! Aujourdhui, je nai plus aucun complexe face au représentant de lEtat, le pouvoir politique territorial est parfaitement assumé et le préfet est devenu un partenaire. Léchelon régional est-il pertinent pour la réorganisation des services de lEtat ? La réponse a un préalable :il faut dabord définir les fonctions de lEtat au XXIème siècle, compte tenu des transferts de compétence effectués depuis trente ans. Ensuite, je crois que la réponse nest pas dabord institutionnelle, mais quelle doit sadapter au caractère divers du territoire national : les territoires ruraux et les territoires urbains nont pas les mêmes besoins, nexigent pas que « la maison des services publics de proximité » - la préfecture - soit partout identique. La question posée porte donc sur le champ même des compétences de cette maison des services publics de proximité : ne faut-il pas y mettre tous les services publics, y compris les services financiers et lEducation nationale ? Elle porte également sur la territorialisation de la décision : quelles sont les décisions qui ne peuvent pas être prises en proximité, et qui doivent « remonter » à Paris ? Quelles sont celles qui, à linverse, peuvent parfaitement être prises localement ? Les nouvelles technologies de linformation et de la communication changent la donne : la proximité nest pas seulement géographique, limportant est dabord lefficacité de la décision, qui dépend de larticulation entre les différents échelons. M. François Patriat, président. Concrètement, combien les départements ont-ils perdu de postes de TOS, combien ont-ils dû en créer ? Quelles conséquences la réorganisation des services déconcentrés de lEtat a-t-elle eue sur la gestion des routes ? Sur lingénierie publique ? M. Claudy Lebreton. Les départements ont dû créer des postes de TOS, parce que lEtat en avait laissé vacants. Cependant, comme à léquipement, les agents nont pas fait leur deuil de la culture de lEtat. Nous constatons quils rencontrent des problèmes pour le déroulement de leur carrière, du fait notamment de la distinction entre lemployeur et lautorité qui a recruté. Aujourdhui, la question se pose de mutualiser la gestion de ces postes et de permettre une mobilité entre plusieurs collectivités, plusieurs échelons territoriaux : les déroulements de carrière y gagneront.
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Sur lingénierie publique, voyez le rapport Daudigny. Sachant que lEtat se retirait, les départements se sont organisés, en développant des services dingénierie publique, là où le recours aux cabinets privés ne suffisait pas. Le Département est attendu sur ce terrain par les communes et groupements de communes, le mouvement est ancien : la Haute-Garonne dispose dune agence technique depuis plus de vingt ans. M. François Patriat, président. Est-ce une source déconomies ? M. Claudy Lebreton. Il ny a quà faire un tour dans les DDE pour constater combien le nombre de postes a fondu ! Un responsable de Leader France, une organisation non gouvernementale qui soutient la mise en uvre de la procédure européenne Leader dans les territoires ruraux, mindiquait récemment que les dossiers européens décourageaient par leur complexité, au point que notre territoire consomme à peine 4 % des crédits auxquels il peut prétendre : nous payons les manques de lingénierie publique. M. Jean-Luc Fichet Diriez-vous que lingénierie publique doive être. surtout départementale ? Intercommunale ? Quel est léchelon territorial pertinent ? M. Claudy Lebreton. Le département est un espace à taille humaine, mais cela ne fait pas de moi un « départementaliste » : je suis avant tout un décentralisateur, un girondin. Attention aux fausses oppositions : nous nous affaiblirions à opposer les départements et les régions ! Ce qui compte avant tout, cest de prendre en compte les spécificités des territoires. Dès lors, peut-il y avoir une réponse unique ? Je crois plutôt quelle variera avec les territoires, avec leur taille et la part quy prennent les agglomérations : mieux vaut diversifier les réponses et faire jouer aussi une saine confrontation entre le public et le privé. Pour de nombreux maires, le Département est un gage dobjectivité. Les maires ruraux rencontrent des difficultés dans lélaboration de leur PLU ; leur interlocuteur est alors généralement un cabinet privé, qui fait le travail de lEtat en essayant de dissuader les maires dopter pour telle ou telle solution qui leur paraît peu conforme, alors quelle a le soutien de la population locale. Ce nest pas très sain : si les élus avaient pour interlocuteurs des représentants de lEtat, ils pourraient plus facilement demander au service public darbitrer dans leur sens. Mme Michèle André. En préparant mon rapport spécial à la loi de finances pour 2011 consacré à ladministration générale et territoriale de lEtat, jai constaté que la réduction des effectifs et la dématérialisation des procédures pouvaient fragiliser le contrôle de légalité, qui nest du reste plus guère appliqué quen matière durbanisme et de marchés publics. Nest-ce pas aussi votre impression ? Avez-vous entendu dire que des décisions publiques en seraient plus fragiles juridiquement, au risque de voir les chambres régionales des comptes ou la justice administrative les contester ?Je me souviens quau lendemain de la tempête Xynthia, des agents de préfecture sétaient précipités aux archives pour vérifier que les autorisations délivrées nétaient pas entachées dirrégularités M. Raymond Couderc. Je remarque que lingénierie concerne également les SPM et les sociétés déconomie mixte, et que le transfert des TOS est bien antérieur à la RGPP.