174
pages
Français
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2016
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Ebook
2016
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Publié par
Date de parution
03 novembre 2016
Nombre de lectures
4
EAN13
9782374533612
Langue
Français
La guerre de Cent Ans s’épuise et Charles VII, patiemment, tisse un pays débarrassé de l’envahisseur anglais. La Champagne reprend souffle et la famille Chauverson, meurtrie, cherche un équilibre.
Une maîtresse de Rémy, écartée, va se venger. Clara, petite-fille d’Anne va braver l’Inquisition. Ses connaissances plus explosives que celles de sa grand-mère lanceront Anne et Clara dans une chevauchée entre Champagne et Périgord. Les deux femmes et leur suite vont entreprendre un voyage périlleux à travers un pays exsangue, malmené par l’interminable guerre contre les Anglais.
Anne cherche son dernier amour, le Chevalier de Tayac, et Clara les bribes éparses d’un savoir antique et mystérieux. Elles se dirigent droit sur les terres mouvantes que se disputent encore bons Français, fidèles à Charles VII, traîtres qui virent de bord au premier coup de vent et Godons désabusés.
La personnalité de Clara nous réservera bien des surprises et les rencontres faites seront exceptionnelles.
Troisième tome de la grande saga historique en plein Moyen-Âge, entre XIVe et XVe siècles, commencée avec Mémoire froissée, qui conte le Moyen-Âge de l’intérieur, au quotidien, avec les désirs, les frustrations, les émotions, les ambitions et les échecs d’une femme, à la charnière du Moyen-Âge et de la Renaissance, et dénoue l’Histoire d’une vie.
La saga se poursuit avec le 4e tome, Mémoire de sable et de vent.
Publié par
Date de parution
03 novembre 2016
Nombre de lectures
4
EAN13
9782374533612
Langue
Français
Mémoire d'Exil
Tome 3
Christine Machureau
Les Éditions du 38
La beauté, la clarté de son visage étaient telles que regarder le soleil eût été plus facile que regarder ce visage (…) Dans ce cercle, un deuxième visage, celui d’un vieillard, dominait le premier visage ; Hildegarde de Bingen. Le Livre des œuvres divines . (Première vision – XIIe siècle)
Résumé des deux tomes précédents
L’Histoire requiert du temps et des vies
En pleine guerre de Cent Ans, Anne, une orpheline de quinze ans tout juste, herboriste, va traverser la France de Touraine en Champagne pour se fixer à Troyes, carrefour de l’Histoire de ce siècle. Le deuil, la solitude, le viol, les complots, son implication dans la conjuration johannique, les tentatives d’assassinat, rien ne lui sera épargné.
Cette période des plus sombres se clôture avec son mariage. Elle épouse un libraire de Troyes, avec lequel elle a un garçon, Rémy.
Le sacre du Roi Charles VII à Rheims est le signal du redressement de la France contre l’Anglais, mais encore, Anne Chauverson, veuve, a la chance de rencontrer un chevalier rescapé d’Azincourt… Et c’est l’amour fou. Pendant que le peuple chante le Tedeum du Sacre, Anne est angoissée, le Chevalier de Tayac a disparu. Un an plus tard, il réapparaît. Les épreuves ont fragilisé l’homme et il repart dans sa terre natale, vers le château de Beynac, au bord de la Dordogne.
Le fils d’Anne, devenu architecte du Duc de Bourgogne en sa magnifique ville de Bruges, revient des Flandres avec sa fille, Clara. La raison en est simple, son épouse a préféré les bras du Duc.
Voici Anne de nouveau seule, avec pour consolation la présence de Clara, sa petite fille.
Chapitre 1
1440
Chaleur. Les courtines sont tirées. Entre la laine du matelas et celle de la courtepointe, je savoure la douceur d’un cocon. Dans quelques instants Valériane, d’un coup sec du poignet, va replier les tentures qui m’isolent et la lumière que je devine par les fentes des toiles me forcera à ouvrir les yeux. Une journée de plus. Ma maison, héritée de Willemine von Hennenberg, secrétaire de la Duchesse Marguerite de Bourgogne, 1 bruit de mille glissements, crissements feutrés, palpitations de la vie de mon fils Rémy. Plus loin dans l’espace, quelques roues de charrettes butent sur les pavés. Troyes est éveillée depuis longtemps.
Je guette les pas de Valériane dans l’escalier de pierres… Depuis leur retour de Bruges, Rémy et Clara, sa fille, logent en ma si belle et grande maison, place de la Cathédrale. La librairie est encore animée par Thoumieu. Mon fils a installé son entreprise dans la maison de son enfance, de mes amours avec Michel Chauverson, son père. Il est architecte sans travaux, mais le commerçant le plus important de la ville. Il importe, il exporte, il échange, il expédie, et toujours des marchandises précieuses. Nombre de mes amis se sont enrichis grâce à lui et à son réseau d’acheteurs flamands et bourguignons.
La guerre marque le pas. L’Anglais s’est réservé des contrées autour des villes qu’il détient, mais le cœur n’y est plus. Il végète et nous aussi. Charles VII en est conscient. Il négocie, évitant autant que possible la confrontation directe. Mais, à mon humble avis, seule une bataille écrasant les Godons totalement viendra à bout de l’envahisseur qui s’estime légitime.
Rémy et Clara sont revenus il y a cinq ans… Tosca, épouse et mère, est restée en Flandre. Cet épisode affligeant oblitère ma famille d’un sceau d’infamie incompréhensible. Aujourd’hui encore nous vivons dans le non-dit. Nous contournons la douleur. On évite le précipice, on circonvolutionne entre les manques. Rémy refuse de passer pour un veuf, ce qui aurait durablement gêné ses rapports avec les Tricastins. Il se contente de bonnes fortunes auprès de quelques veuves en quête d’aventures. Le jeune Duc de Bourgogne employait mon fils à construire sa ville de Bruges et utilisait ma belle-fille à chauffer son lit. Nous n’en parlons jamais. La blessure est à vif, de même qu’une sorte de honte nous ronge dont nous sommes innocents. J’ai le cœur parfois si tordu de douleurs pour ma famille que j’en viens à me réjouir que Michel n’ait pas vécu assez pour constater tout cela.
Valériane entre en ma chambre avec un soupir. Elle aussi commence à vieillir. Veuve, de mon bon Louis…
— Allez dame Anne, il fait jour.
Je sais que je ne tarderai pas à percevoir le pas vif et résolu de Clara. Treize ans et déjà si mûre. Elle lit et écrit notre bon français et le latin. L’année dernière elle a décidé de se mettre au grec, matière dans laquelle elle excelle. Cette année, c’est l’astronomie qui la fascine. Un moine lui donne à domicile, en compagnie de Valériane qui la chaperonne, quelques éléments, mais tout cela ne va pas assez vite pour elle. Elle a obtenu de son père qu’il lui fasse venir de Paris une longue-vue… Ce n’est pas une soif de savoir, c’est une dévoration.
— Manne ! Elle est encore là !
Lorsque Clara est revenue de Bruges et même avant, si mes souvenirs sont exacts, elle avait de la difficulté à dire « Grand-Mère Anne ». La contraction lui fut naturelle… Manne ! Et c’est resté. Les maîtresses de son père sont connues de tous, mais la dernière s’ingénie à prendre de la place en cette maison… Elle y passe la nuit et se lève tard. Sa bonne arrive vers neuf heures et l’aide à s’habiller. Aujourd’hui elle est descendue à la cuisine pour faire la tisane de « Madame ». Ma mesnie n’aime pas les changements… alors les plaintes hier étaient à leur comble. Dès lors, je dois y mettre le holà. Mon fils oublie souvent qu’il est chez moi. Il est naturel qu’il pense hériter de cette maison, mais je ne suis pas morte que je sache.
— Je sais ma chérie et les choses vont s’arranger, j’en parle à ton père ce jour même.
Clara a toujours cette chevelure noire et bouclée qui s’échappe en tous sens autour de son visage à la peau diaphane et aux yeux si bleus. Dieu qu’elle est belle. Michel en aurait été fou ! Elle a attendu sa mère au jour le jour pendant un an. Puis son père a dû lui dire une vérité… il n’y en a jamais une seule… Et nous n’en avons plus parlé.
Rémy arrive de ses entrepôts avec la mine des bons jours. Une grosse affaire sans doute. Il embrasse sa fille sur le front et me lance un grand sourire. Il va falloir que je douche son allant.
— Bonsoir, mon fils.
Je le regarde s’installer à la table devant son couvert. Grand, mince, mais les épaules forcies par le travail de la pierre, il trimballe la mèche couleur de miel qui barrait le front de son père. Ses yeux devenus verts s’illuminent de traits pailletés. C’est un très bel homme. Je me lance.
— Rémy ta dernière conquête en fait un peu trop et devrait quitter cette maison avant le lever de ma domesticité. Au lieu de cela, elle fait venir la sienne ici pour se faire servir jusque presque dix heures. Qu’elle couche ici près de ta fille est déjà choquant, mais qu’elle s’installe dans ma maison ne me convient pas. Je te demande d’intervenir dans le bon sens.
La bouche béante, Rémy me regarde. Apparemment, il y a des choses qu’il ne soupçonnait pas, mais ne s’avoue pas vaincu. J’avais dûment chapitré Clara afin qu’elle n’ouvre pas la bouche, mais je tenais à ce qu’elle soit là puisque Rémy se soucie peu que nul n’ignore ses bonnes fortunes.
— Ce sont des détails ma mère, mais je m’arrangerai, je m’arrangerai.
Sa belle humeur est quelque peu gâchée… mais, ne récolte-t-on pas ce que l’on sème ?
Le lendemain me vit dans une colère noire. Non seulement cette donzelle avait couché là, mais revenant de ma chambre comme tous les matins, Clara l’avait surprise dans la sienne ! S’il y avait une chose dont Clara avait horreur, c’est que l’on viole son intimité, que l’on regarde ses livres et ses graphiques astronomiques. Rien ne devait être touché ! Elle hurla pendant que cette femme tentait de la calmer. Alertées par le bruit, Valériane et moi débarquâmes en plein drame. Toutes les deux, échevelées, prêtes au pugilat des meilleurs gladiateurs.
— Je tente de la raisonner. Son père…
— Elle fouillait mes tiroirs, Manne ! Est-ce que je vais fouiller ses poches moi ?
Catleen perdait pied. Sa chevelure écroulée lui