Aspects idéologiques des ludi - article ; n°1 ; vol.172, pg 247-279
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Description

Publications de l'École française de Rome - Année 1993 - Volume 172 - Numéro 1 - Pages 247-279
Les ludi du monde romain et du monde étrusque archaïques offrent un champ d'investigation idéal pour mettre en évidence ce rapport de la réalité à la représentation mentale qui constitue l'idéologie.
Sur la base des textes et des représentations figurées (tombes de Chiusi, de Tarquinia [Leonessa, Citaredo, Caccia e Pesca, Stackelberg, Iscrizioni, etc.]), l'A. institue une comparaison entre jeux romains et jeux étrusques. La conception religieuse des jeux, les pratiques sociales qui leur sont afférentes, la signification politique enfin des grands jeux (Capi- tolins, de Cérès, Liber et Libera, du fanum Voltumnae) sont abordés au fil d'analyses qui essaient de mettre en évidence les liens entre plusieurs types de problèmes concernant la réalité et Γ« imaginaire » des jeux.
33 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 60
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Françoise-Hélène Massa-
Pairault
Aspects idéologiques des ludi
In: Spectacles sportifs et scéniques dans le monde étrusco-italique. Actes de la table ronde de Rome (3-4 mai
1991). Rome : École Française de Rome, 1993. pp. 247-279. (Publications de l'École française de Rome, 172)
Résumé
Les ludi du monde romain et du monde étrusque archaïques offrent un champ d'investigation idéal pour mettre en évidence ce
rapport de la réalité à la représentation mentale qui constitue l'idéologie.
Sur la base des textes et des représentations figurées (tombes de Chiusi, de Tarquinia [Leonessa, Citaredo, Caccia e Pesca,
Stackelberg, Iscrizioni, etc.]), l'A. institue une comparaison entre jeux romains et jeux étrusques. La conception religieuse des
jeux, les pratiques sociales qui leur sont afférentes, la signification politique enfin des grands jeux (Capi- tolins, de Cérès, Liber et
Libera, du fanum Voltumnae) sont abordés au fil d'analyses qui essaient de mettre en évidence les liens entre plusieurs types de
problèmes concernant la réalité et Γ« imaginaire » des jeux.
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Massa-Pairault Françoise-Hélène. Aspects idéologiques des ludi. In: Spectacles sportifs et scéniques dans le monde étrusco-
italique. Actes de la table ronde de Rome (3-4 mai 1991). Rome : École Française de Rome, 1993. pp. 247-279. (Publications
de l'École française de Rome, 172)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1993_act_172_1_3059FRANÇOISE-HÉLÈNE MASSA-PAIRAULT
ASPECTS IDÉOLOGIQUES DES LUDI
Les ludi du monde étrusque et du monde romain (les deux
champs d'investigation ne sont guère séparables pour la période
comprise entre les VIe et le IVe siècles qui nous intéresse ici) sem
blent offrir un terrain d'observation de première importance pour
mettre en évidence ce rapport de la réalité à la représentation ment
ale qui définit précisément l'idéologie. Tout en renvoyant aux ana
lyses de M. Clavel sur les jeux romains1, nous devons marquer les
limites de cet exposé qui aborde seulement quelques aspects idéolo
giques des ludi.
Dans cette recherche, deux écueils sont à éviter : le premier, de
considérer les ludi comme des équivalents des spectacles sportifs
ou théâtraux modernes, de les dépouiller, précisément, de leur
substance antique de ludi, de leur juste valeur de représentation
sociale antique; le second, de considérer l'idéologie en dehors de
l'histoire, c'est-à-dire de l'intervention active et politique des homm
es, du pouvoir, sur les idées qui doivent gouverner les
sociétés dont il oriente les choix.
Le premier écueil coïncide avec l'illusion moderniste à laquelle
n'échappent pas d'excellents historiens. A. Brelich mettait par
exemple au compte de cette illusion le fait que le livre de M. P.
Nilsson sur la religion grecque accordât si peu de place aux agones
comme expression fondamentale de l'univers religieux des Grecs2.
Un agôn ne se réduit pas à un pur spectacle. De même à Rome, les
termes de la question sont clairs en ce qui concerne les ludi : le
plaisir (delectatio) n'en est point absent, mais la signification pr
imordiale en est religieuse, que l'on se reporte au commentaire var-
ronien sur la signification des jeux funèbres, et par extension de
1 M. Clavel Leveque, L'espace des jeux dans le monde romain. Hégémonie,
symbolique et pratique sociale, dans ANRW H, 16.3, 1986, p. 2405-2563, en parti
culier, p. 2509 sq.
2 A. Brelich, Gli eroi greci. On problema storico-religioso, Rome, 1958 (éd.
ristamp. 1978), p. 94 sq. 248 FRANÇOISE-HÉLÈNE MASSA-PAIRAULT
tous les jeux3, à la réflexion du Pseudo-Cyprien dans son analyse
de «spectacles» qui ne se concevaient pas sans sacrifice4, ou à la
conscience aiguë d'Ovide qui rappelle la ferveur religieuse des
fêtes rustiques en l'honneur de Liber pater5. Tous les ludi sont en
effet, comme les plus anciens liberalia «in honorem Liberi patris»,
«in honorem deorum»6. Ils impliquent tous les actes relatifs à la
représentation et à la création du temps social et l'on conçoit bien
pour cette raison pourquoi ils connaissent un développement et
assument une signification remarquables au moment où le calen
drier se fixe (soit à Rome sous Tarquin l'Ancien)7.
Les jeux en effet ont une histoire sans laquelle nous ne com
prendrions pas pourquoi ils sont devenus des «spectacles» au sens
moderne du terme, c'est-à-dire des manifestations dépouillées, cer
tes, des formes de la religiosité antique liées à des structures socio-
économiques particulières, mais des expressions non moins évident
es des croyances modernes liées à d'autres structures socio-écono
miques. Mais, si cette histoire comprend le «temps long», elle n'est
pas moins intéressée par le temps «court». Notre attention aux évé-
3 Varron, ap. Aug. Civ. Dei, 8, 26 : et ludos commémorât funèbres tanquam
hoc sit maximum divinitatis indicium, quod non soleant ludi nisi numinibus
celebrari.
4Ps. Cypr. 4, 4: quis ludus sine sacrificio? Cf. Varron, RR, 1, 2, 11; Cicé-
RON, De Orat., 3, 19 : Est etiam consentaneum cum ludi coniuncti fuissent cum
ludorum epulari sacrificio.
5 Ον., Fasti 3, 785 sq. :
Rusticus ad ludos populus veniebat in urbem
Sed dis non studiis ille dabat honor :
Luce sua ludos uvae commentor habebat
Quos cum taedifera nunc habet dea.
Cf. Virg., Georg. 3, 385 sq. :
Nec non Ausonii, Troia gens missa, coloni
Versibus incomptis ludunt risuque soluto,
Oraque corticibus sumunt horrenda cavatis,
Et te bacche, vocant per carmina laeta tibique
Oscilla ex alta suspendunt mollia pinu.
Ergo rite suum Baccho dicemus honorem
Carminibus patriis lancesque et liba f eremus :
Et ductus cornu stabit sacer hircus ad aram . . .
6 Varron, in Isid. Etym., 18, 16 : ludos a luso vocatos quod iuvenes per dies
festos solebant ludo exultatione populum delectare. Unde et eum lusum iuve-
num et diebus festis et templis et religionibus reputant ... et promiscue ludi
liberalia vocabantur. Sur le lien entre agonium Martiale et liberalia, en dernier,
M. Torelli, Lavinio e Roma. Riti iniziatici e matrimonio tra archeologia e storia,
Rome, 1984 (Abrégé : Torelli 1984), p. 74-77.
7 Sur le calendrier de « Numa » A. Brelich, Introduzione allo studio dei
calendari festivi, I-II, Rome, 1955, p. 142-153; F. Coarelli, // Foro Romano.
Periodo arcaico, Rome, 1983, p. 108, 138, 300. IDÉOLOGIQUES DES LUDI 249 ASPECTS
nements et à l'action politique doit ici, en nous faisant éviter le
second écueil précité, considérer deux types de raisonnements,
également légitimes. Le premier met en évidence, dans toute action
politique, un effort continu de synthèse entre l'ancien et le nou
veau. Ainsi Brelich montre, dans son livre Paides e parthenoi, com
ment les Panathénées sont devenues un rituel de polis complet,
intégrant des agones et des éléments religieux parfois plus anciens,
grâce à la contribution de la classe politique dirigeante de l'époque
de Pisistrate8. Le second type de raisonnement est plus sensible
aux marques de rupture qu'aux traces de continuité. Mallwitz en
fait une application appropriée à une particulière interprétation du
culte de Pélops et de l'introduction de Yagôn tethrippos à Olympie9.
De même que l'interprétation des données archéologiques semble
devoir conseiller une révision de la chronologie traditionnelle des
Olympiades, de même ce qu'il faut appeler «l'instauration» du
culte de Pélops et de Yagôn tethrippos n'est pas separable de la
politique de Pheidôn.
L'existence de nombreuses interventions politiques n'est pas
non plus à démontrer pour Rome. La meilleure preuve en est sans
doute que les Romains ont conscience du fait que leurs ludi ont
une histoire, dès l'époque la plus ancienne. Tertullien, qui devait
avoir à sa disposition le livre 10 des Antiquités de Varron sur les
ludi circenses, est à cet égard un témoin de premier ordre 10. La lis
te des jeux chez lui (et chez sa source) suit une progression qui sou
ligne le rôle à la fois des circonstances et de l'action politiques
dans la création d'un ensemble d'une complexité croissante. Aussi
devons-nous penser que Varron voyait dans les Ludi romani insti
tués par Tarquin l'aboutissement de toute une

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