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CPS 1000 : Médias, politique et société Notes de cours pour la session automne 2005 Par Isabelle Gusse Professeur, département de science politique, UQAM 2 CPS 1000 : Médias, politique et société Notes de cours : cours 2 Le régime libéral et les transformations de la démocratie représentative dans un environnement sur-médiatisé 1. ÉTAT DE LA DÉMOCRATIE DANS UN CONTEXTE DÉTERMINÉ PAR L'ÉCONOMIE ET LA MONDIALISATION DES MARCHÉS : L'ANALYSE DE TOURAINE (DIAGNOSTIC) Démocratie, démodernisation, dépolitisation et désocialisation Pour Touraine, deux menaces altèrent la démocratie représentative en ce sens qu’elles servent de terreau au phénomène de démodernisation. 1) Les « dangers du communautarisme identitaire » ou ; 2) Les dangers du « consumering compulsif ». DÉMODERNISATION Pour Touraine, la démodernisation correspond à la crise et au déclin de la Modernité (Siècle des Lumières) et à la dissociation de plus en plus grande de deux mondes ce qui a pour effet de mettre en péril la démocratie représentative : 1) Le monde de l'économie et de la rationalité (réseaux d'échanges, marchés, économie globalisée ou mondialisée de moins en moins contrôlée par les États, domination de la raison technicienne, scientifique et économique) et ; 2) Le monde des expériences culturelles identitaires (cultures, identités privées, individuelles ou communautaires, collectives repliées sur elles-mêmes, développement des ...

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CPS 1000 : Médias, politique et société  Notes de cours pour la session automne 2005   Par Isabelle Gusse Professeur, département de science politique, UQAM    
 
CPS 1000 : Médias, politique et société Notes de cours : cours 2  Le régime libéral et les transformations de la démocratie représentative dans un environnement sur-médiatisé  1. ÉTAT DE LA DÉMOCR ATIE DANS UN CONTEXTE DÉTERMINÉ PAR L'ÉCONOMIE  ET LA MONDIALISATION DES MARCHÉS : L 'ANALYSE DE TOURAINE (DIAGNOSTIC)  Démocratie, démodernisation, dépolitisation et désocialisation  Pour Touraine, deux menaces altèrent la démocratie représentative en ce sens qu’elles servent de terreau au phénomène de démodernisation.  1) Les « dangers du communautarisme identitaire » ou ;  2) Les dangers du «consumeringcompulsif ».  
 DÉMODERNISATION 
  Pour Touraine, la démodernisation correspond à la crise et au déclin de la Modernité (Siècle des Lumières) et à la dissociation de p lus en plus grande de deux mondes ce qui a pour effet de mettre en péril la démocratie représentative :  1) Le monde de l'économie et de la rationalité (réseaux d'échanges, marchés, économie globalisée ou mondialisée de moins en moins contrôlée par les États, domination de la raison technicienne, scientifique et économique) et ;  2) identités privées, individuelles ou communautaires, collectives repliées surLe monde des expériences culturelles identitaires (cultures,
elles-mêmes, développement des communautarismes intolérants).  Corollaire à ce phénomène de démodernisation, Touraine fait état de trois autres tendances, soit :
 
 1) LA DÉSINSTITUTIONNALISATION
  Liée au déclin des institutions qui sont des lieux de médiations entre l'État et les individus, la désinstitutionnalisation correspond à « l’affaiblissement ou … la disparition des normes codifiées et protégées par des mécanismes légaux, et plus simplement la disparition des jugements de normalité qui s’appliquaient aux conduites régies par des institutions » (Touraine, 1997 : 54) telles :  · L'éducation (transfert des connaissances = utilitarisme)  ·  atementLa famille (mode de production familial = mode individuel de production, éclla famille = famille atomique et atomisée) de  ·  · 
L'économie (Transformations de l’État providence en État néo-libéral, déclin des services publics)
La religion (laïcisation des valeurs, retour à la transcendance).
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 2) LA DÉSOCIALISATIO N
  La désocialisation implique le déclin, le recul voire la disparition de l'acteur social/citoyen supplanté par le consommateur, donc l’instauration d’un espace social et politique habité par le consommateur.  Sous la gouverne du libéralisme économique, il y a donc une « désocialisation des conflits » puisque la démocratie s'apparente beaucoup plus à un mode de gestion rationnelle d'une société au sein de laquelle il n'y a pas de conflits entre acteurs sociaux qu'à « un système de médiations politiques entre l’État et les acteurs sociaux. » (Touraine, 1994 : 90).  De plus, poursuit Touraine, ces éléments « de nulle part … liés à aucune société ou à aucune culture particulière » (Touraine, 1997 : 14) entraînent aussi une « désocialisation de la culture de masse » , ce qui implique que des consommateurs vivent ensemble pour poser les mêmes gestes et utiliser les mêmes objets, en ayant presque rien en commun, « sans être capable de communiquer entre eux » (Touraine, 1997 : 14).  Dans une société ainsi désocialisée, il y a occultation des acteurs sociaux, des citoyens, des conflits et des rapports sociaux qui les unissent ou les opposent. Et Touraine de faire ici une mise en garde en rappelant que : « Le totalitarisme n’est pas le pouvoir de faibles ; il naît de la disparition des acteurs sociaux. » (Touraine, 1994 : 142).   
 3) LA DÉPOLITISATION
  Enfin, il y a dépolitisation lorsque : « l’ordre politique ne constitue plus, n e fonde plus l’ordre social » (Touraine, 1997 : 59) ce qui permet à Touraine de parler de « crise aiguë du politique » et de crise de la représentativité politique dans le monde contemporain.  Il accuse les partis d' être devenu des « entreprises politiques » qui utilisent « des ressources, légales ou illégales, pour produire des élus qui peuvent être « achetés » par les électeurs, quand ceux-ci les considèrent comme les défenseurs de leurs intérêts particuliers » (Touraine, 1997 : 59). Cette « démocratie d’intérêts » est éloignée d’une démocratie participative et citoye nne où les intérêts collectifs et le bien commun priment sur les intérêts individuels et consuméristes.   
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  SELON TOURAINE, DEUX FACTEURS EXPLIQUENT LA CRISE DE LA REPRÉSENTATION POLITIQUE DANS LES SOCIÉTÉS OC CIDENTALES    1) L’affaiblissement des part is politiques  · Les partis politiques s'affaiblissent parce qu'ils ne sont plus liés comme autrefois à des forces sociales (syndicats, mouvements sociaux).  · 
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La participation du citoyen à la vie politique se réduit à un vote électoral entre partis politique s qui proposent « des équipes de gouvernement entre lesquelles les électeurs [ou « consommateurs politique »] choisissent librement. » (Touraine, 1994 : 82) leurs dirigeants en s'identifiant principalement à leurs choix économiques en matière de travail et de mesures économiques.
Dans cet espace politique dégradé, les électeurs-citoyens n’ont pas à se pencher sur les orientations en matière de culture, d’écologie et d’orientations sociales des partis politiques, ces sujets étant partiellement ou totalement évacués des débats électoraux mais aussi, entre deux mandats, de la scène des décisions politiques qui se prennent dans les espaces parlementaires.
Pour Touraine, cette réduction des acteurs sociaux à l'état d'électeurs-consommateurs ne peut que fragiliser les démocraties représentatives (Touraine 1994 : 140 -141).
 = Électorat plus en plus indifférent, méfiant, résigné, qui se sent « mal ou non représenté » (Touraine, 1997 : 290) par des partis politiques devenus peu à peu des machines à produire des élus « gagnants » plutôt que de défendre les « intérêts sociaux de leurs mandants » (Touraine, 1997 : 290).  = Désenchantement des électeurs et des citoyens face au système politique = attitude de repli identitaire (ethnique, national, religieux, etc.)   2) L’État à la solde de l’économie et le syndrome de la fatalité économique  · 
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Les objectifs de l'État - partisan et artisan du libéralisme économique - sont devenus plus économiques [intégration de l'économie nationale à l'économie internationale] que politiques.
Lorsqu'un gouvernement justifie certaines décisions sociales, politiques et culturelles en invoquant les contraintes économiques du jour (situation internationale, marché mond ial, monde du travail instable, etc.), il ne peut plus être considéré comme démocratique « même s’il reste tolérant et libéral. » (Touraine, 1994 : 88)
Le syndrome de la fatalité économique s'impose « comme l'effet d'une conjoncture internationale sur laquelle les pays considérés et surtout leurs citoyens, ont peu d'influence. Il faudrait que le yen ou le dollar monte, ou que le marché allemand ou franç ais se ranime, dit-on, pour que l'activité économique ... s'améliore en Espagne ou en Italie » (Touraine, 1994 : 153) ou au Canada.
 · forme du destin, de Dieu, et peut donc êt re apparentée àDans ces conditions, la mondialisation revêt les atours de la fatalité, prend la une nouvelle transcendance, ce qui accentue d’autant le phénomène de la démodernisation mis en évidence par Touraine, et qui a pour effet d’affaiblir la démocratie représentative.     Profil d'une démocratie de libération qui repose sur tro is dimensions interdépendantes : respect des droits fondamentaux, représentativité des dirigeants politiques et citoyenneté   
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1) LE RESPECT DES DROITS FONDAMENTAUX  
Limiter le pouvoir des gouvernants (État, entreprises) ainsi que le pouvoir économique mondial en instaurant et en concrétisant la reconnaissance et le respect des droits humains fondamentaux sur lesquels repose la démocratie (justice, liberté, égalité, solidarité. (Touraine, 1994 : 38)
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Toute action démocratique qui s'oppose à des pouvoirs a rbitraires et absolus et vise à les limiter doit référer aux droits fondamentaux et viser la libération des individus et groupes dominés par ceux qui régissent le système.
Et Touraine de proclamer la primauté d'une démocratie qui n'est ni de participation, ni de délibération, mais plutôt une « démocratie de libération. » (Touraine, 1994 : 21).
 2) LA REPRÉSENTATIVI TÉ DES DIRIGEANTS POLITIQUES  
Revitaliser le système politique et neutraliser la crise de la représentation politique (représentativité des gouvernants, des dirigeants politiques) en permettant la mise en oeuvre de moyens qui favorisent une « représentation pluraliste des intérêts et des opinions. » (Touraine, 1997 : 289).
Selon Touraine, tout système politique qui désire se fonder sur la représentativité et conserver la confiance des électeurs doit absolument considérer les demandes sociales des mouvements sociaux, lesquelles doivent êtrerelbserpséneat. (Touraine, 1994 : 86)
Le termeéresrpeel tnbamajorité » (Touraine, 1994 : 86) et : « la décision de la signifie que les électeurs et citoyens acceptent reconnaissent aussi bien les intérêts particuliers que les valeurs et intérêts généraux de la société qu'ils défendent au nom de principes universels sur lesquels se fonde la démocratie : liberté, égalité, droits de la personne, justice, solidarité (Touraine, 1994 : 88) et au nom du « respect de l’être humain » (Touraine, 94 : 89).
 3) LA CITOYENNETÉ  
Fortifier la société civile et restaurer la conscience de citoyenneté. La démocratie exige des électeurs qu'ils se considèrent comme des citoyens qui s'intéressent à ce titre au gouvernement et se sentent appartenir à une collectivité politique (État national, commune, région, territoire, etc.) parce qu'ils disposant de droits juridiques et politiques garantis à tous les citoyens du pays q uelle que soit leur appartenance sociale, religieuse ou ethnique.
La citoyenneté est le lieu d'apprentissage des instruments, des langages et des règles qui permettent à ces citoyens de « vivre ensemble » en société. L’ « idée de citoyenneté donne à celle de démocratie un sens concret : la construction d’un espace proprement politique, ni étatique, ni marchand. » (Touraine, 94 : 105)
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 Retour sur les trois dimensions interdépendantes : respect des droits fondamentaux, représentativité des dirigeants politiques et citoyenneté  Selon Touraine, la démocratie ne doit pas être animée par un principe central d'ordre idéal ou d'unification et d’organisation de la société (Dieu, la Tradition, l’Histoire, la Loi, la raison économiqu e, etc.) qui ne peut que mener à des dérives antidémocratiques.  La démocratie doit opérer de bas en haut :  · Société civile (citoyenneté)
· Système politique (représentativité des dirigeants politiques)
· État (respect des droits fondamentaux)
Elle est un esp ace d'échanges, de négociations, de discussions, de conflits de consensus reposant sur un équilibre fragile entre ces trois éléments, dont aucun ne doit dominer les deux autres. Dans tous les cas : « l’esprit démocratique impose la primauté de la politique sur l’économie. » (Touraine, 97 : 313).  L'essentiel est ici : « d’accroître la liberté de chacun et de rendre la politique de plus en plus représentative des demandes sociales. » (Touraine, 1994 : 53)  Constat de Touraine = Recul de la démocratie dans les pays du monde les plus engagés dans l'économie mondialisée.  
ÉTAT LIBÉRAL CLASSIQUE (DÉBUT DU XIXE SIÈCLE)
  L’État libéral assure le respect des droits « naturels » des individus, soit la liberté, le droit à la vie et le droit à la propriété.  Le rôle de l’État se limite à trois champs :  1) Protection de la Nation face à l’extérieur (défense nationale).  2) Admin istration de la justice (pouvoir législatif).  3) Prise en charge de travaux non-rentables
pour l’entreprise.  Dans la société libérale, les individus se font la compétition et leurs relations sont strictement économiques. Le politique, l’État, ne doivent empêcher personne d’acquérir des richesses car ce serait considéré comme une entrave au progrès et à la liberté des individus.    
ÉTAT PROVIDENTIALIST E (APRÈS 1945)
  L’État médiateur assume un triple rôle :  1) Il arbitre les conflits et équilibre les relations de travail via les négociatio ns collectives entre le patronat et les syndicats.
 2) Il assure l’équilibre économique et social ainsi qu’un seuil stable de consommation à la population, via des mécanismes de protection et de redistribution (assurance sociale, sécurité du revenu). De la sorte, il veille à ce que les citoyens restent des consommateurs en toutes circonstances (maladie, chômage, retraite, crise économique, etc.)  3) Il organise la croissance économique et fait des investissements publics, défend le progrès économique, social et technologique.
(
ÉTAT NÉO-LIBÉRAL DEPUIS LES ANNÉES 80)
 Réduction du rôle de l’État et élimination de son rôle de protecteur et de médiateur.  État minimum, gardien des lois et de la propriété / domination des règles du marché et de la mondialisation des économies.  
Remise en question des programmes sociaux et de leur mode de gestion : il faut faire basculer dans le marché tout ce qui peut l’être : services et produits.  Privatisation croissante des entreprises du secteur public (totale ou graduelle) : santé, services sociaux, éducation, culture, transports, etc.  Déréglementation en faveur du secteur et des intérêts privés.  État partisan du déterminisme technologique et économique.  
État gestionnaire à la solde de l’économie : = dépolitisation et désocialisation = déficits démocratiques  
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Nouvelle modernité : démocratie culturelle et de libération et Sujet  ·  
 
 ·  1) 
2)  
 
 
 
 
Construction d’une nouvelle modernité = une démocratie de libération fondée sur la réalisation des deux exigences de la démocratie :
1) Le respect des libertés individuelles et ;
2) L'édification d'une société juste pour la majorité.
… donner à ceux qui sont soumis et dépendant la capacité d’agir librement, de discuter à égalité de droits et de garanties avec ceux qui détiennent les ressources économiques, politiques, culturelles. (Touraine , 1994 : 22)
Mise en oeuvre de deux solutions interdépendantes.
Doter la démocratie d'un système politique et économique ouvert, pluraliste et de garanties institutionnelles qui permettent le libre choix des gouvernants par les gouvernés (représentativit é des élus politiques) et qui assurent le règne d'une majorité qui reconnaisse les droits fondamentaux ainsi que les droits des minorités (droits fondamentaux et citoyenneté).  La démocratie doit être animée par un acteur central, le Sujet (individu ou gr oupe) qui se positionne dans une société déterminée par la consommation de masse, les contraintes du marché et la globalisation des économies:
· contre le pouvoir industriel contraignant ; ·  ommateurcontre la société de consommation qui le réduit à n'être qu'un cons et, · contre le pouvoir politique qui se fonde sur la loyauté partisane. À la place, le Sujet :
§ Affirme sa spécificité et « son désir de liberté, c’est-à-dire de création de lui-même comme acteur [de son histoire et de sa vie individuelle et collective ou communautaire], capable de transformer son environnement. » (Touraine, 1994 : 24)  §  : « de dépendances etReconnaît également l'Autre en tant que Sujet = établissement entre eux de rapports s ociaux divers faits de coopération. » (Touraine 1994 : 179)
§  
Participe à l'instauration d'une société multiculturelle au sein de laquelle démocratie et communication interculturelle tissent des liens entre le monde de la rationalité et celui des identités :
= reconnaissance et sauvegarde du pluralisme culturel et des droits des minorités.
 = capacité de faire « vivre ensemble » des Sujets (individus et des groupes) « de plus en plus différents les uns des autres dans une société qui doit aussi fonctionner comme une unité. » (Touraine 1994 : 171)  = moyen de contrer la démodernisation, de vitaliser la démocratie et de rapprocher les deux mondes (économie et identités culturelles plurielles) en freinant la dissociation entre économie et culture identitaire.  Par ailleurs, rien n'est plus éloigné de l'idée de Sujet que l'éloge de l'individu libre de toutes attaches, agissant suivant ses humeurs, choisissant ses plaisirs et zappant d'un programme de télévision à un autre. (Touraine, 1997 : 108)  Et rien n'est plus éloigné de l'idée de liberté du Sujet que « la liberté de commerce ou … celle de posséder des biens de consommation de masse. » (Touraine, 1997 : 113), alors qu'il est plutôt question ici de soumission des « membres d’une société à la logique d’un système [économique] et, à travers elle, aux intérêts matériels et idéologiques de ceux qui le dominent et le dirigent. » (Touraine, 1997 : 113)  Ainsi, la revitalisation de la démocratie passe par la réalisation de trois objectifs:  · Premièrement : « diminuer les distances sociales, ce qui suppose un renforcement du contrôle social et politique de l'économie. » (Touraine, 1997 : 305) (représentation politique)  · Deuxièmement : « assurer le respect de  pour tous » (Touraine, 1997 : sociauxla diversité culturelle et de l’égalité des droits civiques et 305) (respect des droits fondamentaux)  · Troisièmement : « prendre en considératdoivent pas être réduits à l'état de consommateurs de soins, ion les demandes de ceux qui ne d'éducation ou d'information. » (Touraine, 1997 : 305) (citoyenneté)
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 De nos jours, les mouvements sociétaux « qui défendent le Sujet personnel contre le pouvoir des marchés et contre celui des intégristes communautaires et nationalistes. » (Touraine, 1997 : 123) :  §  (Touraine, 1997 : 122) »Ne servent aucun ordre social nouveau et donc « … aucun parti politique §  conscience de la conditionmoraux » puisqu'ils véhiculent des valeurs humanistes fondées sur une  mouvementsPeuvent être taxés de « humaine, de la nécessaire quête du bonheur et défendent les droits fondamentaux du Sujet, soit l'égalité, le bien commun, la liberté. (Touraine, 1997 : 94)  Pour Touraine, les démocrates ont tout à gagner de se définir par l es principes qu'ils défendent plutôt que par des ennemis qu'ils combattent, attitude qui risque de les conduire au rejet de l'Autre ou encore à l'imposition de la volonté générale « d’une masse mobilisée ou d’une opinion manipulée » (Touraine, 1994 : 272) (URSS, régimes collectivistes autoritaires ou régimes fascistes ou totalitaires).  Pour Touraine donc, Sujet libre et démocratie culturelle sont intrinsèquement liés et la communication interculturelle est le plus court chemin pour passer de l'un à l'autre et réunir les univers séparés des marchés et des identités de manière à re-vitaliser la démocratie.  
 
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2. MÉDIAS DE MASSE ET DÉMOCRATIE  De la légitimité des journalistes et du journalisme dans les sociétés démocratiques,  La « légitimité des journalistes et du journalisme implique « des devoirs professionnels », entre autres, celui de rendre des comptes au public : La légitimité du journalisme tient à un consensus généralisé qu’on peut assimiler à un contrat social. » (Bernier, 1999 : 29)*  Ce contrat social délègue « aux journalistes le rôle de représentants du public auprès des détenteurs du pouvoir, afin que ces d erniers rendent des comptes relatifs à l’accomplissement des devoirs et des responsabilités conférées par la communauté. » (Bernier, 1999 : 29)  Selon cette conception, le journalisme est donc :  ·  · Dans cet esprit, le journaliste a le devoir premier d’assurer la vitalité démocratique de la société en informant ses concitoyens des fa pertinents à la conduite générale et autonome de leur vie.
Une fonction sociale dont la visée fondamentale est de favoriser l’intérêt public, la démocratie et le respect des valeurs humaines de base par la diffusion d’informations vraies et importantes.
its
 ·  sprolongement naturel de la liberté d’expression et des vertuUn tel contrat n’existe pas dans le texte, mais il constitue le démocratiques qui y sont associées. (Bernier, 1999 : 29)  Par conséquent, les responsabilités fondamentales et devoirs de la presse, des médias et des journalistes, consistent :  · À offrir des comptes rendus véridiques et complets à propos des événements d’importance pour le, plus grand nombre de citoyens possibles.  
· événements dans un contexte qui leur redonne leur sens véritable.À insérer ces
· À servir de lieu d’échange des commentaires et des critiques.
· Et à faire en sorte que les individus composant le public comprennent bien ce qui se passe dans leur entourage social.  Les journalistes ont aussi la responsabilité  · de façon indépendante et honnête lorsqu’ils diffusent des informations.D’agir  ·  c auprès des détenteurs de pouvoirs susceptibles d’influer directement ouD’assumer pleinement leur rôle de représentants du publi indirectement sur le sort des citoyens. (Bernier, 1999 : 30).
 En fait, cette « fonction sociale » des journalistes représente un moyen très sûr pour contrer la dépolitisation et l a désocialisation.    
                                                *spécialiste de l’analyse des pratiques journalistiques et auteur de deux Bernier est docteur en science-politique, journaliste, Marc -François ouvrages sur le journalisme :Éthique et déontologie du journalisme(PUL, 1994) etplanqués : le journalisme victime des journalistesLes (VLB, 1995).
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 Position de Touraine sur le rôle des médias de masse dans la démocratie  Selon Touraine, dans la société post-industrielle actuelle, désormais, le sort de la démocratie se joue dans les grands médias de masse qui sont devenus le lieu d'expression de « débats qui constituent les enjeux de l’action démocratique. » (Touraine, 1994 : 160)  Les deux côtés - positif et négatif - de la médaille télévisuelle.  · lié à « la médiocrité à la fois technique et culturelle de beaucoup de programmes grands publics.Appauvrissement de l’espace public, » (Touraine, 1994 : 213) : la décontextualisation des événements télédiffusés partic ipe « activement au mouvement général de désocialisation et de dépolitisation. » (Touraine, 1997 : 18)  À l'échelle des médias, les gens vivent ensemble, à la fois fusionnés et séparés, incapable de communiquer, en étant : « … d’un côté des citoyens du monde sans responsabilité, droits ou devoirs et, de l’autre, défenseurs d’un espace privé submergé par les flots de l a culture mondiale. » (Touraine, 1997 : 18-19)
 · D'autre part, Touraine reconnaît que ce média fournit au grand public l'occasion d'assister et de s'engager dans des débats télévisés fondamentaux sur nombre de problèmes sociaux (chômage, sexualité, vieillis sement, éducation, santé, culture, etc.).  Ces problèmes échappent ainsi à la tutelle du Parlement (intervention de la loi), du gouvernement, ou des acteurs autorisés à réaliser des négociations collectives pour générer un univers de débats publics fortem ent médiatisés, et qui permet à l'opinion publique d’exercer son droit de parole, de délibérer et de se constituer.  Selon Touraine, il n’y a de raison de craindre « les médias que quand ils sont soumis à un pouvoir politique autoritaire ou liés à une coalition dominante d'intérêts économiques. » (Touraine, 1997 : 294 -295).   BIBLIOGRAPHIE DU CO URS 2 : CPS 1000-20  BERNIER, Marc-François (Hiver -printemps 1999). « Le prix de la légitimité des journalistes » , dansEspaces de la parole, revue québécoise d’analyse et de critique sociale, dossier : Médias : une culture du consentement ?, Volume 1, pp. 29 -31, 61 pages.  TOURAINE, Alain. 1994.Qu’est-ce que la démocratie ?,Paris, Fayard, 297 pages.  TOURAINE, Alain. 1997.Pouvons-nous vivre ensemble ? Égaux et différents, Paris, Fayard, 395 pages.  
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 11 CPS 1000 : Médias, politique et société Notes de cours : cours 3  Mise en contexte : les médias de masse au XXe siècle et les transformations de la démocratie représentative en raison de la place croissante qu’occupent la communication politique et les médias dans le jeu politique  D’une presse d’opinion (critique) à une presse commerciale (démonstrative ) Habermas ou l'évolution de l’espace public bourgeois et du principe de Publicité des débats (de la liberté de presse et d'expression à la liberté d'entreprise)
 Sphère publique représentative au Moyen-Age  Dans la société féodale du Moyen-Age, la sphère publique représentative est structurée par la représentatio n du pouvoir du Seigneur = signes caractéristiques de son statut (écussons ; armes ; vêtements ; coiffure, etc.) et code précis des vertus et des comportements dits « nobles » et communs à tous les seigneurs (tournois, théâtre, combats équestres sur la pla ce publique, etc.).   En Europe : 13eet 16esiècles  = genèse et essor du capitalisme marchand et financier (bourgeoisie marchande) = développement du grand commerce intérieur et extérieur (= genèse du colonialisme)
  Aux 16eet 17esiècles, plusieurs administrations royales européennes édictent des mesures de soutien de ce mode de production industriel et capitaliste  = création des structures caractéristiques de l’État moderne :  
 
§ État fiscal doté d’une administration permanente des finances = ministère des Finances
§ entre les biens de la maison du Roi et les biens de l’ÉtatNette séparation
§ Création d’une armée permanente
Envol du capitalisme marchand et financier
économie fondée sur le marché =
développement de la presse : une presse bureaucratique au service de l’administration royale et de =  l’État monarchique.  ü Notification et diffusion des décrets, avis et ordonnances du souverain à ses sujets. ü Public-cible : fonctionnaires de l’administration royale ; gros commerçants, manufacturiers et banquiers = groupe social composé des nouveaux bourgeois qui représente le « public de lecteurs » d’alors. (Habermas 1978 : 34)
 
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