La nature du savoir scientifique selon Descartes, et l « Histoire de mon esprit », autobiographie intellectuelle - article ; n°89 ; vol.66, pg 5-35
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1968 - Volume 66 - Numéro 89 - Pages 5-35
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Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Elie Denissoff
La nature du savoir scientifique selon Descartes, et l'« Histoire
de mon esprit », autobiographie intellectuelle
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 66, N°89, 1968. pp. 5-35.
Citer ce document / Cite this document :
Denissoff Elie. La nature du savoir scientifique selon Descartes, et l'« Histoire de mon esprit », autobiographie intellectuelle. In:
Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 66, N°89, 1968. pp. 5-35.
doi : 10.3406/phlou.1968.5419
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1968_num_66_89_5419La nature du savoir scientifique
selon Descartes,
et T« Histoire de mon esprit»,
autobiographie intellectuelle
L'« Histoire de mon esprit », autobiographie intellectuelle de
Descartes, canevas du Discours de la méthode (x), a été l'objet de nomb
reuses études. Dans son magistral commentaire du Discours, Etienne
Gilson mentionne les critiques auxquelles elle a donné lieu(2). Nous
ne nous proposons pas de juger de leur pertinence, mais bien de nous
contenter d'établir le sens exact du récit souvent ambigu de Descartes,
travail que les commentateurs n'ont pas poussé assez loin, à notre avis,
alors que nous le jugeons indispensable avant qu'une opinion assurée
puisse être avancée sur l'historicité du Discours. Nos publications anté
rieures nous faciliteront cette tâche. Dans Les étapes de la rédaction. . . (3),
nous avons identifié les textes introduits dans le Discours par oppor
tunisme, ceux surtout qui concernent la métaphysique et la morale (4),
et nous avons proposé de les placer entre parenthèses afin de mieux
dégager la signification première de l'évolution intellectuelle décrite
par Descartes, évolution qui l'a amené à abandonner la physique
spéculative de l'École et à se rallier à celle des novateurs. Dans L'énig-
(x) Les historiens de Descartes sont d'accord pour considérer le fond biographique du
Discours comme une réplique de Y* Histoire de mon esprit » que Guez de Balzac mentionne
dans une lettre de 1628 à Descartes (A.T., I, 570, 22-571, 3). — Nos références précédées
des lettres A.T. renvoient à l'édition des œuvres de Descartes par Charles Adam et Paul
Tannery, 13 vol., Paris, 1897-1913 (une nouvelle édition est en cours, mais seuls quelques
volumes ont été publiés à ce jour) ; nous en indiquons le tome, la page, ainsi que le numérot
age des lignes en marge des pages, quand il existe. — Les références précédées des lettre
A.M. renvoient à la « Correspondance de Descartes » publiée par Charles Adam et G.
Milhaud, Paris, 1936-1960; nous nous en servons pour les lettres découvertes après
la parution de l'édition Adam-Tannery et pour la traduction des lettres latines.
(2) Etienne Gilson, Discours de la méthode, « Commentaire», Paris, 1962, pp. 99-100.
(3) Les étapes de la rédaction du Discours de la méthode, dans Revue philosophique
de Louvain, t. 54, mai 1956, pp. 254-282.
(4) Dans son entretien avec Burman, Descartes notamment ne fait pas mystère
d'avoir inséré dans le Discours des questions d'éthique « de peur d'être accusé d'irrél
igion » (A.T., V, 178). 6 Elie Denissoff
me de la science cartésienne... (5), nous nous sommes efforcé d'éclaircir
deux textes essentiels relatifs à la nature du savoir scientifique et
que nous trouvions particulièrement obscurs. Convaincu d'avoir
restitué leur sens véritable, nous croyons être mieux à même de com
prendre l'« Histoire de mon esprit » et de pouvoir reconnaître en Des
cartes le théoricien des sciences, fondant une physique, non plus dans
la perspective philosophique, mais sur des bases positives, nécessitant
l'adoption de la méthode expérimentale et mathématique.
On ne peut nier que certaines parties du Discours soient malaisées
à comprendre, Descartes s'y exprimant trop brièvement et souvent
en termes voilés, ainsi qu'on a pu s'en rendre compte dans les deux
textes que nous avons analysés précédemment. C'est pourquoi, avant
de procéder à l'étude de l'« Histoire de mon esprit », nous nous pro
posons de consulter l'ensemble des écrits dans lesquels Descartes
s'exprime d'une façon plus ample et plus explicite et qui sont de nature
à nous permettre de mieux comprendre le Discours avec tout ce qu'il
contient d'imprévu. En effet, les Regulae et le Traité de la lumière
nous livrent le fond de la pensée cartésienne antérieure à la composition
de celui-ci, tandis que les Méditations et les Principes, qui lui sont
postérieurs, présentent parfois le caractère d'une paraphrase ou d'un
développement de certains de ses passages (6). D'autre part, la corres-
(5) L'énigme de la science cartésienne : la physique de Descartes est-elle positive ou
déductivel Essai d'interprétation de deux extraits du Discours de la méthode (A.T., vi,
1, 17-2, 19 et A.T., vi, 63, 18-65, 17), dans Revue philosophique de Louvain, t. 59, février
1961, pp. 31-75.
(8) Ceci ressort, par exemple, des textes parallèles suivants :
Discours : A.T., vi, 64, 5-13. Principes, IIIe part. : A.T. ix-b, 103.
« Après cela (c'est-à-dire après avoir « Après avoir rejeté ce que nous avions
trouvé les principes ou premières causes autrefois reçu en notre créance,... (et
j'ai examiné quels étaient les premiers et être parvenu à) découvrir quelques principes
plus ordinaires effets qu'on peut déduire de des choses matérielles...
ces causes ; il faut maintenant essayer si nous
rons déduire de ces seuls principes l'e
xplication de tous les phénomènes, c'est-à-
dire des effets qui sont dans la nature,
et que nous apercevons par l'entremise de
nos sens.
et il me semble que, par là, j'ai trouvé des Nous commencerons par ceux qui sont
deux, des astres, une terre, et même, sur la les Plus généraux... à savoir, par l'admira-
terre, de l'eau, de l'air, du feu, des miné- ble structure de ce monde»...
raux.% savoir scientifique selon Descartes 7 Le
pondance de Descartes nous fournit de précieux renseignements, car
c'est là qu'il s'exprime le plus librement.
Il est important de bien connaître les vues scientifiques de Descart
es, en général, pour apprécier l'évolution qu'il prétend avoir subie
dans ses convictions. C'est pour avoir négligé ces vues, pensons-nous,
que l'on s'est si souvent mépris sur la signification du Discours. Nous
sommes même convaincu que l'« Histoire de mon esprit » ne peut être
correctement interprétée que dans le contexte de l'ensemble des
œuvres de Descartes.
♦ **
LA NATURE DU SAVOIR
Pour Descartes, «il n'est rien de plus utile que de chercher ce
qu'est la connaissance » (Reguhe : A.T., x, 397, 27-28). Nous appuyant
sur cette déclaration, nous allons essayer de résumer systématiquement
ses idées sur un sujet que, pour plus de précision, nous diviserons en
questions indépendantes.
La connaissance spontanée
La critique de la spontanée, à peine esquissée dans
le Discours, mais largement développée dans d'autres œuvres, domine,
dans l'esprit de Descartes, toute la théorie du savoir. Son importance
est évidente : si les contemporains de Descartes s'opposaient à la
physique nouvelle, c'est principalement en raison de la confiance
aveugle qu'ils accordaient aux données de la perception sensible. Si,
par exemple, remarque Descartes, il nous répugne d'admettre « que la
terre tourne sur son essieu » et que « sa superficie est courbée comme
celle d'une boule », c'est que les sens nous la montrent « immobile » et
relativement « plate » {Principes : A.T., vin, 36, 14-18; ix-b, 59,
principe 71, 55-56). C'est cette confiance naïve dans le témoignage
Discours : A.T., vi, 63, 21-27; 64, 21-22. Principes : A.T., K-B, 20, 10-12.
Les expériences < qui se présentent d'elles- Certaines expériences particulières une se
mêmes » nous font découvrir les * causes les rencontreront jamais par hasard, mais
plus communes » ou lois les plus générales, doivent être recherchées avec soin»...
mais l'expérimentation est indispensable
à la dé

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