Traitement perceptif des mots affixés : mise en évidence d un contrôle cognitif - article ; n°2 ; vol.83, pg 443-464
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Traitement perceptif des mots affixés : mise en évidence d'un contrôle cognitif - article ; n°2 ; vol.83, pg 443-464

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Description

L'année psychologique - Année 1983 - Volume 83 - Numéro 2 - Pages 443-464
Résumé
Cette recherche a pour but d'étudier le traitement perceptif des mots monomorphémiques et plurimorphémiques lorsqu'ils sont insérés dans un contexte. Dans une première expérience, nous montrons que l'activité perceptive se différencie pour ces deux types de mots selon le type de tâche utilisé (lecture ou correction).
Les données obtenues dans la seconde expérience confirment cet effet tout en mettant en évidence une relation entre le niveau d'élaboration cognitive du texte pendant la lecture (profondeur de traitement) et l'anticipation des mots monomorphémiques. Cet effet n'a pas été observé pour les mots bimorphémiques.
Enfin, dans une troisième expérience, nous avons montré que la contrainte contextuelle n'intervient pas directement dans le processus d'analyse des mots dérivés. Ces résultats nous ont conduits à élaborer un modèle du traitement perceptif des mots dérivés. Dans ce modèle, l'analyse perceptive des syllabes finales du mot est conditionnée à un test préalable sur la nature morphémique du premier groupe syllabique.
Mots clefs : Accès au lexique, mots plurimorphémiques, profondeur de traitement.
Summary : Depth of processing and lexical acces of polymorphemic words.
Three experiments were conducted to investigate the reader's perceptive activity with mono and polymorphemic words. In the first experiment it is found that the perceptive activity at the end of monomorphemic words is in relation with the task (reading or correction task).
In the second experiment, it is found that, in the reading task, the depth of processing is negatively correlated with the perceptive activity in the end of monomorphemic words. This effect is not observed with suffixed words. It is also found in the third experiment that if suffixes are more processed ihan the end of monomorphemic words, it is because of structural reasons (because subject assigns linguistic status to roots) and not because it is easy to predict suffixes. A model of reading is discussed in the light of these results.
Key-words : Lexical access, polymorphemic words, depth of processing.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard Pavard
Traitement perceptif des mots affixés : mise en évidence d'un
contrôle cognitif
In: L'année psychologique. 1983 vol. 83, n°2. pp. 443-464.
Résumé
Cette recherche a pour but d'étudier le traitement perceptif des mots monomorphémiques et plurimorphémiques lorsqu'ils sont
insérés dans un contexte. Dans une première expérience, nous montrons que l'activité perceptive se différencie pour ces deux
types de mots selon le type de tâche utilisé (lecture ou correction).
Les données obtenues dans la seconde expérience confirment cet effet tout en mettant en évidence une relation entre le niveau
d'élaboration cognitive du texte pendant la lecture (profondeur de traitement) et l'anticipation des mots monomorphémiques. Cet
effet n'a pas été observé pour les mots bimorphémiques.
Enfin, dans une troisième expérience, nous avons montré que la contrainte contextuelle n'intervient pas directement dans le
processus d'analyse des mots dérivés. Ces résultats nous ont conduits à élaborer un modèle du traitement perceptif des mots
dérivés. Dans ce modèle, l'analyse perceptive des syllabes finales du mot est conditionnée à un test préalable sur la nature
morphémique du premier groupe syllabique.
Mots clefs : Accès au lexique, mots plurimorphémiques, profondeur de traitement.
Abstract
Summary : Depth of processing and lexical acces of polymorphemic words.
Three experiments were conducted to investigate the reader's perceptive activity with mono and polymorphemic words. In the
first experiment it is found that the perceptive activity at the end of monomorphemic words is in relation with the task (reading or
correction task).
In the second experiment, it is found that, in the reading task, the depth of processing is negatively correlated with the perceptive
activity in the end of monomorphemic words. This effect is not observed with suffixed words. It is also found in the third
experiment that if suffixes are more processed ihan the end of monomorphemic words, it is because of structural reasons
(because subject assigns linguistic status to roots) and not because it is easy to predict suffixes. A model of reading is discussed
in the light of these results.
Key-words : Lexical access, polymorphemic words, depth of processing.
Citer ce document / Cite this document :
Pavard Bernard. Traitement perceptif des mots affixés : mise en évidence d'un contrôle cognitif. In: L'année psychologique.
1983 vol. 83, n°2. pp. 443-464.
doi : 10.3406/psy.1983.28476
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1983_num_83_2_28476L'Année Psychologique, 1983, 83, 443-464
Laboratoire de Physiologie du Travail-Ergonomie1
TRAITEMENT PERCEPTIF DES MOTS AFFIXES :
MISE EN ÉVIDENCE D'UN CONTROLE COGNITIF
par Bernard Pavard2
SUMMARY : Depth of processing and lexical accès of polymorphemic
words.
Three experiments were conducted to investigate the reader's perceptive
activity with mono and polymorphemic words. In the first experiment it
is found that the perceptive activity at the end of monomorphemic words
is in relation with the task (reading or correction task).
In the second experiment, it is found that, in the reading task, the
depth of processing is negatively correlated with the perceptive activity
in the end of monomorphemic words. This effect is not observed with
suffixed words. It is also found in the third experiment that if suffixes are
more processed than the end of monomorphemic words, it is because of
structural reasons (because subject assigns linguistic status to roots)
and not because it is easy to predict suffixes. A model of reading is discussed
in the light of these results.
Key-words : Lexical access, polymorphemic words, depth of processing.
INTRODUCTION
II est généralement admis que l'identification des mots du
lexique met en jeu un système de représentations où chacun
des mots est codé en mémoire.
1. cnam, 41, rue Gay-Lussac, 75005 Paris.
2. Je remercie les chercheurs du Laboratoire du Centre d'Etudes des
processus cognitifs et du langage et, en particulier, B. de Boysson-Bardies
et J. Mehler pour leur collaboration et les critiques qu'ils ont apportées à
cette recherche. 444 Bernard Pavard
Les mots plurimorphémiques, qu'ils soient infléchis, dérivés
ou composés, présentent la caractéristique d'être constitués de
deux ou plusieurs unités de sens (morphèmes). Par exemple,
le mot « déranger » peut être décomposé en trois unités de sens :
le préfixe « dé », la racine « rang » et le suffixe « er ». Le problème
se pose donc de savoir si ces mots sont identifiés à partir de leurs
composants morphémiques ou à partir d'un traitement global.
Selon l'hypothèse de la décomposition lexicale (Taft et
Forster, 1975), les mots sont d'abord découpés en unités morphé
miques, la racine est ensuite identifiée par une recherche en
mémoire, puis les affixes sont recombinés avec la racine. Cette
procédure a l'avantage de réduire la taille du lexique en mémoire
aux dépens d'un accroissement de la complexité des opérations
de recombinaison des morphèmes. Par exemple, les mots « dé
faire, refaire, parfaire, » seront d'abord décomposés en :
Affixe -f- Racine ; la recherche de la racine « faire » sera la même
pour les trois mots mais la recombinaison des préfixes avec la
racine nécessitera des opérations supplémentaires pour tester la
validité et la signification de l'ensemble : Affixe -f- Racine.
Cette hypothèse a le désavantage de conduire à des impasses
procédurales. En effet, certains mots sont constitués de pseudo
morphèmes. Par exemple, si le mot « décès » est décomposé en
un préfixe « dé » et une pseudo-racine « ces », la recherche en
mémoire de « ces » aboutira à une impasse. Une deuxième ana
lyse sera donc nécessaire pour identifier le mot en mémoire.
L'hypothèse de la décomposition lexicale implique donc que
les mots monomorphémiques débutant ou finissant par une
syllabe morphémique comme « regard », « sérieux », seront plus
longs à identifier que les mots constitués de véritables racines
comme « repris », « osseux ».
Ces faits ont été vérifiés pour des mots préfixés ou pseudo
préfixés (Taft et Forster, 1975), alors que, dans une expérience
comparable, Manelis et Tharp (1977) n'ont pas pu mettre en
évidence un tel effet pour les mots pseudo-suffixés. De nombreux
arguments contradictoires ont été obtenus à la suite de tenta
tives de validation de l'hypothèse de décomposition lexicale
pour les mots infléchis : chai + s -> chats (Gibson et Guinet, 1971 ;
Kintsch, 1972; Murrel et Morton, 1974; Jarvella et Snodgrass,
1974), pour les mots préfixés : sur + faire -> surfaire (Taft et Först
er, 1975; Taft, 1979 Rubin, Becker et Freeman, 1979), pour les
mots suffixes : fin -)- esse — > finesse (Rosenberg, Coy le et Porter, Le traitement des mots affixes 445
1966 ; Mac Kay, 1974 ; Drewnowski et Healy, 1980) et pour les mots
composés : plate + forme -> plateforme (Taft et Forster, 1976).
La contradiction entre les résultats peut être attribuée à
différents facteurs :
1) La nature de la lâche. Par exemple, si l'activité percept
ive est évaluée à partir d'une tâche de recherche de lettres,
la performance dépend de la procédure expérimentale utilisée
(Garner et Haun, 1978), des consignes concernant le niveau de
compréhension du texte (Smith et Groat, 1979) ou du format
selon lequel le texte est présenté (Drewnowski et Healy, 1977).
2) La composition du matériel linguistique. La plupart des
listes de mots tests utilisés ne sont pas représentatives de la
distribution naturelle des mots plurimorphémiques. Cette diffé
rence peut induire des stratégies particulières (Peterson et
Laberge, 1976 ; Manelis et Tharp, 1977). Ces derniers auteurs
ont montré que, lorsqu'une paire de mots est présentée, la struc
ture morphémique du premier mot influence la stratégie per
ceptive appliquée au second. Rubin et al. (1979) ont mis en
évidence un effet comparable : dans un contexte de mots pré
fixés, les mots pseudo-préfixés (« décès ») sont plus longs à ident
ifier que les mots préfixés (« dégel »). D

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