Les mises en scène de la visite guidée
277 pages
Français

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Les mises en scène de la visite guidée , livre ebook

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Description

Quel rôle spécifique jouent les guides pour faire vivre les lieux culturels ? Quelle place prennent-ils dans un dispositif plus global d'accompagnement ? Au-delà des pratiques de visite, cet ouvrage s'intéresse au rôle de la narration dans le partage des connaissances et dans le problème anthropologique et culturel de la construction des identités culturelles. Une des spécificités du récit "incarné" de la visite guidée n'est-elle pas la prise en compte du visiteur dans le discours du guide, le partage émotionnel et la rencontre dans la construction d'un "monde commun" où l'interprétation des lieux se construit à plusieurs ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2005
Nombre de lectures 218
EAN13 9782336280400
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Communication et Civilisation
Collection dirigée par Nicolas Pelissier
La collection Communication et Civilisation, créée en septembre 1996, s’est donné un double objectif. D’une part, promouvoir des recherches originales menées sur l’information et la communication en France, en publiant notamment les travaux de jeunes chercheurs dont les découvertes gagnent à connaître une diffusion plus large. D’autre part, valoriser les études portant sur l’internationalisation de la communication et ses interactions avec les cultures locales.
Information et communication sont ici envisagées dans leur acception la plus large, celle qui motive le statut d’interdiscipline des sciences qui les étudient. Que l’on se réfère à l’anthropologie, aux technosciences, à la philosophie ou à l’histoire, il s’agit de révéler la très grande diversité de l’approche communicationnelle des phénomènes humains.
Cependant, ni l’information, ni la communication ne doivent être envisagées comme des objets autonomes et autosuffisants.
Déjà parus
Philippe MAAREK, La communication politique française après le tournant de 2002, 2004.
Mélusine HARLÉ, École et télévision : le choc des cultures. Réalité, mythe, imaginaire, 2004.
Stéphane OLIVESI, Questions de méthode : Une critique de la connaissance pour les sciences de la communication, 2004.
Jean-Paul METZGER (dir.), Partage des savoirs. Logiques, contraintes et crises, 2004.
Jean-Paul METZGER (dir.), Médiation et représentation des savoirs , 2004.
Serge AGOSTINELLI, Les nouveaux outils de communication des savoirs, 2003.
Michael PALMER, Quels mots pour le dire ?, 2003.
Anne LAFFANOUR (dir.), Territoires de musiques et cultures urbaines, 2003.
Pascal LARDELLIER, Théorie du lien rituel, 2003
Sylvie DEBRAS, Lectrices au quotidien. Femmes et presse guotidienne : la dissension, 2003
Arnaud MERCIER (coord.), Vers un espace public européen ?, 2003.
Les mises en scène de la visite guidée
Communication et médiation

Michèle Gellereau
© L’Harmattan, 2005
9782747580298
EAN : 9782747580298
Mes remerciements les plus vifs :

à tous les conservateurs, directeurs de musées, responsables de structures ou de services, guides, animateurs, formateurs ;
à tous les acteurs de la médiation qui m’ont accueillie lors de mes enquêtes ;
à Jean Davallon pour sa préface;
à Sabine Bertaux-Brandicourt pour les soins attentifs apportés à la relecture...
Préface
Depuis quelques années, les recherches sur la communication dans les expositions, les musées, ou plus généralement les lieux patrimoniaux, se sont développées au point de constituer un des secteurs importants des recherches sur la culture. Aussi, peut-être plus que dans d’autres secteurs, est-il possible de voir l’intérêt et l’originalité d’une approche communicationnelle . Celle-ci ne récusé évidemment pas les investigations portant sur les institutions ou les acteurs ; mais elle les rapporte à ce qui caractérise les objets culturels et les dispositifs qui organisent leur réception. À un moment où nombre d’études sur la réception des expositions prêtent surtout attention aux phénomènes d’apprentissage, où nombre d’historiens ou de sociologues portent un regard critique sur la valorisation du patrimoine, l’approche de la visite guidée proposée ici vient montrer toute la richesse d’une telle approche communicationnelle. Elle nous installe en effet au cœur de la visite guidée : à l’endroit où les intentions des concepteurs — ou plus immédiatement celle des médiateurs — donnent forme au discours ; là où , grâce à ce discours, les visiteurs peuvent comprendre ce qu’ils sont en train de voir ; à l’endroit où, engagés dans une interaction avec le médiateur, ils se trouvent mis en relation avec un autre univers ; là où, parce que pris dans un récit, ils participent à la construction d’un monde commun.

Jusqu’à présent, on avait plutôt coutume de considérer la visite guidée dans sa dimension de complément de la mise en exposition. C’est ainsi que l’usage habituel de la notion de « médiation » laisse entendre que celle-ci est, soit une mise en rapport des visiteurs avec une œuvre, soit au contraire une explicitation de la mise en exposition. La première modalité apparaît plutôt comme l’apanage du musée ou de l’exposition d’art: son principe affiché de faciliter l’accès du visiteur à l’œuvre d’art va dans ce sens. La seconde se rencontre de préférence dans les expositions ou les musées de sciences : que la mise en exposition soit au service d’une compréhension des savoirs par les visiteurs n’est probablement pas étrangère au fait que la médiation reprenne, accompagne, complète et parfois même vienne se substituer partiellement à la mise en exposition. Ces types de muséologie, centrée sur l’objet dans un cas et sur le savoir dans l’autre, appelleraient en quelque sorte leurs types de médiation. Sans aller contre ce constat élémentaire, une analyse détaillée de la visite guidée va cependant à l’encontre d’un tel partage convenu entre mise en exposition et médiation.

Tout d’abord, tout laisse penser que les visites guidées étudiées ici relèvent plutôt d’un troisième type de muséologie : celle qui vise à construire un point de vue pour le visiteur. Que les lieux étudiés soient des sites ou des monuments « authentiques », des reconstitutions ou encore des aménagements de sites authentiques aux moyens de dispositifs d’interprétation, la logique reste celle de la construction d’un environnement intégré dans lequel se trouve plongé le visiteur. En effet, à la différence des deux autres muséologies, qui sont soit au service des objets « authentiques » — et, pour ce faire, les isole —, soit au service de la compréhension des savoirs — et, pour ce faire, tendent à instrumentaliser objets et environnement à cet objectif —, la muséologie de point de vue est centrée sur le visiteur et travaille le « placement » (et le déplacement) de celui-ci. Faut-il en déduire que c’est précisément à cause de cette centration sur le visiteur que les visites guidées analysées apparaissent dans leur dimension de dispositifs sémiopragmatiques ? En tout état de cause, elles se présentent moins comme des compléments de la mise en exposition qui seraient destinés à construire une relation à des objets exposés ou à en faciliter l’usage afin de rendre accessible un savoir, que dans leur dimension d’opérateurs de mise en scène : littéralement, elles font que les visiteurs « suivent », c’est-à-dire se déplacent, se mettent à une place où ils découvrent, voient, comprennent... et restent accrochés. Quoi qu’il en soit, l’intérêt d’une analyse sémiopragmatique de la visite guidée ne réside pas vraiment dans cette concordance, telle qu’elle peut être reconnue par le spécialiste de l ’exposition, entre le fonctionnement de la visite guidée ainsi mis au jour et un certain type de muséologie (en l’occurrence, la muséologie de point de vue). Je le verrai plutôt en ce qu’elle renouvelle notre façon de voir le rapport entre exposition et médiation. Sans même entrer dans le commentaire, ni même dans une quelconque présentation des deux entrées majeures à partir desquelles l’analyse a été menée — « le récit comme mode de médiation » et la « communication dialogale » — (il suffit sur ce point de lire l’ouvrage lui-même...), il est en revanche des plus faciles de repérer, dès la première lecture, les effets en retour possibles que cette approche de la visite guidée peut avoir sur la connaissance des expositions en général.

Chacun sait aujourd’hui l’importance de la trame narrative dans le fonctionnement sémiotique des expositions. Même si cette notion doit être relativisée puisque la trame en question, en tant que principe organisateur de l’exposition, peut être sérielle, argumentative, contrastive - voire, pour des raisons par exemple esthétiques, partiellement aléatoire — , il est certain que pour le visiteur elle se déroule dans le temps, depuis un début jusqu’à une fin. Parler de trame narrative, c’est effectivement prendre en compte la volonté du concepteur de régler l’organisation

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