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Introduction : Le « groupe » éléments de définition Etymologie Pour commencer ce cours sur la psychologie et les groupes, il me paraît indispensable de procéder à une rupture avec le sens commun, et les représentations du groupe qui structure notre pensée sociale. La notion de groupe, qui semble si évidente et naturelle, n’est apparue dans notre vocabulaire qu’au 17è siècle. Avant cela, il faut noter que le concept de groupe tel qu’il est envisagé aujourd’hui n’existait que sous une forme que j’appellerai métaphorique. On parlait ainsi de la cour des miracles, de la nef des fous, de la horde, du village… C'est-à-dire que le vocabulaire courant n’avait pas un mot unique pour décrire cette entité que l’on va définir minimalement comme une association de personnes en nombre restreint (on y reviendra) ayant un passé, un but ou un sort en commun. Avant le concept de groupe, c’est la nature ou le lieu du rassemblement humain qui désigne ce rassemblement, sans terme générique. C’est le vocabulaire des beaux-arts qui a importé ce concept, qui servait à l’origine à décrire comment plusieurs objets ou individus formaient sur un tableau un seul et même « sujet ». C'est-à-dire que l’impression créée par la proximité d’éléments permettait de constituer un ensemble unique en terme de signification. Un groupe de fleurs = un bouquet ; un groupe de paysans = un village… Il faudra retenir cette étymologie pour la suite, ...

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Introduction : Le « groupe » éléments de définition


Etymologie

Pour commencer ce cours sur la psychologie et les groupes, il me paraît indispensable de
procéder à une rupture avec le sens commun, et les représentations du groupe qui structure notre
pensée sociale. La notion de groupe, qui semble si évidente et naturelle, n’est apparue dans notre
vocabulaire qu’au 17è siècle. Avant cela, il faut noter que le concept de groupe tel qu’il est envisagé
aujourd’hui n’existait que sous une forme que j’appellerai métaphorique. On parlait ainsi de la cour des
miracles, de la nef des fous, de la horde, du village… C'est-à-dire que le vocabulaire courant n’avait
pas un mot unique pour décrire cette entité que l’on va définir minimalement comme une
association de personnes en nombre restreint (on y reviendra) ayant un passé, un but ou un sort
en commun. Avant le concept de groupe, c’est la nature ou le lieu du rassemblement humain qui
désigne ce rassemblement, sans terme générique. C’est le vocabulaire des beaux-arts qui a importé ce
concept, qui servait à l’origine à décrire comment plusieurs objets ou individus formaient sur un tableau
un seul et même « sujet ». C'est-à-dire que l’impression créée par la proximité d’éléments permettait de
constituer un ensemble unique en terme de signification. Un groupe de fleurs = un bouquet ; un groupe
de paysans = un village… Il faudra retenir cette étymologie pour la suite, qui mettra en évidence
combien des intuitions artistiques peuvent être à l’avant-garde de formulations scientifiques.

Résistances

Même si elle paraît banale, cette notion de groupe étant récente, elle entraîne ce qu’Anzieu
appelle des « résistances épistémologiques », c'est-à-dire la réticence qui peut apparaître face à un
concept nouveau qui amène à réviser la manière dont on envisage (dont on connaît) son
environnement.

Quelles sont ces résistances ?

La toute première provient du fait que les relations entre individus sont vécues comme résultant
de préférences interindividuelles (vision affinitaire). Ces relations sont perçues au travers d’une
centration sur les personnes (LA personne), avec une certaine méconnaissance du rôle joué par la
situation totale, c'est-à-dire l’inscription des individus dans des collectifs humains, au-delà de leurs
affinités. La représentation du groupe idéal, où les relations reposent sur le libre choix des individus,
correspond à un objectif de défense narcissique de la valeur « individu ».

Le groupe peut aussi être considéré comme une entité naturelle, permanente et supérieure à
l’individu (vision naturaliste). C’est le groupe-racines, le groupe-ressources… qui pré-existe aux
individus et qui assure leur survie. Le groupe est une entité donnée d’avance, et l’individu représente
une partie de cette entité et vit dans, par et pour le groupe. C’est une approche « archéologique » qui
rapporte les collectifs humains à une base instinctive et inévitable (cette naturalisation rejoint l’idée
selon laquelle l’individu isolé par accident ou par châtiment ne peut pas survivre).

Groupe = espace intermédiaire

Ces deux approches de la notion de groupe, rejoignent les deux pôles en perpétuelle opposition
dans les sciences humaines et sociales : l’individu et la société. L’émergence de la notion de groupe
correspond à la volonté de faire exister un espace intermédiaire entre ces niveaux classiquement
opposés d’ « individu » et de « société ». Le rejet que peut alors susciter cette notion s’ancre dans le

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déplacement par rapport à ces pôles qu’elle engage (déplacement vers le collectif ou déplacement vers
l’individuel).

Dans un cas, le groupe peut être perçu comme une menace de fractionnement d’un ensemble
social (la peur du communautarisme), et dans l’autre, le groupe peut être perçu comme un premier pas
vers la massification, l’aliénation et la perte d’identité individuelle.

MAIS il faut souligner en même temps une certaine acceptation de l’utilité du groupe, qui par sa
position intermédiaire sert de médiateur (porteur) de l’insertion des individus dans la société (par la
socialisation).

C’est donc principalement une attitude ambivalente qui marque les rapports que nous
entretenons avec la notion de groupe. La peur de la dilution et de l’isolement, de l’homogénéité et de
l’hétérogénéité se combinent dans une conception paradoxale des groupes.

Evidemment, ces résistances épistémologiques varient en fonction des cultures, des
civilisations… Mais la facilité (au sens de accessibilité au sens commun) des comparaisons inter-
culturelles, ne doit pas cacher la diversité des représentations spontanées du groupe : 1) dans une
même société, 2) dans un même groupe, 3) chez un même individu, on y reviendra

Représentations et savoir

Ces résistances sont fondamentales non seulement pour comprendre comment les individus
qu’on étudie réagissent à la notion de groupe, mais surtout pour permettre d’analyser ses propres
représentations du groupe, de les reconnaître, pour aboutir à un savoir distancié, scientifique, sur les
groupes. Il ne s’agit pas de combattre telle ou telle conception du groupe, mais d’en avoir conscience
afin de connaître ses propres présupposés, et de retenir l’importance de ces représentations dans la
manière dont les gens vivent les expériences en groupe. Ces représentations ne sont pas des illusions
que viendrait infirmer un savoir scientifique, mais une partie de la réalité que l’étude des groupes doit
analyser. Anzieu & Martin soulignent l’importance de la prise en compte de ces « mythologies
sociales » qui sont le contexte ou s’insèrent les travaux de recherches sur les groupes, ou encore les
techniques de leur animation.

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La Psychologie des groupes

Nouveauté et place dans débat psychologique/social

C’est donc dans cette position intermédiaire entre individu et société (et sa désignation
générique) que réside la nouveauté du concept de groupe. L’ancrage historique de l’expansion des
travaux scientifiques sur les groupes (années 40) correspond à une époque où les comportements
barbares de masse heurtent un humanisme qui refuse pourtant d’abdiquer la collectivité. Ainsi, parmi
les psychologues sociaux qui développeront les travaux sur les groupes nombreux sont ceux qui ont fuit
l’Allemagne nazie et qui ont refusé de considérer toute collectivité humaine comme engendrant
nécessairement (naturellement) la barbarie. Ces chercheurs étant souvent juifs, ils étaient
particulièrement attentif aux communautés que fondent une histoire ou un sort commun, par exemple
tragique. Kurt Lewin, sur lequel je reviendrai souvent, est un de ceux-là. (on va revenir sur l’histoire de
la pensée sur les groupes…).

A cette opposition classique individu-société, dans laquelle le groupe se place comme
intermédiaire, correspond une autre opposition qui sous-tend nos rapports aux collectifs humains,
l’opposition entre les niveaux « psychologique » et « social ». Le premier niveau relèverait de l’individu
et le second de la société. La question qui se pose alors n’est plus seulement celle de la notion de
groupe, mais celle de l’existence d’une psychologie des groupes.

Histoire de la pensée sur les collectifs humains

Pour comprendre comment a pu se développer une approche qui a sorti la psychologie de la
seule référence individuelle, il est intéressant de faire un rapide détour par l’histoire récente de la
pensée sur les collectifs humains. Même si, sous une forme métaphorique, les groupes sont présents
depuis l’antiquité grecque jusqu’à la renaissance, et qu’ils sont omniprésents dans les légendes, les
mythes et les croyances (groupes héroïques, messianiques, divinités….), l’absence d’une notion
générale distincte pour le groupe rend difficile son histoire. Le retour en arrière se fera donc dans le
passé relativement récent, et il va permettre d’éclairer les déba

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