Un aspect de la préhistoire andine : l'exploitation des camélidés et des cervidés au formatif dans l'abri de Telarmachay, Junin, Pérou - article ; n°1 ; vol.67, pg 97-124

Danièle Lavallée, Michèle Julien

Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1980 - Volume 67 - Numéro 1 - Pages 97-124
L'analyse des restes osseux culinaires trouvés dans un gisement archéologique est susceptible d'apporter des éléments importants à l'étude des techniques d'utilisation et de consommation des matières animales pratiquées par les groupes préhistoriques. Dans le site péruvien de Telarmachay (dép. de Junin, prov. de Tarma, 4420 m. d'altitude), la mise en relation de la répartition spatiale des diverses catégories des restes osseux de grands herbivores (par espèces — camélidés et cervidés —, par classes d'âge, par catégories anato- miques) avec celle des autres structures de l'habitat, permet de mieux cerner les aspects techniques de cette utilisation des matières animales (techniques de chasse et de boucherie, pratiques culinaires, techniques d'utilisation ou de transformation des produits secondaires). La présente étude porte sur le matériel osseux provenant des niveaux du Formatif (1800-200 av. J.C.). Quelques exemples ethnographiques sont proposés afin d'établir des points de comparaison avec les données archéologiques.
El análisis de los restos óseos alimenticios colectados en un yacimiento prehistórico puede constituir un aporte importante para el estudio de las técnicas de utilización y de consumo de las materias animales utilizadas por los grupos prehistóricos. En el yacimiento peruano de Telarmachay (depto. de Junin, prov. Tarma, altura : 4420 m.) se analiza la distribution espacial de las diversas categorias de restos óseos de grandes herbivoros (por especies — camélidos y cérvidos —, por classes de edad, por categorias anatómicas) en relación con las demás estructuras del habitat, con el fin de poner en evidencia los aspec- tos técnicos de la utilización de las materias animales (técnicas de caza y de carniceria, prácticas culinarias, técnicas de utilización o de transformación enproductossecundarios). El estudio se refiere al material óseo procedente de los nivelés de ocupación delFormativo (1800-200 a.C). Se proponen algunos ejemplos etnográficos para establecer puntos de comparación con los datos arqueológicos.
The analysis of bony culinary remains found in an archeological site might supply important elements for the study of the technics of utilization and consummation of animal material by prehistoric groups. In the Peruvian site of Telarmachay (dep. of Junin, prov. Tarma, altitude 4420 m.), the correlation between the spatial distribution of various categories of bony remains of big herbivorous (according to species — camels and deers —, the age classes and anatomical categories) and of other structures of the habitat, facilitates a more precise definition of the technical aspects of the utilization of the animal material (technics of hunting, carving, cooking, utilization or transformation into secondary products). The study is based on a bony material excavated in Formative nivels (1800-200 b.C). A few ethnographic examples make a comparison with the archaeologic data possible.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: JOURNAL_DE_LA_SOCIETE_DES_AMERICANISTES
• Publié le: 01 janvier 1980
• Nombre de lectures: 16
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

Danièle Lavallée
Michèle Julien
Un aspect de la préhistoire andine : l'exploitation des camélidés
et des cervidés au formatif dans l'abri de Telarmachay, Junin,
Pérou
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 67, 1980. pp. 97-124.
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Lavallée Danièle, Julien Michèle. Un aspect de la préhistoire andine : l'exploitation des camélidés et des cervidés au formatif
dans l'abri de Telarmachay, Junin, Pérou. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 67, 1980. pp. 97-124.
doi : 10.3406/jsa.1980.2189
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1980_num_67_1_2189Résumé
L'analyse des restes osseux culinaires trouvés dans un gisement archéologique est susceptible
d'apporter des éléments importants à l'étude des techniques d'utilisation et de consommation des
matières animales pratiquées par les groupes préhistoriques. Dans le site péruvien de Telarmachay
(dép. de Junin, prov. de Tarma, 4420 m. d'altitude), la mise en relation de la répartition spatiale des
diverses catégories des restes osseux de grands herbivores (par espèces — camélidés et cervidés —,
par classes d'âge, par catégories anato- miques) avec celle des autres structures de l'habitat, permet de
mieux cerner les aspects techniques de cette utilisation des matières animales (techniques de chasse
et de boucherie, pratiques culinaires, techniques d'utilisation ou de transformation des produits
secondaires). La présente étude porte sur le matériel osseux provenant des niveaux du Formatif (1800-
200 av. J.C.). Quelques exemples ethnographiques sont proposés afin d'établir des points de
comparaison avec les données archéologiques.
Resumen
El análisis de los restos óseos alimenticios colectados en un yacimiento prehistórico puede constituir un
aporte importante para el estudio de las técnicas de utilización y de consumo de las materias animales
utilizadas por los grupos prehistóricos. En el yacimiento peruano de Telarmachay (depto. de Junin,
prov. Tarma, altura : 4420 m.) se analiza la distribution espacial de las diversas categorias de restos
óseos de grandes herbivoros (por especies — camélidos y cérvidos —, por classes de edad, por
categorias anatómicas) en relación con las demás estructuras del habitat, con el fin de poner en
evidencia los aspec- tos técnicos de la utilización de las materias animales (técnicas de caza y de
carniceria, prácticas culinarias, técnicas de o de transformación enproductossecundarios). El
estudio se refiere al material óseo procedente de los nivelés de ocupación delFormativo (1800-200
a.C). Se proponen algunos ejemplos etnográficos para establecer puntos de comparación con los datos
arqueológicos.
Abstract
The analysis of bony culinary remains found in an archeological site might supply important elements
for the study of the technics of utilization and consummation of animal material by prehistoric groups. In
the Peruvian site of Telarmachay (dep. of Junin, prov. Tarma, altitude 4420 m.), the correlation between
the spatial distribution of various categories of bony remains of big herbivorous (according to species —
camels and deers —, the age classes and anatomical categories) and of other structures of the habitat,
facilitates a more precise definition of the technical aspects of the utilization of the animal material
(technics of hunting, carving, cooking, utilization or transformation into secondary products). The study
is based on a bony material excavated in Formative nivels (1800-200 b.C). A few ethnographic
examples make a comparison with the archaeologic data possible.ASPECT DE LA PRÉHISTOIRE ANDINE : UN
L'EXPLOITATION DES CAMÉLIDÉS ET DES CERVIDÉS
AU FORMATIF DANS L'ABRI DE TELARMACHAY
(JUNIN, PÉROU)
par Danièle LAV ALLÉE et Michèle JULIEN
Dans le cadre d'un programme de recherche archéologique aux objectifs assez vastes —
puisqu'il s'agissait de reconstituer l'histoire de l'occupation humaine préhispanique dans
un secteur géographiquement défini des Andes centrales — notre attention fut attirée
en particulier sur les modalités d'occupation du sol et d'utilisation du milieu naturel
correspondant aux occupations les plus anciennes, découvertes à l'issue de prospections
effectuées en 1974 et 1975.
Le petit bassin fluvial du Shaka-Palcamayo, sur le flanc de la cordillère orientale (dépar
tement de Junin), s'étage entre 4 500 et 3 000 m à travers une série de paliers écologiques
bien différenciés, qui vont de la steppe d'altitude à une végétation tropicale sèche, mais
tous favorable, à des titres divers, à l'installation de groupes humains. Effectivement, 94
sites archéologiques de tous types et de toutes époques furent découverts sur l'ensemble
du territoire exploré (environ 500 km2), mais à chaque phase de l'occupation semble
avoir correspondu un type précis d'occupation du paysage, déterminé par les relations
existant à ce moment entre l'homme et le milieu naturel.
Parmi les gisements découverts, 15 furent occupés durant le Formatif andin (qui débute
au Pérou avec l'apparition de la céramique, vers 1 800 ВС et se termine aux environs du
premier siècle avant notre ère), 7 d'entre eux l'ayant été depuis la période Archaïque
(env. 4 000 — 1 800 ВС). Or, tous ces gisements anciens présentent un certain nombre
de caractéristiques originales. Il s'agit dans tous les cas de grottes peu profondes ou d'abris
creusés dans les nombreux massifs calcaires qui affleurent au nord et à l'est de la région.
13 d'entre eux se situent à une altitude comprise entre 4 200 et 4400 m, et parfois même
supérieure à 4400 m. Tous enfin se trouvent à proximité immédiate d'un point d'eau
permanent, cours d'eau, lac glaciaire ou source. Si l'on examine la répartition topogra
phique de ces sites (carte) on observe que leurs emplacements dessinent une sorte d'arc
de cercle autour de la cuvette de San Pedro de Cajas (3 950m d'altitude), arc dont la 98
SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES UN ASPECT DE LA PRÉHISTOIRE ANDINE 99
courbe suit la limite inférieure de la steppe d'altitude ou puna, et passe par les têtes des
petites vallées affluant dans la cuvette. Ainsi ces emplacements commandent-ils à la fois
de vastes étendues aptes à constituer des terrains de chasse et/ ou de pâture, mais en même
temps les voies d'accès les plus directes vers les paliers écologiques inférieurs, plus tem
pérés, qu'offre la vallée du Shaka-Palcamayo en aval de San Pedro de Cajas. Par ailleurs,
l'exploration systématique de ces régions plus basses, pourtant riches en refuges naturels
de toutes tailles, n'a révélé aucun témoin d'une occupation humaine antérieure au Xe
siècle de notre ère. C'est donc bien la puna qui constitue, durant les périodes Archaïque
et Formative, l'étage-clé pour l'occupation humaine de la région. Toutefois, le fait que
les sites se trouvent tous à proximité plus ou moins immédiate des vallées conduisant
aux régions plus basses ne doit pas être négligé, ce que notre étude démontrera par la
suite.
La puna
L'écosystème de Upuna, qui se rencontre sur les territoires péruviens et bolivien (appro
ximativement du 7e au 25e degré de lat. S.), est tout entier inclus dans le palier de « toundra
sub-alpine » défini par J. Tosi 1 . Du point de vue topographique, la puna se présente
comme une succession de hauts-plateaux faiblement ondulés, interrompus par des chaînons
montagneux. Des vallées étroites et profondes les entaillent (telle la vallée du Shaka-
Palcamayo), créant ainsi une succession verticale de facettes écologiques à la fois très
diverses et très proches les unes des autres.
Le climat de la puna, qui s'étend entre 3 800 et 4 700 m d'altitude, est marqué par
l'alternance d'une saison sèche (de juin à octobre) durant laquelle au gel nocturne quo
tidien succèdent des températures diurnes relativement élevées, et d'un hivernage (de
novembre à juin) où des' pluies abondantes s'accompagnent de fortes chutes de neige et
de grésil. Au-delà de 4 700 m s'étend le palier orqo, où la steppe est remplacée par une
surface stérile parsemée de formations rocheuses, et dominée par des sommets englacés
qui culminent au-dessus de 5 000 m.
Les sols de