Edouard Glissant, l'éclat et l'obscur , livre ebook

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Au Diamant, face à la mer, Victor Anicet dit la signifiance de la tombe d’Édouard Glissant ; au morne Bezaudin, Josette Massolin se couche pour embrasser et bénir la terre où l’écrivain naquit. Le cercle de la vie et de la mort semble se clore, mais c’est seulement pour un instant. Car rien n’est vrai, tout est vivant, la mort n’est qu’une éclipse mensongère : l’œuvre vit intensément. Pour en témoigner, une centaine de critiques, d’intellectuels, de philosophes se sont réunis au campus de Schœlcher en mars 2018, autour du thème « Édouard Glissant : l’éclat et l’obscur ». Ce colloque international fut le premier jamais organisé en Martinique pour célébrer l’écrivain en sa terre natale. Toutes les disciplines furent représentées épousant l’esprit d’une œuvre qui ne s’est jamais confinée dans les ghettos académiques et génériques, mais s’est, dès l’origine, ouverte au monde et à la poésie, dans une admirable fusion. Les organisateurs du colloque, Dominique Aurélia, Jean-Pierre Sainton et Alexandre Leupin ont voulu, à travers ce volume, ancrer définitivement Edouard Glissant dans le sable ardent de son pays.

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Date de parution

05 novembre 2020

Nombre de lectures

8

EAN13

9791095177074

Langue

Français

Édouard Glissant, l’éclat et l’obscur
Sous la direction de Dominique Aurélia, Alexandre Leupin, Jean-pierre Sainton


| Collection Écrivains de la Caraïbe |
PHOTOGRAPHIE DE COUVERTURE L’Accouplement - Série Signes , 1970 (Grands projetés de l’histoire martiniquaise) Victor Anicet est peintre et céramiste de renommée internationale qui vit et travaille en Martinique. Ce qui ressort de son œuvre multiple est le tissage des signes qu’il utilise pour lier, délier, relier les paysages à la manière d’Édouard Glissant. Cette mémoire des signes fondée sur l’abîme qu’il recompose et restitue en strates polyphoniques, en récits orphelins constitue une matrice à partir de laquelle il élabore une écriture complexe de l’identité caribéenne.
Là où tout commence…
Sylvie GLISSANT
Directrice de l’Institut du Tout-Monde
De la « maison de la source » sur les hauteurs du morne de Bezaudin, lieu de sa naissance, Édouard Glissant descendit la Lézarde de « roche en roche » jusqu’à la cohée du Lamentin, delta ouvert à l’horizon du Tout-monde. Cette histoire, devenue mythologie personnelle, Édouard Glissant aimait à la raconter. Elle dessinait pour lui un itinéraire du lieu vers l’ailleurs. Aujourd’hui, c’est cet ailleurs et ce Tout-monde qui refont à nouveau le voyage et s’en reviennent au lieu de sa naissance, à la source de La Lézarde, là où, disait-il, « tout commence ».
Il est pour moi évident que ce colloque si bellement intitulé « L’éclat et l’obscur » est un commencement. Pour la première fois dans l’histoire et le parcours de son œuvre, des chercheurs du monde entier sont ici réunis dans ce « lieu » d’où il part, d’où il « parle » toujours et qu’il désigne comme « incontournable pour ce qu’on ne peut le remplacer, ni d’ailleurs en faire le tour [1] ». « Partez de l’ailleurs et remontez ici, où s’ouvrent votre maison et votre source » invoque-t-il dans le Traité du Tout-monde [2] . Sans doute ce premier retour est-il un signe annonciateur. Le lien organique de l’œuvre et du pays de Martinique se voit ici célébré, invoqué. Toute ma reconnaissance va à ceux qui ont imaginé, initié, concrétisé enfin ce retour de l’œuvre et de la pensée dans le paysage de son avènement.
Outre ces lecteurs du Tout-monde, passionnés et engagés dans l’étude du corps même de l’œuvre, sont ici présents ceux, de Martinique, qui l’ont accompagné dans sa vie, perpétuant aujourd’hui la discrète et non moins intense relation qu’ils entretenaient avec lui dans une secrète connivence. Amis des premiers jours, humbles veilleurs, compagnons de route et de dialogue, porteurs de sa poétique et de sa pensée, qu’ils soient ici remerciés de leur fidélité.
L’éclat et l’obscur ne sont pas des images ni des concepts antinomiques. Ils disent ensemble la lumière de l’opacité, les jaillissements des profondeurs, les beautés du chaos-monde, elles-mêmes échos des géographies souterraines où tout se relie. Ils disent ensemble ce qu’Édouard désignait comme des « liens profonds avec des forces que le poète ne peut pas lui-même imaginer ». Et il ajoute : « Ces enfouissements […], je les ai poursuivis dans la mangrove du Lamentin au centre du pays, avec Apocal, qui connaissait tout du lieu [3] . »
À votre tour, ici présents, d’être les passeurs de ce poème qui fut celui de toute son existence. Le poème, écrit-il dans Philosophie de la Relation , « en revient chaque fois à cela qui fut un épisode ou un besoin des presciences des humanités, et il renouvelle, avec les poètes les plus inattendus, dans leur nécessité de parole, ce cheminement qui a mené de l’obscur originel du chant à ses évidences tremblantes. Le tissu du poème est trouble, indiscernable, le poème va sa route par-dessous… […] Cet avant-jour, en gouffre, et inexplicable [4] . »
Mais la parole étant aussi source d’éclats, je sais que vos échanges permettront d’aller consulter ces obscurités qui se tiennent dans les failles du poème. « Ce qui fait la beauté du chaos-monde, de ce que j’appelle le chaos-monde aujourd’hui, c’est cette rencontre, ces éclats, ces éclatements dont nous n’avons pas encore réussi à saisir l’économie ni les principes » confiait-il dans L’imaginaire des langues [5] .
Il vous appartient en effet aujourd’hui de faire vivre cette œuvre et cette poétique comme nous essayons de le faire à l’Institut du Tout-Monde qu’Édouard avait imaginé comme un lieu de rencontres et de rassemblement – ce qu’il nommait un « lieu-commun ».
Je profite donc de l’occasion qui m’est offerte pour vous annoncer que de nouvelles initiatives sont désormais à l’œuvre. Parmi elles, la constitution au sein de l’Institut du Tout-Monde, du Centre international d’études Édouard Glissant (CIEEG), adossé à un comité scientifique international et qui contribuera à renouveler les approches critiques autour de cette œuvre.
Je nommerais également un ouvrage qui sera publié prochainement en coédition avec l’Institut du Tout-Monde à l’initiative de Loïc Céry, un ouvrage composé d’une étude herméneutique suivie d’une anthologie, où sera analysé et réuni l’ensemble des textes, critiques, poétiques ou romanesques qu’Édouard Glissant a consacrés à cette histoire qui relie les espaces des Amériques que l’étendue des mers éloigne, mais qu’un passé commun rapproche.
Loïc Céry (qui coordonne le Centre international d’études Édouard Glissant au sein de l’ITM) montre dans cet ouvrage en deux volets (Édouard Glissant, une traversée de l’esclavage) notamment comment Édouard Glissant renverse la perspective de la démarche historique habituelle, pour, dit-il, « renverser les gouffres » – le gouffre où ont été jetés des milliers d’êtres humains, qui est aussi le gouffre de notre connaissance, cet inconnu du passé où il nous faut descendre afin de pouvoir en remonter ; le gouffre, qu’aucune archive, qu’aucun mémorial, qu’aucune reconnaissance officielle – tous pourtant absolument nécessaires – ne sauraient jamais combler. Cette étude et cette anthologie nous montreront comment Édouard Glissant recourt au poème et à la poésie, face à cette béance, qui ne se comble certes pas, mais qui libère peu à peu l’imaginaire que la parole et l’écriture déploient, et met en œuvre une poétique qui devient ainsi mode d’exploration des traces de la mémoire disparue, en tente la reconstitution, instaure une nouvelle connaissance à partir de l’imaginaire pour approcher une histoire dont tant de traces et de stigmates subsistent encore aujourd’hui. Poétique qui conduit à cette « vision prophétique du passé » qui parcourt toute son œuvre, structure sa pensée, en est un élément essentiel, par là-même, une clé fondamentale ; une vision capable de révéler, de déceler cet enfoui en lui donnant une représentation dans le langage.
Relais de l’Histoire, la création poétique, dans une pratique « visionnaire » vise ainsi à dévoiler les non-dits, le « caché », « l’insu » du passé.
À de telles réalisations viennent s’ajouter d’autres initiatives qui se développent ailleurs. Je pense notamment au projet de traduction en anglais aux États-Unis de l’œuvre d’Édouard Glissant, dirigé par Alexandre Leupin ou encore à la bibliothèque numérique des études glissantiennes initiée par Raphaël Lauro (LOGS,) qui fit le premier inventaire des archives d’Édouard Glissant, lesquelles ont été préservées de la dispersion et déposées à la Bibliothèque Nationale de France, grâce au soutien et au profond attachement des amis d’Édouard Glissant, ces « veilleurs » toujours présents tels que Patrick Chamoiseau, François Vitrani, Edwy Plenel, Nicole Lapierre, Christiane Taubira, Greg Germain, Marie-Pierre Bousquet, Vincent Roger et aussi Florette et José Hayot, auxquels nous devons également d’avoir créé, ici en Martinique, « Les Foudres Édouard Glissant », un des premiers lieux d’art, d’expositions, de rencontres et de débats qu’Édouard avait été heureux d’inaugurer en 2009. Il savait alors qu’il assistait à l’émerge

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