La Gaule chrétienne à l époque franque, I L époque mérovingienne II L époque carolingienne - article ; n°131 ; vol.38, pg 52-72
22 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La Gaule chrétienne à l'époque franque, I L'époque mérovingienne II L'époque carolingienne - article ; n°131 ; vol.38, pg 52-72

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
22 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1952 - Volume 38 - Numéro 131 - Pages 52-72
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1952
Nombre de lectures 67
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Étienne Delaruelle
La Gaule chrétienne à l'époque franque, I L'époque
mérovingienne II L'époque carolingienne
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 38. N°131, 1952. pp. 52-72.
Citer ce document / Cite this document :
Delaruelle Étienne. La Gaule chrétienne à l'époque franque, I L'époque mérovingienne II L'époque carolingienne. In: Revue
d'histoire de l'Église de France. Tome 38. N°131, 1952. pp. 52-72.
doi : 10.3406/rhef.1952.3125
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1952_num_38_131_3125MÉLANGES
LA GAULE CHRÉTIENNE A L'ÉPOQUE FRAXOUE*
L'an dernier, l'abbé Griffe a inauguré par l'époque romaine
une série d'exposés sur les problèmes et les méthodes de l'his
toire ecclésiastique de notre paysi. Traitant aujourd'hui de l'épo
que franque, du Ve au ixe siècle, nous nous trouvons devant une
époque beaucoup plus riche en documents, si bien qu'il paraît
inutile de s'attarder sur les questions de méthode; nous nous con
tenterons donc d'aborder successivement les divers problèmes
qui se posent alors pour l'historien, en essayant de dégager, de
façon sommaire et certainement incomplète, l'état actuel de cha
cun d'entre eux.
I. L'ÉPOQUE MÉROVINGIENNE.
A. — Une ère nouvelle : les temps barbares.
L'Église de France est-elle née au baptistère de Reims, comme
on l'affirme parfois2 ? Évidemment non : la Gaule était chrétienne
avant Glovis, et sa conversion n'a pas changé la physionomie rel
igieuse de notre pays; mais il est certain qu'avec la domination
franque commence une ère nouvelle, même dans l'ordre religieux.
Jusqu'à la veille de 476, la Gaule faisait partie de cet immense
organisme qu'était l'Empire romain, où se confondaient l'univers
civilisé et le monde chrétien : à partir du vie siècle elle va s'ident
ifier avec le royaume franc : de ce fait, les rapports de l'Église
avec les pouvoirs publics, qui jusque-là se nouaient sur le plan
de l'Empire, le plus souvent en dehors de la Gaule, vont se poser
à l'intérieur même du pays, qui d'unité administrative est devenu
à lui seul une unité politique. En outre, les nouveaux pouvoirs
appartenaient à une autre race, et ces Barbares, à l'origine, étaient
étrangers ou hostiles à la foi catholique. Pour toutes ces raisons,
des problèmes nouveaux apparaissent; c'est dès le début du ve
siècle que s'est posé en Gaule le « problème barbare », lorsque
divers peuples germaniques ont commencé à s'installer dans nos
provinces. Quelle a été la réaction de l'Église et de ses fidèles
* Exposé présenté à la réunion de la Société d'histoire ecclésiastique
du 4 avril 1952.
1. Cf. Élie Griffe, La Gaule chrétienne à l'époque romaine. Problèmes
et méthodes, dans cette Revue, t. XXXVII, 1951, p. 40-52.
2. Dom Poulet, Histoire de l'Église de France, t. I, p. 9. 53 MÉLANGES
tout au long du ve siècle qui a vu les progrès et le triomphe des
royautés germaniques ?
Beaucoup d'historiens se sont intéressés depuis quelques années
à cette question. Sans même parler de ceux qui traitent des inva
sions en général, on a vu paraître plusieurs livres qui nous don
nent la réponse des auteurs contemporains de l'événement, dont
la plupart étaient chrétiens : la Gaule tient une large place dans
les excellents volumes de l'abbé Bardy3 et de Pierre Courcelle*,
ainsi que dans les monographies sans prétention érudite réunies
dans les deux petits ouvrages collectifs sur « la fin du monde
antique » et sur « l'Occident barbare »s. Et voici qu'a été récem
ment publiée en Allemagne une thèse de théologie sur « les gran
des invasions jugées par les écrivains ecclésiastiques contempor
ains de Gaule »g. a travers ces divers ouvrages on discerne les
divers courants qui se mêlent dans la Gaule du Ve siècle : le pa
triotisme romain, la croyance en la survie éternelle de l'Empire
ont été évidemment ébranlés dès les premières victoires des Bar
bares; certains ont eu tendance à voir dans ces catastrophes les
signes d'une fin prochaine du monde, mais ces conceptions escha-
tologiques sont loin d'être répandues; au delà de ce mutidus se-
nescens, des lueurs d'espérance se sont assez vite imposées : on
conserve l'idéal de l'ancienne Rome, en transférant cette fidélité
à la nouvelle Rome byzantine ou en la transposant au profit de
l'Église, héritière spirituelle de la romanité. D'ailleurs les Ger
mains fixés en Gaule ne se posaient pas en adversaires de l'Em
pire et se laissèrent volontiers pénétrer par la culture romaine
qu'ils admiraient; ils furent vite latinisés et leurs chefs attachaient
du prix aux dignités romaines : Francs, Wisigoths ou Burgondes
restèrent des « fédérés » de l'Empire presque jusqu'à la veille de
sa disparition; les princes burgondes se paraient du grade de
magister militiim même après 476 et Clovis recevra, on le sait, les
titres d'ex-consul et de patrice décernés par l'empereur d'Orient.
Il n'est pas douteux que cette position n'ait facilité le ralli
ement de l'Église, dont le destin paraissait depuis Constantin et
Théodose étroitement lié à celui de l'Empire converti. Mais ce
ralliement ne s'est pas fait en un jour; la crise de l'Empire s'est
prolongée sur tout un siècle, répétons-le, et dans ce laps de temps
plusieurs générations de chrétiens ont été aux prises avec des
problèmes douloureux dont la solution n'a été que progressive
et s'est réalisée dans les faits avant de l'être dans les idées, cha
cun les ayant abordés pour son propre compte selon son tempé-
3. L'Église et les derniers Romains (Paris, 1947).
4. Histoire littéraire des grandes invasions germaniques (Paris, 1948>
5. Le christianisme et la fin du monde antique (Lyon, 1943) et Le
christianisme et l'Occident barbare (Paris, 1945).
6. Joseph Fischer, Die Vôlkerwanderung im Urteil der zeitgenôssischen
kirchlichen Schriftsteller Galliens unter Einbeziehung des heiligen Au-
gustinus (Heidelberg, 1948). La thèse avait été soutenue en 1943. REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE 54
rament personnel, sans que des consignes aient été données par
la hiérarchie ni par des penseurs clairvoyants. Il serait donc vain
d'imaginer un ralliement massif, joyeux ou résigné, tel que le
suggérerait la formule fameuse : Passons aux Barbares? ! Pour
ne prendre que les deux écrivains ecclésiastiques les plus nota
bles du milieu du siècle, Salvien et Sidoine Apollinaire ont eu des
positions moins rigoureuses qu'on ne le croit parfois. Il est peut-
être tentant de voir dans le premier le type du « collaborateur »
et dans le second le type du « résistant ». En réalité, l'évêque de
Clermont, malgré toutes ses répugnances d'aristocrate et de pa
triote contre les occupants goths, a dû finalement céder devant
leur victoire. Quant au prêtre trévire, souvent qualifié — par
erreur — de Marseillais, les historiens allemands auraient tort,
me semble-t-il, de le regarder comme un partisan du « nouvel
ordre européen »8, qui le premier aurait fait preuve d'une judicieuse
compréhension à l'égard du germanisme auquel l'avenir apparte-
naita : c'est avant tout un ascète, qui cherche dans les malheurs du
temps des leçons morales; alors que d'autres ne voyaient dans
les invasions qu'un avertissement divin pour écarter les hommes
du monde et les tourner vers les pensées éternelles, Salvien les
considère comme un châtiment salutaire de Dieu pour les péchés
de l'humanitéio; et c'est pour mieux condamner ses compatriotes
prévaricateurs qu'il fait l'éloge des vertueux Germains, mais sans
préférence particulière pour leur race ou pour le régime dont ils
seront les fondateurs et qu'il n'a pas eu le temps de connaître. Si
donc Salvien est un traître à la cause romaine10*, j'ai l'impres
sion que

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents