L activité de dénombrement chez l enfant : double tâche ou procédure ? - article ; n°4 ; vol.99, pg 623-645
24 pages
Français

L'activité de dénombrement chez l'enfant : double tâche ou procédure ? - article ; n°4 ; vol.99, pg 623-645

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
24 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1999 - Volume 99 - Numéro 4 - Pages 623-645
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 88
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

V. Camos
Michel Fayol
P. Barrouillet
L'activité de dénombrement chez l'enfant : double tâche ou
procédure ?
In: L'année psychologique. 1999 vol. 99, n°4. pp. 623-645.
Citer ce document / Cite this document :
Camos V., Fayol Michel, Barrouillet P. L'activité de dénombrement chez l'enfant : double tâche ou procédure ?. In: L'année
psychologique. 1999 vol. 99, n°4. pp. 623-645.
doi : 10.3406/psy.1999.28497
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1999_num_99_4_28497L'Année psychologique, 1999, 99, 623-645
LEAD, CNRS ESA 5022
Université de Bourgogne1
L'ACTIVITE DE DENOMBREMENT CHEZ L'ENFANT :
DOUBLE TÂCHE OU PROCÉDURE ?
par Valérie CAMOS, Michel FAYOL et Pierre BARROUILLET2
SUMMARY : Counting in childhood : Double task or procedure ?
It is widely held that the counting is a complex activity requiring the use of
at least three skills : to say number-words, to point to each and every object and
to coordinate the sequential progress of the two formers activities to avoid double
countings and omissions. The aim of this article is to determine the cognitive
cost of this coordination and examine how the cognitive cost changes during
development. Six-and eight-year-old children and adults performed three
tasks : pointing, saying and counting. The results show that both the speed and
the accuracy of counting are modified by factors (age, size of collections, and
spatial arrangement) having an impact on one of its components (pointing
and enunciation). However, contrary to the hypothesis of a demanding
coordination, counting never takes longer than the slowest of the component
activities (when performed separately) . As a consequence, counting constitutes,
since the age of six, an integrated skill, a procedure.
Key words : cognitive development, counting, procedures, double task,
number.
Le dénombrement de collections est habituellement décrit
dans la littérature comme une activité complexe qui nécessite la
mise en œuvre d'au moins trois habiletés : récupérer en mémoire
et énoncer les noms de nombres ; distribuer l'attention spatiale
1. Faculté des sciences, 6, boulevard Gabriel, 21000 Dijon. E-mail:vca-
mos@u-bourgogne.fr.
2. Nous tenons particulièrement à remercier pour leur aide et chaleureux
accueil Mme Misset et M. Valentin, directeurs des écoles où l'expérience s'est
déroulée. 624 Valérie Camos, Michel Fayol et Pierre Barrouillet
de manière à distinguer les éléments déjà traités de ceux qui ne
l'ont pas encore été, ce qui se réalise le plus souvent par le biais
du pointage ; coordonner le déroulement séquentiel de ces deux
activités pour éviter les doubles comptages ou les omissions
(Fuson, 1988 ; Gelman et Gallistel, 1978 ; Potter et Levy, 1968).
Chez l'adulte, la mise en œuvre et la coordination de ces activi
tés sont vraisemblablement automatisées. Elles sont donc rapi
des, cognitivement peu coûteuses et susceptibles de se dérouler
en parallèle. L'hypothèse d'automaticité prédit que la durée
totale de réalisation d'un dénombrement correspond à la
maximale requise par l'activité la plus lente.
Les choses ne sont pas si simples chez le jeune enfant
(Bideaud, Meljac et Fischer, 1991 ; Fayol, 1990 ; Meljac, 1979).
En effet, les trois habiletés précédemment évoquées posent
d'autant plus de problèmes que l'enfant est jeune. Tout d'abord,
la vitesse et l'exactitude de la récupération (de 1 à 16) ou de
l'élaboration (17, 18...) des noms de nombres dépendent de
l'accessibilité de ces mots, de la maîtrise de la combinatoire (17,
35), et de la connaissance de l'ordre de succession (Fuson,
Richards et Briars, 1982 ; Miller, 1996). En d'autres termes, la
récupération et/ou l'élaboration ne sont pas encore automatis
ées. Elles ont un coût cognitif lequel se traduit par l'allo
ngement des durées d'accès en fonction de la taille et de la fr
équence des nombres (Dehaene et Mehler, 1992).
Ensuite, le pointage exhaustif et sans répétition de tous les
éléments d'une collection présente également des difficultés pour
les enfants. Ainsi, Shannon (1978) a montré que les enfants de 3,
4, 5 et 6 ans changeaient de procédure en fonction de la taille et
de la disposition spatiale des items lorsqu'on leur demande de les
toucher tous une seule fois. Plus la configuration spatiale facilite
le contrôle (e.g. jetons alignés), plus la mise en œuvre du poin
tage est aisée. Au contraire, plus la est aléatoire
(i.e. ne comporte pas de structure), plus l'organisation et le con
trôle du parcours présentent de difficultés et donc de risques
d'erreurs. On peut s'attendre ainsi à ce que la vitesse et
l'exactitude du pointage diminuent avec l'accroissement de
l'irrégularité et de la taille des dispositions, en raison de la plus
grande attention requise pour assurer le déroulement correct de
la procédure de pointage (Potter et Levy, 1968).
Enfin, la coordination du déroulement des deux séquences
présenterait elle-même un coût. Ce coût dépend, d'une part, de Le dénombrement chez l'enfant 625
la difficulté de mise en œuvre de chacune des habiletés (i.e. récu-
pération-énonciation et parcours exhaustif par pointage) et,
d'autre part, de la synchronisation entre accès aux noms de
nombres et désignation de chacun des éléments (Briars et Sie-
gler, 1984). Faute d'une telle synchronisation, les doubles compt
ages (deux mots-nombres pour un élément) et les omissions (un
seul mot-nombre pour deux éléments) conduisent à des erreurs
de dénombrement (Fuson, 1988, chap. 3). Gelman et Meck
(1983) ont ainsi montré qu'il suffit de rendre le contrôle du poin
tage plus difficile pour entraîner une chute des performances de .
La non-automatisation de la récupération-énonciation d'une
part, et de la planification et du contrôle d'autre part, conduit à
considérer l'activité de dénombrement comme la réalisation
d'une double tâche. Lorsque le déroulement des deux composant
es n'est pas automatisé, comme cela est probablement le cas
chez les jeunes enfants, deux éventualités se présentent. Premiè
rement, les deux habiletés peuvent être mises en œuvre de
manière sérielle par pointage d'un élément suivi de renonciation
du mot-nombre correspondant, puis nouveau pointage, et ainsi
de suite. L'hypothèse de sérialité prédit que la durée de dénom
brement devrait être au moins égale, voire supérieure si on
ajoute le coût de la coordination et/ou la survenue d'éventuelles
interférences, à la somme des durées de chacune des composant
es (P + E).
La seconde éventualité est que le déroulement de chacune
des composantes est pris en charge par un sous-système spéci
fique de la mémoire de travail : par exemple, la récupération-
énonciation par la boucle phonologique ; l'organisation et le con
trôle du pointage par le calepin visuo-spatial (Baddeley, 1990).
Ceci permettrait un traitement en parallèle des deux habiletés.
Toutefois, la coordination de deux activités non automatisées
devrait demander l'intervention du processeur central. Cette
coordination devrait nécessiter une allocation attentionnelle et
donc un coût cognitif, induisant alors un accroissement de la
durée de traitement et du nombre d'erreurs. Cette seconde évent
ualité prédit que la durée de dénombrement sera comprise entre
la durée de la plus lente des deux composantes (Max [P, E]), et
la somme des durées de chaque composante (P + E).
Chez les adultes, les deux habiletés constitutives étant pro
bablement automatisées, leur réalisation s'effectue vraisembla- 626 Valérie Camos, Michel Fayol et Pierre Barrouillet
blement en parallèle et sans interférence, ou alors avec interfé
rences minimes. Cette hypothèse prédit que la durée de
dénombrement devrait être soit égale, soit légèrement supé
rieure à la durée de la composante nécessitant le plus de temps
(i.e. Max [P, E]). Il est même possible que le déroulement en
parallèle induise un effet de facilitation, l'automatisme de la
récupération des mots-nombres entraînant, par exemple, une
accélération de la séquence de pointage

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents