Super-héros ! - La puissance des masques , livre ebook

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Nés dans les pages des comic books américains dans les années 1930, les super-héros sont taillés aux dimensions du gigantisme des États-Unis, à la hauteur des gratte-ciel qu’ils franchissent d’un bond. Désormais figures populaires aimées de tous, ils furent pourtant longtemps regardés d’un mauvais œil par la censure aux États-Unis ou en France, jugés pernicieux et néfastes pour la jeunesse ou pointés du doigt comme suppôts de l’impérialisme par la contre-culture.


À l’orée du XXIe siècle, leurs exploits sont des fables modernes qui nous parlent du monde contemporain dont ils sont une parabole musclée. Tels les demi-dieux des légendes et les chevaliers des contes, ils nous préviennent des dangers politiques, technologiques et moraux.



Plus que des extraterrestres et des savants fous, les super-héros nous protègent surtout de nos illusions et de nos aveuglements.

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Nombre de lectures

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EAN13

9782361831097

Langue

Français

Super-héros ! La puissance des masques
Jean-Marc Lainé
© 2011-2012Les Moutons électriques ConceptionMergey CD&E Version 1.1.1 (10.08.2016) Ouvrage réalisé avec le soutien duCentre national du Livre
Ils sont partout. Sur le petit écran, dans nos cinémas, entre les pages de nos bandes dessinées. Ils investissent tous les espaces du quotidien et se répandent jusque sur les t-shirts de grandes marques. L’invasion a déjà commencé. Sur les pas de Superman, les super-héros sont là ! Créatures de pierre, colosses d’acier, chevaliers modernes, hommes-insectes et monstres griffus, ils traversent nos villes dans la fureur de leur combat pour défendre la veuve et l’orphelin. Nés dans les pages descomic booksaméricains dans les années 1930, les super-héros sont taillés aux dimensions du gigantisme des États-Unis, à la hauteur des gratte-ciel qu’ils franchissent d’un bond. Désormais figures populaires aimées de tous, ils furent pourtant longtemps regardés d’un mauvais œil par la censure aux États-Unis ou en France, jugés pernicieux et néfastes pour la jeunesse ou pointés du doigt comme suppôts de l’impérialisme par la contre-culture. À l’orée du XXIe siècle, leurs exploits sont des fables modernes qui nous parlent du monde contemporain dont ils sont une parabole musclée. Tels les demi-dieux des légendes et les chevaliers des contes, ils nous préviennent des dangers politiques, technologiques et moraux. Plus que des extraterrestres et des savants fous, les super-héros nous protègent surtout de nos illusions et de nos aveuglements. Né en 1970, Jean-Marc Lainé devient en 1999 responsable éditorial chez Semic où il met à profit sa connaissance de la bande dessinée américaine et italienne. Chez Bamboo, il dirigera la collection “Angle Comics” pendant deux ans. Enseignant et pédagogue, il rédige les Manuels de la BD puisLa Méthode Largo Winch, chez Eyrolles. Scénariste de séries pour les Pockets Semic, Jean-Marc Lainé a rédigé la trilogie de science-fiction Omnopolis(Bamboo “Angle Fantasy”), le deuxième tome de la série42 (Soleil) et le diptyqueGrands Anciens, chez Soleil. Outre sonFrank Miller, urbaine tragédie, il a co-signé Nos Années Strange : 1970-1996(chez Flammarion).
Introduction
On pourrait croire que les super-héros, à l’instar de Superman, premier et plus glorieux d’entre eux, sont un jour tombés du ciel, fiers dans leurs costumes multicolores, choisissant la vaste terre d’Amérique pour en faire leur univers. Héros surdimensionnés, plus vraiment humains, pas tout à fait divins, ils ont la fougue d’une jeune nation impétueuse qui décide, dans ces tardives années 1930, de s’ouvrir au monde. Pourtant il n’en est rien. Les super-héros ne sont pas une invention capricieu se d’un imaginaire collectif qui se cherche un folklore et une mythologie. Ils ne sont pas apparusex-nihilo. Ils sont le résultat d’une lente évolution culturelle, et leurs racines plongent dans la littérature populaire américaine, cesdime novelset cespulpsantequi ont enthousiasmé les lecteurs durant les cinqu précédentes années. Et si Superman et ses confrères apparaissent souvent comme les réinventions des demi-dieux mythologiques et des go lems du folklore de l’Europe centrale, ils ne font en réalité que perpétuer une tradition vieille de quelques décennies dans la forme, voire de quelques siècles dans le fond, qui passe par les Chevaliers de la Table Ronde, Robin des Bois, Zorro et de nombreux autres. Quand on demande aux gens de définir les super-héro s, l’image qui apparaît souvent, c’est celle d’un homme qui se cache dans une allée ou une cabine téléphonique, où il déboutonne sa chemise pour dévoiler un costume coloré et un logo tracé sur sa poitrine musclée. L’homme se vêt précipitamment, parce qu’il doit agir vite : au coin de la rue se déroule un braquage de banque et les forces de police sont trop loin pour agir. En somme, l’image d’Épinal du super-héros, c’est celle d’un homme qui se déguise pour exercer le pouvoir des forces de l’ordre. C’est de cette image que se sont emparés les médias et la publicité. Souvent, le super-héros a un visage souriant et porte une cape qui flotte au vent, même dans un décor d’intérieur. On le devine, Superman est visé. À tout seigneur tout honneur, le justicier kryptonien a marqué les esprits sans doute plus que quiconque au fil des décennies. Les super-héros tels qu’on les connaît aujourd’hui sont nés aux États-Unis. En France, ils ont longtemps été considérés comme des personnages exotiques dont la lecture n’était pas recommandée. Ces héros masqués avaient sans doute q uelque chose à se reprocher, pour dissimuler ainsi leurs traits. Dans la France de l’après-guerre, les justiciers américains étaient vus comme des suppôts de l’impérialisme américain. Et plus tard ils ont été moqués, souvent avec talent, mais la dimension politique l’emportait sur la force d’évocation et de poésie dont le e genre est pourtant capable. Il a fallu attendre la première décennie du XXI siècle pour que les super-héros trouvent un accueil moins frileux dans l’Hexagone. La démocratisation du format album pour accueillir leurs aventures et la multiplication des films et des séries télévisées sont parvenues à donner des vengeurs masqués une image n ettement plus sympathique, presque glamour, à un public français qui semble enfin les découvrir. Mais qui est-il, ce surhomme qui ose sortir du rang et faire, sous un déguisement des plus clinquants, ce que la loi, la morale ou la timidité nous interdisent tous les jours ? Est-ce une vision sublimée de ce que nous aimerions être ? Est-ce le produit d’une société du spectacle qui fabrique des monstres de foire susceptibles de capter, et de détourner, notre attention ? Est-ce l’expression caricaturale des traits qui nous qualifient, sachant qu’en toute caricature il n’y a qu’une réalité, déformée et pointée du doigt ? Après tout, les super-héros, s’ils sont les reflets de nos sociétés, de nos politiques, de nos psychologies, sont peut-être aussi, comme toute forme de fiction, une critique de la modernité. Les super-héros, même s’ils constituent un genre en soi, désormais plus ou moins reconnu par les médias, s’apparentent à la science-fiction, donc on connaît les vertus prophétiques et la fonction de sirène d’alarme. Les super-héros tiennent un peu le même rôle. Ils singent nos
comportements d’aujourd’hui, et annoncent nos actions de demain. Sérieux ou parodiques, divertissements ou polémiques, les super-héros sont partout. Ces justiciers de papier arrivent avec leur notion de j ustice, et envahissent désormais tous les moments de nos vies. Nés entre la Crise de 1929 et la Seconde Guerre mondiale, ils nous parlent de la société depuis des décennies. Ils ont illustré la Guerre Froide, le Maccarthysme, le Viêt-Nam, la crise de confiance envers les pouvoirs politiques, la peur du nucléaire, les grands idéaux économiques. Les super-héros ont encore des choses à nous dire. Écoutons-les.
Chapitre 1. Secrètes origines
La parution d’Action Comicsn°1, en 1938, sert souvent de repère pour dater la naissance du premier âge des super-héros, l’âge d’or ou « Golden Age ». Il faut bien s’appuyer sur des dates. Mais, on s’en doute, les super-héros étaient en ges tation depuis longtemps, dans l’esprit enfiévré de Jerry Siegel et Joe Shuster, leurs deux pères, mais aussi dans le paysage éditorial américain. On a souvent dit que l’émergence des super-héros était due au contexte économique. C’est sans doute vrai, mais il convient de ne pas faire de la figure super-héroïque une réponse au marasme qui a succédé à la Crise de 1929. Comme sou vent, les super-héros ne sont pas que cela.
L’Amérique de 1938
La situation économique et sociale des États-Unis après 1929 est connue. La crise boursière a précipité le pays dans le chômage et l’inflation, jetant à la rue des centaines de milliers de travailleurs. La lutte pour enrayer la crise a été menée par le président Franklin Delano Roosevelt, promoteur, dans les rangs du Parti Démocrate, du New Deal depuis 1932. Résidant à la Maison Blanche de 1933 à 1945, Roosevelt n’est pas seulement l’homme qui a entretenu la flamme dans le cœur de ses concitoyens durant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi celui qui a redonné l’espoir à un peuple de chômeurs. Le New Deal, que l’on pourrait traduire par « Nouvelle Donne » ou « Nouvelle Distribution », a montré que l’État pouvait intervenir dans la vie économique, une grande nouveauté dans le pays du libéralisme. Les mesures prises par le gouvernement consistaient en gros à proposer un mor atoire sur les dettes des banques, à dévaluer le dollar, à augmenter les prix et à lancer de grands travaux publics. Les premières mesures ont été lancées en 1933 et ont semblé, dans un premier temps, porter leurs fruits, puisque l’économie a été relancée et le chômage rés orbé en 1936. Hélas, l’année suivante, l’économie s’effrite à nouveau, et Roosevelt, qui en est à son deuxième mandat, promeut un second New Deal courant 1937, où aux grands travaux s’ajoute une politique d’augmentation des salaires, dans la perspective de relancer la demande et la consommation. Contrairement à ce que l’on pense souvent, la fin des années 1930 ne constitue pas la victoire sur la crise économique. Les États-Unis encore affaiblis se cambrent sur un isolationnisme de tradition, dont seule l’attaque de Pearl Harbor fin 1941 parviendra à les extirper. Dans un quotidien fait de chômage, de petits boulots, de co mmerce illégal et de pauvreté, la lecture, souvent sur papier bon marché, était un loisir acce ssible à tous. Au creux de la vague économique, lespulpsles et comic books deviennent la gourmandise des enfants pauvres, souvent vendus à côté des sucreries. Superman, qui apparaît dansAction Comicsdont la n°1 couverture est datée de juin 1938, est l’enfant de cette période. Il témoigne de l’inquiétude et du doute, de la peur de l’avenir, mais également du fait qu’il est possible de changer les choses. Superman est la Nouvelle Donne de l’édition populaire américaine.
Un président en chaise roulante
La bipolarité Clark Kent / Superman a elle aussi do nné lieu à une copieuse exégèse. On a vu dans le super-héros et son identité secrète une rel ecture des couples littéraires à la Docteur Jekyll et Mister Hyde. Pourtant, il convient surtout de voir dans le petit journaliste timide et son
alter egoqui soulève des montagnes une parabole sociale. Comme beaucoup de ses lecteurs, au pire réduits à des petits boulots et à la soupe populaire, au mieux coincés dans des emplois de bureau sans avenir, Clark Kent n’a que peu d’influence sur le monde qui l’entoure. Il se cache derrière ses lunettes et ne peut, dans le meilleur des cas, que rendre compte, dans le quotidien qui l’emploie, des dérives de la société et de la c orruption qui en grippe les rouages. En revanche, Superman, dans son costume voyant qui attire les regards, peut faire plier le destin comme les barreaux d’acier des grilles et des priso ns. Taxé des pires maux par ses détracteurs, qui ont vu en Superman un suppôt de la juiverie internationale ou un parangon du fascisme bon teint, Superman est, dans ses premières aventures, une sorte de super-prolétaire, dont l’outil 1 essentiel et sa première richesse demeure sa paire de bras . Plus fort, plus rapide, plus inflexible que son double en costume-cravate, Superman incarne le désir, avoué ou refoulé, qu’ont ses lecteurs de changer le monde où ils vivent. Il comp ense leur frustration de n’avoir aucun pouvoir, aucune incidence, aucun poids. Le corps, chez les premiers super-héros, est essentiel. Superman saute plus loin, court plus vite. Batman s’est entraîné comme un athlète de haut niveau. Captain America voit ses muscles croître sous l’effet d’un sérum. Dans un média visu el qui ne connaît pas de limitation de budget, il est logique que les corps sans cesse en mouvement des super-héros soient l’expression la plus concrète des super-pouvoirs. N éanmoins, même s’il s’agit d’une interprétation moderne, il est notable que les super-héros apparaissent durant les mandats de Franklin Delano Roosevelt. En 1921, à l’âge de 39 ans, Roosevelt est frappé de paralysie. Il est privé de l’usage de ses jambes, réduit à se déplacer dans une chaise roulante ou, pendant les périodes de rémission, à s’aider de béquilles. Jusqu’en 1928, ses activités politiques sont réduites à la portion congrue. Mais la maladie semblant reculer, il se lance dans une carrière politique qui le mènera à la première magistrature américaine après l’épuisante campagne de 1932. Si les médias ne faisaient pas leurs choux gras de la maladie du candidat puis président, les sphères politiques et l’opinion publique étaient averties de l’état de santé de Roosevelt. Ses apparitions en fauteuil seront plus nombreuses durant le conflit mondial, et là, le président paralysé apparaîtra comme un surhomme. L’Amérique a été sauvée de la crise économique par un homme cloué dans une chaise roulante. Plus tard, la victoire sur le nazisme a en partie été attribuée à ce handicapé. Roosevelt incarne la capacité de dépassement et la reconquête de son destin à la force de la volonté. Nul doute que la présidence de Roosevelt a marqué l’imaginaire. Les coups durs du destin, blessures physiques, financières et morales, n’empêchent pas l’homme, tôt ou tard, de vaincre l’adversité. Roosevelt à la Maison Blanche ou Superman dans lescomic booksont montré que l’homme de la rue, avec ses faiblesses et sa timidité, cache en lui un héros.
Un pays a besoin de héros
Et de héros, l’Amérique semble avoir besoin depuis de longues décennies. Dans les années 1930, l’Amérique est encore jeune. La guerre de Sécession n’a que soixante-dix ans, comme Central Park. New-York arbore depuis peu l’allure qu’on lui connaît désormais. Les ponts de Manhattan les plus anciens ont une quarantaine d’années, mais la e plupart ont été construits au début du XX siècle. La vague d’immigration italienne date d’un peu plus de trente ans. Bref, c’est un pays qui n’a guère d’histoire. L’Amérique se tourne à l’est pour regarder le vieux continent. C’est là-bas que se trouve l’histoire, et donc le passé, l’héritage, le patrimoine. Aux États-Unis, où tout reste à construire, on se tourne vers l’avenir. New-York est emblématique de cette accélération. Les taudis des Five Points, qui ont accueilli les vagues successives d’immigrés en provenance de Hollande, d’Irlande, puis d’Italie, d’Allemagne ou de Pologne, se sont constitués en quartiers de plus en plus denses, construits en dur et quadrillés d’un réseau serré de rues et d’ar tères. Dans cette concentration urbaine où
grouille une vie cosmopolite, l’anglais ne s’est pas encore imposé comme la langue nationale, 2 ce qui n’ira pas sans troubles pendant de longues décennies. Dans les années 1930, pour les immigrés qui irriguent les veines de ce pays, l’Amérique est un endroit dont les repères restent à construire. D epuis la fin de la guerre de Sécession, en 1865, le pays est devenu une terre inconnue à conqu érir. Il faut en repérer les endroits les plus secrets, en dépasser les montagnes, en quadriller le territoire. Les relais, le Pony Express, les lignes de chemin de fer, les canaux et l’aménagement des rivières, voilà les outils qui ont permis la conquête du territoire naturel et sauvage. Or, durant toutes ces années, les références européennes des immigrants et des héritiers des grandes familles issues du vieux continent ne sont plus applicables. À terre nouvelle, vie nouvelle. Et mythologie nouvelle. Davy Crockett, figure du trappeur aventurier mais surtout du patriote qui en 1836 à Fort Alamo met sa jeune nati on au-dessus de sa vie, ou Kit Carson, célèbre flingueur de l’Ouest reconverti après la Sécession dans l’exploration et la cartographie des territoires inexplorés de l’Amérique, voilà des héros modernes qui incarnent la vivacité de ce pays en quête de son propre folklore. L’imaginaire américain va réinvestir les classiques des contes et des mythes, avec des héros comme le bûche ron Paul Bunyan et son taureau domestique, mais derrière la relecture du gigantisme ou de la vie sauvage, ne nous y trompons pas : l’Amérique s’invente sa propre mythologie.
Une mythologie d’immigrants
Au fil des ans, un nouveau phénomène va apparaître, alors que les vagues d’immigrations e vont s’accélérer, notamment en provenance d’Irlande, frappée par la famine à la fin du XIX siècle : la concentration urbaine. Tandis que, précédemment, les immigrés partaient vers l’ouest e afin de s’y installer comme fermier ou chercheur d’or, au tournant du XX siècle, les nouveaux immigrants s’arrêtent à New York pour y trouver du travail. Les États-Unis ont une longue tradition de littérat ure populaire. Les journaux locaux sont légion, et les fictions populaires, dans lesdime novelspuis lespulps, emportent l’adhésion d’un public de plus en plus large. Avec les progrès des métiers de l’impression, il est désormais possible d’imprimer en plus grand nombre et de publier en couleurs. À New York, la fin du e XIX siècle correspond à l’explosion de deux empires de la presse. Dans les années 1880-1890, deux patrons de presse rachètent des journaux vacillants et les transforment en armes de guerre. D’un côté, Joseph Pulitzer, patron duNew York World à partir de 1883, est un rouage déterminant dans le développement des bandes dessinées dans la presse. C’est dans leNew York Worldque fut publié le premier supplément couleurs, en 1896, contenant le fameux Yellow Kid et d’autres rubrique s de divertissement. De l’autre côté, William Randolph Hearst (dont Orson Welles a signé un portrait à peine voilé dans le film Citizen Kane), patron duNew York Journaldepuis 1895, définit les suppléments dominicaux en termes enthousiastes : «huit pages d’effervescence polychrome à côté desquelles l’arc-en-ciel ressemble à un tuyau de plomb.Les deux patrons de presse font assaut de » sensationnalisme pour attirer un lectorat peu exigeant. Des auteurs decomic strips comme 3 Richard Outcault, créateur duYellow Kid, passent d’une rédaction à l’autre (il intégrera le New York Journalen 1896, en même temps qu’une partie du personnel de Pulitzer, qui rallie le camp de Hearst). La guerre que se livrent Hearst et Pulitzer donne une idée des enjeux de la presse quotidienne à New-York dans ces décennies. Les tirages augmentent et les périodiques contenant de plus en plus d’images, photographies, gravures ou dessins satiriques, ils deviennent accessibles aux générations de nouveaux Américains qui ne parlent pas anglais. Les images permettent de comprendre et d’apprendre, n’en déplaise aux âmes tristes qui voient dans la bande dessinée une 4 machine à analphabétiser. C’est tout le contraire. Maurice Horn explique que «L’arrivée de
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