Terre d Espagne
225 pages
Français

Terre d'Espagne

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Description

Extrait : Trois officiers de marine sont debout sur la plate-forme de l'escalier de bois qui conduit à la plage. Une baleinière, montée par une douzaine d'hommes, se balance à trente mètres du rivage. On a laissé glisser, à mi-longueur du câble, le chalet mauresque, blanc et bleu, mobile sur des rails, où sont les appartements de bains de la famille royale. J'écoute si le bruit d'une voiture, dévalant la pente, n'annonce pas l'arrivée. Rien. Je me remets à considérer la longue bande de sable, de plus en plus envahie, sauf en face de nous, dans la partie réservée que limitent deux cordes tendues. Tout à coup, un mouvement de mes voisins, qui s'effacent le long du parapet, me fait me retourner, et je reconnais la reine, à quelques pas. Elle vient à pied, vêtue de deuil, élégante et marchant très bien. Le petit roi est à sa gauche, une des infantes à sa droite. Derrière elle, deux valets de pied seulement et deux grands lévriers qui sautent, l'un blanc et l'autre jaune. Tout le monde se découvre et salue. La reine remercie en s'inclinant

Informations

Publié par
Nombre de lectures 9
EAN13 9782824712512
Licence : Libre de droits
Langue Français

Extrait

REN É BAZI N
T ERRE D’ESP A GN E
BI BEBO O KREN É BAZI N
T ERRE D’ESP A GN E
0101
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1251-2
BI BEBO OK
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– Christian Spr emb er g
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compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
L’entr é e en Esp agne . -
Saint-Sébastien
Saint-Sébastien, 12 septembr e 1894.
’  ,  ter r e d’Esp agne . Ne v ous étonnez p as, mon ami, si
je ne débute p ar aucune considération g énérale . Je ne connaisM rien du p ay s, – si ce n’ est la p etite Fontarabie , qui dort dans
son ar mur e ancienne , – ni rien des g ens. Je n’ai, de plus, fait aucun plan,
aucun pr ojet, sauf de bien v oir . Et je v ous dirai, au jour le jour , ce que
j’aurai visité le matin, entendu l’après-midi, rê vé le soir en pr enant mes
notes.
S’il s’ en dég ag e quelque jug ement, ce sont les choses mêmes qui p
arler ont ; car , p ar mi mes bag ag es, je n’ emp orte aucun préjug é , aucun
souv enir b on ou fâcheux, p as même une p art d’action de vingt p esetas, qui
1T er r e d’Esp agne Chapitr e I
m’ eng ag e , p our ou contr e , dans les affair es d’Esp agne .
J’ entr e p ar Ir un. Le p ay sag e est classique , et n’ en est p as moins b e au.
En filant à toute vitesse sur le p ont mi-p artie français, mi-p artie esp
agnol, j’ envie un p eu, – oh ! une minute et sans qu’un r egr et s’ ensuiv e , –
les riv erains de cee Bidasso a, lar g e , ensablé e , toute blonde de lumièr e ,
dans sa triple ceintur e de montagnes, dont la pr emièr e est v erte . J’ap
erçois, à dr oite , la p etite canonnièr e que commandait Loti, l’an der nier ; à
g auche l’île des Faisans, un p auv r e banc de vase où p oussent une tr
entaine d’arbr es ; en face les fortins constr uits sur les mamelons, au temps
de la guer r e carliste . Je p ense encor e à la b elle contr ebande qui se fait p ar
là , dans les nuits d’ orag e ; aux tr oup es de che vaux qui p assent, les nase aux
bâillonnés p our ne p as hennir ; aux bar ques plates, char g é e s de piè ces de
soie , et dont les rames font si p eu de br uit que l’ or eille des douanier s, g ens
de soup çon p ourtant, cr oit n’av oir entendu que le glissement d’une tr uite
ou d’une vague sur le sable .
Nous nous ar rêtons pré cisément de vant un nombr e r esp e ctable de ces
douanier s, qu’ en Esp agne on app elle carabiner os. Il faut ouv rir nos
valises, chang er de train, mais, avant tout, subir la visite sanitair e . Le choléra
n’a sé vi nulle p art en France , mais une ou deux b onnes coliques,
constaté es en p ay s mar seillais, au temps des fr uits mûrissants, suffisent p our
mobiliser la mé de cine des fr ontièr es castillanes. Elle est r eprésenté e ici
p ar un jeune homme r ose , gras, très blond, qu’ on pr endrait p our un
Allemand. Nous sommes bien quatr e-vingts v o yag eur s, à la file indienne ,
g ardés à v ue dans une salle . Nous p assons de vant lui. Il nous demande
d’ où nous v enons. J’étais pré v enu. Je lui montr e un billet d’Henday e . Il
me r eg arde , ne me tr ouv e p as tout à fait l’air d’un Basque , n’ en dit rien, et
me déliv r e un p apier , sur le quel il affir me que je ne présente aucun sy
mptôme de choléra. Une p etite note , au bas de la signatur e , me pré vient que
cee « p atente de santé » doit êtr e r emise , dans les vingt-quatr e heur es de
mon ar rivé e , à la mairie de Saint-Sébastien, afin qu’ on puisse me visiter
p endant six jour s, et que j’ encour s, en cas de contrav ention, une amende
de quinze à cinq cents francs.
J’ai préféré conser v er la piè ce . En r emontant dans un wag on esp agnol,
qui r essemble à nos pr emièr es françaises, et n’ est p as plus sale , quoi qu’ on
en dise , je fais mes débuts dans la langue castillane . Ils sont mo destes,
in2T er r e d’Esp agne Chapitr e I
timidés et balbutiants. Je demande p our quoi tant de pré cautions inutiles.
On me rép ond, av e c esprit, qu’il faut distinguer , d’ entr e plusieur s autr es
variétés, le choléra administratif ; que c’ est le moins r e doutable , qu’ on
le pr olong e autant qu’ on p eut, et qu’il nour rit son homme . « Pour tous
ces jeunes mé de cins, monsieur , v o y ez la b elle clientèle : tr ois ou quatr e
demi-heur es de consultation p ar jour , des p atients oblig atoir es, p as d’
ordonnance et si p eu de dang er ! »
Nous suiv ons une chaîne de montagnes nullement far ouches, en
grande p artie cultivé es, dont les pr emièr es p entes, incliné es jusqu’à nous,
sont couv ertes de prairies, de maïs v ert et de p ommeraies. On b oit du
cidr e , dans toutes les pr o vinces basques, Guipúzco a, Biscay e et Alava,
même dans une bande des Asturies, près de la mer : celui de Gijon est r
enommé . Il est tombé de fortes pluies les jour s der nier s ; les montagnes
g ardent au flanc un v oile de br ume transp ar ente que p énètr e le soleil
chaud ; l’herb e est v erte et dr oite ; les fer mes, disséminé es, ont cet air de
g aieté des fer mes p y réné ennes, qui montr ent d’un coup tout leur bien : de
l’ ombr e et du soleil mesurés p ar les cimes, des g azons frais, des r uisse aux
d’ e au clair e , un tr oup e au de cinq ou six vaches dans les hauts pâturag es,
tr ois meules de p aille br une , que trav er se une p er che et que sur monte une
cr oix, puis un cep de vigne sous le toit avançant, ou des piments r oug es
sur la ramp e du balcon, ou des épis de maïs, pr enant leur der nier or aux
b elles rayé es d’automne . « V ous v er r ez la triste Castille ! » me dit ma v
oisine . Je suis effrayé , rien qu’à v oir l’ e xpr ession de ces y eux noir s, imitant
la tristesse des plaines indéfinies.
T out à coup , cee montagne de dr oite s’ ouv r e , et une rade app araît,
p eu pr ofonde au début, b ordé e de mag asins et de dépôts de charb on du
côté que nous rasons, un p eu r ose de l’autr e , à cause de deux rangs de
maisons, ser ré es au pie d des r o cher s. C’ est Passag e , moins joli, moins
pittor esque qu’ on ne me l’avait dit. D eux navir es de guer r e esp agnols sont
là , tout p av oisés, car il y a une fête à Saint-Sébastien, une grande fête en
l’honneur de l’amiral O quendo , un brav e d

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