À croc
227 pages
Français

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Description

En sept ans de vie commune, Isas pense tout connaître de l'homme qui partage ses jours.


Tout ? Non, Alexey lui a caché son plus grand secret : il n'est pas tout à fait humain. Alexey est un loup-garou et en Isas, il a trouvé son âme soeur.



Mais en l'espace de quelques heures, ses secrets et ce quotidien qu'Alexey entretient minutieusement vont brutalement s'effondrer.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 mars 2020
Nombre de lectures 5
EAN13 9791038100732
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Camille Jedel  
À croc
 




     
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Illustration de couverture ©   Moorbooks design
    Suivi éditorial  ©  Laura delizée
  Correction ©   Relis-Tes-Ratures

  
Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit est strictement interdite. Cela constituerait une violation de l'article 425 et suivants du Code pénal. 
ISBN : 9791038100732
Existe en format papier


Septembre


Chapitre 01
Lorsque des pieds froids se collèrent sournoisement à ses jambes et le tirèrent du sommeil, Alexey n’eut pas besoin de regarder son réveil pour connaître l’heure.
Cinq heures quarante. Ou tout proche.
Dans un grognement, son compagnon se glissa sous son bras pour se presser contre son torse. Assoupi, Isas embrassa sa poitrine et marmonna un « froid » à peine perceptible. Ce simple mot justifiait ce sketch qu’il répétait inlassablement chaque matin depuis sept ans.
Déposant un baiser sur son front, Alexey se détacha délicatement de son homme qui rouspéta et le menaça de rupture s’il ne revenait pas se coucher. Mais comme d’habitude, avant qu’il n’ait achevé sa plainte, Isas avait disparu sous l’épais édredon, happé par ses rêves.
Debout face au lit, un sourire aux lèvres, Alexey laissa la satisfaction lui réchauffer la poitrine. Il aimait regarder Isas dormir dans leur tanière, là où il était en sécurité et heureux.
Il y avait eu un avant et un après Isas.
Avant leur rencontre, le froid de sa maison le laissait indifférent. Les températures basses n’étaient pas un problème pour lui et Alexey gardait le chauffage juste assez élevé pour lutter contre la perpétuelle humidité de la région. À l’arrivée d’Isas, il n’avait pas fallu trois nuits pour que l’humain tombe malade, chose que son loup avait très mal supportée. Depuis, Alexey se levait chaque matin en avance pour couper du bois et remettre en route le poêle. Son amant devait être en bonne santé. C’était ainsi, une loi de sa nature.
Isas était son compagnon, sa famille. Si en tant que dominant, Alexey avait toujours été sensible au bien-être de la meute, il ne s’était pas attendu à cet instinct de protection démesuré. Son compagnon ne pouvait pas avoir mal ou être malade sans que ça le mette dans une rage folle ou entraîne une inquiétude disproportionnée.
Nu, insensible aux quinze degrés ambiants, il descendit les deux étages de leur maison. À peine eut-il ouvert la porte-fenêtre donnant sur le jardin que ses expirations se teintèrent de blanc. L’herbe gelée par le froid automnal craqua sous ses pieds, brisant les dernières minutes de silence de la nuit.
Le village encore endormi n’allait pas tarder à s’animer. Principalement habitée par une communauté de vignerons et de paysans, leur petite bourgade vivait avec la course du soleil. Si à vingt-et-une heures tout le monde était rentré et au lit, l’activité reprenait dès six heures.
Alors qu’Alexey abattait sa hache et fendait une bûche, deux yeux lumineux apparurent au fond de la cour. Personne, pas même un félin, n’était autorisé à entrer sur son territoire ! D’un grognement, il fit décamper le chat audacieux qui, dans la panique, manqua de rater son saut. Il se rattrapa in extremis et disparut derrière un des imposants murs de pierres qui séparaient le jardin de la ville, garantissant à Isas et Alexey une intimité essentielle.
Revenant à l’intérieur, les bûches sous le bras, Alexey s’accroupit devant le vieux poêle. Lorsqu’il ouvrit la porte du foyer maculée de suie, un papier tomba à ses pieds. Sur une des faces était inscrit : « Je ne sais pas ce qui me manque le plus : toi ou ta chaleur » . Et sur l’autre : « Toi » suivi d’un « Je t’aime » qui fit trembler son loup.
Si Alexey avait des difficultés à dire ces trois mots, les lâchant avec beaucoup de parcimonie, Isas n’avait pas cette retenue. Il les lui chuchotait tout le temps. Pendant l’amour, lors de certains silences qu’il jugeait trop longs ou encore quand il était simplement de bonne humeur. Pas un seul de ces « Je t’aime » n’avait été un mensonge. Depuis le temps, Alexey avait appris à décrypter les battements du cœur d’Isas, et il pouvait dire avec précision à partir de quel mot son compagnon prenait des libertés avec la réalité.
Une fois la flambée en route, Alexey remonta l’escalier en pierre qui menait au premier étage puis celui en bois pour rejoindre le deuxième. Machinalement, il se baissa pour caresser du bout des doigts un des loups qu’il avait gravé sur les contremarches. Dès qu’Isas avait enfin accepté d’emménager chez lui, Alexey avait lui-même entièrement refait et aménagé la vieille maison pour la transformer en tanière confortable et accueillante.
Convaincre son compagnon de vivre ensemble lui avait pris deux ans, presque autant de temps que pour le persuader d’arrêter le préservatif. Isas n’avait rien voulu savoir, rien lâché. « Pas de test, pas de sexe sans latex » , l’avait-il rabroué chaque fois qu’Alexey lui en avait fait la demande. Or, en tant que loup-garou, toute analyse de sang était impensable. À bout de nerfs, pris dans une guerre qu’Alexey savait impossible à gagner, il était allé trouver le seul médecin de la région au courant pour la meute. Il ne s’était jamais entendu avec le vieil homme à la retraite, et solliciter un service avait été un très mauvais moment à passer. Avec ce sourire en coin qu’Alexey avait redouté, l’ex-praticien lui avait fait un faux, validant qu’il n’était porteur d’aucune maladie sexuellement transmissible.
Les souvenirs s’évanouirent au moment où il entra dans leur chambre. Il s’assit sur le fauteuil proche du lit, étira ses jambes pour que ses pieds reposent sur le bord du matelas et regarda Isas dormir. Il ne se lassait pas de cette activité. Il adorait se perdre dans ses pensées, bercé par le rythme lent et profond du souffle de son amant.
Il avait eu de la chance de le rencontrer. Beaucoup de chance. Peu de loups trouvaient leur compagnon, encore moins un compagnon humain.
Jusqu’à ce qu’il plonge dans le bleu des yeux d’Isas, il s’était toujours dit que cet idéal familial n’était pas pour lui. Il n’y avait eu aucune nostalgie ou amertume dans cette pensée, juste un fait. Il ne s’attachait pas aux femmes et aux hommes qui partageaient son lit. Il couchait avec, les protégeait, mais ça s’arrêtait là. Avec eux, à aucun moment il n’avait été traversé par cette passion qui l’avait instantanément étreint avec Isas.
Dès qu’Alexey l’avait vu, dès la première seconde où son compagnon avait franchi la porte du bar, il avait su. Cet homme n’était pas juste un homme, mais son homme. La possessivité de son loup lui avait coupé le souffle. Si, depuis sa transformation, Alexey avait toujours vécu en ayant conscience de partager son existence avec un esprit animal, ça avait été la première fois qu’il avait perçu son loup avec autant de netteté. Sa peau s’était furieusement mise à le démanger, l’âme avec qui il partageait son corps s’éveillant au contact de celui qui leur était destiné. Et alors que leur rencontre l’avait mis dans tous ses états, Isas, lui, s’était contenté d’un rapide coup d’œil et d’un vague salut, avant de magnifiquement l’ignorer. Son compagnon, comme il l’apprit très vite, était rarement de son avis et ne faisait rien comme il l’espérait.
Ami avec certaines personnes de son groupe, Isas s’était naturellement assis à leur table et avait discuté avec tout le monde sauf lui. Quand, exaspéré et rongé par une jalousie encore jamais éprouvée, Alexey lui avait demandé pourquoi, Isas l’avait regardé de haut en bas, avant de lui dire avec franchise :
— Je ne parle pas aux connards qui croient en la suprématie de la virilité. Je suis gay. J’aime les queues et je ne pense pas que ça fasse de moi un sous-homme. Ça te pose un problème ?
Et ça avait commencé comme ça. Un silence autour de la table, puis des rires et des « Bonne chance ! » de la part de ses amis. Son compagnon était… un fervent croyant de l’égalité. Il avait fait de cette pensée un combat qu’Alexey comprenait à moitié. Ce qu’il jugeait normal ou « pas si grave » était, pour Isas, un motif de débat. Toutes les causes y passaient : la justice sociale, l’équité salariale, l’intégration de tout ce qui pouvait être intégré, l’école, l’instrumentalisation du corps de la femme… Et il en oubliait tellement.
Quand la masse informe bougea sur le lit, son attention se porta sur le pied qui venait de sortir de sous la couette. Un pied fin et attirant qui retourna, tout aussi vite qu’il était apparu, à l’abri du froid.
— Fahim…
À l’entente du prénom chuchoté, il sentit son loup jusqu’ici à moitié endormi se redresser d’un bond, les babines retroussées.
Aucun nom d’homme autre que le sien n’était autorisé entre ses lèvres. Isas était à lui. Rien qu’à lui !
Toute personne qui se mettrait entre son compagnon et lui était un futur cadavre.
— Qui est Fahim ? demanda Alexey, la voix grave, marquée par la dangereuse présence de son loup.
Son amant lutta pour sortir de la couette et, les cheveux électrisés par les draps et le visage marqué par le sommeil, le regarda un long moment. Un sourire serein étira ses lèvres puis il referma paresseusement les yeux.
— Isas, qui est Fahim ? insista Alexey avec un calme froid, empêchant son compagnon de se rendormir.
À présent debout, il le surplombait de sa hauteur, prêt à le secouer si c’était nécessaire.
— Notre premier enfant…, lâcha enfin sa moitié avec une tranquillité déconcertante.
— Tu veux qu’on appelle notre enfant Fahim ?
— Oui. Tu es russe, je suis nippo-américain, il faut un prénom qui n’ait rien à voir avec nos origines.
— Tu veux avoir des enfants avec moi ?
La gorge nouée par l’émotion, Alexey eut du mal à prononcer cette phrase. Au moins pour la dixièm

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