Viridiana
231 pages
Français

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Description

Viridiana est une jeune nonne idéaliste qui, juste avant de prononcer ses derniers voeux, se trouve forcée d'aller rentre visite à son riche oncle Don Jaime qui aurait dépensé sans compter pour lui assurer son éducation. Ce dernier, qu'elle a toujours considéré comme un homme sans vergogne, l'invite à sa grande surprise dans sa demeure où sa piété sera mise à l'épreuve...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mai 2014
Nombre de lectures 24
EAN13 9791022001625
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

VIRIDIANA
Scénario : Luis Buñuel, Julio Alejandro Réalisation : Luis Buñuel D'après le roman de Benito Pérez Galdós
© Presses Électroniques de France, 2014
1. EXTÉRIEUR CLOÎTRE D’UN COUVENT. JOUR.
Les notes de Haendel ouvrent le film et accompagnent le déroulement des cartons du générique. Puis la musique se tait tandis qu’apparaît la première image.
Plan général de la cour et du cloître, puis panoramique jusqu’au groupe de religieuses où se trouve Viridiana.
La cour et le cloître d’un couvent. Un groupe de garçonnets, en rangs par deux comme des écoliers, traverse la cour, conduit par des religieuses. D’autres religieuses vont et viennent dans la cour, ou le long du cloître, où nous voyons aussi passer un prêtre. Dans un coin de la cour, un groupe de religieuses bavardent. Une autre s’avance vers elles. C’est la mère Supérieure. La caméra l’accompagne.
LA SUPÉRIEURE
Sœur Viridiana !
Une jeune religieuse se détache du groupe et vient vers la Supérieure : Viridiana. Elle s’incline.
VIRIDIANA Ma mère ?...
LA SUPÉRIEURE Je viens de recevoir une lettre de votre oncle. Il ne pourra assister à la prononciation de vos vœux.
VIRIDIANA (Indifférente) Très bien, ma mère.
La Supérieure s’étonne de ce manque d’intérêt.
LA SUPÉRIEURE
Vous ne semblez pas en être très affectée.
Toutes deux se sont mises à marcher le long du cloître. La caméra les précède en travelling arrière.
VIRIDIANA Je le connais à peine. Je ne l’ai vu qu’une fois, il y a des années. Je ne me souviens même plus de lui.
LA SUPÉRIEURE
En tout cas maintenant il vous invite chez lui.
VIRIDIANA Je ne veux pas quitter le couvent, ma mère.
Elle a répondu avec la certitude d’être approuvée.
LA SUPÉRIEURE Je crains que sa santé ne soit pas bonne. C’est votre seul parent et vous devriez lui faire vos adieux avant de prononcer vos vœux. Vous ne le reverrez sûrement jamais plus.
VIRIDIANA Mais pourquoi veut-il me voir ? Il ne s’est jamais occupé de moi.
LA SUPÉRIEURE Il a payé vos études, votre entretien, et il vient même d’envoyer votre dot. Cela vous semble-t-il peu ?
Viridiana, contrariée, semble réfléchir. Elles reprennent leur marche.
VIRIDIANA Je souhaiterais ne pas revoir le monde, mais si vous me l’ordonnez...
LA SUPÉRIEURE Il reste peu de temps avant le commencement de la retraite. Vous pouvez donc partir dès demain matin.
Elles s’arrêtent et se font face à nouveau. Viridiana regarde la Supérieure d’un air désolé.
LA SUPÉRIEURE Tout est prêt dans votre cellule pour le voyage. Allez vous préparer. Essayez de lui montrer un peu d’affection.
Elle lui sourit une dernière fois et s’en va. Viridiana, l’air préoccupé, la regarde s’éloigner.
Fermeture en fondu. Ouverture en fondu sur :
2. EXTÉRIEUR PARC PROPRIÉTÉ. JOUR.
Plan rapproché. Les jambes graciles et sales de la petite Rita, qui saute à la corde. Elles avancent, reculent, s’ouvrent et se ferment comme un compas. Rita se soutient tantôt sur la pointe d’un de ses pieds nus, tantôt sur l’autre. Tout près, derrière elle, on voit passer des jambes d’homme. Au fur et à mesure qu’elles s’éloignent apparaissent le buste, puis le visage de Don Jaime. Ses yeux suivent le mouvement des jambes de la fillette.
3.
Plan rapprochéde la tête décoiffée de la fillette, essoufflée, les yeux brillants et les lèvres humides. Elle se mord la lèvre inférieure, révélant ainsi à quel point l’effort tend ses muscles. Don Jaime s’approche d’elle. Nous entendons le bruit d’une voiture à cheval qui s’arrête à proximité. Rita cesse de sauter et regarde vers la voiture.
DON JAIME C’est assez pour aujourd’hui, Rita. Elle te plaît, la corde que je t’ai offerte ?
RITA On peut mieux sauter parce qu’elle a des poignées.
DON JAIME Allez, va jouer.
La fillette abandonne sa corde à Don Jaime, qui l’accroche à un clou fixé au tronc d’un grand arbre qui les couvre de son ombre. Don Jaime se préoccupe alors de la voiture et se dirige vers elle. Viridiana est en train d’en descendre. Le cocher sort sa petite valise. Ramona apparaît alors au dehors et se dirige vers l’arrivante. Rita s’approche aussi de la voiture.
RITA Bonjour.
VIRIDIANA Ça va ?
RAMONA Soyez la bienvenue, Mademoiselle. Je suis Ramona, la servante de Don Jaime.
VIRIDIANA Ah ! Très heureuse.
DON JAIME Viridiana !
Don Jaime arrive maintenant. La jeune fille s’excuse auprès de Ramona et vient au-devant de son oncle. Ils se considèrent tous deux curieusement. Mais si l’expression de la novice est celle qui est naturelle dans une telle circonstance, on se rend compte que Don Jaime montre un intérêt plus vif.
VIRIDIANA Oui, mon oncle. Comment allez-vous ?
DON JAIME Bien, bien. L’autocar a eu du retard, n’est-ce pas ? Comment a été le voyage ?
VIRIDIANA Excellent. Quel endroit charmant et calme, mon oncle !
DON JAIME Tu vas te croire encore au couvent.
En dépit du manque total de cordialité et de chaleur qu’a eu de part et d’autre la rencontre, le visage de Don Jaime laisse voir maintenant le grand intérêt que sa nièce a éveillé en lui.
4. EXTÉRIEUR PARC. JOUR.
Plan rapproché.Travelling. La caméra cadre les jambes de Don Jaime et de Viridiana qui avancent côte à côte. Leur démarche s’interrompt parfois de brefs arrêts comme en ont les gens qui bavardent en marchant. Nous n’entendons d’abord que les voix, puis la caméra nous découvrira entièrement les deux personnages. Le ton de la conversation est normal, si ce n’est que la voix de Don Jaime révèle un intérêt évident. Celle de la jeune fille est plus indifférente.
DON JAIME Combien de temps vas-tu rester ?
VIRIDIANA Très peu, mon oncle. Je n’ai droit qu’à quelques jours.
DON JAIME Cela t’a-t-il été difficile de l’obtenir ?
VIRIDIANA Non, je suis venue sur l’ordre de la Supérieure.
Don Jaime s’arrête.
DON JAIME (Assombri) Il t’intéressait donc si peu de me voir ?
VIRIDIANA (Souriante, sincère) À dire vrai pas beaucoup. Je ne sais pas mentir. J’ai pour vous du respect et de la reconnaissance parce que matériellement je vous dois tout, mais pour le reste…
DON JAIME (Tristement) ... Aucune affection...
VIRIDIANA Aucune.
Ils reprennent leur marche. La franchise de la jeune fille le surprend et lui plaît à la fois.
DON JAIME Tu as raison. La solitude m’a rendu égoïste. Maintenant je regrette que nous ne nous soyons pas vus davantage. Il est trop tard, n’est-ce pas ?
Elle fait un geste de résignation, d’indifférence.
VIRIDIANA Oui. Il est trop tard.
Ils passent maintenant sous un grand arbre dont les branches et le tronc dominent les deux étages de la maison. Plus loin, on distingue les champs de la propriété, abandonnés et en friche. Plan rapproché de Viridiana.
VIRIDIANA Mon oncle, vous avez beaucoup négligé les champs.
DON JAIME Cela fait vingt ans que les herbes ont tout envahi. Dans la maison, sauf au premier
étage, les araignées pullulent. Je sors très rarement.
On entend une voix d’enfant qui provient de la partie la plus touffue de l’arbre.
VOIX DE RITA
C’est vrai. Et quand il sort il me fait sauter...
Étonnée, Viridiana regarde vers le haut des branches. Entre les feuilles apparaît la tête de la fillette.
DON JAIME Viens ici, mon petit chien !
VIRIDIANA Qui est-ce ?
DON JAIME La fille de Ramona, ma domestique. C’est une sauvageonne.
VIRIDIANA Viens !
La fillette disparaît à nouveau au milieu des feuilles. Viridiana continue de marcher en s’éloignant à quelques pas de son oncle.
DON JAIME Comme tu ressembles à ta tante !... jusqu’à la démarche !
VIRIDIANA Je le sais, mon oncle, vous me l’avez déjà dit.
DON JAIME Tu vois ? Même la voix !
Ils se remettent à marcher sous les futaies de la propriété.
5. INTÉRIEUR SALON. NUIT.
Plan rapproché. Les pieds de on Jaime actionnent lentement les pédales d’un harmonium. Puis ses mains jouent sur le clavier. Il joue un morceau de musique classique.
6. INTÉRIEUR CHAMBRE DE DONA ELVIRA. NUIT.
Planmoyen. Viridiana est en train de se déshabiller. Elle ôte sa robe puis s’assied sur le bord du lit pour retirer ses bas noirs. Ses jambes, d’une blancheur et d’une forme parfaites, apparaissent en pleine lumière.
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