MELAnIE WALLAcE TRAVERSER L’HIVER roman Traduit de l’anglais (États-Unis) par Brice Matthieussent BERnARD GRASSET PARIS Ce roman est dédié à la mémoire d’Ariane Fasquelle 1974 Mabel Mabel sut, avant que la ille ne lui adresse la parole, ce qu’elle dirait : que l’homme qui n’avait même pas prétendu être son mari n’était pas revenu et qu’il ne reviendrait pas. Elle avait supposé – non, raconta-t-elle ensuite à Iris au téléphone, rectiiant ce dernier mot, non pas supposé, mais su –,dès l’instant où elle les vit, qu’il s’en était déjà lavé les mains. car en descendant de voiture, il n’accorda aucune attention à la ille, il la laissa ouvrir la portière côté passager et se mettre debout toute seule malgré le bébé endormi dans ses bras. Il ne lança pas un regard derrière lui pour voir si elle allait bien, se contenta de marcher vers la véranda de la réception, l’abandonnant à son sort. Milieu de semaine, après-midi, hors saison. L’air automnal était humide, immobile, le ciel barré de cirrus soyeux sous lesquels Mabel avait étendu des draps sur les cordes à linge reliant la réception au dernier bungalow. Deux de ces bungalows étaient occupés, quatre toujours à nettoyer et à fermer, trois encore disponibles pour d’éventuels arrivants.