L'économie des musées d'art, un état de la question - article ; n°1 ; vol.2, pg 35-52

Françoise Benhamou

Description

Culture & Musées - Année 2003 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 35-52
Les musées ont de tout temps été confrontés à des problématiques économiques, qu'il s'agisse de leur financement, de la mise en valeur des collections, de l'évaluation de leur « efficience » ou de la question de la fixation d'un « juste » prix. Les évolutions de la science économique donnent prise à l'utilisation de nouveaux outils pour aborder la question de l'efficacité des musées, tandis que les développements des analyses économiques du droit permettent de proposer des interprétations nouvelles des origines et des effets des dispositifs réglementaires qui en encadrent l'activité. Cette contribution montre, à partir d'une revue des travaux existants, en quoi ces questions ont partie liée : les formes organisationnelles reflètent pour partie au moins le faisceau des contraintes réglementaires et institutionnelles, et celles-ci à leur tour sont au fondement des politiques menées en matière de tarification.
Museums have always been confronted with economie questions, involving financing, maximizing the value oftheir collections, evaluation of their efficiency, or the establishment of a just price. Developments in the field of economies have given rise to the use of new tools for investigating the question of the efficiency of museums, at the same time that developments in the economie analysis of law have made it possible to propose new interpretations of the origins and effects of the regulatory framework within which museums operate. This article shows, based on a review of existing work, how these questions are linked. The organizational forms of the museum reflect, at least in part, the bundle of regulatory and institutional constraints, and these forms themselves determine policies governing pricing.
Les museos siempre tuvieron que enfrentarse a problemas economicos : renta, valorisazión de sus colec- ciones, evaluaciôn de sus « pruebas »», tarificación. La evolución de las ciencias economicas permite utilizar instrumentes para medir las « pruebas » de los museos, mientras el desarollo de analisis economicas del Derecho permite proponer nuevas interpretaciones de las origenes y de los efectos de los reglamentos que fijan las actividades. Nuestra contribución analiza como estas preguntas se articulan entre ellas : las formas de organización reflejan el cojunto de obligaciones reglamentarias y institucionales, et estas condicionan las politicas de tarificación.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: CULTURE_-_MUSEES
• Publié le: 01 janvier 2003
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Françoise Benhamou
L'économie des musées d'art, un état de la question
In: Culture & Musées. N°2, 2003. pp. 35-52.
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Benhamou Françoise. L'économie des musées d'art, un état de la question. In: Culture & Musées. N°2, 2003. pp. 35-52.
doi : 10.3406/pumus.2003.1177
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pumus_1766-2923_2003_num_2_1_1177Résumé
Les musées ont de tout temps été confrontés à des problématiques économiques, qu'il s'agisse de leur
financement, de la mise en valeur des collections, de l'évaluation de leur « efficience » ou de la
question de la fixation d'un « juste » prix. Les évolutions de la science économique donnent prise à
l'utilisation de nouveaux outils pour aborder la question de l'efficacité des musées, tandis que les
développements des analyses économiques du droit permettent de proposer des interprétations
nouvelles des origines et des effets des dispositifs réglementaires qui en encadrent l'activité. Cette
contribution montre, à partir d'une revue des travaux existants, en quoi ces questions ont partie liée : les
formes organisationnelles reflètent pour partie au moins le faisceau des contraintes réglementaires et
institutionnelles, et celles-ci à leur tour sont au fondement des politiques menées en matière de
tarification.
Abstract
Museums have always been confronted with economie questions, involving financing, maximizing the
value oftheir collections, evaluation of their efficiency, or the establishment of a just price. Developments
in the field of economies have given rise to the use of new tools for investigating the question of the
efficiency of museums, at the same time that developments in the economie analysis of law have made
it possible to propose new interpretations of the origins and effects of the regulatory framework within
which museums operate. This article shows, based on a review of existing work, how these questions
are linked. The organizational forms of the museum reflect, at least in part, the bundle of regulatory and
institutional constraints, and these forms themselves determine policies governing pricing.
Resumen
Les museos siempre tuvieron que enfrentarse a problemas economicos : renta, valorisazión de sus
colec- ciones, evaluaciôn de sus « pruebas »», tarificación. La evolución de las ciencias economicas
permite utilizar instrumentes para medir las « pruebas » de los museos, mientras el desarollo de
analisis economicas del Derecho permite proponer nuevas interpretaciones de las origenes y de los
efectos de los reglamentos que fijan las actividades. Nuestra contribución analiza como estas
preguntas se articulan entre ellas : las formas de organización reflejan el cojunto de obligaciones
reglamentarias y institucionales, et estas condicionan las politicas de tarificación.Françoise Benhamou
L'ÉCONOMIE DES MUSÉES D'ART,
UN ÉTAT DE LA QUESTION
L économie des musées
a longtemps été un parent
pauvre de l'économie de la
culture, plus prompte à trai
ter des arts vivants que des
questions liées à la conser
vation du patrimoine et à
sa mise à la disposition des
publics.
Pourtant, les musées ont de tout temps été confrontés à des
problématiques économiques, qu'il s'agisse de leur financement,
de la mise en valeur des collections (avec le débat sous-jacent des
incidences économiques de l'inaliénabilité des collections), de
l'évaluation de leur « efficience » (Mairesse et Vanden Eeckaut, 2002)
ou de la question de la fixation d'un « juste » prix ; les travaux
qui mesurent les élasticités-prix de la fréquentation, les recher
ches qui abordent la question de la valeur des collections ou
encore celle de l'interaction entre valeur sur le marché et fréquence
des expositions montrent à quel point le musée ne peut rester à
l'abri des « bruits » que ne manque pas d'introduire l'entrée du
raisonnement économique dans des milieux qui lui sont générale
ment indifférents ou hostiles.
Les évolutions de la science économique donnent prise à
l'utilisation de nouveaux outils pour aborder la question des
musées. D'un côté, l'économie des institutions aborde la question
centrale des incidences des structures de gouvernance sur l'effica
cité des organisations ; d'un autre côté, les développements des
analyses économiques du droit permettent de proposer des inte
rprétations nouvelles des origines et des effets des dispositifs
réglementaires qui encadrent l'activité des musées. Concernant le
prix d'entrée, tandis qu'en maints secteurs culturels une sorte de
culture de la gratuité gagne du terrain au profit de formes indi
rectes de paiement, on voit certains musées marcher à contre-
courant en centrant la réflexion sur les moyens de réévaluer leur
système de tarification. Les travaux sur les incidences des poli
tiques de discrimination par les prix sur le niveau et la structure
de la fréquentation ouvrent à cet égard des perspectives import
antes et permettent de dépasser la contradiction apparente entre
besoin de financement et recherche de démocratisation.
Cette contribution montre, à partir d'une revue des travaux
existants, en quoi ces questions ont partie liée : les formes
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L'ÉCONOMIE DES MUSÉES D'ART, UN ÉTAT DE LA QUESTION
CULTURE & MUSÉES N° 2 organisationnelles reflètent pour partie au moins le faisceau des
contraintes réglementaires et institutionnelles, et celles-ci à leur
tour sont au fondement des politiques menées en matière de tari
fication. Les débats sur les formes institutionnelles les plus appro
priées et sur les règles qui président à la gestion des collections
ne sauraient donc faire l'économie des questions du financement
et des systèmes de tarification, qui sont, ce qui peut sembler pour
le moins paradoxal, le plus souvent pensées de façon séparée.
On s'intéressera essentiellement au cas des musées nationaux,
afin de circonscrire notre propos à un ensemble d'institutions par
tageant un cadre réglementaire et assumant des fonctions ana
logues ; mais nombre des réflexions qui suivent pourraient être
aisément transposées à d'autres institutions.
VARIÉTÉ DES
DOMAINES, VARIÉTÉ
DES STRUCTURES
ORGANISATIONNELLES
.algré la variété des domaines que recouvre
le musée, on peut en adopter une définition très succincte qui
repose sur l'association de deux éléments : la conservation d'une
collection et sa mise à disposition du public. On conviendra ais
ément des limites de cette définition : un musée peut être dura
blement fermé au public, mais c'est là un cas particulier, en
général temporaire.
Deux caractéristiques se dégagent : d'une part, le musée di
spose d'un monopole local pour la production de certains services,
d'autre part, l'activité du musée s'exerce dans le cadre de structures
organisationnelles originales, dont l'efficience n'est généralement
que mal évaluée.
Le musée comme monopole local
On ne reviendra pas ici sur la nature des missions exer
cées, acquisition, conservation, entretien des œuvres, exposition,
recherche, activités pédagogiques, etc. La loi sur les musées de
France (2002) énonce les missions suivantes : conserver, restaur
er, étudier et enrichir les collections ; rendre les collections
accessibles au public le plus large ; concevoir et mettre en œuvre
des actions d'éducation et de diffusion visant à assurer l'égal
accès de tous à la culture ; contribuer aux progrès de la connais
sance et de la recherche ainsi qu'à leur diffusion. Mairesse et
Vanden Eeckaut (2002) repèrent trois catégories d'activités, pré
servation, recherche et communication, impact ; ils mesurent l'ef
ficacité des institutions dans la mise en œuvre de ces activités. Ils
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L'ÉCONOMIE DES MUSÉES D'ART, UN ÉTAT DE LA QUESTION
CULTURE & MUSÉES N° 2 appliquent leur modèle au cas des musées de la Belgique franco
phone, et montrent que le degré de performance varie selon les
missions retenues.
Ces missions peuvent être assumées par différentes institu
tions, qui sont en compétition. Mais la nature et la qualité d