La conversion au Judaisme d Amazighs hellénisés
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La conversion au Judaisme d'Amazighs hellénisés

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Description

Conférence sur l'origine des Juifs d'Afrique du Nord aux festivités du nouvel an amazigh 2964 à Meknes organisé par le mouvement Arid d'Alhucema dans le Rif par son président Abdesslam Boutayeb le 18 janvier 2014

Informations

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Publié le 20 janvier 2014
Nombre de lectures 104
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Extrait


L’origine des Juifs en Afrique du Nord, entre
légende et réalité
Par Yigal Bin-Nun

Jecommenceparlesconclusions.
•LesJuifsd’AfriqueduNordnesontpasdesdescendantsdestribusberbèresconvertiesau
judaïsmecommel’affirmeIbnKhaldoun
•LesJuifsd’AfriqueduNordnesontpasarrivésdirectementd’Israëlcommeréfugiésou
commedéportés.
• La majorité des Juifs d’Afrique du Nord sont des descendants d’Africains hellénisés
convertisindividuellementaujudaïsme.
•AlKahina,l’héroïnedelarébellionberbèrecontrelecolonisateurarabe,n’étaitnijuive
nichrétienne.
Jenedévelopperaidanscetteconférencequeletroisièmepoint,ci-dessus,lerestesera
détaillédansd’autresarticles.

LES JUDÉÉNS HELLÉNISÉS
Philon 20-50 -Strabon -64 - 25

Flavius Joseph 37-100


Pour des raisons apologétiques, certains historiens ont préféré anticiper la date
d’arrivée des Juifs Afrique à l’époque de Salomon ou aux Phéniciens, fondateurs de
Carthage. Il me semble dérisoire de réfuter cette hypothèse étant donné la
différence entre le culte hénothéisme israélite monarchique et la religion juive
tardive. On devrait plutôt chercher l’origine des Juifs d’Afrique du Nord hors d’Israël
au troisième siècle avant n.e. à Alexandrie en Égypte, nouvelle cité culturelle qui
attira beaucoup de Judéens hellénisés. Cette diaspora n’a été ni déportée ni
expulsée d’Israël. Elle n’est due qu’à une surpopulation et à un attrait vers de

nouveaux centres culturels et économiques.
Avant la Grande Révolte contre Rome (66-73 avant n.e.) Philon d’Alexandrie et
Flavius Joseph avaient évalué la part des Juifs à 40% de la population totale
d’Alexandrie et affirmèrent que la grande majorité des populations de Chypre et de
Cyrène était judéenne. La révolte des Judéens de Cyrénaïque et d’Alexandrie
appelée « la revote de la diaspora » (115-117), plus de quarante ans après la révolte
contre Rome en Israël, représente un tournant dans l’avènement d’une communauté
judéenne en Afrique. Il ne s’agit pas d’une communauté du type moyenâgeux, mais
d’une entité politique indépendante, helléniste, différente de la population locale que
par son origine, son culte et sa culture hébraïque. À la tête de cette communauté
dotée d’une puissance militaire il y avait des rois et une armée. Une partie de sa
population servait comme soldats de métiers ou mercenaires et une autre était
engagée dans le commerce, l’élevage, l’agriculture et le commerce maritime.
LA RÉVOLTE EN CYRENAÏQUE

l’empereur Trajan

L’histoire de la révolte en Cyrénaïque à l’époque de l’empereur Trajan (53-117) nous
est relatée par les témoignages de l’ennemi, entre autre ceux du sénateur Dio
Cassius (156-229) et de l’archevêque Eusèbe de Césarée (aux alentours de 339-
235). Andreas était le chef des insurgés judéens. Après sa victoire sur le
commandant romain Lupus, les insurgés d’Égypte arrivèrent en Libye et
massacrèrent plus de 220 000 personnes. À Chypre, les insurgés avec à leur tète
Artemion massacrèrent 240 000 Grecs dans la capitale Salamis (Salamine) et la
détruisirent. Dio Cassius décrit ainsi la cruauté des Judéens envers leurs ennemis :
« Ils se sont comporté comme des cannibales, ont fabriqué des ceintures à partir de
leur boyaux, se couvraient de leur sang, s’habillaient de leur peau, il leur arrivait
même de scier des crânes de haut en bas, puis les jetaient à des animaux sauvages
ou les forçait à se combattre».

Au bout de deux années, en novembre 117, les généraux Quintus Marcius Turbo et
Lusius Quietus réussirent à écraser la rébellion avec grande férocité. Des vestiges
épigraphiques décrivent les dévastations causées par les Judéens dans les temples
et les bâtiments publics en Cyrénaïque. Ils se sont comportés comme si il n’y avait
pas de lendemain dans leur pays et qu’ils n’avaient pas l’intention d’y rester.
Toutefois, deux épitaphes découvertes sur des pierres tombales prouvent l’existence
d’une communauté après la révolte. Dans l’une il est écrit « À ‘Azar, que ton âme
repose en paix » et dans l’autre, « Nathan Bar Shalom que son âme repose en paix
». Mais la grande majorité de la communauté judéenne de Cyrénaïque émigra vers
l’Ouest à Oea (actuelle Tripoli), dans la Carthage romaine (146 avant n.e. à 429 de
n.e.), à Gammarth et Naro (au sud de Carthage), à Hadrumète (Sousse en Tunisie)
et à Cirta (Constantine), à Hippo Regius (‘Annaba actuelle) en Numidie, à Volubilis
(Walili) et à Tipasa en Mauritanie tingitane. Il est important de souligner qu’avant le
deuxième siècle on ne trouve aucune trace de Juifs à l’ouest de Cyrénaïque.
L’aspect national de cette population Judéenne est caractérisé en premier lieu par la
Bible hébraïque et les livres dits « apocryphes » qui n’ont pas été inclus au Xe siècle
dans le canon biblique. Il s’agit des livres de Tobias, Judith, La Sagesse de Ben
Sira, La Sagesse de Salomon, Baruch, 1,2,3,4 Hasmonéens, 3 Ezra et autres, et
principalement des livre des Jubilés et d’Hénoch et bien d’autres qui ne furent
découverts qu’au XXe siècle au désert de Judée. Certains furent traduits par la
communauté en grec à l’époque de Ptolémée II, d’autres furent rédigés directement
en grec comme celui du Judéen Jason (2 Hasmonéens). Cette considérable
littérature n’était pas sans susciter l’attraction du Judaïsme sur une population locale
berbéro-hellène qui a produit des intellectuels éminents comme les pères de l’Église
ou les instigateurs de mouvements hérétiques : Tertullien (Carthage), Arius
(Cyrénaïque), Donatus Magnus (Numidie) et Augustin (Hippon). Un exemple du
succès de l’hellénisme en Afrique est la prise du pouvoir à Rome par un berbère de
Leptis Magna en Tripolitaine, Septime Sévère (211-145). Cet empereur berbère
représentait aux yeux des Romains la revanche d’Hannibal le Punique sur les
conquérants de Carthage.
LE PROCESSUS DE JUDAÏSATION

Tertullianus– Arius– DonatusMagnus Augustinus-Hippo
Carthago165- Cyrenaica256- NumidiaCarthago Regis354-430
225 336 335

Les écrits apologétiques de Flavius Josèphe, Philon, Jason de Cyrène et Ezéchiel le

Tragédien d’Alexandrie. L’histoire de la révolte en Cyrénaïque à l’époque de
l’empereur Trajan et d’autres ont façonné les caractéristiques de ces Judéens. C’est
un culte judaïque qui ne s’est pas abstenu de pratiquer le prosélytisme et qui a
fortement influencé la population berbéro-hellène. Le judaïsme helléniste africain
était deux fois plus grand que celui de la population araméophone israélo-
babylonienne. Nous sommes alors en droit de nous poser les questions : l’envergure
de cette population est-elle due uniquement à sa croissance naturelle ? Était-elle
totalement judéenne du point de vue ethnique ? Les données démographiques nous
amènent à la conclusion : l’ampleur de la communauté n’était due que partiellement
à l’origine israélite ancienne mais plutôt à l’attraction qu’avait la classe intellectuelle
berbère hellénisée pour le culte et la civilisation judaïque. À ce jour nous n’avons
aucun indice sur une pénétration judéenne dans les régions de langue tamazight
avant la conquête musulmane. Le processus de « judaïsation » a commencé avant
même la révolte de la diaspora. Ainsi les premiers habitants de Tunisie, d’Algérie et
du Maroc étaient déjà mélangés du point de vue ethnique.
Nos connaissances sur les Juifs à l’ouest de la Cyrénaïque se basent sur deux type

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