Les Indiens Guayakí (suite). - article ; n°1 ; vol.27, pg 175-244
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1935 - Volume 27 - Numéro 1 - Pages 175-244
70 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1935
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

J. Vellard
Les Indiens Guayakí (suite).
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 27 n°1, 1935. pp. 175-244.
Citer ce document / Cite this document :
Vellard J. Les Indiens Guayakí (suite). In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 27 n°1, 1935. pp. 175-244.
doi : 10.3406/jsa.1935.1922
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1935_num_27_1_1922LES INDIENS GUAYAKI,
Chargé Par de J. mission VELLARD, au Paraguay.
VI. Linguistique.
Le langage de cette intéressante tribu a donné lieu à de nombreuses
controverses. Déjà les anciens auteurs n'étaient pas d'accord à ce sujet.
Pour Lozano les Guayaki parlaient un dialecte guarani ; Hervas dit au
contraire que leur véritable langage est différent mais qu'en captivité ils
l'oublient très vite pour apprendre le guarani au contact des Indiens
des réductions. Les anciens auteurs connaissaient du reste fort mal les
Guayaki et confondaient sous le nom général de Kaïgua des groupes très
divers menant une vie pauvre et plus ou moins nomade dans la forêt
paraguayenne.
Actuellement les opinions sont encore divisées. La première liste
lexicologique, très réduite puisqu'elle ne comprenait que vingt-et-un
mots, publiée par de La Hitte en 1897 avait été établie à l'aide d'un
enfant, Mauricio, capturé près de Jesus Trinidad et élevé parmi les
Paraguayens. La Hitte ne relève que trois mots identiques au guarani
actuel : tata, feu ; u, eau et rapd, arc ; deux autres sont traduits par
des mots guarani : mbae pona, cheval (litt. bonne chose) et tapui tuvicha,
grande hutte ; dans quatre autres il signale le pronom guarani che, je. En
1902, Vogt a publié un vocabulaire assez étendu permettant de rattacher
ce dialecte au groupe tupi-guarani. Un petit vocabulaire de Mayntzhusen
contient diverses erreurs d'interprétation. Bertoni conclut de ses obser
vations que le guayaki est un dialecte guarani avec des simplifications
curieuses et un substratum différent provenant d'un autre groupe li
nguistique ; phonétiquement il serait proche des dialectes mbwihá et
1. Cf. Journal de la Société îles Âméricanistes, t. XXVI, 1934, p. 223. 176 SOCIÉTÉ DES AMËRICAKISTES
gwayrahè. Ehrenreich lui trouve quelques affinités avec les dialectes de
la famille Gê.
Ces divergences ne doivent pas étonner. Actuellement par exemple,
dans la région des mBwihá, les Paraguayens du peuple en contact
constant avec ces derniers Indiens ne sont pas davantage d'accord sur
la nature de leur langage. Pour les uns les mBwihá parlent un guarani
peu dillerent de la langue courante du Paraguay ; pour d'autres c'est un
dialecte guarani avec des formes et des expressions très particulières ;
pour d'autres enfin il n'a aucune parenté avec le guarani. Pratiquement
un Paraguayen même cultivé ne peut suivre une conversation à une
vitesse normale entre deux mBwihá ; la phonétique et de nombreuses
expressions inusitées dans le guarani courant du Paraguay le déroutent ;
mais en faisant répéter lentement les phrases il en comprendra
l'ensemble. Le même fait s'est produit pour le guayaki ; suivant le
degré de culture et les connaissances en guarani des observateurs —
c'étaient généralement des intermédiaires — les opinions sur la parenté
de ce dialecte variaient.
Une critique sérieuse a été faite aux quelques listes de mots publiées
jusqu'ici. Elles ont toutes été établies avec des Guayaki captifs vivant
depuis plus ou moins longtemps avec des Paraguayens et parlant déjà
le guarani courant. Il devient difficile dans ces conditions de distinguer
avec certitude ce qui appartient en propre linguistiquement et phoné
tiquement à leur véritable dialecte d'avec leurs acquisitions en captivité.
Hervas signalait déjà cet inconvénient quand il disait que les Guayaki
oublient très vite leur langue en captivité pour apprendre le guarani.
L'argument a été repris de nos jours par Bertoni et cette critique peut
surtout être faite au vocabulaire de Vogt.
Les conditions dans lesquelles je me suis placé m'ont permis d'éviter
cet inconvénient. Aussitôt après avoir quitté les siens mon jeune Gua
yaki, Luis, a été entièrement isolé du contact des Paraguayens et des
luBwihá ; pendant les deux mois nécessaires pour établir le vocabulaire,
il n'a jamais entendu un mot guarani. Je me suis astreint à le garder sans
cesse près de moi, ne lui parlant que dans sa langue et n'employant que
des mots indiqués par lui ; il n'entendait parler autour de nous dans la
famille Balanza que le français ou l'espagnol. Dans ces conditions le
vocabulaire réuni (plus de six cents mots et phrases) n'a subi aucune
influence étrangère. A un premier examen fait en voyage les deux tiers
des mots m'ont paru nettement guarani, un tiers étant même identique
au guarani courant du Paraguay ; les affinités du dernier tiers parais
saient plus difficiles à établir au premier abord (Conférences à la Faculté LES INDIENS GUAYAKÍ 177
d'humanités de La Plata et au Musée de Sciences naturelles de Buenos
Aires, décembre 1932). Depuis, l'étude approfondie de ce vocabulaire
est venue montrer que le dialecte guayaki est un dialecte guarani très pur,
avec des caractères indiquant une évolution peu avancée et un lexique réduit où
font défaut de nombreux termes usuels dans presque tous les autres dialectes
guarani ; la grammaire est rudimentaire et la phonétique spéciale ; il n'y a pas
ďhispanismes et aucun mot ne peut être rattaché à une source différente du gua
rani.
VOCABULAIRE.
Le vocabulaire est pauvre et surtout peu différencié. Les mots
manquent souvent de sens précis et beaucoup représentent une idée géné
rale plutôt qu'un objet ou un acte déterminé ; le même mot peut rendre
aussi bien une action que sa conséquence, un verbe qu'un substantif. Le mot
tipihd par exemple (même forme que yupird en guarani), indique l'idée de
nourriture, que ce soient les aliments eux-mêmes, les provisions, l'acte
ou le simple désir de manger ; ka à dans de nombreux dialectes tupi-
guarani a le sens de forêt, en guayaki il exprime l'idée d'ombre ou
d'obscurité et signifie suivant le cas la forêt parce qu'elle est sombre,
la nuit, l'obscurité ou l'ombre d'un objet. De même krôù't'â (pour gara' и
t'a) exprime l'idée de clarté, de lumière et de jour.
Les lacunes sont nombreuses et des termes devenus courants dans les
autres dialectes guarani plus évolués manquent en guayaki ; ils sont
remplacés par des expressions ou des périphrases guarani descriptives,
très différentes mais faciles à comprendre. Le mot langue, par exemple,
est rendu par bédé, littéralement qui est plat ; le mot ku, le seul terme
pour langue en guarani actuel existe cependant mais sous la forme ver
bale teku, il boit ; dans Montoya et dans quelques dialectes tupi-guarani
on trouve ku avec le sens primitif de gorgée et celui plus récent de
langue. La vulve est désignée par l'expression pendé, qui est fendu. Les
broméliacées sont appelées ko'atç, qui est feuilles, etc..
Les verbes exprimant une action simple, premiers éléments constitutifs
de tout langage, offrent moins de variations que les noms désignant des
objets ou des êtres animés. La plupart possèdent un sens plus ou moins
approché, mais non équivalent, de celui qu'ils ont en guarani actuel ou
de celui indiqué par Montoya. Ainsi peťe signifie couvrir, fermer, (d'où
t'ââ peťe, qui couvre les yeux, c'est-k-dire les paupières), tandis qu'en
guarani il a le sens particulier de frapper, heurter; fawù signifie je chante
en guayaki et je respire, je souffle, en guarani; wuii signifie en guayaki je
Société des Américanisles, 1935. 12 178 SOCIÉTÉ DES AMÉR1CANISTES
chante et il apporte, il sépare, il éloigne, en guarani ; kiuerâ signifie
en guayaki il est vivant et en guarani convalescence.
Ces exemples pourraient être multipliés, mais les différences de phonét
ique, entre mots de même racine sont presque toujours plus accusées
entre le guayaki et les autres dialectes guarani que les variations de
signification.
Parties du corps. — Abstraction faite des différences p

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