Tape
132 pages
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Tape , livre ebook

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Description

2013
Les choses n’arrivent jamais sans raison. C’est ce que Ameliah se dit. L’univers a un plan, n’est-ce pas ? Sinon pourquoi lui aurait-il pris ses parents ? Un jour, elle trouve une vieille cassette. Une voix de garçon est enregistrée dessus, une voix qui semble lui parler…


1993
Ryan est perdu. Une mère décédée, une nouvelle belle-mère, un demi-frère diabolique... Pourquoi tout ça est-il arrivé ? Il enregistre un journal intime sur une cassette, en souvenir de sa mère. Il y parle d’une fille qu’il vient de rencontrer, une fille qu’il n’arrive pas à se sortir de la tête…


Ameliah et Ryan sont liés par plus qu'une simple cassette. Voici leur histoire.

Originally published in English by HarperCollinsPublishers Ltd under the title : Tape


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 septembre 2016
Nombre de lectures 35
EAN13 9782215134206
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Traduit de l’anglais par Charlotte Grossetête
Sommaire
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Remerciements
L'auteur
Page de copyright
À Yael La moitié de moi, c’est toi. X

Salut ? Ça marche ? Ouais, je vois la lumière. Ça marche. Je recommence. J’enregistre.
Ça vient d’arriver. Ça vient juste d’arriver, et ce qui est fou, c’est que ça ne m’a même pas paru bizarre. Je crois que je pige maintenant, papa. Je crois que je comprends.
Il vaut sans doute mieux ne pas trop y penser, hein ?
L’univers et tout ça.
Je suis ici. C’est ça qui compte. Je suis ici, à faire ça, et c’est arrivé. Exactement comme tu l’avais dit, alors je suppose que l’univers est content.
Est-ce que c’était prévu depuis toujours, que ça arriverait maintenant ? Pardon, je laisse tomber ma question.
Tout arrive au moment prévu.
C’est ce que tu as fait : tu t’es assis et tu as appuyé sur le bouton record, et maintenant je vais faire la même chose.
Je parle dans le micro – comment ça marche, au fait ?
Tout le monde m’a toujours dit : « C’est important de sortir les choses, Ameliah, ça aide à avancer. »
Je n’ai jamais vraiment écouté.
Je suppose que je ne voulais pas le faire à leur manière. Peut-être que je n’étais pas prête, je sais pas.
Là, c’est différent. Ça me paraît bien.
Il s’est passé tellement de choses. Il y a tellement à dire, alors je vais le dire. Il est midi et demi et j’enregistre ma voix sur cette cassette.
Comme toi.
Des doigts, Ryan essuya la buée sur le petit miroir rond de la salle de bains. Il s’imagina en train de gratter la glace sur le hublot d’un sous-marin prisonnier de la banquise. Un sous-marin de la Seconde Guerre mondiale retrouvé près du pôle Nord des années après sa disparition en mer. Il se figura le visage vigoureux d’un vieil officier de marine, la moustache givrée, les yeux écarquillés, regardant au-dehors, figé par la panique à l’instant où il constatait qu’il était coincé pour toujours.
Il abaissa la main et ne vit que son propre visage, un visage de treize ans, rendu écarlate par la chaleur du bain. L’eau avait plaqué en arrière ses épais cheveux noirs.
À chaque fois que Ryan jetait un coup d’œil au miroir, il avait envie de se gifler. Pas parce qu’il était en colère contre lui-même et qu’il estimait mériter ça, mais plutôt parce qu’il avait vu ce geste dans un film, un jour. Le détective privé se regardant dans le miroir après une folle nuit d’action et de danger, et se donnant une gifle pour s’assurer qu’il était prêt à se concentrer sur une nouvelle journée d’enquête.
Ryan leva la main au niveau de son visage. Il contracta les muscles de son bras et recula la main, prêt à frapper. Ses yeux se plissèrent, il se préparait à la gifle. Puis il s’immobilisa, le regard fixé sur son reflet.
– Allez, poule mouillée, vas-y. Vas-y !
Il poussa un soupir, dégonfla ses joues en laissant son bras retomber le long de son corps, et se demanda quel espace il y avait à l’intérieur de sa bouche. On pouvait probablement fourrer la moitié d’une grosse orange de chaque côté, entre les dents et la joue.
– Yo !
L’appel, de l’autre côté de la porte, accompagna un bang ! qui fit trembler les gonds.
– J’ai dit yo ! Tu ferais mieux de te magner, crevette, ou je vais te plier en deux.
Ryan continua à se regarder tandis que les coups pleuvaient sur la porte.
Il imagina la tête de Nathan de l’autre côté, de plus en plus furieuse, prenant des formes diverses. Un demi-frère devenu une sorte de monstre mutant. Il attrapa une serviette, se la jeta sur la tête et les épaules comme un boxeur, rassemblant ses forces en vue du combat pour le titre.
Six mois tout juste s’étaient écoulés depuis le jour où son père l’avait fait asseoir pour lui dire que Sophia s’installait chez eux, et Nathan avec elle. Papa lui avait demandé ce qu’il en pensait et il avait répondu que c’était une bonne idée, parce qu’il avait lu l’espoir dans les yeux paternels. Sophia et Nathan étaient arrivés dès la semaine suivante, Ryan en avait conclu que son avis importait peu.
Au moins, il n’avait pas à partager sa chambre. Son père avait transformé son bureau en chambre pour Nathan, permettant à Ryan de garder son espace à lui, même si Nathan paraissait ignorer toutes les règles en matière d’intimité. Il ne frappait jamais et débarquait comme s’il était le maître des lieux.
Il avait quelques mois de moins que Ryan mais quelques centimètres de plus et, à dire vrai, il était beaucoup plus fort. Ryan attribuait la chose au fait qu’il mangeait sans arrêt. Il allait jusqu’à dormir avec un sandwich à côté de son oreiller.
Un mois plus tard, son père et Sophia s’étaient mariés dans une petite salle grise de la mairie. Ryan portait le même costume qu’à l’enterrement de sa mère. À cette époque-là, il flottait dedans ; maintenant, le costume lui allait comme un gant.
Le soir du mariage, Sophia l’avait coincé dans la cuisine, où Ryan essayait de dénicher un rab de soda à la cerise. Elle lui avait dit qu’elle ne cherchait pas à remplacer sa maman, qu’elle aimait très fort son papa et qu’elle souhaitait un nouveau départ pour tout le monde. Ryan avait vu l’expression de son visage joufflu tandis qu’elle se tenait là, mal à l’aise, trop maquillée, ses cheveux noirs attachés, dans sa robe à fanfreluches couleur pêche. Ryan avait répondu en souriant qu’il souhaitait la même chose, Sophia l’avait serré un peu trop fort dans ses bras et la bouteille de soda lui avait glissé des mains.
Une fois Sophia retournée au salon, Ryan avait ramassé la bouteille et regardé les bulles se battre pour atteindre la surface. Nathan était entré dans la cuisine en quête de nourriture. Il avait déclaré à Ryan qu’il avait l’air débile dans son costume. Ryan n’avait pas répondu. Apercevant la bouteille de soda, Nathan la lui avait arrachée des mains. Ryan avait failli dire quelque chose mais il s’était ravisé. Reculant d’un pas, il avait regardé Nathan déboucher la bouteille et s’inonder de soda.
Ryan enfila son tee-shirt de pyjama Chicago Bears et fixa les yeux sur sa radiocassette. Le revêtement argenté brillant reflétait la lumière. Il regarda les boutons noirs tout propres sous les petites vitres qui permettaient de voir les cassettes à l’intérieur. Les haut-parleurs ronds. Parfait. Il avait reçu l’appareil au dernier Noël avant la mort de sa mère. Il se rappelait avoir déchiré le papier cadeau et découvert le coin de la boîte. Il avait passé le reste de la journée en pyjama à tourner le bouton de la radio pour capter toutes les stations possibles.
Ryan ouvrit l’étroit tiroir de sa table de chevet et en sortit le boîtier d’une cassette. Il n’y avait aucune inscription sur la tranche. Il caressa du pouce le coin en plastique, puis ouvrit le boîtier et sortit la cassette.
Il regarda la petite étiquette en glissant la cassette dans le lecteur numéro deux. En majuscules, au feutre bleu foncé, le mot « MAMAN ».
Ryan appuya sur le bouton rewind et, de la pointe du doigt, il essuya la petite vitre tandis que le moteur bourdonnait en rembobinant la cassette.
Le bouton rewind se releva. Ryan plaça la radiocassette au bord de sa table de chevet pour pouvoir parler dedans allongé dans son lit et, avec deux doigts, il appuya en même temps sur les boutons play et record . Le petit voyant rouge se mit à clignoter tandis que la cassette démarrait : elle enregistrait. Ryan s’éclaircit la gorge.

Ameliah regarde fixement son reste de corn flakes. Sa cuiller soulève des vagues dans le bol, entraînée par ses doigts fins, et elle compare chaque flocon trempé à un minuscule radeau de bois flottant dans une mer d’un blanc laiteux.
Elle déplace sa cuiller parmi eux et observe le naufrage de certains, tandis que d’autres luttent pour rester à la surface. La lumière du matin, passant par la grande fenêtre, raie le sol de la cuisine.
– Un penny pour elles 1 , dit Nan assise de l’autre côté de la petite table carrée, à travers une bouchée de crêpe.
Ameliah sait ce que cela veut dire, elle l’entend très souvent (la plupart du temps de la bouche de Nan), mais pour la première fois, il lui vient à l’esprit qu’offrir un penny pour connaître les pensées de quelqu’un ce n’est pas cher payer.
– Je n’ai jamais été en bateau.
Nan a interrompu sa mastication une seconde, le temps d’écouter, puis elle recommence. Ameliah la regarde.
– Je veux dire sur une vraie étendue d’eau, comme la mer.
Nan étale du beurre sur une autre crêpe qu’elle vient de prendre sur la pile placée ent

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