La Fanfarlo
20 pages
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Description

Samuel Cramer, dandy et poète maudit, croise un jour Madame de Cosmelly, un de ses premiers amours devenu la femme d’un homme riche. Madame de Cosmelly demande à Samuel de l’aider à certifier l’infidélité de son mari en séduisant la femme qu’il entretient : la Fanfarlo. Pensant plaire à nouveau à Madame de Cosmelly, Samuel s’exécute. Commence alors un quatuor amoureux vertigineux. Mais qui va pouvoir en sortir indemne ?


Poète célèbre à travers le monde pour ses Fleurs du mal, Charles Baudelaire (1821-1867) signe avec La Fanfarlo sa seule nouvelle, à l’âge de 24 ans. Premier écrit d’un futur mythe littéraire, La Fanfarlo marque, au-delà de ses dimensions morales et esthétiques, par sa proximité avec la vie de Baudelaire.

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791027804856
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CHARLES BAUDELAIRE
LA FANFARLO
édition préfacée par Pierre Dumayet
Collection “Les Inattendus” Le Castor Astral
PRÉFACE
Lisons cette nouvelle comme nous lirions un scénario des années 1960 : dans la colonne de gauche, les indications pour la mise en scène et les comportements ; dans la colonne de droite, les dialogues. Souvent, dès les premières pages, on trouvait la liste des personnages et des caractères. Samuel Cramer. « Produit contradictoire d’un blême Allemand et d’une brune Chilienne. » « C’est à la fois un grand fainéant, un ambitieux triste, et un illustre malheureux. » Quand un livre lui plaît : « Voilà qui est assez beau pour être de moi ! » Bref, de tous les écrivains qui écrivent peu, il est le plus talentueux. Cramer est, par conséquent, un homme d’aujourd’hui, mi-Hamlet, mi-Homais, « comédien par tempérament ». (Rappelons la phrase de Flaubert concernant Homais : « Il ne pouvait, par tempérament, se séparer des gens célèbres. ») Madame de Cosmelly. Cramer l’a connue à Lyon lorsqu’ils étaient jeunes l’un et l’autre, et, partant, du même âge. Le roman, la nouvelle plutôt, qu’ils ont vécue ensemble, émeut Cramer. Il lui donne un recueil de poèmes, Les Orfraies, qu’il est certain d’avoir écrit lui-mëme. Les Orfraies n’enchante pas Madame de Cosmelly. Les reproches qu’elle lui fait permettent à Cramer de se lancer dans un sermon en faveur du malheur des hommes. Le malheur des femmes est un sujet que Madame de Cosmelly connaît bien : son mari, riche et rentier, entretient une danseuse – la Fanfarlode tout son cœur. Cramer a une idée : pour mériter Madame de Cosmelly, il s’engage à devenir l’amant de la Fanfarlo. Il libérera ainsi Monsieur de Cosmelly des liens impurs qui le retiennent hors de chez lui. Mais comment devenir l’amant de la Fanfarlo? Cramer a une plume. Il va voir la Fanfarlo sur scène et l’éreinter, chaque semaine, bien qu’il la trouve merveilleuse. Cramer agace la Fanfarlo qui, futée, devine qu’une si grande méchanceté cache probablement une grande douceur. « Vous avez quelque chose à me demander, n’est-ce pas ? » dit-elle à Samuel Cramer, lorsqu’il vient la voir de près pour la première fois. « C’est que je vous adore », répond Cramer. Et voilà Samuel Cramer amoureux pour de bon. « Il fut peut-être singulier, mais à coup sûr cette fois il ne fut pas ridicule. » Phrase que Baudelaire fait suivre de celle-ci, beaucoup plus mystérieuse : « Dans sa joie il avait presque oublié de prévenir Madame de Cosmelly de son succès (…) » Que signifie : « Presque » ? Qu’est-ce que « Presque oublier » ? Samuel et la Fanfarlo ont les mêmes goûts. Ils aiment les appartements grands comme la main, les vins lourds, chaleureux, les sauces riches en épices, les truffes enfin. Ce sont là des pages qui annoncent À rebours.Je vois mal Madame de Cosmelly partager leurs goûts. L’une des scènes les plus parlantes de ce film imaginaire nous montre la Fanfarlo apparaissant nue pour la première fois. Samuel admire, puis, brusquement, réclame : il veut la voir en Colombine, telle qu’il l’a vue sur scène. Comme il est trois heures du matin, l’habilleuse rechigne, mais finit par obéir. Et Samuel ordonne : « N’oubliez pas le rouge ! » Cet éloge du maquillage nous renvoie à Madame de Cosmelly. Lorsqu’elle nous raconte son malheur, quelques pages en amont, elle avoue s’être habillée comme une fille, pour parader devant son mari : « J’ai mis du rouge, Monsieur, j’ai mis du rouge ! », dit-elle à Samuel Cramer. « Le Rouge » serait donc une sorte d’atout que les quatre joueurs en cause auraient connu. Dans un cas, l’atout flamboie ; dans l’autre, il fait flanelle. C’est ainsi que Madame de Cosmelly est « évoquée », « presque » évoquée, par l’amour de Samuel pour la Fanfarlo. Cet amour fait du bruit, beaucoup de bruit. Si bien que Madame de Cosmelly est en droit de dire à son mari qu’elle est, sincèrement, désolée d’apprendre sa mésaventure.
Le mari ne dit rien, va faire un tour. C’est peut-être pendant qu’il se promène que Madame de Cosmelly écrit une lettre à Samuel, le remerciant de ses bons offices et lui disant adieu. La lettre arrive. La Fanfarlo la remet à Samuel, qui est bien obligé de bredouiller quelques mots. La Fanfarlo veut voir la lettre : « Qu ‘est-ce que c’est que ça ? – Ah ! rien, fit Samuel. Une lettre d’une honnête femme à qui j’avais promis d’être aimé de toi. – Tu me le payeras », dit-elle entre ses dents. Comment se paiera-t-elle ? Lisez la Fanfarlo… Baudelaire nous laisse libres d’imaginer les tortures que Cramer va subir. Baudelaire ne nous dit rien des amours retrouvées de Madame de Cosmelly. Une phrase de la lettre adressée à Samuel peut nous aider : « Je reprends mon mari de vos mains, et je l’emporte ce soir à notre terre de C., où je vais retrouver la santé et la vie que je vous dois. » Avec ou sans « rouge » ? Pierre DUMAYET
AVERTISSEMENT
Cette nouvelle, écrite dès 1845, est considérée (après une quinzaine de poèmes à paraître plus tard dansles Fleurs du Malet divers écrits critiques) comme la première véritable œuvre de création de Charles Baudelaire, avec la nouvelleLe Jeune Enchanteur, parue dansL’Esprit publicen février 1846. La Fanfarloa paru pour la première fois le 1er janvier 1847, dans leBulletin de la Société des Gens de Lettres.Elle y était signée Charles Defayis. La Fanfarlo fut à nouveau publiée en 1849, cette fois sous la signature de Charles Baudelaire, dansLes Veillées littéraires illustrées. Cette nouvelle revêt un indiscutable intérêt autobiographique, Baudelaire précisant même à son sujet : « Je n’ai eu d’autre besogne que de changer les noms et d’accentuer les détails. »
LA FANFARLO dixième titre de la collection “les Inattendus” est le cent soixante-douzième ouvrage publié par Le Castor Astral. Couverture : Portrait gravé de Charles Baudelaire paru dans l’édition 1924 desFleurs du Mal(Calmann-Lévy, éditeurs). ISBN 979-10-27804-85-6
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