Les Phéniciens : leurs prédécesseurs et les étapes de leur colonisation en Occident - article ; n°3 ; vol.116, pg 464-475
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1972 - Volume 116 - Numéro 3 - Pages 464-475
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 87
Langue Français

Extrait

Monsieur Pedro Bosch-Gimpera
Les Phéniciens : leurs prédécesseurs et les étapes de leur
colonisation en Occident
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 116e année, N. 3, 1972. pp. 464-
475.
Citer ce document / Cite this document :
Bosch-Gimpera Pedro. Les Phéniciens : leurs prédécesseurs et les étapes de leur colonisation en Occident. In: Comptes-
rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 116e année, N. 3, 1972. pp. 464-475.
doi : 10.3406/crai.1972.12783
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1972_num_116_3_12783464 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
COMMUNICATION
LES PHÉNICIENS : LEURS PRÉDÉCESSEURS ET LES ÉTAPES
DE LEUR COLONISATION EN OCCIDENT,
PAR M. PEDRO BOSCH-GIMPERA, CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE.
Le commerce et la colonisation phénicienne en Occident qui about
irent à la fondation de colonies en Espagne et au Maroc, eurent des
antécédents, assez mal connus encore, mais qu'on peut essayer de
reconstituer.
Depuis longtemps il y eut des relations entre les peuples préhis
toriques méditerranéens dont un des principaux objectifs fut le
commerce du métal d'Espagne. Malte semble avoir été une étape
de ces relations et au IIIe millénaire av. J.-C. et ainsi soumise à des
influences égéennes, anatoliennes et chypriotes. Au cours du IIe mil
lénaire arrivent des lingots de cuivre crétois ou chypriotes en Sar-
daigne. Les légendes grecques parlent de relations Cretoises avec
la Sicile et de voyages mycéniens dans l'Adriatique et en Italie.
Des traces du commerce mycénien ont été trouvées en Sicile, en
Italie et à Malte. Pendant la deuxième moitié du même millénaire
il se développe une importante civilisation en Sardaigne (nuraghes)
et aux Baléares (talaiots et navetas).
L'époque mycénienne se termine par des pirateries en Egypte où
les textes depuis la fin du règne de Ramsès II, surtout au temps
de Merneptah et de Ramsès III, donnent des noms de peuples,
parmi lesquels figurent les Akaiwasha (Achéens) et les Peuples de
la Mer : les Tursha, les Shakalsha, les Shardana, — qu'on a identifié
avec les Étrusques — , les Sicules et les Sardes, même si cette iden
tification est toujours discutée. Ces pirateries sont signalées aussi
par les traditions grecques qui parlent d'une expédition de Ménélas
en Egypte, finissant par tomber prisonnier et vendu comme esclave
en Phénicie avant la guerre de Troie.
Pendant le xme siècle, les documents des archives hittites mont
rent les expéditions d'Attarisijas à Chypre et dans le Sud de l'Ana-
tolie, ainsi que son intervention dans le soulèvement d'Assuwia
(au Sud de Troie jusqu'en Lydie) contre les Hittites.
Deux événements sont à signaler dans cette période mouvementée
de l'histoire égéenne : la guerre de Troie et les conquêtes des Peuples
de la Mer1.
Ceux-ci après avoir passé par Chypre et combattu dans une
1. R. D. Barnet, The Sea Peopks, dans The Cambridge Ancient History, revised
édition of vols. I-II, University Press, Cambridge, 1969. LA COLONISATION PHÉNICIENNE EN OCCIDENT 465
bataille navale avec le dernier roi hittite Shubiluliuma II, arrivent
sur la côte de Syrie où ils détruisent Ugarit (Ras Shamra), péné
trant jusqu'à Karkhemish sur l'Euphrate ; ravagent Byblos et les
villes phéniciennes et avancent à la fois par terre et par mer jusqu'à
la frontière égyptienne où Ramsès III se vante de les avoir détruits.
Mais le fait est qu'ils restent installés sur la côte au Sud de la Phé-
nicie où dominent les Zakkaras et les Pulssata (Philistins). Les
derniers combattront et même soumettront temporairement les
Hébreux, restant à la fin en possession de quelques villes sur la
côte, vassaux des Égyptiens.
On a souvent interprété l'expédition des Peuples de la Mer arr
ivant à la frontière égyptienne mais vaincus par Ramsès III, la
huitième année de son règne (vers 1186), comme étant due à des
fugitifs d'Asie Mineure après la destruction de Troie par les Achéens.
Il y a lieu de penser qu'il s'agit au contraire d'une migration qui
finit par une conquête. Elle devait se réaliser pendant un nombre
assez grand d'années et son départ des côtes de l'Ouest de l'Anatolie
serait à dater bien avant le combat avec Ramsès III et elle serait
indépendante de la guerre de Troie.
L'on a discuté la date de la chute de Troie, qu'Ératosthène fixe
à 1184, mais d'autres auteurs grecs en donnent d'autres. Pendant
un certain temps les historiens modernes ont accepté celle de 1250
proposée par Blegen, mais on tend à présent à la fixer à la fin du
xme siècle, c'est-à-dire peu avant ou après 1200 (Stubbings)1.
D'après les traditions grecques la chute de Troie est l'événement
final d'une longue histoire qui exigerait une vingtaine d'années.
Après le rapt d'Hélène (1204 ?) la nef de Paris fut détournée de
son chemin par une tempête, en Phénicie où il resta six mois. Pen
dant ce temps les Achéens envoyèrent une ambassade à Troie pour
réclamer Hélène, ce qu'on leur refusa. Alors Agamemnon recruta
des alliés, ce qui ne fut pas facile, Ulysse se refusant à participer
à la guerre. A la fin les nefs se réunissent à Aulis et un premier
voyage est détourné en Mysie. On retourne à Aulis ; suivent le
deuxième départ d'Aulis, les combats à Lemnos, neuf ans de luttes
indécises près de Troie et finalement le sac de la ville, vingt ans
après le rapt d'Hélène d'après une tradition. Je penserais que ces
événements compliqués seraient à dater de 1204 à 1184 et qu'il faut
accepter la date d'Ëratosthène. Dans ce cas la grande expédition
des Peuples de la Mer ne serait pas postérieure à la guerre de Troie
mais plus ou moins contemporaine.
1. F. H. Stubbings, The Recession of Mycenaean Civilization, dans Cambridge Ancient
History, revised éd., vols I-II, 1963, p. 13. Voir aussi : V. R. d'A. Desborough,
N. G. L. Hammond, The end of mycenaen civilization, dans Cambridge Ancient History,
revised éd., vols. I-II, 1964, p. 48. COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 466
Pendant le xie siècle, les villes phéniciennes ne semblent pas
avoir été encore en état d'entreprendre des voyages lointains et
semblent se borner à leur territoire propre. Le voyage de Wen Amon
envoyé par le grand prêtre de Thèbes à Byblos vers 1100 pour
acheter du bois — est significatif à ce sujet.
Le messager égyptien est attaqué en mer par des pirates zakkaras,
le roi de Byblos le reçoit hautainement et lui montre la sépulture
d'un égyptien qu'il avait retenu pendant dix-sept années et qui
finit par mourir à Byblos. Le voyage de retour de Wen Amon dut
se faire par un long détour pour éviter les pirates, pendant lequel
il est jeté par une tempête sur la côte de Chypre.
Les Phéniciens ne semblent pas avoir bougé pendant le xne siècle
bien que devenus indépendants de l'Egypte au temps des Rames-
sides. Le commerce méditerranéen se fait par d'autres peuples,
probablement par les Peuples de la Mer installés déjà en Sicile, en
Sardaigne et Toscane, comme en témoignent les objets de type
occidental découverts en Crète et en Palestine, notamment les
fibules de type sicilien ou italique associées dans les tombeaux phi
listins avec de la poterie de tradition mycénienne. La présence des
Peuples de la Mer est prouvée par les bronzes sardes de caractère
votif des sanctuaires de Santa Anastasia de Sardara et de Santa
Vittoria di Serri : les guerriers montés sur des cerfs soutenus par
des lames d'épées1 peuvent être comparés aux dieux de la procession
de Yasili Kaia près de Hattushas, montés aussi sur des animaux et
notamment au dieu sur une lame d'épée. Rien en Europe n'est à
comparer avec les bronzes sardes et déjà Von Bissing2 avait trouvé
de possibles précédents chez les Hittites. Ce serait encore un argu
ment pour l'origine asiatique des Peuples de la Mer. Un autre serait
la diffusion des haches à appendices latéraux et à épaules3 en Sicile,

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