DES PISTES DE SAGESSE (Lettre à Rudy)
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Description

Vers la Sagesse, non pas une autoroute, juste quelques pistes, quelques chemins buissonniers... Pour cerner et vivifier en soi la Vérité, surtout pas de majuscule ! Des parcelles de vérité. Et une consigne pour la feuille de route : dire "oui" au présent comme au réel. Ici et maintenant. Chiche ?

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Publié le 24 juin 2014
Nombre de lectures 31
Langue Français

Extrait

DES PISTES DE SAGESSE (Lettre à Rudy) Au point où je suis parvenu (été 2014), après une crise affective violente et surtout un gros travail de réflexion sur moi-même, si je devais résumer en une seule phrase mes points d’attention, j’écrirais: désormais pour moi, si je veux sauver ma peau et adoucir le reste de ma vie, la priorité des priorités, c’estdire oui au présent et au réel– ce qui est équivalent. Fin de l’idéalisme et du romantisme. Aussi de l’intellectualisme. De mauvais augure, tous ces mots en «isme» ! Ce qui pour d’autres semble évident ne l’a jamais été pour moi depuis… 67 ans ! C’est dire à quel point ce qui m’arrive est capital. En tout cas décisif. Rien ne sera plus comme avant. Car aujourd’hui, comme un mirage peu à peu se dissipe dans la brume, tout devient plus net. D’une netteté à la fois lumineuse et aveuglante, douce et tranchante, donc inconfortable. Car cet acquiescement àici et maintenantne va pas de soi et procure une sorte d’ébranlement ambivalent, à la fois cuisant dégrisement et excitation joyeuse !Je me sens libéré et en même temps démuni. Mais sans cogiter à nouveau: puisqu’il s’agit de réel et de présent, une voie concrète s’ouvre, de mauvaises habitudes à délaisser, de nouveaux réflexes à acquérir. Si possible avec humour et dans une autodérision souriante. Avec aussi ce sentiment de progresser en sortant des sentiers battus : oui, il s’agit bel et bien d’un changement, d’une conversion, d’unemetanoiaen marche. Voici les grandes lignes directrices de cette «révolution copernicienne» tirées d’un récent courriel à un jeune ami qui m’avait donné à lire un de ses textes théâtraux. (…) C'est vrai, cher Rudy, qu'en toute chose, en toute situation (la conscience de soi, la fidélité à ses valeurs, le couple, le boulot, certaines décisions personnelles importantes à prendre...) il y a une sorte d'ambiguïté : tout n'est pas blanc ni noir. Il y a en nous une sorte de flou artistique, de no man’s land. Parfois, souvent très (trop) longtemps, il faut composer, éviter de trancher, conscient que la colonne des + et celle des - s'équilibre vaille que vaille. Et puissoudain, à un rare moment d'élucidation, ou à l’occasion d’une crise décisive, tout s'éclaire, comme un voile qui se déchire : non, non, ça ne peut pas continuer ainsi, ce n'est pas 'moi' ! Alors on taille dans le vif, on tranche... aïe ! mais c'est pour renaître ou plutôt continuer -autrement. Personnellement, j'ai connu ce choix, ou plutôt ces choix successifs, d’abord quand j'avais trente ans à peine (quitter le sacerdoce après seulement 5 ans de pratique)... puis au moment de mon mariage (dire ou ne pas dire à ma future-ex que couvait en moi le feu de passions incompatibles avec une union hétéro ?)... puis ma décision de quitter mon patron après de 13 ans de bons et loyaux services sous-payés... puis lors de ma séparation d’avec O*... enfin à propos de mon questionnement sur ma relation (trop) passionnelle avec l’autre O**… tout
récemment ma décision de mettre fin à mon journal littéraire (Cf. sur mon site QUAND UN PSEUDO-AUTEUR DRESSE UN BILAN AVÉRÉ),peut-être à mon écriture tout court.Une fois la décision prise, on se sent soulagé mais en même temps un peu mal, disons déséquilibré, car on avait appris à combler le douloureux hiatus entre les deux parts de nous-mêmes, à composer, à "faire avec", parfois à faire semblant. Ceci dit, voici une graveillusionà laquelle il faut, je pense, échapper comme à un mirage : il y aurait une vérité préétablie de chacun d'entre nous, un pedigree idéal gravé dans le marbre de nos gènes. Il y aurait donc une vie à remplir, un cahier des charges à tenir. Progresser, devenir adulte, mûrir serait s'y tenir coûte que coûte, revenir aux invariables plus ou moins trahis sinon négligés. Quelle illusion ! Quel temps perdu ! Pas de prédestination. Pas de Moi idéal préprogrammé à réaliser. La vie s'invente au jour le jour. Notre personnalité (notre sexualité) évolue sans cesse car notre cerveau est étonnant par sa plasticité et son interactivité. En vieillissant - même si on se refuse à pactiser avec l’ambiguïté ou la médiocrité (en soi et autour de soi) - c'est plutôt une pensée rassurante : l'évolution en marche, le droit aux tâtonnements et à l'erreur, la mise à mal et à mort d'un Idéal de soi surévalulé et parfois gravement conceptualisé, surtout quand les mots s'en mêlent (s'emmêlent !) et sacralisent indument le constat de notre Pureté originelle que le Temps aurait écornée ou que les Autres (d'abord maman ?) auraient triturée et déformée ! Excuse-moi, cher Rudy, je n'avais pas prévu de commenter ton long texte ! Surtout pas. Je me suis simplement laissé aller. C'est dire si ta recherche m'a intéressé et stimulé. Merci pour le partage. Après quelques parcelles de Vérité – la mienne – plutôt déclinées supra sur le mode interrogatif, je termine par les quelques points qui suivent, envie simplement te les proposer, cher Rudy. C’est la base. Les fondations. Ma feuille de route. C'est ma "sagesse" actuelle, encore balbutiante certes, telle que je me la suis assimilée durant ces derniers mois (davantage comme une perfusion qu’un alcool ! Peut-être une came bienfaisante…), telle qu'elle m’est apparue éblouissante et synthétisée d’une manière limpide et brève dans un «petit »livre que je recommande à qui cherche et désespère de son ego-tyran, de sa lucidité impuissante et de sa chronique procrastination: parAndré Comte-Sponville "De l'autre côté du désespoir",119 pages, Editions Accarias,L'Originel, 14,50 €. Cette "bible" ouverte sur mes genoux tandis que je tape ce courriel,je la feuillette, en notant pour toi, Rudy, pour moi aussi (bis repetita placent), peut-être pour d’autresles points principaux -histoire de réviser. Vois si ça t'inspire, si des harmoniques s'en dégagent, si ta vie peut en être allégée, mieux, revivifiée :
- Le réel ? C'est devenirici et maintenantcar le présent seul est réel. - La solution de l'énigme, c'est qu'il n'y a pas d'énigme ! (Wittgenstein) - Jouir complètement, c'est jouir désespérément. La seule façon d'être satisfait, c'est de jouir tout en comprenant qu'on ne peut l'être. - Tout est passager, tout est en mouvement. Tous sont différents, chacun a sa propre identité. - L'angoisse ? La nostalgie ? La macération intellectuelle ? Ce ne sont que des formes du refus, la résistance, la protestation de l'egodevant le fait de l'impermanence. " Pour effacer la tristesse de votre vie, rappelez-vous constamment que tout ce qui vient s'en va." - Il n'y a pas d'ego heureux ni de bonheur égoïste. Devenir UN, c'est-à-dire se réconcilier avec l'unité de Tout, c'est renoncer aux pièges de l'ego. "Tous les êtres sontautresen réalité, il est donc vain de s'attendre à ce quelqu'un d'autre se conduise comme "je" le désire : c'est contre nature !" - L'espoir est le plus grand ennemi de l'homme. "Je ne désire rien du passé. Je ne compte plus sur l'avenir. Le présent me suffit. Je suis un homme heureux, car j'ai renoncé au Bonheur." (J. Renard, Journal) - Le travail de deuil à propos de soi (au sens freudien), c'est le processus adaptation au réel. Direouises désirs et à leur à insatisfaction,ouià soi-même et à ses contradictions, direouiau RÉEL." - Le bonheur c'est donc quand je n'espère rien d'autre que ce qui est. -L'idéal, lui, n'est que refus et mensonge. Le mental toujours nie. Le mental te trahit et crée l'illusion. Il n'y a que des causes et des effets, que des actions et des réactions. Il n'y a que ce qui arrive, toujours changeant, toujours différent." Vous devez être un "oui" sans aucun "non". Il y a EST. Il ne peut y avoir "DEVRAIT ÊTRE"."
- La liberté est le bien suprême mais dans l'acceptation de la dépendance.
- Le sage est un homme d'action. Activité pour tout ce qui dépend de nous ; passivité pour tout ce qui n'en dépend pas.
- Se méfier du mental. "On appelle mental le processus qui fait que l'on souhaite, non pas ce qui est, mais quelque chose d'autre, de différent et de séparé."
- À propos de l'émotion, l'accepter sans la contrecarrer. Car toute émotion refusée s'accroît. Il ne s'agit donc pas d'argumenter, mais de voir et d'accepter. Accepter le réel, quand on peut. Ses émotions, quand on ne peut pas. Accepter son incapacité à... accepter !
- Ne pas faire semblant. Ne pas se grimer le cœur ou l'âme. Ne pas théâtraliser sa vie. S'accepter tel qu'on est. "Accept yourself andbe happy."
- Personne n'aime personne. Chacun n'aime que soi. Et pourtant… La voie, c'est d'aller de l'amour facile (amour passion) à l'amour universel. - Il s’agit de résister à l'emprise du passé (agissant dans nos émotions). Car le passé insatisfait enserre le présent dans ses griffes. Le passé survit en effet dans le présent comme une cicatrice (qui démange ou irrite) à proportion de nos blessures, de nos traumatismes, de nos frustrations. L'attente (même vis-à-vis de soi, d'un hypothétique Meilleur) ne peut être qu'un effet de la nostalgie, du regret, du ressentiment, du refoulement... On ne tend vers l'avenir (meilleur) que pour fuir ou retrouver ce qui fut. La douleur est première. La perte est première. Il n'y a pas d'autre esclavage dans la vie que celui du passé, réactivé ou fétichisé par le mental effervescent et tyrannique. - L'ego n'aaucune existence propre. Il n'est qu'un autre nom pour le mental. Il ne s'agit pas de le supprimer mais de l'élargir, de le désenclaver. La lu c i d i t és eu l e.L' ac t i o ns eu l e,q u ien déc o u l e.Ri enà es p ér erp u i s q u et o u tes tl à.Ri enà cr o i r e,p u i s q u et o u tes tà c o n n aî t r e.Ri enà ref u s er ,p u i s q u et o u te s tà fai r e.
Fin dudigest! Vite, Rudy, d'un clic je te l'envoie et de l'autre, je vais préparer un succulent caféque je dédie au seul et délicieux Présent ! (Même si, ce matin, je suis perclus de douleurs arthritiques à ne pas pouvoir poser le pied).Mais c'est mon Réel. Faire avec. Sans pleurnicher. Et comme tout passe... tout casse... tout lasse... tout trépasse...! Demain j'aurai forcément moins mal. Chic ! A bientôt j’espère et merci pour ton attention et ta patience à me lire. Sans oublier que le but de vivre, disait Montaigne, c’est vivre, et c’est pourquoi il n’y a pas de but. Et le cher André de rebondir et de conclure : «Et pas de but non plus à l’amour, à la joie ou au bonheur : pas de but à la sagesse, et c’est la sagesse même. Cela vaut-il la peine ? C’est à chacun d’en décider. Le suicide n’est pas une faute ; ni la vie, un devoir. Mais le désir suffisamment nous porte, à quoi (et dans le suicide même !) nous resterons fidèles. Désespoir et courage, confiance et paix : le réel est à prendre ou à laisser. Pr en d s.» Michel Boulogne-Billancourt, Ce 24 juin 2014
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