Note d analyse mensuelle Une année 2011 plus encourageante ?
Les bons indicateurs de ce début dannée et les premières estimations de la croissance 2010 font naître un regain doptimisme chez les acteurs économiques et en particulier parmi les investisseurs. Cet optimisme se justifie-t-il pleinement ? À la lettre, les dernières statistiques macroéconomiques attestent bien la poursuite du redressement économique, à commencer par les USA où lon parle franchement de sortie de crise. Cependant, à y regarder de plus près, ce retour de la croissance US saccompagne du maintien dun chômage élevé et à caractère structurel, de craintes déflationnistes et de labsence de reprise du marché immobilier : la politique monétaire très expansionniste des USA et le problème de financement de la dette publique, aggravé par les mesures de stimulation budgétaire, pourraient menacer à terme la poursuite de la croissance US. En Europe, le rôle de locomotive de lAllemagne pour la croissance de la Zone euro simpose comme une évidence. Mais le rôle des pays émergents dans le dynamisme du commerce extérieur de lEurope a été encore plus déterminant en 2010. Au centre des défis à faire face en 2011 est la situation des finances publiques des pays de la Zone euro, notamment celle des pays à sa périphérie : les gouvernants européens en sont conscients et ont pris la décision de mettre en place un Fonds Européen de Stabilisation Financière (EFSF) de 750 Mds deuros dont ils envisagent même daugmenter le montant dans les mois à venir. En ce début dannée, loptimisme doit donc être mesuré et repose en grande partie sur la capacité des Etats à prendre les mesures de régulation qui simposent et à faire en sorte que ces mesures soient crédibles. Car la bataille qui sengage ne sera pas seulement celle de la vérité et du courage mais aussi celle de la crédibilité. AssetFi MS présente ses meilleurs vux de bonne année à ses clients et aux lecteurs de sa note mensuelle Co-directeurs de la publication : Gérard SOULARUE, Président AMS, Elisabeth ROCHA, Vice-présidente BIPE Ont collaboré à cette note : Nathalie FENARD, Pierre GRAPIN, Thuy Anh NGUYEN, Aline SAUCE
Sommaire
Note d analyse mensuelle Janvier 2011 Sommaire MACROECONOMIE : POINTS CLES ...............................................................................................................3 Une conjoncture sans grandes surprises....................................................................................................... 3 Balance des risques autour du scénario central ............................................................................................ 8 FOCUS...............................................................................................................................................................9 Les finances publiques au cur des débats ................................................................................................. 9 INDICATEURDESTRESS..............................................................................................................................11 INTERVIEW......................................................................................................................................................13 Quatre questions à Gilles Duthil, président de linstitut Silverlife................................................................. 13 ANNEXES........................................................................................................................................................15 Principes de gestion..................................................................................................................................... 15 Lexique.........................................................................................................................................................16
« Nos renseignements puisés aux meilleures sources, sont donnés sans garantie et nengagent en aucune manière la responsabilité dAssetFi Management Services. Ils ne sauraient constituer une recommandation dachat ou de vente. » 2
Note d analyse mensuelle Janvier 2011 Macroéconomie Macroéconomie : points clés Une conjoncture sans grandes surprises Les indicateurs sortis jusquà la fin 2010 ont confirmé lestimation précédente. Les facteurs ayant contribué à le léger ralentissement de lactivité économique après positivement à la croissance restent les mêmes à savoir le rythme soutenu des deux premiers trimestres de la consommation privée, linvestissement en lannée, en raison de la disparition des facteurs de équipement et résidentiel, les stocks et la soutien temporaires (les plans de relance et le cycle du consommation publique. Concernant les révisions, déstockage). Dans les pays industrialisés, le besoin de nous relevons une contribution moins marquée de la consolider le bilan des banques, le gel du marché consommationprivée (1,7pts contre 1,8 pts en première demploi et le faible niveau de confiance des estimation). La contribution négative du commerce consommateurs continuent de peser négativement sur extérieur a diminué passant de -2 pts à -1.7 pts, en ligne la croissance économique. En Europe, la solvabilité de avec la contraction du déficit commercial en la dette publique de certains États membres et la septembre. La révision à la hausse de la contribution de situation des banques commerciales sont les deux laconsommation publique constitue un autre facteur de principales sources de risques nourrissant les révision à la hausse. inquiétudes des investisseurs. Garder le cap de laustérité tout en retrouvant un chemin de croissance États-Unis : contributions à la croissance du PIB En % du PIB durable le plus vite possible constitue de vrais défis 4.0 pour les pays industrialisés, surtout pour ceux qui sont 2.5 T3-10, deuxième estimation 3.0 2.7 T3-10, première estimation menacés par le poids important de leur dette. Outre-2.0 2.0 1.8 7 2010 1.61.6 Atlantique,lesÉtatse-Unmisontégalementàfairefaceà1.0 1.1.20.60.7031.01.00.61.4 . cuhnoipsriolbeluèrmcehadempdedtta,ctioais:lpersivaiulétogriietréslaocnrtoicslsaiarnecmeeennt0.0 n -0.1 sacrifiant les finances publiques avec un policy mix -1.0 -0.9 -0.8 -0.8 -1.7 . toujours très expansionniste. Ces thématiques vont -2 0 -2.0 -animer lactuali 3.0 probablement té économique de 2011. PIB Conso Conso Invest Non Invest Commerce Stocks Les économies émergentes ont montré quelques signes privée publique résidentiel résidentiel extérieur de ralentissement après un premier semestre de forte BIPE - Janvier 2011 Source : Datastream expansion du fait des mesures de resserrement des Les dépenses des ménages ont augmenté de 2,7% en conditions de crédit (notamment en Chine) et du retrait GA en novembre contre 2,5% le mois précédent en progressif des dispositifs de soutien. La croissance en termes réels. Les ventes au détail hors automobiles ont Chine est néanmoins restée soutenue, passant de 10,9% augmentéà un rythme soutenu environ 6,7% en GA baruésiTli2enàne9r,a6le%ntiasusaitT3à62,081%0aauloTrs3,qcuoentrleé9c,o1n%omaiuedepuisjuin2010,alorsquelesventesdautomobilesT2. LInde a affiché une performance solide avec un progressaientde 2,2% en décembre. En novembre, la progression du pouvoir dachat des ménages est de taux de croissance de 10,6% en glissement annuel au +2,4% GA. En effet, la hausse des salaires (aux tTo3ut2e0f1oi0s.Lpeassqudeelquneastusirgeneàsdemeranlaecnetrissleamecntinsesontalentoursde+2,2%en2010),leplanfiscalrécemmentro sance adopté 1 et le ralentissement du taux dépargne (passant cmeosndpiaalyes,edtréevflitèetrentlsurtoiuqtulaesvodloentséudrceshaauuftfoeriteétsdleade6,3enjuin2010à5,3%endécembre)devraientformationdesbullesessprécsulativesalimentéesparlessoutenirdavantagelesrevenusetsurtoutlaées ives de capitaux à la recherche de bons consommation des ménages dans les prochains mois. entr mass rendements.1 Le 17 décembre dernier, le Président « Obama » a signé Tax Relief, États-Unis : Une croissance conforme aux Unemployment Insurance Reauthorization, and Job Creation Act of 2010, avec le consentement des Républicains. Cet acte (de 858 mds de dollars) a pour attentes vocation de reconduire la totalité des baisses dimpôts passées par Le nouveau st ud étair ladministration Bush et dajouter dautres allégements fiscaux pour le secteur récentesencouraigmeualnutsesbnougslaisseenettpelensserstqautisàticqouuerstprivé. Des points clefs sont les suivants : terme, les perspectives de croissance américaine 1. Prolongation des allocations de chômage pour une durée de treize mois ; 2. Extension pour deux ans des baisses dimpôts sur le revenu mises en place éstéarméévliisoéreenltégqèureelqmueentpàeula.hLaaucsrsoe,ispsaasnscaentaudeT+30,250%10t/atpar le Président Bush pour la totalité des contribuables (taxation à 15% des dividendes et plus-values) ; lors de la première estimation à +0,6% en seconde 3. Baisse du taux de cotisation pour la Sécurité Sociale de 6,2% à 4,2% estimation. Le signal est plutôt positif. Les (« payroll tax ») ; 4. Prolongation de lensemble des crédits dimpôts introduits par le stimulus de modifications sont marginales par rapport à 2009. « Nos renseignements puisés aux meilleures sources, sont donnés sans garantie et nengagent en aucune manière la responsabilité dAssetFi Management Services. Ils ne sauraient constituer une recommandation dachat ou de vente. » 3
Note d analyse mensuelle Janvier 2011 Macroéconomie États-Unis : Revenus d'activités et dépenses des États-Unis : Enquêtes auprès des ménages ménages, GA% Solde de ré onses Solde de ré onses 5 110 120 4 100 110 3 Dépenses réelles des 90 Conference board 91000 ménages 2 80 80 1 70 70 60 0 60 50 -1 40 -2 50 Université du Michigan 30 40 20 -3 Revenus d'activités réels janv- juil-05 janv- juil-06 janv- juil-07 janv- juil-08 janv- juil-09 janv- juil-10 -4 05 06 07 08 09 10 -5 BIPE - Janvier 2011 Source : Datastream BIPE - Janvier 2011 Source : BIPE En revanche, sur le marché immobilier américain, la situation reste toujours très morose. La baisse d s prix Lemarchédetravailaméricaincontinuaitàévolueraccentuecommeenattestentlesindicesdeeprix favorablement en fin dannée. Daprès les statistiques s du BLS sur la situation de lemploi américain, le taux immobiliersS&P Case Shiller (-0,8% en GA en de chômage a baissé pour la première fois depuis mai octobrecontre 0,4% le mois précédent) et FHFA 2009,passantde9,8%ennovembreà9,4%en(p-è3s,e4%s)u.rLlaafariicblheesssseeddesesprimxéndaegseasctidfosnicmlmiombitileielrasdécembre. Léconomie américaine a créé 103 000 emplois (+0,9% en m/m en décembre), dont la totalité a consommation.Côté positif, le taux de défaut sur le été générée par les services du secteur privé. Le secteur crédit immobilier a reculé au T3-2010 à 10,98%, contre public a, quant à lui, continué à détruire de lemploi 11,34% le trimestre précédent, et recul de (-10000endécembre).Leschiffresdeschiffresdeslàe1n1d7e,t7te%mednutsReDpBouarusuiTt3:l2e0r1a0tiocodnettrtee/1R1D8,B4aaurecTu2l)é,mois doctobre et novembre ont été révisés à la hausse, confirmant lamélioration du marché du travail. tandis que le total des crédits accordés diminuait de -Toutefois, les créations demploi ces derniers temps 2% en moyenne depuis début 2010. restent insuffisantes pour compenser les 7,2 millions demplois détruits depuis janvier 2008. États-Unis : Prix immobiliers, % glissement annuel 20 États-Unis : Taux de chômage et emploi NFP 15 % Nombre de personnes 10 12 600 5 11 Emploi NFP 0 400 10 -5 200 -10 S$P Case Shiller 20 9 Indice FHFA 8 0 -15 Prix moyen des maisons existantes 7 -200 -20 6 -400 5 4 -600 BIPE - Janvier 2011 Source : Datastream Taux de chômage 3 -800 Du côté des entreprises, le bilan aussi saméliore. Au menté de 8% BIPE - Janvier 2011 Source : Bureau of Labor Statistics via Datastream eTn3G20A1c0o,nltrinev5e,s2ti%ssleemtreinmtepsrtoredupcrtéifcéadeanutg.Lahaussede la production industrielle depuis début 2010 de 5,6% Les bonnes nouvelles sur le marché de travail, la bonne en GA est en ligne avec la progression des exportations performance de lindice boursier (S&P 500 en hausse (+21,5% sur la même période), la hausse de la de 22% en GA en moyenne depuis novembre 2009), consommation et la forte reconstitution des stocks. Les ainsi que la prolongation par le Congrès des baisses nouvellescommandes sont en hausse de 12% en GA en dimpôts et des allocations de chômage de longue moyenne depuis janvier 2010. Les dernières enquêtes durée ont permis de remonter le moral des ménages. ISM continuent à envoyer des signaux positifs en Lindice de confiance des ménages de luniversité de indiquant une nouvelle hausse de lactivité dans les Michigan a progressé de 2,9 point pour sétabli à 74,5 prochains mois (PMI à 57 en décembre). Toutefois, la en décembre. sousutilisation des capacités de production (à 75%, « Nos renseignements puisés aux meilleures sources, sont donnés sans garantie et nengagent en aucune manière la responsabilité dAssetFi Management Services. Ils ne sauraient constituer une recommandation dachat ou de vente. » 4
Macroéconomie
Note d analyse mensuelle Janvier 2011 toujours en dessous de sa moyenne à long terme de économiques en créant de « fausses anticipations 80%) reste un facteur pouvant tempérer des projets positives » sur les perspectives dactivités ; ce qui dinvestissement. pourrait, à terme, lui coûter en crédibilité auprès des agents. La hausse récente, certes légère, des taux à long terme en témoigne (hausse de 2,51 en rÉétpatosn-sUensis:Indicedesdirecteursd'achat,soldedeoctobre 2010 à 3,34 en janvier 2011). Cette hausse nest pas énorme mais elle pourrait compromettre 65 Services la politique de relance, en induisant les 60 diversifications de portefeuille des investisseurs 55 Expansion vers dautres actifs (matières premières, titres pays 50 émergents,).2. Deuxièmement, jusquà présent, les pays 45 émergents financent le déficit américain en 40 Contraction Manufacture accumulant leurs réserves de change sous forme de 35 bons du Trésor US. Mais, la probabilité que les 30 Banques Centrales des pays émergents et les exportateurs de pétrole se désintéressent de la dette américaine nest pas à exclure. Cela serait BIPE - Janvier 2011 Source : Datastream extrêmement dangereux pour les États-Unis. Récemment, la Chine a annoncé ses intentions Le niveau des prix aux États-Unis reste très contenu. dachat des titres de dettes des pays européens en Linflation est ressortie à 1% en novembre, tirée à la difficulté, avec ses énormes réserves de change de hausse par les prix des matières premières (+11% en 2 648Mds USD. Outre des raisons politiques, ce GA). Linflation sous jacente sest établie à un niveau soutien est très stratégique. Dune part, lUnion relativement bas (+0,65% en GA), expliqué en grande européenne est le premier partenaire commercial partie par une baisse continue du coût salarial unitaire du pays (en 2010, 19,7% des exportations (-2,3% en GA depuis T3 2009). Cela nourrit les chinoises sont vers lUnion européenne). Sauver craintes déflationnistes aux États-Unis. Cette crainte lUnion, cest aussi préserver ses marchés à explique en partie la récente décision de « QE2 » de la lexportation. Dautre part, elle cherche de plus en Fed. À lissue de sa réunion mensuelle FOMC le 14 plus à diversifier son portefeuille afin de sassurer décembre 2010, la Fed na procédé à aucun contre une chute du billet vert. changement de sa politique monétaire. Elle prend note Compte tenu de ces bons chiffres, le BIPE pourrait être des bonnes nouvelles récentes sur le front conjoncturel amené à réviser légèrement à la hausse ses prévisions et en particulier sur la consommation, tout en restant de croissance du PIB de léconomie américaine en tproèsurprruéddeunitreeetleencshoôumliaggneantesqtueelnecocrheemtriènsàlpoanrgc.ourLier2011,maisavecunrisquedenouvellefaiblesseen2012. programme QE2 devrait donc être mené à son terme, de même que la nouvelle politique budgétaire mise en l pmaocyee.nAteurcmuen.ehaussedestauxnestprévueàcourtetEurope : Allemagne locomotive de la croissance dans la Zone Le policy-mix mis en place aux États-Unis traduit le Alors que les inquiétudes sur la dette souveraine choix dun soutien maintenu à la demande intérieure européenne sintensifient depuis le printemps 2010, tout en sacrifiant les finances publiques. Jusquà leurs impacts sur la croissance restent limités sur présent,ledéficitpublicestfinancéàlafoisparlaFedlcreonissesamnbcleeadueTl3a2Z0o1n0eeenurZoo.nEeueruorstoatdea+c0o,4nf%irmenél/aetlesBanquesCentrales(àtraverslaccumulationdes(soit+1,9%GA).Certes,cerythmeestralentiptartréserves de change) des pays émergents (y compris des d uxième trimestre, mais cette évolution (en exportateurs de pétrole). Cette décision ne semble pas rapport au e êtreunesolutiondurablepourdeuxraisonslsiagntreajaevcecineodseatstoerntiteesd)emcroinster.eDqauneslleEdurétoapile,peonudrséupiittprincipales : to r 1. Premièrement,alorsquelesdifficultésactuellesdepdauysc,holacncéognastoifmdmeatilaonhapurisvseéededaTnsVAlednasnesmcbleertadinessléconomie des États-Unis reflètent des problèmes pays de la Zone euro sest montrée résistante, +0,3% en structurels (maintien dun taux de chômage sur une période anormalement longue, baisse de la q/q, contribuant positivement au PIB du T3 2010 croissance potentielle liée au changement du (+0,15 points de %). En revanche, après avoir modèledecroissanceantérieurementbasésur(e0nr%egeinstrt/ét)u.nPfaorrtairlelbeuornsd,laeucTy2c,lleidneversetcisosnesmtiteunttiostnagdneselendettement, maintien de déficits élevés de la stocks semble toucher à sa fin, dans la mesure où sa balance commerciale et hausse de la dette externe,),laFedinduitenerreurlesacteurstcroonitsriièbmuteiontrimàesltare.croEinssarnecveanecshte,prleessqueexpnourtllaetioanus« Nos renseignements puisés aux meilleures sources, sont donnés sans garantie et nengagent en aucune manière la responsabilité dAssetFi Management Services. Ils ne sauraient constituer une recommandation dachat ou de vente. » 5