Note sur les Diawambé ou Diokoramé - article ; n°2 ; vol.29, pg 239-260
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1959 - Volume 29 - Numéro 2 - Pages 239-260
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 146
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

R. Pageard
Note sur les Diawambé ou Diokoramé
In: Journal de la Société des Africanistes. 1959, tome 29 fascicule 2. pp. 239-260.
Citer ce document / Cite this document :
Pageard R. Note sur les Diawambé ou Diokoramé. In: Journal de la Société des Africanistes. 1959, tome 29 fascicule 2. pp.
239-260.
doi : 10.3406/jafr.1959.1907
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1959_num_29_2_1907SUR LES DIAWAMBÉ OU DIOKORAMÉ NOTE
PAR
R. PAGEARD
Les Diawambé (singulier : Diawando) constituent une fraction
ethnique du Soudan occidental qui n'a guère retenu jusqu'à présent
l'attention des observateurs européens. Ceux-ci se sont bornés en
général à constater qu'il s'agissait d'une caste peule, métissée, mais
ne paraissent pas s'être aperçus de son importance sociale. Cependant,
dès 1846, dans son Voyage dans V Afrique Occidentale (Paris, Arthus
Bertrand, p. 204), Rafïenel, remontant la Falémé, avait rencontré
ceux qu'il appelait les Diavandous au village de Tata-Guiemby
(Bondou), avait noté l'influence qu'ils exerçaient sur l'opinion et
s'était efforcé de les distinguer des griots. Delafosse mentionne à
peine les Diawambé dans son Haut Sénégal-Niger (1911) : le tome II
de cet ouvrage les définit vaguement comme formant une caste de
courtiers et de tisserands, à distinguer des Foulbé (p. 157 et 224).
Pour Tauxier, qui a rencontré incidemment les Diawambé à l'occasion
de son enquête sur les chefs bambara du Kaarta, ce sont des métis
de Foulbé et de femmes soninké (Histoire des Bambara, 1940, note 1
de la page 119). Baumann (Les peuples et civilisations de l'Afrique,
traduction Homburger, 1957, p. 390), définit encore les Diawambé
comme une caste peule de tisserands. En réalité, la tradition d'hon
neur des Diawambé leur interdit le métier de tisserand, de même que
les autres activités artisanales : il semble qu'une confusion se soit
produite, dans l'information européenne, entre les Maboubé (sin
gulier : Mabo) et les Diawambé : les Maboubé sont les griots des
Foulbé, des Toucouleurs et des Diawambé eux-mêmes : ce sont
souvent, en effet, d'habiles tisserands.
Cette lacune de la documentation européenne s'explique par di
fférentes circonstances : faiblesse numérique des Diawambé, disper-
persion, difficulté de réunir une documentation exhaustive. Dans leur
aire principale d'habitat, le sahel de Nioro (Kaarta), les Diawambé
n'étaient pas plus de 5 400 vers 1920 x ; ils constituaient les cantons
1. D'après Paul Marty, Études sur l'Islam et les tribus du Soudan, Paris, Leroux, 1920, t. IV,
chap. P7. SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 240
de Kingui-Diawando (5 000) et de Sanga Diawando (400). En 1957,
ils n'étaient pas plus de 3 700 dans le cercle de Ségou. Leur nombre
total ne paraît pas excéder 25 000 individus à l'heure actuelle. Ils
exercent cependant leur influence depuis la Haute Guinée jusqu'à
la boucle du Niger et Abidjan.
Il s'agit en effet de l'une des fractions ethniques les plus actives
du Soudan, très réputée pour son intelligence pratique, et qui, malgré
l'individualisme de ses membres, dispose de nombreux relais. En
raison de cette activité, les Diawambé se trouvent fréquemment en
rapports avec l'administration et la justice : c'est à quoi les oblige
la passion farouche qu'ils mettent à la défense de leurs intérêts. Il
est donc beaucoup question d'eux dans la vie africaine et l'on ne
saurait s'étonner que la documentation les concernant fût préc
isément l'œuvre des Africains eux-mêmes. Les travaux le plus souvent
cités dans cette étude seront les suivants :
— Ibrahima Bathily : Les Diawandos ou Diogoramé. Traditions
orales recueillies à Djenné, Corientzé, Ségou et Nioro. Article publié
dans YÊducation Africaine, avril-juin 1936, p. 173 (environ 20 pages).
— Bokar N'diaye : Les castes du Soudan français. Mémoire inédit,
E. N. F. O. M. (année scolaire 1956-1957).
— Mambi Sidibé : Les gens de caste ou nyamakala au Soudan
français. Article publié dans Notes Africaines, janvier 1959.
— Amadou HampatéBa et Jean Daget : L'Empire Peul du Macina,
I, 1818-1853, Études Soudanaises, n° 3, 1955, Institut Français
d'Afrique Noire, centre du Soudan.
L'essentiel de la présente étude repose sur les renseignements
oraux que nous a transmis l'un des dépositaires de ce que l'on appelle
le Tarikh des Diawambé, M. Aliou Kida, résidant à Néma (cercle de
Nioro). Nous avons d'autre part effectué des enquêtes à Ségou, Dou-
gouninkoro et Garna (cercle de Ségou). La documentation citée,
compulsée postérieurement, nous a permis d'effectuer des recou
pements, de vérifier l'exactitude de certains détails, de poser quel
ques questions et de donner plus d'ampleur à nos développements.
Nous examinerons successivement l'histoire des Diawambé et leur
place dans la vie sociale actuelle.
I. — ORIGINE ET HISTOIRE DES DIAWAMBÉ
La rumeur publique attribue aux Diawambé diverses origines
légendaires aussi peu flatteuses les unes que les autres. Ces légendes NOTE SUR LES DIAWAMBÉ OU DIOKORAMÉ 241
n'ont pas leur place dans une esquisse historique limitée aux faits :
nous les exposerons en étudiant la condition sociale des Diawambé :
d'une façon générale, nous ne retiendrons ici que ce qui, dans la
légende, a valeur de preuve. Nous donnerons d'abord la liste des
familles diawando, puis leur généalogie, telle qu'elle résulte de la
tradition orale des griots spécialisés. Nous ferons ensuite état des
principales migrations.
1° Nomenclature des familles et généalogie.
Nous publions ci-contre l'arbre généalogique des Diawambé tel
que le connaît le Mabo Aliou Kida. Les généalogies d'ensemble de ce
type, c'est-à-dire établissant les rapports entre les diamous ou noms
honorables, sont rares : celle des Diawambé a pu se conserver et
mérite quelque crédit en raison du petit nombre des embranche
ments mémorables. Les Diawambé se divisent seulement en quinze
familles et une caste. Les familles sont, dans l'ordre d'apparition,
celles des : Bocoum, Daou ou Dafïe, La, N'diaye, Bathyli, Kara-
gnara, Guimbaira, Yaranangore, Dramera, Niangado, Djigue, Golfa,
Demba, Yattassaye, Gambi, La caste est celle des Maboube Kida.
Cette liste peut être comparée à celle que donne Ibrahima Bathily,
suivie d'ailleurs de deux « etc. » qui laissent perplexe sur la conviction
de l'auteur. Bathily omet le nom Demba mais ajoute Bassoum,
Djime, Kamé, Koita, Landouré, Niane, N'diade, Ouahicalo, Samé
et Tiokari. Il classe sa propre famille celle des Bathily, parmi celles
de ces « renégats ou disgraciés des races régnantes qui sont devenus
Diawando par caprice ».
De son côté M. Bokar N'diaye cite quelques noms diawando, qu'il
a pu rencontrer notamment dans la région de Kayes. Parmi ces noms,
on relève N'djim, Koita, Niane, La-n'doure.
Nous nous en tiendrons à la liste donnée par Aliou Kida, seul
compétent en la matière. Il existe probablement d'autres synonymes
que Daou-Dafîe. Le nom Koita nous paraît spécifiquement kagoro.
L'arbre généalogique présenté ci-contre appelle d'autre part
quelques remarques de détail.
A) De Ouba Bouniassoum à Ali Yégá et Yakawali Goundado.
Selon Aliou Kida, Ouba Bouniassoum est l'ancêtre commun des
Diawambé (par Kananata Ouba) et des Foulbé (par Bodéwal Ouba).
Ce renseignement confirme des informations provenant de sources SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 242
variées. Dans le tome I de son Haut Sénégal-Niger (p. 212), Delafosse
traite de l'origine légendaire musulmane des Foulbé ; leur ancêtre
serait Okba-ben- Yasser, guerrier arabe ayant conquis la région du
Sinaï sous le Khalife Omar ben El Khattab (634-644). Les Diallo ou
Dialloubé, les Bari ou Daébé, les So ou Férobé et les Ba ou Ourourbé,
seraient issus de l'union de Okba avec Tadiouma, fille du roi de Tor.
Ouba Bouniassoum est évidemment une déformation dialectale du
nom Okba ben Yasser. De son côté, Charles Monteil, étudiant les
Khassonké *, donne la généalogie des

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