La Contre-culture au quebec , livre ebook

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Ce livre entend combler une lacune, celle de la méconnaissance de la contre-culture au Québec, un phénomène majeur qui, au cours d’une décennie particulièrement effervescente, a traîné dans son sillage des milliers de jeunes gens que l’extrême gauche ou le néonationalisme – des courants rivaux, si l’on peut dire – n’attiraient pas. Assez étrangement, peu d’études existent sur ce mouvement, sa sensibilité particulière et ses manifestations symboliques, d’où l’intérêt de cet ouvrage qui vise précisément à dresser le panorama de ses artistes et de leurs productions les plus marquantes, de l’Infonie au Jazz libre du Québec, en passant par Victor Lévy-Beaulieu, Josée Yvon, Mainmise ou le Front de libération homosexuel.
À partir de la contribution de spécialistes de divers domaines – musique, littérature, théâtre, cinéma, art visuel, sociologie –, le livre fait le point sur ce vent de contestation qui a balayé l’Amérique des années 1960 et 1970 et sur ce qu’il a semé dans un Québec « hors de la carte », selon les mots de Raôul Duguay, l’un des plus célèbres représentants de la mouvance québécoise.
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Date de parution

25 janvier 2016

Nombre de lectures

1

EAN13

9782760635722

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Sous la direction de Karim Larose et Frédéric Rondeau
LA CONTRE-CULTURE AU QUÉBEC
Les Presses de l’Université de Montréal
Placée sous la responsabilité du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises (CRILCQ), la collection Nouvelles études québécoises accueille des ouvrages individuels ou collectifs qui témoignent des nouvelles voies de la recherche en études québécoises, principalement dans le domaine littéraire: définition ou élection de nouveaux projets, relecture de classiques, élaboration de perspectives critiques et théoriques nouvelles, questionnement des postulats historiographiques et réaménagement des frontières disciplinaires y cohabitent librement.

Directeur:
Gilles Dupuis, Université de Montréal
Secrétaire:
Hélène Hotton, Université de Montréal

Comité éditorial:
Martine-Emmanuelle Lapointe, Université de Montréal
Daniel Laforest, Université de l’Alberta
Karim Larose, Université de Montréal
François Paré, Université de Waterloo
Nathalie Watteyne, Université de Sherbrooke

Comité scientifique:
Bernard Andrès, Université du Québec à Montréal
Patrick Coleman, University of California
Jean-Marie Klinkenberg, Université de Liège
Lucie Robert, Université du Québec à Montréal
Rainier Grutman, Université d’Ottawa
François Dumont, Université Laval
Rachel Killick, University of Leeds
Hans Jürgen Lüsebrinck, Universität des Saarlandes (Saarbrücken)
Michel Biron, Université McGill
Mise en pages: Yolande Martel Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Vedette principale au titre: La contre-culture au Québec (Nouvelles études québécoises) Comprend des références bibliographiques. ISBN 978-2-7606-3570-8 1. Contre-culture – Québec (Province). 2. Québec (Province) – Vie intellectuelle – 20 e siècle. I. Larose, Karim, 1973- . II. Rondeau, Frédéric, 1979- . III. Collection: Collection Nouvelles études québécoises. FC2919.C66 2016 306’.10971409045 C2015-942157-8 Dépôt légal: 1 er trimestre 2016 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2016 www.pum.umontreal.ca ISBN (papier) 978-2-7606-3570-8 ISBN (PDF) 978-2-7606-3571-5 ISBN (ePub) 978-2-7606-3572-2 Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
TABLE DES MATIÈRES
Introduction
Improvisation: Jazz, rock et musique actuelle
Chapitre 1
Jazz libre et free jazz
Chapitre 2
L’évolution intranquille: multiplicité et rock québécois
Chapitre 3
L’underground musical des années 1970 et l’émergence de la «musique actuelle»
Chapitre 4
Sexe et cinéma contre-culturels: cruauté et grotesque dans l’utopie
Chapitre 5
Une semaine dans la vie de camarades : un manifeste cinématographique
Chapitre 6
Ne plus appartenir au présent: la contre-culture littéraire
Chapitre 7
La «dislocation révolutionnaire» des corps chez Josée Yvon
Chapitre 8
Sexe, drogues et religion: autour de Louis Geoffroy et Patrick Straram
Chapitre 9
La contre-culture et le théâtre francophone
Imaginaires visuels
Chapitre 10
La fin du mythe de l’art underground: Le Crash de Jean-Paul Mousseau et le modèle de la démocratie culturelle
Chapitre 11
Mainmise , Québec-Presse et les revues de bande dessinée
Chapitre 12
Le livre de poésie: effractions typographiques chez Denis Vanier
Chapitre 13
Mainmise : un almanach du village global
Chapitre 14
Les libertés possibles: la reconnaissance du féminisme dans Mainmise
Chapitre 15
Le Front de libération homosexuel du Québec et les limites de la contre-culture
Bibliographie générale sur la contre-culture
Chronologie indicative
Les collaborateurs

INTRODUCTION
Karim Larose et Frédéric Rondeau
«Underground», «marge», «alternative», «contre-société», «nouvelle culture»: autant d’appellations pour désigner la multiplicité des phénomènes contre-culturels 1 . Dans un ouvrage collectif récent sur le sujet, Contre-cultures! 2 , le pluriel du titre permet ainsi de recouvrir non seulement les manifestations sociales et culturelles des années 1960 et 1970, mais aussi ses héritiers punks et altermondialistes. Qu’on y accole ou non le pluriel, la contre-culture se caractérise en effet par sa polyvalence particulière et son refus de se laisser circonscrire sous la forme d’une définition trop arrêtée. C’est pourtant la tâche critique, fut-elle provisoire et toujours remise en question, qui nous attend et à laquelle cet ouvrage s’attelle. Dans les pages qui suivent, nous nous concentrerons sur une période historique restreinte et proposerons une conception plus spécifique, à visée heuristique, de ce que fut la contre-culture au Québec. S’il est difficile de définir ce cas de figure dans l’histoire récente des sociétés occidentales, c’est qu’on peut avoir tendance à y rassembler, parfois sur le mode de la nostalgie compensatoire 3 , tout ce qui s’oppose à l’ordre établi, toute forme de critique de la culture dite officielle 4 . Il nous semble important cependant de resserrer la compréhension qu’on peut s’en faire, sous peine de voir la notion se diluer et perdre alors toute portée critique. On le sait: la contre-culture au sens restreint et historique du terme est apparue aux États-Unis dans les années 1960 et a d’abord été théorisée par Theodore Roszak, dont la pensée a fortement influencé la réflexion ultérieure sur le sujet et les catégories qui en sont issues. Dans l’ouvrage The Making of a Counter Culture 5 qu’il a fait paraître en 1969, Roszak avance que la contre-culture propose une conception du monde autre que celle, à dominante «technocratique», de la société occidentale depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Pour Roszak – et c’est là, croyons-nous, la singularité de son apport –, la technocratie n’est pas uniquement un pouvoir politique et économique, mais constitue une véritable puissance culturelle dont les médias de masse décuplent la force. Ainsi «[L]a technocratie n’est pas simplement une puissante machine exerçant une influence matérielle: elle est l’expression d’un grandiose impératif culturel, une véritable mystique largement soutenue par le peuple 6 .» La technocratie dénature et dépossède l’homme. Dans l’introduction de son ouvrage, Roszak ajoute qu’il est «incapable de voir, au bout de la route que nous suivons d’un bon pas, autre chose que les deux tristes clochards de Samuel Beckett, attendant sous un arbre que leur vie commence 7 ». Selon lui, «la grande tâche à accomplir est la transformation de tout contexte culturel à l’intérieur duquel prend place notre politique quotidienne 8 ».
Roszak considère qu’en réaction à cet état des choses, la contre-culture réunit une collection d’attitudes, de tendances hétérogènes – qu’il s’agisse du «folklore indiano-américain», de «l’idéologie gauchiste», des «religions orientales», du «mal du siècle romantique», de la «doctrine anarchiste 9 » –, unies par un rejet partagé de la culture officielle. Frédéric Robert rappelle quant à lui qu’au moment de la publication de l’ouvrage de Roszak en 1969, tous les «efforts consentis par les diggers , les freaks , selon les appellations de l’époque, afin de donner une âme, une épaisseur, un certain relief, une visibilité, voire une légitimité à leur génération, avaient été réduits à néant 10 ». Selon Robert, la contre-culture avait, en réalité, connu – sur le plan historique – une mort précoce: «[p]lusieurs facteurs [pouvaient] expliquer cette triste fin: une recrudescence des drogues […] allant de pair avec une exacerbation de la violence [à San Francisco notamment, haut lieu de la contre-culture à l’époque], mais aussi “une répression forte et multiforme” de la part des autorités, sans oublier la récupération du mouvement à des fins commerciales 11 ». C’est en ce sens que l’on peut considérer que le Festival de Woodstock, en 1969, marque tout à la fois l’apogée et le déclin du mouvement originel, qui sera peu à peu récupéré dans les années 1970 par les médias de masse 12 . Il faut ainsi signaler que, dès les premières années, une contre-culture – avec ses premiers défenseurs, son impulsion propre et ses premières expérimentations – a cédé la place à une autre, qui se prolongera jusqu’à la fin des années 1970.
Si la crise des valeurs et du politique des années 1960 au Québec – marquée par la montée du néonationalisme indépendantiste – diffère de celle qui affecte les États-Unis à la même époque, la contre-culture, elle, demeure un courant occidental dont on se réclame tant en Amérique du Nord qu’en Angleterre et en France. L’internationalisme du phénomène s’explique notamment par sa malléabilité et son caractère englobant, regroupant des discours et des pratiques diverses et parfois contradictoires. L’utopie communautaire, notamment, s’oppose en certains points à l’expérience d’une nouvelle urbanité; la «question nationale», liée au cadre restreint du Québec, peut sembler incompatible avec une perspective universalisante, etc. Ce syncrétisme était présent, par exemple, chez l’écrivain Louis Geoffroy, qui affirmait en 1975 dans un entretien accordé au magazine Hobo-Québec que «[l]a “contre-culture” se manifeste […] par des réactions antagonistes aux facteurs cul­turels apportés par les parents, la société, l’éducation, la politique et la standardisation fonctionnelle des technocrates. Elle engloberait ainsi les marxistes, les mystiques, les blousons noirs, les “drop-outs”, une bonne partie de la jeunesse 13 .»
Dans Politique et contre-culture , paru en 1979, le politologue Gaétan Rochon évoque lui aussi le fait que la contre-culture ne constitue pas un mouvement social unifié. Il en décrit ainsi la configuration particulière:
La contre-culture est l’expression contemporaine d’un refus critique apparu en même temps que la civilisation scientifique, technique, industrielle

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