L'épervier de l'aspre , livre ebook

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Dans un coin perdu des Cévennes vit un berger, Téhaut. Comme un ermite, il habite dans une cahute avec son chien, se nourrit du lait de ses brebis, des légumes de son jardin, du gibier qu’il braconne et il a aussi quelques connaissances chamaniques.
Jérôme, un trader vit à Paris dans le fracas de la ville, son seul but est de gagner de l’argent, toujours plus d’argent pour afficher sa réussite.
Comment ces deux antipodes feraient-ils pour se rencontrer, comment ces pile-face pourraient-ils se parler, comment ces deux planètes séparées par des années-lumière arriveraient-elles à se comprendre.
Et pourtant le hasard fait son œuvre. Téhaut dans sa cahute explique à Jérôme :
Tu vois petit oiseau de la ville, Vous autres, vous croyez qu’un arbre c’est un morceau de bois. Mais non ! Un arbre ça vit, un arbre ça a du sang, un arbre c’est heureux, il frétille à la pluie, il souffre quand il fait trop sec, il cherche son eau dans le ventre de la terre, parce que la terre, elle a plein de sang dans ses veines, elle est pleine de chaleur là-dessous, elle a un cœur la terre.
Non ! Jérôme ne sera plus jamais comme avant, surtout, depuis que Téhaut lui a appris à voler dans l’esprit de l’épervier.
À son retour à Paris il n’a plus qu’une seule chose en tête : retrouver les Cévennes et tout ce monde un peu fou que lui a fait découvrir Téhaut. Mais saura-t-il trouver le bon chemin dans son esprit. Lui qui ne vivait que pour l’argent et par l’argent les questions s’entrechoquent dans sa tête se mêlent, s’enroulent, et tournent comme un manège qui s’emballe.
L’homme est-il une exception de la nature ou une erreur ? Quel chemin va-t-il prendre ? Saura-t-il marcher sur la bonne sente devant la multitude des routes qui lui sont offertes.
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Publié par

Date de parution

01 juin 2018

Nombre de lectures

3

EAN13

9782312058931

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

L’épervier de l’aspre
Richard Wild
L’épervier de l’aspre
La roue
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur

Le dernier amour (Édition du net)
Mémoires d’un dyslexique (Édition du net)
Le square (Édition du net)
L’amour la femme la vie (Édition du net)
Le coq
La fuite
© Les Éditions du Net, 2018
ISBN : 978-2-312-05893-1
1
Vendredi 4 h du matin Cévennes
Là où les étoiles ne sont jamais ternies par les lumières des grandes villes ; là où la lumière se fait douce et mystique ; dans ce pays qui donne asile aux pauvres et aux persécutés ; sur cette terre âpre qui a nourri les hommes depuis l’aube de l’humanité ; là où la nature aujourd’hui reprend ses droits ; sur ses collines hérissées de pins ; aux pieds des montagnes ; sur la hanche de l’Aigoual . Téhaut s’est réveillé. Il est quatre heures ! C’est sa mauvaise heure, c’est l’heure où il redevient homme de béton et laisse sa réflexion de bête au placard. À l’heure où les sorcières achèvent leurs tâches, où la chouette apeurée par le silence de la colline rentre, repue, dans son trou d’arbre. Les vieux démons de Téhaut entament une danse macabre. Il a écarté les cendres, ravivé les braises, rallumé un feu avec des branchages. Le réveil sur le rebord de la cheminée, bien dodu avec sa grosse cloche tressaute à la cadence de sa trotteuse, c’est lui qui le ramène tous les matins au même cauchemar, à Montpellier lorsqu’il était enfoui sous les dossiers poussiéreux de l’étude de notaire où il était employé comme clerc.
Téhaut est assis le dos au feu, il regarde par la fenêtre aux petits carreaux la nuit broyée par le noir. Elle est lourde, épaisse, poisseuse. De l’autre côté au-dessus du lit, au travers de la lucarne, la falaise blanche qui monte tout en se tortillant au mont de l’aspre trace un cheminement blafard dans l’encre de la nuit. Pas de lune, pas d’étoiles.
Il a mal, Téhaut, mal de vivre. Un serpent circule dans ses entrailles, un essaim de mouches noires bourdonnent dans sa tête. Le souvenir est comme une lame qui fouille son poitrail, s’enfonce, cherche son cœur. Le mauvais film de sa vie passe et repasse sans cesse. Il se souvient : Clara ! Sa peau de soie, son sourire arc-en-ciel, ses yeux d’eau, son cou de miel, ses cheveux aux odeurs de colline heureuse, son amour sans ombre et sa soif de vie. Il se souvient du camion fou qui, un matin l’avait fauchée, écrasée, arrachée à la vie et puis de l’hôpital, la salle d’attente froide, le banc où il s’était écroulé et du docteur, de ces mots brefs, hachés : il n’y a plus rien à faire Monsieur Guivas, nous avons fait le maximum, son encéphalogramme est plat. Des mots sans âme, sans chaleur, des mots qui ne signifient rien, que l’esprit n’admet pas, que le cœur ne comprend pas, que l’âme tout entière en torsion, refuse. Puis ce fut le puits noir sans fin où il avait sombré. Viens ensuite au réveil le temps de la révolte, de la colère et de la haine de la vie. Elle portait en son sein son enfant de trois mois, Clara !
Alors, après avoir pleuré, après avoir crié, après avoir hurlé, à bout de souffle, au bout de rien, à bout de tout, il avait rayé sa vie. Il avait tout vendu : meubles, voiture, appartement et remercié l’étude de notaire.
Il est cinq heures le réveil a cliqué, à la même heure où il avait sonné pour la dernière fois il y a trente ans. Il était cinq heures comme maintenant, c’était le vingt-six février comme aujourd’hui, c’était une nuit sale, comme cette nuit. Dans l’appartement vide, il avait dormi sur le sol froid dans son duvet, puis son sac sur le dos et, la porte claquée, il avait fui. Fui le souvenir de la ville, l’étude du notaire, il était allé droit devant, au nord. D’abord il avait couru pour semer le malheur, puis il avait marché à grands pas pour fuir le souvenir, enfin il s’était calmé dans la campagne. Alors, passé les plaines il avait erré dans les collines, il avait dessiné des ronds, des lacets, des huit, couché dans des granges abandonnées, des gîtes et des hôtels, au hasard de son errance. À chaque pas, à chaque goutte de sueur, sur chaque sentier escarpé qu’il avalait, il croyait laisser une brindille de sa détresse.
Six heures moins le quart, plus qu’une heure et ses vieux démons le quitteront, il le sait, Téhaut, occupé ou pas ils sont là, les démons, ils le rongent, lui embrouillent les mains. Il répare une nasse à anguilles qu’il mettra dans le vallon de la Mascle, il le fait juste pour faire marcher les mains, chasser les souvenirs. Mais rien n’y fait, ils sont là, les souviens-toi, ancrés au fond de son estomac par une lourde pierre. Alors il se rassoit et se laisse aller.
Il se revoit le jour où il est arrivé chez sa sœur dans le village où il est né, encaissé dans la vallée au pied de l’aspre. Sa sœur, Téhaut la connaissait trop bien, elle ne s’était jamais mariée, elle n’avait pas trouvé chaussure à son pied, évidemment elle avait de grands pieds, et surtout, ils écrasaient souvent ceux des autres. C’était comme on dit dans le coin una ronchousée, c’est pareil qu’une casse-bonbons, elle en avait toujours après quelqu’un ou après quelque chose. Téhaut était passé par là juste pour un bonjour, juste pour un repas dans la maison de son enfance, un souvenir bienfaisant, un moment de quiétude et il était resté six mois. C’est vrai qu’elle avait fait fort Amandine , Elle avait rempoté sa hargne en voyant son frère qui se noyait, elle avait rempoché ses reproches et l’avait soigné avec des mots simples, doux, tendres comme l’herbe des matins de printemps. Puis , au fur et à mesure que Téhaut reprenait vie, le naturel d’Amandine reprenait le dessus.
Téhaut montait trois fois par semaine à l’Aspre, il s’était lié d’amitié avec un vieux berger qui habitait en haut sous la falaise avec ses cinquante moutons et ses brebis. C’est lui Joseph, qui lui avait tout appris, Il lui avait appris à lire le ciel, à trouver les sources, à flairer les pistes des animaux, à placer les pièges, il lui avait montré une à une toutes les plantes sauvages, celles qui se mangent, celles qui soignent et il lui avait aussi appris à voler dans l’esprit de l’épervier.
Alors lorsque la vie en bas était devenue impossible avec sa sœur, il était monté vivre à l’Aspre, et sa sœur était partie habiter à Florac, elle ne supportait plus le petit village. En haut c’était ses terres, il en avait de partout des terres, et il ne savait même pas où. C’était l’héritage que son père, un immigré Italien lui avait légué. A Téhaut les terres, à Amandine la petite maison du village. Pas un cadeau ces terres, des cailloux, des ravins, des éboulis de pierres, quelques bois et le domaine de l’Aspre avec ses pâturages au sud et à l’ubac de la baisse de Cros. Il n’avait jamais dit à Joseph, qu’il était le propriétaire. Pourtant, il arrivait souvent que le Joseph vînt à lui dire, moitié en parlant auvergnat, moitié en français : si l’autre me demande des pièces, moi je lui donne le troupeau et je m’en vais. Au bout de deux années c’est Joseph qui était parti sous terre et Téhaut avait hérité des moutons et des brebis. Téhaut avait fait toutes les démarches pour qu’il soit enterré là-haut à la baisse de Cros, là où Joseph avait murmuré au vent, là où il avait fait rêver les collines, là où il cueillait le ciel, où il jouait à déplacer les étoiles, là où la lune lui souriait.
Six heures et demie, c’est le dernier regard sur le triste réveil, après c’est la branche du noisetier qui jette son ombre sur le seuil de la porte, les chants des oiseaux, les cris des animaux, la chaleur de la pierre qui lui diront l’heure. Le ciel est remonté au-dessus des collines, il est plat, il est gris et sale, Entre deux collines à l’Est le jour s’annonce. Un halo de lueur blafarde perce les nuages, c’est l’aube, c’est la fin des pensées croupies, le mal s’affaisse, encore dix minutes et il retournera à son mal jusqu’à demain.
Téhaut prend son seau à lait, un oignon qui traîne sur la table, c’est son petit-déjeuner, dans la journée pour tromper la faim il mâchonne des cébettes. Il est sur l’ai

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