Une excursion géologique dans la moyenne et la basse vallée du Rhône - article ; n°1 ; vol.8, pg 41-77

Georges Denizot, F. Roman

Description

Les Études rhodaniennes - Année 1932 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 41-77
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sciences et techniques

Informations

• Publié par: LES_ETUDES_RHODANIENNES
• Publié le: 01 janvier 1932
• Nombre de lectures: 71
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

F. Roman
Georges Denizot
Une excursion géologique dans la moyenne et la basse vallée
du Rhône
In: Les Études rhodaniennes. Vol. 8 n°1-2, 1932. pp. 41-77.
Citer ce document / Cite this document :
Roman F., Denizot Georges. Une excursion géologique dans la moyenne et la basse vallée du Rhône. In: Les Études
rhodaniennes. Vol. 8 n°1-2, 1932. pp. 41-77.
doi : 10.3406/geoca.1932.5573
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_1164-6268_1932_num_8_1_5573UNE EXCURSION GEOLOGIQUE
DANS LA MOYENNE
ET LA BASSE VALLÉE DU RHONE
PAR F. ROMAN
AVEC LA COLLABORATION DE P. DENIZOT
POUR LA CINQUIÈME JOURNÉE
Peu de régions en France montrent un ensemble stratigra-
phique aussi varié que le sillon rhodanien, si l'on y comprend
tout l'espace compris entre le Massif Central et la région sub
alpine.
Il serait facile de prévoir de nombreux itinéraires intéres
sants permettant d'observer la majeure partie des formations
Secondaires, Tertiaires ou même Quaternaires de la vallée du
Rhône. Celui que nous avons choisi me paraît le plus propre à
donner en peu de temps une juste idée de ces formations
variées.
Mais c'est surtout à un pèlerinage aux localités célèbres ex
plorées par nos prédécesseurs que je vous convie. Partout se
retrouve vivant le souvenir des géologues éminents qui ont
consacré leur vie à l'étude de ce pays.
On ne peut parler du Lias et du Jurassique inférieur sans
évoquer le souvenir de Dumortier ; pour le Jurassique supérieur
ce sont les noms de Fontannes et de Toucas qui dominent.
L' Infra-Crétacé est l'œuvre de Matheron, de Kilián, de Pa-
quier, de Sayn. Hébert, puis Emmanuel Fallot, Toucas et encore
Matheron ont reconstitué l'histoire du Crétacé supérieur.
Mayer-Aymar et surtout Fontannes et Depéret ont définitiv
ement fixé la stratigraphie et la paléontologie du Tertiaire. Au F. ROMAN 42
général de La Mothe et à Depéret reviennent le mérite de
l'étude du Quaternaire.
C'est donc une région classique entre toutes que je vous
invite à parcourir.
PREMIÈRE JOURNÉE
LA VOULTE, CHOMÉRAC, PRIVAS, AUBENAS
Le point de départ du faciès méditerranéen jurassique est,
sans contredit, la Montagne de Crussol; mais le faible temps
dont nous disposons ne nous permet pas d'en aborder l'étude
et c'est à la Voulte, à quelques kilomètres au Sud, au début
du grand triangle secondaire ardéchois, que nous commencer
ons nos explorations.
L'Ardèche calcaire est fort différente par son aspect général,
son altitude, son climat et ses cultures de l'Ardèche cristalline,
C'est un triangle dont le sommet est à Châteaubourg, première
localité où s'est conservé un lambeau de Jurassique depuis Je
Mont-d'Or lyonnais, qui se prolonge en s 'élargissant jusque
dans le Gard. Vers l'Ouest le massif calcaire ardéchois est limité
par une série d'accidents tectoniques de première importance,
bordant le Massif central et auxquels on est habitué de donner
le nom impropre de «. faille des Cévennes ».
Des contacts anormaux mettent sur toute cette bordure les
terrains cristallins et cristallophylliens en contact tantôt avec
le Trias, le Lias ou même le Jurassique. Parfois ce sont de
simples écailles limitées par des failles et dont les bords sont
habituellement redressés jusqu'à la verticale; sur d'autres
points ce sont des glissements plus ou moins importants, comme
dans la région Saint-Ambroix-Alès, qui ont provoqué des char
riages de plus ou moins grande amplitude.
Quelles que soient leurs relations avec les terrains anciens, i. — Carte géologique des environs de La Voulte Fig.
sxtrait de la Monographie de La Voulte sur Rhône par Sayn et Roman). F- ROMAN 44
les terrains Secondaires offrent une remarquable unité de comp
osition, les faciès ne variant que faiblement du Nord au Sud.
Les formations les plus anciennes, Lias et Jurassique inférieur,
ont pour caractère commun de présenter une série de phéno
mènes de lacunes de sédimentation, qu'il convient de ne pas
confondre avec les accidents tectoniques. Ces lacunes sont vra
isemblablement dues à l'existence de courants violents dans le
voisinage d'une côte abrupte, qui, à diverses reprises et sur un
espace limité, ont empêché la sédimentation régulière.
Ces lacunes sont généralement accusées par des bancs plus
ou moins bréchoïdes, offrant fréquemment des pisolithes fe
rrugineux aplatis.
A Châteaubourg se trouve toute la série sédimentaire du
Trias au Séquanien, puis après une interruption due à une éro
sion plus intense, vient le massif plus étendu de la Montagne de
Crussol, où se retrouve la même série augmentée du Jurassique
supérieur, Tithonique inférieur compris.
Après une nouvelle interruption d'une dizaine de kilomètres,
les affleurements secondaires reprennent pour ne plus s'inte
rrompre et vont en s'élargissant à partir de la Voulte. Dès le
Pouzin l'Infracrétacé apparaît en superposition normale sur le
Jurassique. Vers Le Teil, la série médiocrétacée commence à se
développer, pour faire place, à la hauteur de Pont-Saint-Esprit,
au Crétacé supérieur, laissant les affleurements jurassiques en
retrait vers l'Ouest, au pied des Cévennes. Cette série juras
sique jalonne d'ailleurs la grande dépression que suivent les
vallées de FArdèche et du Chassezac d'Aubenas aux Vans.
A la Voulte, toutes les assises plongent vers la vallée du
Rhône. Une cassure longitudinale à peu près parallèle au fleuve
fait disparaître en profondeur la partie supérieure du Juras
sique entre le Séquanien supérieur et le Tithonique, de telle
sorte que ce dernier terrain vient en contact avec le Séquanien
supérieur. La série continue avec le Berriasien, mais l'affleur
ement de cet horizon est très restreint car il disparaît rapide
ment sous les alluvions du Rhône.
De la Voulte, nous atteindrons le ravin de Gramade ou des
mines, par le chemin de Celles. Quelques instants seront consa
crés à l'observation des assises, verticales et milonitisées à la EXCURSION GÉOLOGIQUE DANS LE BASSIN DU RHONE 45
base, qui représentent, d'une façon très incomplète, la série comp
rise entre le Trias et le Bathonien. Les suppressions méca
niques de couches sont la règle, de telle sorte que tous les n
iveaux ne sont pas représentés et que ceux qui existent sont
réduits à l'état de lambeaux très restreints.
Dès le Callovien inférieur, la série devient continue et il sera
possible de recueillir à la surface des bancs redressés de la base
de ce terrain Geocoma elegans Haller, G. Bruni Dom A. Valette,
G. Romani Dom A. Valette. C'est très près de là, c'est-à-dire
dans le voisinage du puits de mine, qu'ont été trouvés autrefois
les nodules à Crustacés, étudiés par M. van Straelen, et qui,
actuellement, sont presque introuvables.
Immédiatement au-dessus étaient exploités les minerais de
fer de la Voulte, dont la minéralisation englobe le Callovien
moyen et supérieur et la base de l'Oxfordien. Abandonnées de
puis une cinquantaine d'années, on ne trouve plus sur l'empla
cement de ces mines que des déblais argileux rouges couverts
de végétation.
Du ravin des mines on gagnera le petit col qui sépare la
Voulte de la commune de Rompon, puis, s'arrêtant au Pont des
Etoiles, on observe sur le bord du chemin les assises batho-
niennes, amas presque exclusivement composé de débris de
Crinoïdes (Isocrinus Nicoleti Desor, etc.) avec nombreux Bra-
chiopodes ( Rhynchonella asymetrica Rollier = Rh. oxyptycha
Dum., etc.). La base des couches à Crinoïdes appartient encore
au Bajocien supérieur, ainsi que le prouvent les quelques Amm
onites qui ont été recueillies presque au contact du Cristallo-
phyllien ( Garanti a Garanti d'Orb., Parkinsonia rarecostata
Buckm.). Vers la partie inférieure de l'assise on rencontre des
blocs de micachistes anguleux, parfois volumineux, considérés
par Munier-Chalmas comme un éboulis de falaise, indiquant la
proximité d'un rivage à cette époque.
Un peu au sud du Pont des Etoiles et