L île au trésor
92 pages
Français

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Description

"Je vais vous raconter l'incroyable aventure qui m'est arrivée. Vous saurez tout sur mon voyage à la recherche du fabuleux butin de Flint le pirate. Tout, sauf une chose."
Retrouve les aventures de Jim Hawkins dans ce chef-d'œuvre de la littérature classique.

Une version adaptée aux jeunes lecteurs et magnifiquement illustrée.
Idéal pour les 8-12 ans.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 septembre 2012
Nombre de lectures 289
EAN13 9782215121824
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Chapitre1 Un vieux loup de mer
Je vais vous raconter l’incroyable aventure qui m’est arrivée. Vous saurez tout sur mon voyage à la recherche du fabuleux butin de Flint le pirate. Tout, sauf une chose. On m’a interdit de révéler l’endroit exact où se situe l’île au trésor, parce qu’il s’y trouve encore des richesses enterrées. Je me souviens, comme si c’était hier, du jour où tout a commencé. C’était du temps où j’aidais mon père à tenir l’auberge de l’Amiral Benbow. Ce jour-là, j’ai vu arriver un vieux marin à la peau grillée par le soleil. Ce qui m’a sauté aux yeux en premier, c’est la balafre blanchâtre qui traversait son visage. Ensuite, j’ai vu son manteau usé, sa queue-de-cheval qui pendait sur un col sale, ses mains couvertes de cicatrices, ses ongles noirs… Il était grand et avait l’air rudement costaud. Un homme le suivait avec une brouette qui contenait son bagage : un coffre de marin. L’inconnu est resté un moment devant l’auberge à regarder la mer. Il a inspecté les falaises en chantonnant d’une voix enrouée : – « Y avait quinze hommes sur le coffre du mort, Yo ho ! et une bouteille de rhum ! » En entrant, il a jeté à mon père : – Un verre de rhum ! Il a bu lentement, puis il a dit : – Cet endroit me plaît. Il passe beaucoup de monde dans ton auberge, l’ami ? – Pas assez, répondit mon père. – C’est pile ce qu’il me faut. Hé, toi, débarque mon coffre ! lança-t-il au porteur. Je m’installe ici. Oh, je suis facile à vivre : un peu de rhum, du jambon, des œufs, et je suis content. Comment je m’appelle ? Mettons « capitaine ». Attrapez ça. Il jeta par terre trois ou quatre pièces d’or. – Quand j’aurai dépensé cette fortune, vous me direz. Il était sale et mal habillé, mais il parlait comme un homme habitué à commander. Mon père interrogea discrètement le porteur qui poussait la brouette : – Qui est cet homme ? Vous le savez ? – Pas du tout. Il est arrivé au village ce matin. Il cherchait un hôtel proche de la mer et isolé. On lui a indiqué votre auberge. C’est tout ce que je sais ! Quel mystérieux pensionnaire ! Il était très silencieux et passait ses journées sur les falaises à observer la mer avec une longue-vue. Le soir, il restait au coin du feu et buvait des litres de rhum.
Quelqu’un essayait de lui parler ? Il répondait d’un regard noir. Il valait mieux ne pas le déranger. Tous les soirs, en rentrant de sa promenade, il demandait : – Vous avez vu des marins passer aujourd’hui ? Au début, nous pensions qu’il espérait rencontrer des gens de son métier. Mais je compris vite qu’il les évitait, au contraire. Quand un matelot s’arrêtait à l’auberge, le capitaine l’espionnait par le rideau avant d’entrer dans le salon ; et il restait muet jusqu’au départ du visiteur. Le pire, c’est que je partageais son inquiétude ! Peu après son arrivée, il m’avait dit : – Mon petit, ouvre l’œil. Si tu vois arriver ici un marin à jambe de bois, ne perds pas une seconde, cours m’avertir. Compris ? Tu auras une pièce de quatre pence par mois pour cette surveillance. Résultat : ce marin à jambe de bois me terrorisait. La nuit, j’en faisais des cauchemars atroces. Je payais cher ma récompense de quatre pence ! En revanche, je n’avais pas peur du capitaine, qui pourtant effrayait tout le monde. Quand les voisins nous rendaient visite, il leur racontait des histoires de pirates à faire trembler les plus courageux. Il forçait tout le monde à brailler avec lui son horrible chanson : « Yo ho, et une bouteille de rhum ! » Et gare à celui qui ne criait pas assez fort : quand il était ivre, le capitaine semblait prêt à tuer n’importe qui. Mon père se désespérait de le voir rester chez nous. – Cet homme va nous ruiner. Les voisins rentrent chez eux avec la chair de poule et nous allons perdre nos rares clients à cause de lui. – Mais non, papa ! Les gens aiment bien se faire peur, tu sais. Le capitaine anime la vie ici. Mon père hochait la tête.
– Le pire, c’est qu’il ne paie rien. – Et les pièces d’or qu’il nous a données ? – Dépensées depuis belle lurette, avec tout le rhum qu’il boit ! Mais quand j’essaie de lui en parler, il me lance un regard tellement féroce… Brrr ! Pauvre papa ! Je suis sûr que ces angoisses ont contribué à sa mort trop rapide. Une seule personne réussit à mater le capitaine. C’était presque à la fin de son séjour chez nous. Mon père était tombé gravement malade. Un soir, le docteur Livesey passa l’examiner. Ensuite, il descendit au salon pour fumer une pipe. Le docteur était un homme raffiné, élégant dans sa tenue comme dans son langage. Quel contraste avec cet épouvantail de capitaine vautré devant sa bouteille de rhum ! Tout à coup, l’ivrogne se mit à beugler : – « Y avait quinze hommes sur le coffre du mort, Yo ho ! et une bouteille de rhum ! » Encore cette chanson ! Combien de fois l’avait-on entendue ? Pour le docteur Livesey, c’était la première fois. Il écouta le capitaine d’un air dégoûté. Le capitaine donna ensuite un gros coup de poing sur la table, ce qui voulait dire : « Silence ! » Tout le monde s’arrêta de bavarder. Tout le monde, sauf le docteur Livesey, qui parlait avec un paysan. Sa voix tranquille s’élevait entre deux bouffées de sa pipe. Les yeux du capitaine lancèrent des éclairs. Moi, je retenais mon souffle… Bam ! Nouveau coup de poing sur la table. Le capitaine cracha un juron et cria : – Silence, là-bas, sur l’entrepont ! Le docteur le regarda : – C’est à moi que vous parlez, monsieur ? – Ouais, espèce de… Je ne répèterais pas le juron qu’il a lâché ! Le docteur dit sèchement : – Je n’ai qu’une chose à vous dire : si vous continuez à boire, le monde sera bientôt débarrassé d’un répugnant vaurien. Fou de colère, le vieux sauta sur ses pieds. Une lame brilla dans sa main : – Fais ta prière avant que je t’épingle au mur ! Le docteur Livesey ne bougea pas d’un pouce et répondit d’une voix calme : – Si vous ne rangez pas ce couteau immédiatement, je vous donne ma parole que vous serez pendu dans les plus brefs délais. Il y eut entre eux un duel de regards, puis le capitaine replia son couteau et alla se rasseoir en grognant comme un chien battu. Le docteur ajouta : – Sachez que je ne suis pas seulement médecin. Je suis juge aussi. Et je vais vous tenir à l’œil. Un seul souci à cause de vous dans cette auberge, et je vous arrête. Le docteur s’en alla, et le capitaine se tint tranquille pour quelques jours.
Chapitre2 La visite de Chien-Noir
Peu de temps après survint le premier des événements qui allaient nous débarrasser du capitaine… mais pas des ennuis qu’il avait apportés avec lui ! C’était un jour de janvier. L’hiver était glacial et mon père était tellement malade, à présent, que nous devinions la vérité : il ne verrait pas le printemps. Ma mère et moi avions beaucoup de travail pour tenir l’auberge, et je n’avais plus le temps de trop penser à notre désagréable pensionnaire. Ce matin-là, il était parti pour sa promenade habituelle. Ma mère soignait mon père à l’étage et j’étais en train de mettre le couvert, quand un inconnu est entré. Grand, très pâle. Il avait un couteau à la main et j’ai vu qu’il lui manquait deux doigts. Je me suis demandé si c’était un marin ou non. Il n’avait pas l’air méchant malgré son couteau. Il m’a interrogé d’une voix douce : – Dis-moi, fiston. Ce couvert, c’est pour mon copain Bill ? – Je ne connais pas votre copain Bill. C’est pour un capitaine qui loge à l’auberge. – Mon copain Bill est bien du genre à se faire appeler capitaine. Il a une balafre au visage, c’est ça ? Et il n’est pas commode quand il a bu ? Pas de doute, c’est lui. Dis-moi, fiston, il est ici ce matin ? – Non, il est parti se promener. – Je vais l’attendre. Ce vieux pote ! Comme il va être heureux de me voir ! Je devinais que ce n’était pas vrai. Que faire : prévenir le capitaine ? Je sortis sur la route. – Rentre, fiston, me lança l’inconnu. Comme je n’obéissais pas assez vite à son goût, il répéta son ordre d’une voix glaçante. Je me précipitai dans l’auberge. Il avait repris son apparence aimable et me tapota l’épaule : – T’es un bon garçon. Tu sais, l’essentiel dans la vie, c’est d’obéir… Ah, le vieux Bill, il savait faire filer droit les p’tits mousses ! Tiens… Le voilà qui arrive. On va se cacher pour lui faire une bonne surprise. Il me poussa derrière la porte. Mon cœur battait la chamade. J’avais d’autant plus peur que l’inconnu n’était pas rassuré non plus. Je le voyais tâter son couteau et avaler sa salive comme s’il avait une boule dans la gorge. Le capitaine entra dans le salon. – Bill ! fit l’inconnu. Le visage du capitaine devint tout bleu. On aurait cru qu’il voyait un fantôme, ou le diable, ou pire encore. – Chien-Noir ! – Mais oui, mon vieux ! Le copain de tous tes voyages ! Ah, on en a vécu des choses tous les deux, depuis que j’ai perdu ces doigts ! Le visiteur avait retrouvé son aisance. – Qu’est-ce que tu veux, Chien-Noir ? demanda le capitaine qui avait vraiment perdu la sienne. Ne perds pas ton temps, va droit au but. – T’as raison, mon Bill. On va causer comme deux vieux copains. Petit, apporte-nous une bouteille de rhum et laisse-nous. Et pas d’espionnage par la serrure, hein, fiston ? Je me retirai dans le bar. À travers la porte, je n’entendis longtemps que des chuchotements. Puis les voix s’élevèrent et celle du capitaine cria : – Non c’est non ! Allez tous vous faire pendre !
Il y eut un fracas de meubles renversés et de vaisselle cassée, des bruits de fer, un hurlement de douleur. Chien-Noir bondit au-dehors, l’épaule en sang, poursuivi par le capitaine. Au moment où le blessé passait la porte de l’auberge, le capitaine lança son couteau de toutes ses forces. Chien-Noir aurait eu le dos transpercé si le poignard ne s’était pas planté au passage dans l’enseigne de l’auberge. On voit encore le trou aujourd’hui ! Le capitaine s’appuya au mur. Il chancelait. – Vous êtes blessé ? demandai-je. – Il faut que je fiche le camp d’ici. Vite, Jim, du rhum ! Il avait à peine bu qu’il s’écroula par terre de tout son long. Justement, ma mère descendait l’escalier. – Mon Dieu ! Quelle horreur ! dit-elle. Le capitaine respirait difficilement. Il avait les yeux fermés et le visage d’une couleur affreuse. À cet instant, le docteur Livesey entra dans l’auberge. Il se pencha sur le capitaine. – Il est blessé ? demandai-je. – Pas plus que moi ! répondit le docteur. Il a eu une attaque à cause de tout le rhum qu’il boit. Je l’avais prévenu ! Jim, va me chercher une cuvette. Quand je revins, le docteur avait relevé la manche du capitaine. Son bras musclé était couvert de tatouages. Sur l’épaule, il y avait le dessin d’une potence avec un pendu au bout. – Voilà ce qui attend le bonhomme ! dit le docteur Livesey. Jim, tiens-moi la cuvette, je vais faire une saignée à ce triste individu. Il fallut enlever beaucoup de sang au capitaine avant qu’il revienne à lui. À son réveil, il frissonna : – Où est Chien-Noir ? – Il n’y a pas de chien noir ici, dit froidement le docteur. Et maintenant, écoutez-moi. Un verre de rhum ne vous tuera pas, mais continuez à les enchaîner et vous êtes un homme mort. Nous aidâmes le capitaine à se mettre au lit. En quittant la pièce, le docteur me dit : – Faible comme il est, il devrait rester couché quelques jours. Je l’espère pour vous comme pour lui. Une autre attaque réglerait son compte définitivement.
Chapitre3 La marque noire
Vers midi, je remontai chez le capitaine pour lui donner un médicament prescrit par le docteur. Il était dans son lit, très faible mais très excité. – Jim, tu es le seul à qui je peux faire confiance ici… et j’ai toujours été bon pour toi, hein ? Je t’ai donné plein de pièces de quatre pence. Tu ne me refuseras pas un verre de rhum, petiot ? – Mais le docteur… – Qu’il aille au diable ! Tu sais, Jim, j’ai voyagé dans des endroits pires que l’enfer. J’ai vécu dans des pays où les gens tombent comme des mouches à cause de sales maladies. J’ai vu des tremblements de terre soulever le sol comme des vagues. Tu crois qu’il a vécu des trucs pareils, ton docteur ? C’est le rhum qui m’a sauvé. Grâce à lui, j’ai toujours gardé mes forces et mon moral ! Il ajouta d’une voix plus faible : – Regarde, j’ai les mains qui tremblent. Sans rhum, je vais devenir fou. Ça a déjà commencé ! Ce matin, j’ai eu une hallucination : j’ai vu le vieux Flint, là, dans le coin de la chambre. Allez, Jim, je t’en supplie… une goutte de rhum et tu auras une pièce d’or ! – Je ne vous demande pas d’argent, sauf celui que vous devez à mon père. Et pour le rhum, je veux bien vous donner un verre, un seul, puisque le docteur a dit que ça ne vous tuerait pas. Le vieux but d’un trait et demanda : – Ton docteur, il dit que je dois rester couché combien de temps ? – Au moins une semaine. – Tonnerre ! C’est impossible ! D’ici là, ils m’auront déjà remis la marque noire, ces coquins. Bande de gredins, qui ont gaspillé leur part, et qui veulent me voler la mienne ! Mais ils ne me font pas peur ! Qu’ils reviennent un peu ! Le capitaine s’était levé et, lourdement appuyé sur moi, il essaya de marcher. Mais sa faiblesse faisait un drôle de contraste avec ses paroles menaçantes, et il retomba sur le lit. – Ce maudit docteur m’a tué. J’ai les oreilles qui sifflent. Jim, tu as bien regardé ce marin aujourd’hui ? – Chien-Noir ? – Oui. C’est un mauvais, lui. Mais ceux qui l’envoient sont pires encore. S’ils viennent ici pour me remettre la marque noire, sache que c’est mon coffre qu’ils veulent. Dans ce cas, file chez ce satané docteur et dis-lui de s’amener ici avec la police. Il arrêtera toute la bande de Flint le pirate ! Moi, j’étais le second du vieux Flint. Et je suis seul à connaître la cachette. Il m’a dit l’endroit juste avant de mourir. Mais chut, hein ? Ne dis rien, sauf si tu les vois traîner par ici, Chien-Noir ou le marin à jambe de bois… lui surtout, Jim ! Je demandai alors : – Qu’est-ce que c’est, la marque noire ? – Leur avertissement. Ouvre l’œil, Jim, et je partagerai ma fortune avec toi. Parole ! Le vieux s’endormit, épuisé. Je me dis : – Il faut que je raconte tout au docteur. Si le capitaine regrette de m’avoir fait ses confidences, il me tuera. Hélas ! Mon père mourut le soir même. Les jours suivants, avec ce grand chagrin et tous les soucis pour préparer l’enterrement, j’en oubliai ma peur. J’oubliais aussi de surveiller le
capitaine, qui en profitait pour aller se servir des litres de rhum au bar. Puis il s’asseyait devant la table, méchamment ivre, avec son couteau ouvert devant lui. Le lendemain de l’enterrement, je prenais l’air devant l’auberge. Il faisait un temps de brouillard et de gel aussi triste que mes pensées. Soudain, un homme approcha sur la route. Il était aveugle et tapait le sol avec un bâton. Il était bossu aussi, et portait un grand manteau de marin à capuchon. Quelle horrible silhouette ! Il s’arrêta et demanda : – Où suis-je, braves gens ? Renseignez un pauvre aveugle qui a perdu ses yeux en défendant son pays. – Vous êtes à l’auberge de l’Amiral Benbow, répondis-je. – C’est la voix d’un jeune garçon que j’entends ? Gentil petit, aide-moi donc à entrer. Je tendis la main. L’aveugle la broya de toutes ses forces ! J’essayai de me dégager, mais il m’attira contre lui : – Conduis-moi au capitaine, mon garçon. – Mais… je… le capitaine a son couteau ouvert devant lui… Je… – Discute encore et je te casse le bras ! Tu vas m’amener à lui et dire : « Voilà un de vos amis, Bill. » Il me faisait si mal, et sa voix était si cruelle, que j’obéis. Le capitaine frissonna en m’entendant. Il essaya de se lever, mais il était trop faible. L’aveugle dit : – Reste où tu es, Bill ! Je n’y vois rien, mais je t’entendrai si tu bouges le petit doigt. Mon garçon, prends la main du capitaine, et place-la devant la mienne. Nous obéîmes tous les deux sans rien dire. Je vis un objet passer de la main de l’aveugle à celle du capitaine. – Mission accomplie ! dit l’aveugle. Il me lâcha et disparut avec autant d’agilité que s’il avait ses deux yeux. L’instant d’après, j’entendis le tap-tap-tap de son bâton s’éloigner sur la route. Le capitaine regarda l’objet qu’il tenait dans sa main et s’écria : – À dix heures ce soir ! J’ai six heures devant moi. Je les aurai ! Il bondit sur ses pieds. Mais aussitôt, il chancela, porta la main à sa gorge et tomba de tout son long. Je criai : – Maman ! Maman ! Mais il était trop tard pour faire quoi que ce soit. Le capitaine venait d’être foudroyé par une attaque. Je ne l’avais jamais aimé, mais je me mis à sangloter. C’était la deuxième fois que je voyais la mort, et celle de mon père me faisait encore trop mal.
Chapitre4 Le coffre
Sans perdre un instant, je racontai tout à ma mère. L’heure était grave. Si le capitaine possédait vraiment de l’argent, une partie nous était due. Mais les « camarades » du mort allaient venir s’emparer du coffre, et il était peu probable qu’ils paient les dettes de notre pensionnaire ! – Jim, il faut que tu ailles chercher le docteur Livesey, comme l’avait demandé le capitaine. – Pour que tu restes seule à l’auberge, avec les pirates qui vont arriver d’une heure à l’autre ? Pas question, maman. Nous essayâmes de réfléchir en silence, mais nous sursautions au moindre bruit. Les craquements du feu dans la cheminée et même le tic-tac de l’horloge nous glaçaient de terreur. Il nous semblait entendre des pas dans la nuit, et le corps du capitaine, allongé là, ne rendait pas l’ambiance plus gaie. – Ne restons pas ici, dit ma mère. Si nous allions au village chercher de l’aide ? Sans même penser à nous couvrir, blottis l’un contre l’autre dans la nuit glaciale, nous nous mîmes en route. Le village était proche et, surtout, il était dans la direction opposée à celle par laquelle l’aveugle était arrivé. Cela me rassurait. Quel soulagement d’atteindre les maisons éclairées ! Mais ce n’était pas la peine de nous réjouir. Quand les gens du village apprirent notre histoire, aucun d’entre eux ne se porta volontaire pour nous raccompagner à l’auberge. Nous reprîmes donc la route, vite et sans bruit. La lune s’était levée et on y voyait comme en plein jour. J’avais le cœur qui cognait dans la poitrine à l’idée que nous pourrions être observés. Tout se passa bien, cependant, et c’est avec un soupir rassuré que je poussai le verrou de l’auberge. Ma mère alluma une chandelle. – Ferme le store, Jim. Puis elle regarda le corps du capitaine. – Il va falloir chercher la clé du coffre sur lui… Et elle se mit à pleurer, dégoûtée à l’idée de le toucher. Je me mis à genoux. Il y avait par terre, près de sa main, une rondelle de papier noircie au charbon. – La marque noire ! Je retournai le papier. L’autre côté était couvert d’une écriture soignée : « Nous serons de retour à dix heures ce soir. » Juste à ce moment, l’horloge se mit à sonner. Quel choc ! Mais elle ne sonna que six coups.
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