Mémoire visuelle des anormaux - article ; n°1 ; vol.13, pg 122-132
12 pages
Français

Mémoire visuelle des anormaux - article ; n°1 ; vol.13, pg 122-132

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
12 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1906 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 122-132
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1906
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Dr. O. Decroly
Dr. J. Degand
Mémoire visuelle des anormaux
In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 122-132.
Citer ce document / Cite this document :
Decroly O., Degand J. Mémoire visuelle des anormaux. In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 122-132.
doi : 10.3406/psy.1906.1293
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1906_num_13_1_1293IX
EXPÉRIENCES DE MÉMOIRE VISUELLE VERBALE
ET DE DES IMAGES,
CHEZ DES ENFANTS NORMAUX ET ANORMAUX.
Qu'un maître savant initie ses élèves à la science, qu'il en
fasse ses disciples et qu'il les amène à l'expansion de leur per
sonnalité, de leur talent, c'est l'œuvre ultime de l'éducation;
rien n'est plus digne. Mais à l'opposite qu'un autre vienne au
milieu des petits et des simples, qu'il les appelle à lui et leur
enseigne les premiers éléments des connaissances, ceci ne
l'est pas moins. Pour cela, il faut qu'il observe l'enfant lors
qu'il acquiert une connaissance; c'est ainsi qu'il mettra le
doigt sur les causes de ses difficultés et qu'il parviendra à les
lui faire surmonter.
A ce point de vue l'observation consciencieuse d'enfants
irréguliers, est peut-être plus utile encore que celle des
enfants normaux. Ce qui se passe en effet dans la mentalité
des uns, se passe également ou à peu près chez les autres;
toutes les transitions peuvent se rencontrer. Les mêmes lois
psychologiques valent dans les deux cas, mais chez les uns, le
développement des facultés est généralement retardé, les pro
grès sont plus ou moins ralentis en sorte qu'on peut observer
chez eux des stades qui passent inaperçus chez les autres, tant
ceux-ci brûlent les étapes.
C'est en assistant à l'éveil de l'intelligence chez ces enfants
atteints d'anomalies, en suivant leur évolution que l'on est
amené à composer pour eux, « sur mesure » peut-on dire, des
procédés logiques et appropriés à leur psychologie en particul
ier, et aussi à la psychologie de tous les enfants en général.
Ainsi, par exemple, pour ne parler que de l'acquisition du
langage visuel abstrait, c'est-à-dire la lecture des signes con
ventionnels graphiques, l'observation de ces enfants amène à
penser, même plus, à affirmer que la phrase en tant que repré
sentant une idée complète mais concrète, est plus facile à fixer
et à retenir que le mot détaché de la phrase el à plus forte
raison que la syllabe et la lettre. ET DEGAND. — EXPÉRIENCES DE MÉMOIRE VISUELLE 123 DECROLY
Au point de vue psychologique, en effet, la phrase permet
de procéder par image complète; elle représente l'idée con
crète; les mots qui la composent le permettent déjà moins, et
moins encore, les syllabes et les lettres.
Au point de vue pédagogique, elle rend possible des leçons
occasionnelles, de tous les instants, et ainsi, il n'est plus
besoin de perdre un an, deux ans de la vie de l'enfant à lui
enseigner des a, b, c, quand autour de lui, sur la terre, dans
les eaux, dans le ciel, dans les plantes, les animaux,
l'homme et ses actions, il y a des sujets par milliers qui lui
sont autrement utiles à pénétrer.
Au point de vue méthodologique enfin, l'emploi de la
phrase donne aux leçons plus de vie, plus d'animation et par
tant plus d'agrément; la leçon de lecture occasionnelle est
désirée *.
Mais il est bien entendu qu'il faut choisir des sujets, qu'il
faut choisir des phrases du domaine de l'enfant; et, sous ce
rapport, nous n'avons rien trouvé de mieux que le comman
dement écrit.
« Lève-toi. »
« Viens près de moi. »
« Mets ton chapeau. »
C'est là le langage que l'enfant entend chaque jour, qu'il
entend depuis qu'il existe et qu'il a entendu le premier. C'est
donc celui qui lui est le plus familier.
A certains moments de la journée nous exprimons les
désirs, les ordres, non plus en langage auditif, mais en lan
gage visuel, et nous avons constaté que l'enfant reconnaissait
aussi rapidement avec ses yeux : « Ouvre la porte », « montre
ta tête », « lève les bras », qu'il l'a reconnu avec ses oreilles,
lorsque sa mère s'adressait à lui.
Malgré l'évidence de ces vérités, malgré les bons résultats
obtenus, nous avons voulu démontrer expérimentalement la
valeur du principe exposé au début de cet article, principe
qui nous sert de base dans la méthode de lecture que nous
avons appliquée à des enfants irréguliers; cette démonstration,
1. La méthode dont nous ne faisons qu'esquisser les principes ici n'est
pas celle employée par Jacotot, comme on peut s'en assurer. Il est vrai
que le grand pédagogue français employait pour apprendre à lire les
phrases du Télémaque; mais ces phrases il ne les faisait pas considérer
comme un tout complet, il les décomposait en mots, et ces mots en él
éments abstraits : syllabes et lettres. C'est ainsi que procèdent la plupart
de nos méthodes belges en opérant avec des mots types. 124 MÉMOIRES ORIGINAUX
nous avons voulu la faire notamment pour convaincre les
personnes, et surtout les pédagogues, qui ne peuvent pas se
figurer qu'on puisse lire et écrire une phrase sans connaître
les lettres.
Ce sont ces expériences et leurs résultats que nous exposons
dans ce petit article.
Le matériel expérimental a consisté en 12 pancartes de
carton bristol blanc de 26 centimètres de long sur 16 centimèt
res de large, sur lesquelles nous avons inscrit, avec une encre
d'un rouge déterminé (éosine à 1 0/0), 3 phrases (levez les
bras, claquez des mains, frappez sur la table); 3 mots (cha
peau, balle, bottine); 3 syllabes (to, ra, bu); 3 lettres (p, s, f)
qui furent exposées chacune, respectivement 30 secondes sous
les yeux d'enfants.
Des expériences, faites d'abord avec nos petits élèves
atteints de surdité donnèrent les résultats les plus confirma-
tifs; l'un d'eux, âgé de six ans et demi, ignorant les lettres,
parvint au bout de 3 séances de 4 minutes, à lire, comprendre
et exécuter 9 ordres différents de 3 mots chacun, tandis que
pendant le même temps, il avait eu de la difficulté à s'assimiler
6 mots, 1 syllabe, et 2 lettres.
Deux autres séries d'expériences ont été faites avec des
enfants normaux.
Première série. — Nous prenons d'abord les 6 meilleurs
élèves de la dernière année d'une école frœbélienne, âgés
donc de cinq à six ans.
Les cartons types sont disposés au tableau noir par séries
de trois :
P, s, f,
ra, bu, to.
balle, chapeau, bottine.
claquez frappez levez
des sur la les
mains table bras.
Les enfants examinent un à la fois chaque carton 30 secondes,
pendant lesquelles l'expérimentateur prononce et fait pro
noncer la lettre et la syllabe, lit et fait lire le mot en montrant
la chose qu'il représente, émet et fait émettre la phrase en exé- ET DEGAND. — EXPÉRIENCES DE MÉMOIRE VISUELLE 125 DECROLY
cutant ce qu'elle désigne, puis nous faisons reproduire par
chaque enfant pris séparément ce qu'il a retenu.
Pour les premières répétitions, les cartons sont présentés
dans l'ordre où ils ont été montrés; il y a donc certainement
une part de hasard dans les résultats obtenus; seulement ce
hasard existe à la fois pour les lettres, les syllabes, les mots et
les phrases.
Le 15 mai, nous obtenons le résultat suivant :
Une lettre, une syllabe, six mots et six phrases.
Le 16 mai, sans présentation préalable, nous interrogeons
les enfants à nouveau, nous voyons qu'il a été retenu :
Une lettre, un mot et trois phrases.
Le même jour, a lieu une seconde présentation des car
tons, et nous faisons la répétition en respectant Tordre dans
lequel nous les avons montrés. Déjà, nous voyons se préciser
le souvenir visuel, nous obtenons la rétentivité de 4 lettres,
2 syllabes, 8 mots et 10 phrases.
Nous faisons une répétition, deux jours plus tard, sans
nouvelle présentation des cartons, mais en changeant complè
tement l'ordre de ceux-ci ; les enfants ont retenu, à la première
répétition :
5

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents