Notes de lecture sur « Artémis » - article ; n°1 ; vol.1, pg 139-148
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Description

Romantisme - Année 1971 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 139-148
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 713
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Anne Chevalier
Notes de lecture sur « Artémis »
In: Romantisme, 1971, n°1-2. pp. 139-148.
Citer ce document / Cite this document :
Chevalier Anne. Notes de lecture sur « Artémis ». In: Romantisme, 1971, n°1-2. pp. 139-148.
doi : 10.3406/roman.1971.5382
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1971_num_1_1_5382ANNE CHEVALIER
Notes de lecture sur «Artémis»
... ils concluront la profondeur de mon sens par
l'obscurité, laquelle, à parler en bon escient, je
hais bien fort, et l'éviterais si je me savais éviter.
Montaignk, Essais, III, ex,
De la vanité.
Les études nervaliennes du XXe siè nous avons déjà citée aux Filles du
feu : « Une fois persuadé que j'écricle font de plus en plus apparaître la
profondeur et les ténèbres des écrits vais ma propre histoire, je me mis à
de Nerval, et la légende d'un poète traduire tous mes rêves, toutes mes
émotions... » Notre propos n'est pas de d'une clarté traditionnelle et bien
française a depuis longtemps expiré. faire une analyse complète du sonnet
Nerval a lui-même souligné l'obscur Artémis, mais de mettre en relief, par
l'étude de quelques points précis du ité de ses sonnets des Chimères,
dans l'Introduction qu'il adresse à A. sonnet, ce que peut apporter l'utilisa
Dumas, ainsi que la nécessité de cette tion d'un tel principe.
Le premier pas est la comparaison. obscurité, puisqu'ils «perdraient de
leur charme à être expliqués, si la M. Jean Richer a beaucoup utilisé, et
chose était possible». Mais il a fallu avec profit, les relations entre ce son
beaucoup de temps avant qu'on ne net et Aurélia, dont le titre primitif
découvre qu' « il n'y a nullement solu fut « Artémis ou le rêve et la vie l » ;
tion de continuité entre Gérard poète nous voudrions souligner les liens qui
et l'auteur de Sylvie » et que « ses rattachent le sonnet aux Filles du feu,
vers et ses nouvelles ne sont que des en particulier à Octavie, dans l'ép
tentatives différentes pour exprimer la isode central, la « lettre à J. Colon »
même chose », comme Га écrit, le pre que Nerval y inséra en la modifiant.
mier sans doute, Marcel Proust dans Il nous semble en effet qu'outre des
son étude « Gérard de Nerval » du détails souvent rapprochés, comme
Contre Sainte-Beuve. Ce principe les « roses violettes » de sainte Ros
étant admis, il faut pour étudier l'œu alie et la « Rose au cœur violet », il
existe entre les deux textes une pavre de Nerval, soit en son ensemble,
soit en une de ses parties, reconnaître renté étroite et révélatrice. Un tableau
la parenté essentielle des Filles du synoptique permet d'abord de mettre
feu, des Chimères et â'Aurélia pour sensiblement en évidence cette pa
le moins, parenté que Nerval semble renté.
avoir établie dans l'introduction que
1. G. de Nerval et les doctrines ésotériques, Paris, 1947, pp. 111-130. i

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!

i
POINTS COMMUNS OCTAVIE ] ARTEMIS
la mort idée Mourir, me grand revient-elle Dieu ! à Pourquoi tout propos, cette la dans treizième la tombe (tarots)
comme s'il n'y avait que ma mort qui C'est la mort — ou la morte
fût l'équivalent du bonheur que
vous promettez ? La mort !
dans mon cœur, il y avait l'idée de
la mort
Je ne veux pas vous outrager par
ma mort
au chevet d'une femme adorée amant
un amant aimez qui vous aima l'amour
je lui plaisais davantage celle que j'aimai
la pensée cruelle que je n'étais pas m'aime encore tendrement
aimé
n'être pas aimé
les autres à l'amour
les ornements d'église sainte napolitaine
quelque chose de mystique la religion (fleur de) sainte Gudule
madone noire as-tu trouvé ta croix
figure de sainte Rosalie vous insultez nos dieux
des divinités mythologiques la sainte de l'abîme est plus
c'est ainsi qu'on la voyait aux fêtes sainte à mes yeux
tous les dons de Dieu
demander compte à Dieu
non, mon Dieu
couronnée de roses pâles es-tu reine roi de violettes la royauté
couronne
royalement parée
où... vous avez régné
Sainte Rosalie... semblait... protéger qui vous aima du berceau
la maternité le berceau dans la tombe
sa mère
les deux femmes coururent à son
ceau
tenant fièrement dans ses bras le
bambino
une jeune fille qui vous ressemblait c'est encore la première
m'imaginer que cette femme... était et c'est toujours la seule la ressemblance
vous-même la première ou dernière
celle qui me rappelait si exactement
votre souvenir
où seule vous avez régné
la femme qui existât pour moi
j'ai rêvé quelquefois fantômes blancs
l'illusion image
bizarre illusion
(oripeaux ; fleurs artificielles ;
quant ; ornements de fausses pierres)
pour un rêve
ce n'était aussi qu'un rêve
ce fantôme
j'avais vu comme le fantôme de lecture sur € Artémis* 141 Notes
Comme Га montré M. Jean Richer 2, napolitaine une ambiguïté constante
Artémis est un « tombeau » ; or, le entre deux réalités possibles ; la
récit de la nuit napolitaine est encadré femme rencontrée peut être ou bien
de deux paragraphes sur la mort, et une « facile conquête », vulgaire bro
présenté comme l'explication d'une deuse que la nostalgie du poète amour
image de la mort (C'était à Naples il eux, s'aidant de quelques verres de
y a trois ans) qui hante le poète. A lacryma-christi, métamorphose en dou
cela s'ajoute le lien amour-mort, expli ble de la « seule » femme aimée, myst
cité dans la nouvelle, affirmé dans le érieuse et enchanteresse, ou bien une
sonnet (C'est la mort — ou la morte), magicienne dont les enchantements
symbolisé par « la treizième » à la ont pour but de séduire un malheu
fois heure, femme et signe prophéti reux en lui procurant l'illusion qu'il a
que de la mort, et que l'on retrouve près de lui celle qu'il a toujours a
dans la succession des images du rêve imée. Or, si nous étudions les détails
fameux d'Aurélia*. Mais surtout les qui constituent la seconde réalité, la
deux tercets nous semblent retracer le femme-sorcière, nous nous apercevons
même événement, une apparition, et qu'ils sont tous, ou à peu près tous,
soulever le même problème, celui de empruntés à la tradition antique et
l'apparence, problème religieux pour particulièrement aux poètes alexan
Nerval puisqu'il est à la fois méta drins et à leurs imitateurs latins. La
physique et moral. Une figure de seule source mentionnée par Nerval
sainte illustre l'appartenance du récit lui-même est L'Ane dor d'Apulée;
et du sonnet à la même origine ment c'est de là que provient certainement
ale, c'est la sainte napolitaine (ou l'expression « une de ces magiciennes
« de Sicile » dans la variante) ou de Thessalie 5 ». Un autre trait pourr
sainte Rosalie, dont M. Fr. Constans ait provenir aussi de L'Ane dor, mais
a établi à la fois la source et le rapport de bien d'autres textes encore, c'est la
avec le thème des ressemblances 4. facilité avec laquelle la jeune femme,
Une autre figure, celle d'Artémis, déjà pourvue d'un amant, accepte
relie également les deux textes, sans d'emmener chez elle le poète 6 ; toutes
que son nom apparaisse dans le récit ; les sorcières décrites dans les poèmes
pour le démontrer, il nous faut exa antiques sont généralement habiles à
miner les détails du récit d'une façon s'attirer les faveurs d'un homme con
un peu précise. Nerval s'applique voité 7. Qu'elle soit « égarée ďesprit »,
à maintenir dans le récit de la nuit qu'elle possède un « Traité de divina-
2. Nerval, Expérience et Création, Paris, 1963, II, 18, pp. 582 sq.
3. a La dame que je suivais... la nature meurt avec toi... un buste de femme... Je
reconnus des traits chéris... le jardin avait pris l'aspect d'un cimetière » (1-6) et « Aurél
ia était morte » (1-7), Pléiade, I, 1952, p. 374.
4. « Art

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