Un millier de légendes aux îles Wallis et Futuna et divers centres d intérêt de la tradition orale - article ; n°38 ; vol.29, pg 69-100
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Un millier de légendes aux îles Wallis et Futuna et divers centres d'intérêt de la tradition orale - article ; n°38 ; vol.29, pg 69-100

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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1973 - Volume 29 - Numéro 38 - Pages 69-100
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 530
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Raymond Mayer
Un millier de légendes aux îles Wallis et Futuna et divers
centres d'intérêt de la tradition orale
In: Journal de la Société des océanistes. N°38, Tome 29, 1973. pp. 69-100.
Citer ce document / Cite this document :
Mayer Raymond. Un millier de légendes aux îles Wallis et Futuna et divers centres d'intérêt de la tradition orale. In: Journal de
la Société des océanistes. N°38, Tome 29, 1973. pp. 69-100.
doi : 10.3406/jso.1973.2413
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1973_num_29_38_2413iscella nées M
Un et divers millier centres de légendes d'intérêt aux de îles la Wallis tradition et Futuna orale.
« A chaque fois que meurt un vieillard,
c'est une bibliothèque qui s'en va. »
(à propos des conteurs africains)
Dès que Ton parle des îles Wallis et Futuna, il semble que Ton reprenne
avec résignation la complainte de ses prédécesseurs : aucune opération ethno
graphique rationnelle et d'envergure n'est venue jusqu'à présent valider la sin
gularité du patrimoine de ces deux terroirs polynésiens. Ce constat d'insou
ciance ethnologique est d'autant plus accablant que ce Territoire français
d'outre-mer est en passe de se mettre à l'unisson avec son d'ac
cueil : la banlieue de Nouméa en Nouvelle-Calédonie, qui, comme chacun sait,
est elle-même au diapason occidental.
L'auteur de cette communication n'a d'autre but que de proposer un pre
mier bilan culturel de ses deux années de séjour à Wallis, du 8 octobre 1969
au 16 septembre 1971. L'exposé s'en articulera autour d'une recherche parti
culière — 200 légendes de Wallis et Futuna 1 — et de quelques pistes de
recherche qui, partant de ces îles, passent finalement par la National Library
de Canberra, le Bishop Museum de Honolulu, et l'Anthropology Department de
l'Université d'Auckland. Cette série de miscellanées, présentée ici à l'état
embryonnaire, respectera l'ordre des questions suivant :
1 — La classification des tissus à Wallis.
2 — Les danses wallisiennes.
3 — Le répertoriage des chants wallisiens.
4 — La musique religieuse récente.
5 — Un point de terminologie musicale wallisienne.
6 — Étude sur le passage du Capitaine Wallis à Uvéa en 1767.
7 — Contribution linguistique : néologismes wallisiens.
8 — Les carnets de route de l'ethnologue E. G. Burrows au Bishop Museum
9 — Essai : la fin de l'âge d'or et le début de l'âge du nickel (analyse de
quelques traits de mentalité).
10 — Les archives locales de Wallis et Futuna.
11.— Enregistrements (légendes, cérémonie de kava 1971, danses, chants).
12 — Art oratoire. Art épistolaire. Jeux.
1. 200 légendes de Wallis et Futuna. 3 fascicules. Ronéo. Wallis 1971. Textes établis par Ray
mond Maver. En français.
69 SOCIÉTÉ DES OCÉANISTES
I. LÉGENDES DE WALLIS ET FUTUNA.
A. L'analyse de l'univers mythique tant wallisien que futunien n'a été réa
lisée que très marginalement2. Même la simple analyse descriptive de cet uni
vers fait défaut à l'heure actuelle : par exemple, a-t-il jamais été clair que des
dizaines de légendes wallisiennes (entendez également futuniennes) comport
aient des répliques chantées ou scandées ? Je ne parle pas du chant de la
grande pirogue du Lomipeau, connu sur toute l'étendue de l'île par suite de la
scolarisation peut-être3, et qui raconte en soi une légende, mais de légendes
dont le narrateur interrompt le récit pour chanter les paroles ou les réparties
de certains personnages du récit.
Parmi 25 exemples enregistrés et transcrits, voici, dans leur version walli-
sienije et une traduction française en regard, deux de ces passages chantés en
cours de récit. Le premier est tiré d'une légende dont on peut trouver un texte
français au n° 135 des 200 légendes de Wallis et Futuna, et dont le person
nage principal^ Vaikuasolo, est une petite fille en butte à la voracité du démon
Taligafetoho ! Elle implore ses parents qui s'appellent l'un et l'autre Fuaigogo
de lui jeter les cordes qui vont lui permettre de remonter dans la demeure famil
iale :
Fuaigogo mo Fuaigogo Fuaigogo et Fuaigogo
Tukutuku ifo maea e ono, Descendez les six cordes .
Ke avatu ai Vaikuasolo, Pour que vous revienne Vaikuasolo,
Kua ovi mai Taliga-fetoho. (Car) voici qu'il est proche, Taligafetoho I
Lev deuxième exemple, extrait de l'histoire de Pipiki4 — héros célèbre
de guerres qui opposèrent les districts de Wallis entre eux — montre dans
un chant unique placé au cours du récit, l'intervention de deux personnages
à la fois. Pipiki est interrogé par le frère d'un wallisien nommé Puleletoga :
Pipiki, Pipiki, pei tala mai Pipiki, Pipiki, dis-moi donc :
Toku tokolua nee he mai .Mon frère est-il perdu (mort)
Nee he i tona loto mamahi. Quelque part parce qu'il a du chagrin?
Mooni, mooni, hina kau tala C'est vrai, c'est vrai, je te dis
Nee he age heni ia te tagata Qu'il est passé par là,- l'homme
Ko Puleletoga o toho te vaka. Appelé Puleletoga, pour tirer la pirogue (à la mer).
Pea fenei leva tana tala Puis il se dit à lui-même :
Nofola te fenua ote tagata « Au revoir la terre des hommes,
Kau alu au o hakau maka. Je m'en vais devenir une pierre du récif. » 5
2. Les échantillons recueillis en 1932 par l'ethnologue E. G. Burrows signalent, sans rendre
compte de son ampleur, le système narratif wallisien et futunien. Néanmoins, on peut trouver des
textes de récits bilingues ou en anglais dans :
Ethnology of Uvea (Wallis island). Honolulu 1937. Bernice P. Bishop Museum, bulletin 145. Tales :
pp. 161-169. of Futuna. Honolulu 1936. Bernice P. Bishop Museum bulletin 138. Tales : pp. 224-230.
Songs of Uvea and Futuna. Honolulu 1945. Bernice P. Bishop Museum, bulletin 183. Songs in tales :
pp. 66-69.
3. Dans Songs of Uvea and Futuna (p. 61), Burrows avoue ne pas avoir trouvé de chant racon
tant la légende du Lomipeau. Or j'ai recueilli un chant racontant cette légende, et connu de tous
les élèves fréquentant l'internat de Malaetoli-Béthanie (Wallis). Ce chant, qui aurait été composé à
Mua, est néanmoins connu maintenant sur tous les rivages de l'île. La scolarisation en internat a
peut-être été. à l'origine d'un brassage des diverses productions culturelles de l'île.
4. 200 légendes de Wallis et Futuna, o.c, n° 67.
5. Ce texte pose un problème exégétique complexe. Dans le texte recueilli, c'est le frère de Pule-
70 MISCELLANEES
II faudrait longuement analyser la composition de ces nombreux chants de
légendes, car il saute aux yeux qu'au sein d'un récit en prose, nous avons
affaire à une véritable versification! Rimes en o dans le premier cas cité,
Rimes en (a)i et en a dans le second cas : notre catégorie de « rimes plates »
ne semble pas toutefois devoir rendre compte de toute composition dans ce
genre de création musicale populaire, comme le prouvent à la fois la rigueur
et le parallélisme du deuxième chant cité. Il serait intéressant de déterminer
la valeur des rimes sur une assiette de textes suffisamment large. En tout cas,
on retrouve sur le plan musical ces finesses : dans le premier chant dont le
texte est donné ici, c'est un seul schéma mélodique qui sert immuablement
de support à chaque vers, alors que dans le deuxième chant, la mélodie se
moule sur l'étendue d'une strophe.
B. Ce n'est sans doute pas la plus singulière des découvertes faites pen
dant ce séjour de deux ans sur l'île Wallis ! Il m'a en effet été possible, dans
le cadre de la Coopération à l'Enseignement (qui constituait la raison de ma
présence dans l'île), d'élaborer avec des élèves de 12 à 16 ans, un répertoire
de plus de 1.000 titres ou schémas de légendes wallisiennes et futuniennes !
Quelles que soient les limites d'une telle investigation a partir de scolaires
provenant de l'une et l'autre îles, elle a permis d'un coup d'établir un constat
d'existence.. Il était prouvé que quelque chose existait, monde inconnu non seu
lement aux étrangers du lointain, mais même aux européens séjournant sur
place, et quelque chose de quantitativement énorme qui est en train de se
perdre suivant le processus général d'uniformisation au rythme des paliers de

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