Les jumeaux
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Les jumeaux

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Description

Extrait : Notre père était un homme fantasque et emporté à l'excès, que son humeur despotique isolait au sein de sa famille, où il régnait sans contradiction. Il essuyait, sans dire le mot, les plus dures contrariétés au dehors, et venait les ressasser et éclater contre elles dans son intérieur. Il fallait que notre mère subît les scènes qu'il n'avait point osé faire à qui de droit, et assumât les douleurs de l'orgueil blessé du despote 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 25
EAN13 9782824711881
Licence : Libre de droits
Langue Français

Extrait

CHARLES BARBARA
LES JUMEA UX
BI BEBO O KCHARLES BARBARA
LES JUMEA UX
1857
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1188-1
BI BEBO OK
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Sour ces :
– B.N.F .
– Éfélé
Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.   une curiosité indomptable , bien jeune , j’assistai à une
e x é cution publique . Je me sentis à la fois ép ouvanté et heur eux,E en song e ant que je n’aurais jamais à craindr e un sort p ar eil.
’ en savais-je cep endant  ?
i p eut pré v oir quel sera le dénoûment du drame de sa vie et dir e  :
« Je mour rai ici ou là , d’un accident ou d’une maladie , en tel temps, en telle
o ccur r ence  ? » D ans un détachement absolu de la ter r e , n’aspirant plus
qu’à mourir , uniquement en v ue d’ obéir aux instances de mon défenseur ,
je raconte succinctement ma vie . Si jamais cela est lu, je défie quelque
homme que ce soit de dir e  : «  Cela n’ est p as la vérité . » Cep endant, moi,
j’ en suis encor e à compr endr e comment j’ai pu êtr e confondu av e c les
der nier s scélérats. A mon enfance , à mes actions, à ma dr oitur e incessante ,
quand j’ opp ose le supplice ignominieux auquel je suis condamné , mes
idé es se tr oublent  ; il me semble êtr e le jouet d’un hor rible cauchemar , et
il ne faut rien moins qu’une tension e x cessiv e d’ esprit p our me convaincr e
que je v eille . . .
Mon pèr e était ser r urier dans une ville de pr o vince . Un moment, il
emplo ya jusqu’à douze ouv rier s. Il avait deux filles, âg é es, l’une de huit,
l’autr e de neuf ans, quand ma mèr e , après êtr e r esté e dix anné es stérile ,
1Les jume aux
de vint enceinte de nouv e au et mit au monde , dans la même heur e , mon
frèr e é o dor e et moi.
Nés tous deux, au dir e du mé de cin, dans les conditions d’une longue
viabilité , nous offrîmes tout d’ab ord la p articularité d’une r essemblance si
e xtraordinair e , que notr e mèr e elle-même , dans le princip e , de vait p arfois,
p our nous distinguer l’un de l’autr e , r e courir à un p etit signe que j’avais
au cou.
En grandissant, nous ne cessâmes p oint d’av oir la même taille , la
même nuance de che v eux, le même teint, les mêmes y eux, les mêmes
traits, le même timbr e de v oix, de telle sorte que les g ens qui ignoraient
que j’ eusse un frèr e et le r encontraient dans un endr oit, quand ils v enaient
de me v oir dans un autr e , me cr o yaient doué d’ubiquité . Chose non moins
notable , cee r essemblance ne s’ar rêtait p as à l’épider me . Nous avions un
caractèr e , une sensibilité et des g oûts semblables. Ce qui faisait pleur er
mon frèr e app elait les lar mes dans mes y eux, et ce qui lui plaisait me
causait du plaisir . A la p ension, au collèg e , nous faisions pr euv e d’une ég ale
mémoir e , d’une ég ale vivacité de compréhension. Si mon frèr e était le
pr emier , je ne manquais jamais à êtr e le se cond, quand nous n’étions p as
ex œquo . La solennité des prix était un jour de triomphe dont mon frèr e et
moi avions une mesur e pleine . Nous nous aimions à ne p as p ouv oir nous
quier un seul instant.
Cee r essemblance , quelque mer v eilleuse qu’ elle p araisse , n’ est p as
après tout chose nouv elle . Si rien n’ est moins rar e dans une famille , v oir e
p ar mi des étrang er s, que deux visag es semblables au p oint de prêter à
des méprises, il n’ar riv e p as moins fré quemment de r encontr er des
natur es p our v ues d’analogies telles, qu’il est p er mis, eu ég ard à nos sens
imp arfaits, de dir e , comme on le disait de nous  : V OICI DEUX NA T U RES
I DEN T IQU ES.
Vivant de la même vie , sous l’ empir e constant des mêmes impr essions,
de notr e identité il résultait qu’à un moment donné une p ensé e identique
trav er sait le cer v e au de l’un et de l’autr e . Entr e mille faits, j’ en citerai un
caractéristique .
Notr e pèr e était un homme fantasque et emp orté à l’ e x cès, que son
humeur desp otique isolait au sein de sa famille , où il régnait sans
contradiction. Il essuyait, sans dir e le mot, les plus dur es contrariétés au dehor s,
2Les jume aux
et v enait les r essasser et é clater contr e elles dans son intérieur . Il fallait
que notr e mèr e subît les scènes qu’il n’avait p oint osé fair e à qui de dr oit,
et assumât les douleur s de l’ or gueil blessé du desp ote  ; car il n’était p as
tranquille qu’il n’ eût, en quelque sorte , transvasé ses ennuis, de son
cerv e au dans l’âme de la p auv r e femme , à moins toutefois qu’il n’ eût un
préte xte de dé v er ser sa colèr e sur nos r eins. Il nous baait  : cela entrait
dans son sy stème d’éle v er les enfants. Mais, selon son humeur , il nous
r omp ait de coups p our un fétu de p aille , ou nous déliv rait quiance , au
mo y en d’une simple menace , p our des méfaits ré ellement punissables.
Nous en avions une p eur e x cessiv e . Nous étions sur le qui-viv e , tant que
nous le savions à la maison. Il se vêtissait chez lui d’une manièr e qui nous
l’ eût fait r e connaîtr e d’aussi loin que p eut p orter la v ue . Sa caloe r oug e ,
sa r e ding ote bleue en lo ques, son tablier v ert suffisaient à nous mer e en
fuite . ’il eût, outr e cela, la tête p enché e et les bras cr oisés sur la p
oitrine , nous étions du même coup convaincus qu’il cher chait une victime .
La maison, dont nous o ccupions le r ez-de-chaussé e , se comp osait de
deux cor ps de bâtiment sép arés p ar une cour immense . Les log ements de
la famille étaient situés sur la r ue . A u fond de la cour , se tr ouvaient les
atelier s et des hang ar s.
Un jour de sortie , je musais dans les atelier s. J’avais laissé é o dor e
sur le de vant o ccup é à colorier des estamp es. Je savais mon pèr e absent.
Une idé e burlesque me p assa subitement p ar la tête . J’ endossai la v este
tr oué e d’un appr enti, je nouai à mon cou une cravate r oug e , je me
coiffai d’un chap e au b ossué et défoncé , je fix ai, à l’aide d’une épin

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