Les Chinois de Kupang (Timor), aux alentours de 1800 - article ; n°1 ; vol.56, pg 393-428
37 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les Chinois de Kupang (Timor), aux alentours de 1800 - article ; n°1 ; vol.56, pg 393-428

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
37 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Archipel - Année 1998 - Volume 56 - Numéro 1 - Pages 393-428
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Anne Lombard-Jourdan
Claudine Lombard-Salmon
Les Chinois de Kupang (Timor), aux alentours de 1800
In: Archipel. Volume 56, 1998. pp. 393-428.
Citer ce document / Cite this document :
Lombard-Jourdan Anne, Lombard-Salmon Claudine. Les Chinois de Kupang (Timor), aux alentours de 1800. In: Archipel.
Volume 56, 1998. pp. 393-428.
doi : 10.3406/arch.1998.3498
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1998_num_56_1_3498de l'élaboration des minorités
Anne LOMBARD-JOURDAN & Claudine SALMON
Les Chinois de Kupang (Timor), aux alentours
de 1800
Au cours de leurs voyages dans les Mers du Sud, les Chinois atteignirent
de bonne heure la plus lointaine des grandes îles de la Sonde, Timor. Le plus
ancien texte chinois à en parler, le Daoyi zhiliie, «Récit synoptique sur les
contrées insulaires et les barbares» (ca. 1350), donne une description de l'île,
de sa production de bois de santal et du commerce que des marchands de
Quanzhou (Fujian) étaient venus y faire U). En 1514, à l'arrivée des
Portugais, l'île était déjà régulièrement visitée par des marchands chinois et
non chinois (2), toujours en quête de bois de santal, très prisé en Chine; on le
brûlait dans les temples, et il servait à la fabrication de meubles, de statuettes
et de toutes sortes de délicats petits objets, ainsi qu'à la production d'une
huile essentielle dont les Chinois faisaient grand cas(3>. Mais ce commerce
1. Cf. Roderich Ptak, «The transportation of Sandalwood from Timor to China and Macao c. 1350-
1600», in Ptak éd., Portuguese Asia : Aspects in History and Economie History (sixteenth and
seventeenth centuries), Stuttgart, 1987, Beitrâge zur Siidasienforschung, Siidasien-Institut, Universitât
Heidelberg 117, p. 89 : «(Timor's) mountains do not grow any other trees but sandalwood which is most
abundant. It is traded for silver, iron, cups (of porcelain), cloth from Western countries and coloured taf
fetas. There are altogether twelve localities which are called ports. [...] Formerly (a certain) Wu Chai of
Ch'uan(-chou) sent a junk there to trade with over a hundred men on board. At the end (of their sejourn)
eight or nine out of ten died, while most of the others were weak and emaciated. They (simply) followed
the wind and sailed back home. [...]»
2. R. Ptak, op. cit., p. 94, pense en effet qu'entre 1350 et 1510 le commerce du santal en direction de la
Chine se fit dans un premier temps via les Moluques, Celebes et les Sulu et, après ca. 1400, via Java et
Malaka.
3. Muséum d'histoire naturelle du Havre, Collection Lesueur, n° 17 076-1, pp. 56-57; Journal de
Théodore Leschenault, botaniste de l'expédition Baudin, Arch, nat., Marine, 5 JJ 56 (2), p. 53.
Archipel 56, Paris, 1998, pp. 393-428 394 Anne Lombard-Jourdan & Claudine Salmon
intermittent n'avait encore donné naissance à aucun établissement fixe.
Après la prise de Malaka (1511) et la fondation d'une colonie marchande à
Macao (1557), les Portugais accaparèrent une bonne part du trafic, venant
chaque année chercher le santal en vue de le revendre à la Chine (4). Tous les
deux ans, le roi de Portugal nommait les concessionnaires chargés d'exploit
er les deux routes maritimes qui menaient à Timor depuis Malaka et depuis
Macao.
Après la mainmise des Hollandais sur Malaka en 1641 et leur installation
à Kupang en 1652, la totalité du commerce saisonnier du santal avec Timor
resta entre les mains des marchands de Macao. Ceux-ci, leur trafic étant
menacé, demandèrent l'installation dans l'île d'un gouverneur portugais qui
les protégerait. Le premier résida à Lefao en 1703, avant de se transporter à
Dili en 1769; et dès lors, la présence portugaise à Timor prit un caractère
politique. À la fin du XVIIIe siècle, à force d'être exploité pour être exporté
vers la Chine, le bois de santal se fit rare(5) et on alla s'approvisionner aux
îles Sandwich où il était de première qualité et coûtait moins cher(6). À
Timor, on s'orienta vers des cultures de substitution : café, coprah, tabac.
Présence des Chinois dans l'île
À la fin du XVIIe siècle et au cours du XVIIIe siècle, les Chinois
s'implantèrent en plusieurs endroits de l'île. William Dampier signale, en
1669, qu'un petit nombre d'entre eux s'étaient établis à Lefao, un des
meilleurs ports de la côte occidentale, où ils faisaient «un assez bon com
merce». Ils possédaient de petits vaisseaux avec lesquels ils cabotaient
autour de la grande île et trafiquaient avec les habitants des plaines côtières,
sans jamais s'aventurer à l'intérieur du pays. Ils échangeaient contre les pro
duits de Timor : «or pur, tel qu'on le trouve sur les montagnes, cire, bois de
santal et esclaves», ceux qu'une vingtaine de bateaux leur apportaient tous
les ans de Macao et de Goa : or mêlé, riz, thé, fer, porcelaine et soies (7). Les
indigènes, «sollicités par les Chinois qui ont leurs émissaires de tous
côtés» (g), préféraient envoyer leurs marchandises à la ville maritime la plus
4. Sur la part éventuelle des Chinois dans ce négoce, voir Ptak, op. cit., pp. 102-104.
5. Le bois de santal ne croissait que dans le Sud de l'île. Il commençait à devenir rare et se vendait aussi
cher sur place qu'à Batavia ou même en Chine, nous dit Baudin en 1803. Arch, nat, 5 JJ 40B, p. 354.
6. Jacques Arago, Souvenirs d'un aveugle, Paris, 1868, p. 97.
7. W. Dampier, Voyage aux terres australes, à la Nouvelle Hollande, etc. . ., Amsterdam, 1712, pp. 43-46.
8. Louis de Freycinet, Voyage autour du monde sur les corvettes de S. M. l'Uranie et la Physicienne en
1817, 1818, 1819 et 1820. Navigation et hydrographie, Atlas, Paris, 1826. Gr. in-fol., carte 2, détail.
Historique, Paris, 1828, 1. 1, 2, p. 698.
Archipel 56, Paris, 1998 Les Chinois de Kupang (Timor) aux alentours de 1800 395
proche, où les Chinois et les Hollandais venaient les chercher pour les porter
à Kupang et, de là, à Batavia.
Un règlement du gouvernement hollandais, daté du 22 janvier 1717, spé
cifiait que les Chinois arrivant à Timor sans détenir une autorisation d'y
séjourner seraient refoulés et que ceux qui chercheraient à y rester sans s'être
mis en règle seraient expulsés (9). Cette interdiction fut renouvelée le 9 mars
1802; les fraudeurs devaient être signalés aux autorités. Dès le 23 février
1732, des droits d'entrée et de sortie étaient perçus à Kupang sur le bois de
santal, la cire et les esclaves suivant un tarif établi. L'encaissement était
assuré par un fermier. Le but poursuivi était de rendre la concurrence diffici
le aux Chinois et autres marchands, qui nuisaient au commerce de la
Compagnie 0°). Les bateaux qui voulaient se rendre à Lefao et autres ports
de Timor, n'y étaient autorisés au départ de Batavia que s'ils s'engageaient à
faire escale à Kupang pour y payer les taxes (20 décembre 1746)(H). Les
textes hollandais révèlent donc à Timor, au XVIIIe siècle, une activité comm
erciale à laquelle les Chinois s'efforçaient de participer.
En 1772, François-Etienne de Rosily signale la présence d'un «command
ant» chinois originaire de Macao, à Manatuto, sur la côte septentrionale de
l'île; il était syndic et agent de commerce des Portugais. La navigation régul
ière était assurée, tous les deux ans, de Macao à Dili par deux bâtiments
portugais de 300 tonneaux. Entre la fin mars et les environs du 28 juin, ils
venaient charger quelques esclaves, de la cire et surtout du bois de santal,
dont ils s'efforçaient de garder le monopole du commerce avec la Chine(12).
À la même époque, Jean-Baptiste Pelon parle de Chinois établis à Kupang :
«Ils sont ici en grand nombre et font tout le commerce». Leur quartier, qu'il
appelle «le camp des Chinois», était situé «sur le bord de la mer, vis-à-vis
de la rade». Hogendorp dans sa «Description de l'île de Timor», parue en
1781, note également l'existence d'un quartier propre aux Chinois en bordur
e de mer et précise que ceux-ci contrôlent la plus grande partie du commerc
e. Hogendorp, pas plus que Pelon, ne fait allusion à un temple. Toutefois on
peut en deviner un sur la vue de Kupang reproduite au début de son
articled^.
9. Realia, Register op de générale Resolutiën van het Kasteel Batavia, 1632-1805, 's-Gravenhage, 188

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents