178 secondes
121 pages
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178 secondes , livre ebook

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Description

Nicola aura bientôt 18 ans. Élevé par un père aimant et protecteur, il mène une vie paisible jusqu’à ce qu’il découvre un terrible secret derrière l’apparente banalité de son existence. Profondément troublé par le mensonge tissé autour de lui depuis toujours, il quitte son nid douillet le soir de son anniversaire. Destination : à la dérive. De Montréal au Pacifique, puis de Yellowknife à l’Atlantique.
Au gré des rencontres où il croisera différents visages de la francophonie — un aspirant pilote, une conductrice de camions, une jeune fille libertine, un hurluberlu sympathique, une globe-trotter à la généreuse hospitalité —, Nicola apprendra à se connaître, à trouver sa voie.
Prix littéraire des enseignants AQPF-ANEL (roman 15 ans et +)
Elle-même pilote, Katia Canciani a composé ce roman entre le «road trip» et le voyage initiatique. 178 secondes, ce peut être le temps qu’il faut pour perdre le contrôle, pour se rendre compte que tout le monde a une histoire, pour reprendre son souffle…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 septembre 2015
Nombre de lectures 20
EAN13 9782895975199
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

178 secondes
DE LA MÊME AUTEURE


Littérature générale

Lettre à Saint-Exupéry (récit épistolaire avec illustrations de l’auteure), Montréal, Éditions Fides, 2009.
178 secondes, Ottawa, Éditions David, 2009, coll. « Voix narratives ». Prix littéraire des enseignants AQPF–ANEL 2010 (roman 15 ans +).
Un jardin en Espagne. Retour au Généralife, Ottawa, Éditions David, 2006, coll. « Voix narratives » ; Ottawa, Éditions David, 2012, « Format Poche ».

Littérature jeunesse

Pour une liste complète et à jour : www.katiacanciani.com
Katia Canciani
178 secondes
ROMAN
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Canciani, Katia, 1971-, auteur 178 secondes / Katia Canciani.
(14/18) Publié à l’origine : 2009. Publié en formats imprimé(s) et électronique(s). ISBN 978-2-89597-453-6. — ISBN 978-2-89597-518-2 (pdf). — ISBN 978-2-89597-519-9 (epub)
I. Titre. II. Titre : Cent soixante-dix-huit secondes. III. Collection : 14/18
PS8605.A57C46 201 jC843’.6 C2015-904958-X C2015-904959-8

Les Éditions David remercient le Conseil des arts du Canada, le Bureau des arts franco-ontariens du Conseil des arts de l’Ontario, la Ville d’Ottawa et le gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada.



Les Éditions David 335-B, rue Cumberland, Ottawa (Ontario) K1N 7J3 Téléphone : 613-830-3336 | Télécopieur : 613-830-2819 info@editionsdavid.com | www.editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada. Dépôt légal (Québec et Ottawa), 3 e trimestre 2015
ce soir, je suis aux portes d’un nouvel abîme il m’attend depuis si longtemps il m’espère il m’appelle ce soir, je plonge pour mieux remonter pour remonter
Un instant Pour votre sécurité
Cinq minutes de lecture pourraient vous sauver la vie Transports Canada − Sécurité aérienne

178 secondes
Combien de temps un pilote sans formation de vol aux instruments peut-il espérer tenir le coup lorsque les conditions météorologiques lui ont fait perdre le contact visuel ? Des recherches ont montré que le temps nécessaire pour perdre le contrôle de l’avion dans ces conditions variait de 20 à 480 secondes, la moyenne s’établissant à 178 secondes.
Voici le scénario fatal…
Le ciel est couvert et la visibilité, médiocre. On rapportait une visibilité de cinq milles, mais elle semble plutôt avoir rétréci à deux milles et vous ne pouvez évaluer l’épaisseur de la couche de nuages. Votre altimètre indique 1500 pieds. D’après votre carte, le relief peut toutefois atteindre les 1200 pieds. Il y a peut-être une tour à proximité, car vous ne savez pas exactement où vous vous trouvez par rapport à votre route. Comme vous avez déjà volé dans de pires conditions, vous ne vous en faites pas outre mesure.
Inconsciemment, pour franchir ces tours qui ne sont pas si imaginaires que ça, vous tirez un peu sur les commandes. Sans avertissement, vous vous retrouvez entouré de brouillard. Vous avez beau vous arracher les yeux à percer le mur blanc, vous ne voyez rien. Vous combattez l’impression désagréable qui vous tiraille désormais l’estomac. Vous essayez d’avaler votre salive, mais vous avez la bouche sèche. Vous prenez conscience maintenant que vous auriez dû attendre de meilleures conditions pour décoller.
Vous pouvez commencer à compter. Il vous reste encore 178 secondes à vivre.
L’appareil a l’air d’être stable. Votre compas tourne cependant lentement. Lorsque vous appuyez sur le palonnier pour ramener l’avion, cela vous fait une drôle d’impression et vous revenez donc à la position initiale. Votre compas tourne maintenant un peu plus rapidement et votre vitesse s’accroît légèrement. Vous interrogez votre tableau de bord en espérant du secours, sans succès.
Il ne vous reste plus que 100 secondes à vivre.
Vous jetez un coup d’œil à l’altimètre et constatez avec horreur qu’il dévire. Vous êtes déjà tombé à 1200 pieds. Instinctivement, vous donnez de la puissance, mais l’altimètre diminue toujours. Le moteur est dans le rouge et la vitesse y est presque aussi.
Il vous reste 45 secondes à vivre.
Vous vous mettez à transpirer et à trembler. Il doit y avoir quelque chose qui ne marche pas : plus vous tirez sur les commandes, plus la vitesse augmente. Vous pouvez entendre le sifflement déchirant du vent contre l’avion.
Plus que 10 secondes.
Soudain, le sol apparaît. Les arbres se précipitent à votre rencontre. En tournant votre tête, vous pouvez voir l’horizon, mais sous un angle inhabituel. Vous êtes presque à l’envers. Vous ouvrez la bouche pour hurler, mais…
Votre dernière seconde s’est écoulée.
Début moins douze
La toute première fois où j’ai déchiffré ce texte, c’était dans la salle de bain de ma tante. J’avais dix ans. En fait, c’était aussi la toute première fois où je me décidais à lire quoi que ce soit qui ne m’ait été expressément demandé. Le babillard qui campait de façon incongrue — résolument originale — dans la petite pièce était pourtant tellement invitant. Entre les caricatures de Chapleau, les bandes dessinées de Line Arsenault, les derniers bulletins d’aviation, les blagues tirées du Sélection du Reader’s Digest , les citations griffonnées sur des bouts de papier recyclé, les cartes postales écornées, le choix était vaste, mais je me contentais d’habitude de survoler le montage précaire. Seuls les traits francs des dessins retenaient parfois mon regard.
Cet après-midi-là, après avoir tour à tour détaillé le lavabo sur pied à la fêlure inquiétante, le réservoir de la toilette suintant l’humidité puis le bain à l’émail défraîchi, j’avais finalement saisi le morceau de papier à la bordure bleu vif. Il m’avait toujours attiré, sans doute parce qu’il appartenait à ce monde dit merveilleux de l’aviation, mais la lilliputienne écriture qui le saturait avait jusqu’alors eu sur moi, lecteur réfractaire, un effet des plus rébarbatifs.
Au début, j’avais lu de façon hésitante. L’alignement de mots de la deuxième phrase était presque parvenu à épuiser mon intérêt quand un court énoncé, « Voici le scénario fatal », avait, in extremis , ravivé mon courage. Peut-être parce que je venais d’apprendre dans mon cours de français que fatal voulait dire mortel et que le mot mortel, sans trop comprendre pourquoi, me fascinait.
Je m’étais plongé dans l’aventure. J’étais aux commandes de cet appareil aux ailes d’argent. C’était moi qui filais vers le sol à une vitesse vertigineuse, déchiquetant des yeux les nuages. Mon sang bouillait dans mes veines, mes mains moites tenaient le papier comme s’il avait été le manche de mon avion monomoteur. À l’avant-dernier paragraphe, je relevais de justesse le nez de l’appareil, en rasant les herbes, en étêtant les fourmis, en soulevant bien haut la poussière.
J’étais sauvé.
Je nous avais tous sauvés.
Presque huit ans plus tard, le quatre et demi de ma tante avait peu changé. Si Caro avait su rajeunir la décoration des autres pièces, sa salle de bain inondée de turquoise et de fuchsia n’avait pour sa part pas fait les frais des goûts du jour. À proximité de la rivière des Prairies, à Laval, cet appartement, par quelque jeu du destin, était notre terrain neutre familial.
C’est ici que je les avais conviés à mon anniversaire. Ici. Ça les avait froissés. Ils voulaient m’organiser une grande fête pour mes dix-huit ans. « Tu deviens un adulte. » « On va te sortir… » « On va danser. » « On va faire ce que tu veux. » C’est ce qu’ils avaient dit à Noël, un trémolo dans la voix, en planifiant la célébration qui se devait d’être mémorable. J’avais joué le jeu. La fiesta ! Une foire ! La débauche, un coup parti. Et ça se passerait dans un bar, depuis le temps que je souhaitais y entrer en toute légalité. J’espérais que les dobermans aux longs crocs, les biceps de porte pompés aux stéroïdes me demandent mes cartes, ce soir-là. Je me promettais de les leur flanquer sous le museau de toute façon.
Brusquement, il y a trois semaines, tout avait changé.
Ma tante m’avait un jour expliqué qu’un accident d’avion, c’était comme un casse-tête. Un accident, ce n’était pas juste un énorme bloc d’erreurs ou de hasards qui te tombait sur le crâne par un matin pluvieux. Non. Un accident, c’était une multitude de petits morceaux qui s’imbriquaient patiemment les uns dans les autres pour former un tout. La plupart du temps, le pilote venait poser la dernière pièce. Vlan . L’accident arrivait. Elle le savait, elle, parce qu’elle en avait eu un. Un vrai. Dans le plus grand silence, elle m’en ava

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