ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES - MODÈLES D'ÉVOLUTION1. Introduction - Notion d'équation différentielle - Solution d'une équation différentielleUne équation différentielle est une équation :• dont l'inconnue est une fonction (généralement notée y ou z ou autre lettre)• dans laquelle apparaît certaines des dérivées de y (dérivée première y' ou dérivées d'ordre supérieur y", ...).Exemples : trouver mentalement, au moins une fonction solution sur , des équations différentielles suivantes :y' = sin(x) (y = -cos(x) + k où k ˛ )3xOn devrait, de manière plus y' = 3y (y = k e où k ˛ )cohérente noter l'équationx xdifférentielle y'(x) = sin x au lieu y' = 1 + e (y = x + e + k où k ˛ )de y' = sin x, mais la coutume axvoulu, qu'exceptionnellement, y' = y (y = k e où k ˛ )on tolère de ne pas écrire lavariable de la fonction y" = cos(x) (y = -cos(x) + ax + b où a, b ˛ )inconnue...x -x 2y" = y (y = A e + B e où (A, B) ˛ )Remarques :(1)• Rechercher les primitives d'une fonction continue ƒ sur un intervalle I, c'est résoudre, sur I, l'équationdifférentielle : y' = ƒ(x)• La notion d'intervalle dans la résolution d'une équation différentielle est fondamentale. Si on changed'intervalle, on peut très bien obtenir d'autre solutions. Par exemple, si on se place sur l'intervalle ]0, +¥[,1l'équation différentielle y' = a pour solutions les fonctions y : x a ln(x) + K (K est une constante).xAlors que sur l'intervalle ]-¥, 0[, les solutions sont les fonctions y : x ...
1. Introduction - Notion d'équation différentielle - Solution d'une équation différentielle Une équation différentielle est une équation : •dont l'inconnue est une fonction (généralement notéeyouzou autre lettre) •dans laquelle apparaît certaines des dérivées dey(dérivée premièrey'ou dérivées d'ordre supérieury", ...). Exemples : trouver mentalement, au moins une fonction solution sur, des équations différentielles suivantes : y'=sin(x) (y=−cos(x)+koùk∈) On devrait, de manière plusy'=3y(y=ke3xoùk∈) cohérente noter l'équatio différentielley'(x)=sinxau liey'=1+ex(y=x+ex+koùk∈) dey'=sinx, mais la coutume voulu, qu'exceptionnellement,y'=y(y=kexoùk∈) on tolère de ne pas écrire l variable de la fonctioy"=cos(x) (y=−cos(x)+ax+boùa,b∈) inconnue... y=y (y=Aex+Be−xoù (A,B)∈2) "
Remarques : •Rechercher les primitives(1) fonction continue d'uneƒ sur un intervalleI, c'est résoudre, surI, l'équation différentielle :y'=ƒ(x) •La notion d'intervalle dans la résolution d'une équation différentielle est fondamentale. Si on change d'intervalle, on peut très bien obtenir d'autre solutions. Par exemple, si on se place sur l'intervalle ]0,+∞[, l'équation différentielley'= a 1 pour solutions les fonctionsy :xaln(x)+K (K est une constante). x Alors que sur l'intervalle ]−∞, 0[, les solutions sont les fonctionsy:xaln(−x)+K.
Il est donc nécessaire de bien définir ce qu'est une solution d'une équation différentielle.
1.1. Définition On appelle solution d'une équation différentielle (E) un couple (ƒ,I) oùƒest une fonction etIun intervalle tels queƒvérifie (E) surI. On dira :ƒest une solution de (E)surI. Résoudre une équation différentielle sur un intervalleItrouver toutes les fonctions solutions de (, c'est E) surI.
Si aucune précision n'est donnée sur l'intervalleI, on considérera qu'il s'agit deI=.
On distingue plusieurs types d'équations différentielles : •Les équations différentielles linéaires du premier ordre à coefficients constants sans second membre : exemple :y'+5y=0 •premier ordre à coefficients constants avec second membre :Les équations différentielles linéaires du exemple :y'+5y=ex •Les équations différentielles linéaires du second ordre à coefficients constants sans second membre : exemple : 2y"−3y'+5y=0 (1) Voir la leçon sur le calcul intégral. Équations différentielles - Modèles d'évolution Page1G. COSTANTINIhttp://bacamaths.net/
•Les équations différentielles linéaires du second ordre à coefficients constants avec second membre : exemple : 2y"−3y'+5y=sin(x) •Il existe aussi des équations différentielles à coefficients variables : exemple :y"+sin(x)y'−exy=0 •Ainsi que des équations différentielles non linéaires : exemple :y"×y'−y=0
1.2. Remarque : Une équation différentielle (Elorsque son équation sans second membre associée () est dite linéaire E0) vérifie les deux assertions suivantes : •pour toutes solutionsƒetgde (E0) sur un intervalleI, la fonctionƒ+gest aussi solution de (E0) surI •pour toute solutionƒde (E0) surIet tout scalaireλ∈, la fonctionλƒest aussi solution de (E0) surI Exemples : 1. L'équation différentielle (E) :y'=ay+best linéaire. En effet : •Soientƒetgdes solutions, sur un intervalleIl'équation sans second membre associée (, de E0) :y'=ay. On a donc :ƒ'=aƒ surI gagsurI = ' En ajoutant membre à membre, il vient, par linéarité de la dérivée : (ƒ+g)'=a(ƒ+g) surI Donc la fonctionƒ+gest aussi solution de (E0) surI. •Soientƒune solution de (E0) sur un intervalleIetλun réel. On a donc :ƒ'aƒ surI = En multipliant parλ, on obtient : (λƒ)'=a(λƒ) surI Donc la fonctionλƒest aussi solution de (E0) surI. 2. L'équation différentielle (E) :y'=y(1−yn'est pas linéaire. En effet, considérons une solution non nulle) (1) yde (E) sur un intervalleI. Montrons que la fonctionz=2yn'est pas solution de (E) surI. Si elle l'était, on aurait :z'=z(1−z) surI 2y'=2y(1−2y) surI Mais commeyest solution de (E 2) :y(1−y)=2y(1−2y) surI Soitx∈Itel quey(x)≠0 (existe par hypothèse). En simplifiant par 2y(x), il reste alors : 1−y(x)=1−2y(x) y(x)=2y(x) Et toujours en simplifiant pary(x)≠0, on aboutit à une absurdité. La fonctionz=2yn'est donc pas solution de (E) surI. L'équation (E) est non linéaire.
(1)cette leçon que de telles solutions existent.On verra plus loin dans Équations différentielles - Modèles d'évolution Page2
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2. Équation différentielle linéaire d'ordre 1 à coefficients constants sans second membrey'=ay(a∈)
2.1. ThéorèmeL'équation différentielle (E) admet donc une infinité d Soitaun réel. Soit (E) l'équation différentielle :y'=ay L s solutions de (E), sur, sont les fonctionsydéfinies par :solutions (puisque l'on a un e infinité de choix de l y(x)=Ceax oùCest une constante quelconqueconstanteC). Démonstration : 1. On vérifie que les fonctions proposées sont bien solutions de (E) sur. Les fonctionsy:xaCeaxsont de la formey=Ceuoùu(x)=ax. Commeuest dérivable sur,yl'est aussi et :y'=C u'eu Ce qui donne, pour tout réelx:y'(x)=a Ceax=ay(x) D'où :y'=ay sur Donc les fonctionsyproposées sont bien des solutions de (E) sur. (Ce qui prouve l'existence de solutions) 2. Montrons que les fonctions proposées sontles seulessolutions de (E) sur. (C'est-à-dire, qu'il n'y en a pas d'un autre type quexaCeax). Soity solution quelconque de ( uneE) sur. (On sait déjà que ça existe d'après le point 1). Considérons la fonctionzdéfinie, pourx∈, par : − z(x)=y(x)eax −ax La fonctionzest de la formez=uvavecu=yetv(x)=e. Comme les fonctionsuetvsont dérivables sur, la fonctionzl'est aussi et on a : zu'v+uv' = ' D'où, pour tout réelx:z'(x)=y'(x)e−ax−ay(x)e−ax z'(x)=e−ax(y'(x)−ay(x)) Mais, par hypothèse,yest une solution de (E) sur, doncy'(x)−ay(x)=0 On en déduit que pour tout réelx:z'(x)=0 On en déduit quezest constante sur. Autrement dit, il existe une constanteCtelle que pour tout réelx: z(x)=C y(x)e−axC = y(x)=Ceax
Ce qui démontre le théorème 2.1.
Remarques : •La constanteCDans ce cas, on obtient la solution "nulle" :peut être nulle. y=0 surqui est une solution évidente de l'équation différentielle. •2.1. peut aussi s'interpréter ainsi : siLe théorème ƒ0 est une solution non identiquement nulle (sur) de l'équation différentielle (E), alors toutes les autres solutionsƒsursont des multiples deƒ0. •Le théorème 2.1. reste valable siaest un nombre complexe ; la démonstration reste la même en étendant le concept de dérivation à2.1. sera utile dans le paragraphe 7.(voir 7.2.). Cette extension du théorème Équations différentielles - Modèles d'évolution Page3G. COSTANTINIhttp://bacamaths.net/
Exemples : 1. Résoudre, sur, l'équation différentielle : (E) : 3y'−5y=0 On écrit (E) sous la forme :y'=53y (E) est donc de la formey'=ayaveca=sur3.5seSlosoitu,sn, sont donc de la forme : 5 x y(x)=Ce3 oùC∈ 2. Considérons un circuit électrique constitué d'un condensateur (de capacitéC) se déchargeant dans une résistanceR:i
CR
D'après la loi d'additivité des tensions, on a :uC+uR=0 (uCetuRaux bornes du condensateur et de la résistance)désignent respectivement la tension Notonsi(t) l'intensité du courant électrique dans le circuit à l'instantt. On sait que :uC(t)=Cq(tet)uR(t)=R i(t)=Rdqdt(t) D'où :q(t)=−RCdq(t)i(t) dtI0 C'est une équation différentielle du typey'=ayaveca=−R1Cd'où : t − q(t)=KeRC (K∈) tO − D'où, en dérivant :i(t)=I0eRC (I0∈) 3. Dans un tissu radioactif, les lois de la Physique permettent d'affirmer que la vitesse de désintégration des noyaux radioactifs (à un instantt) est proportionnelle au nombre de noyaux radioactifsN(t) présents dans le tissus à l'instantt. Il existe donc une constanteλstrictement positive telle que : N'( )−λN(t)Le signe "−" de cette relation traduit la = tdécroissance du nombre de noyaux. SiN0désigne le nombre de noyaux à l'instant initial, on a donc : N(t)=N0e−λt Dans ce contexte, apparaissent souvent deux grandeurs qu'il est bon de savoir interpréter graphiquement : •le temps caractéristique, notéτ, est défini par : 1 τ= λ Si (T) désigne la tangente à l'origine de la courbe (C) de la fonctionN, le temps caractéristiqueτ est l'abscisse du point d'intersection de la droite (T) avec l'axe du temps. En effet, une équation de (T) est : y=N'(0)t+N(0)=−λN0t+N0 On constate que sit=τ, on a bien :y=0 Plus le temps caractéristique est petit, plus la vitesse de désintégration initiale est élevée.
N0/2 (C) (T) Oτ1/2τt •la période de demie-vie, notéeτ1/2 (ouT) qui est la période au bout de laquelle la moitié des noyaux se sont désintégrés. On a donc :N(τ1/2)=N0 2 N0e−λτ1/ 2=N20 D'où :λτ1/2=ln(2) τ1/2= ln(λ2)=τln(2) On peut alors exprimerN(t) en fonction de la période de demie-vie : t t − −tln 2 − N(t)=N0e−λt=N0eτ=N0eτ1/ 2=N02τ1/ 2
2.2. Allure des solutions : a >0
C >0
C <0
a <0
C0 >
C <0
On constate que toutes les solutions ont une limite nulle en−∞(lorsquea> 0) ou en+∞(lorsquea< 0) : limCeax=0 lorsquea et> 0 limCeax=0 lorsquea< 0 x→ −∞x→ +∞
Cas particulier : sia=0, l'équation différentielle esty'=0 et ses solutions sont les fonctions constantes.
3. Équation différentielle linéaire d'ordre 1 à coefficients constants avec second membre constant y'=ay+b(a≠0) 3.1. ThéorèmeDans certains ouvrages, cett Soientaetbdeux réels avecanon nul.équation différentielle est notée : Soit (E) l'équation différentielle :y'=ay+by'−ay=b = Les solutions de (E), sur, sont les fo ionsydéfinies pou :y'+ayb nct ar :(de façon à bien isoler le second membre) Attention, dans le dernier cas, l y(x)=Ceax−aboùCest une constante quelconquerôle deaest opposé. Démonstration :La technique utilisée ci-contre est à Nous remarquons que la fonctionp, définie sur, par :connaître. Elle servira dans de nombreuses situations : b1) On détermine une solution p− = aparticulière p l'équation ( deE). (L'énoncé donne souvent les est une solution particulière de (E).indications nécessaires). (En effet, on ap'=0ap+b)2) On montre qu'une fonctiony est = solution de (E) si et seulement si la Soityune solution quelconque de (E). (On sait qu'il en existe au moins une :p)fonction (y−p) est solution de On a, sy′=′ay+béo'ssuaqeélicn(taoiE0as.)snsonecmedremb ur : p=ap+b3) Comme, en général, on connaît En retranchant membre à membre : (y−p)'=a(y−p)les solutions de l'équation sans second membre associée, on en Doncy−pest une solution de l'équation différentielley'=ay, d'où pour toutx∈:déduit que les solutionsy ( deE) s'écrivent comme la somme des y(x)−p(x)=Ceax oùCest une constantesolutions de (E0) et de la solution Finalement, pour toutx∈:y(x)=Ceax−bparticulièrep. a Exemples : 1. Résoudre, sur, l'équation différentielle (E 2) :y'−2y=1 2 On écrit (E) sous la forme :y' 2y =+2 (E) est donc de la formey'=ay+baveca= et 2b=,ssru22.Sessolution, sont donc de la forme : y(x)=Ce2x− où 1C∈ 2 2. Considérons un circuit électrique constitué d'un générateurG une tension (délivrantE), d'un condensateur (de capacitéC) et d'une résistanceR: i CR G Équations différentielles - Modèles d'évolution Page6G. COSTANTINIhttp://bacamaths.net/
D'après la loi d'additivité des tensions, on a :uC+uR=uG=E Notonsi(t) l'intensité du courant électrique dans le circuit à l'instantt. On sait que :uC(t)=qC(tet)uR(t)=R i(t)=Rdq(t) dt D'où :q(t)=EC−RCdqd(t) t dq(dtt)=−R1Cq(t)+ER C'est une équation différentielle du typey'=ay+baveca=−R1C etb=Ed'où : R t − q(t)=KeRC+ECi(t) tI0 − En dérivant :i(t)=I0eRC
3.2. Allure des solutions : a >0 C >0
C <0
C=0b C=0 = − a
O
a <0
C >0
C <0
On constate que toutes les solutions ont la même limite en−∞(lorsquea> 0) ou en+∞(lorsquea< 0) : limCeax−b=−ba lorsquea et> 0 limCeax−b=−ba lorsquea< 0 x→ −∞ax→ +∞a Cas particuliers : •sia=0, alors l'équation différentielle (E) se réduit simplement ày'=bdont les solutions sont les fonctions affinesxabx+CoùCest une constante. •sib=0, on est ramené au cas de la situation du paragraphe 2. Équations différentielles - Modèles d'évolution Page7G. COSTANTINIhttp://bacamaths.net/
t
4. Équation différentielle linéaire d'ordre 1 à coefficients constants avec second membre variable On s'intéresse, dans ce paragraphe, aux équations différentielles (E) du type : (E) :y'−ay=ƒ oùa∈etƒest une fonction 4.1. Théorème Soientaun réel etƒune fonction définie sur un intervalleI. Soit (E) l'équation différentielle :y'−ay=ƒ Soit (E0) l'équation différentielle sans second membre associée : y'=ayLa question générale de l'existence d'une solution Soitpune solution particulière de (E), surI:p'−ap=ƒ surIparticulière est hors programme (voir §9) Alors les solutionsyde (E), surI, s'obtiennent en ajoutant les solutions de (E0) avecp: y(x)=Ceax+p Démonstration : On a les équivalences suivantes :ysolution de (E) surI y'−ay=ƒ surI y'−ay=p'−apsurI (y−p)=a(y−p) surI ' y−psolution de (E0) surI y(x)=Ceax+p(x) pour toutx∈I
Le théorème 4.1. n'est pas explicitement au programme. Dans la pratique, les exercices demandent que les équivalences ci-contre soien redémontrées.
Exemple : résoudre, sur, l'équation différentielle (E) : y'+y=x2+x •Résolution de l'équation sans second membre associée (E0) :y'+y=0. D'aprèslethéorème2.1:y(x)=Ce−xoùC∈ •Recherche d'une solution particulièrepmême nature que le second membre)(souvent de la Soitpune fonction polynôme du second degré : p(x)=a x2+bx+c Onaalors,pourtoutréelx:p'(x)=2ax+b Déterminonslescoefficientsa,betcafin quepsoit solution de (E) : 2ax+b+a x2+bx+c=x2+x a x2+(b+2a)x+c+b=x2+x a=1 2a+b=1b+c=0 a=1b= −1c=1 Unesolutionparticulièrepest donc définie par : p(x)=x2−x+1 On a donc :p'(x)+p(x)=x2+x