Expiation
134 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Envoyé pour enquêter sur des rapts d’enfants au sein d’une paroisse anglicane, Jesse, officiellement pasteur, va croiser Maria qui se trouve être étroitement liée à cette affaire. Hésitant à lui avouer sa véritable identité ainsi que sa vraie fonction, il va être confronté grâce à elle à des choix nécessaires à l’expiation de son passé sulfureux.


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Informations

Publié par
Date de parution 22 novembre 2019
Nombre de lectures 45
EAN13 9791034806898
Langue Français

Extrait

Ainsi soit-il

1 : Expiation
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Sylvie Lopez
 
 
Ainsi soit-il
1 : Expiation
 
 
Couverture : Chloé S.
 
 
Publié dans la Collection Enaé
 
 

 
 
© Evidence Editions 2020

 
Mot de l’éditeur
 
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À mon mari et mes enfants.
 
 
 
 
Jesse

 
 
 
Un rapide coup d’œil sur ma Breitling m’indique 13 h. Il me reste très peu de temps avant l’arrivée des enfants. La kermesse patronale ouvre ses portes à 14 h et j’ai à peine cinq minutes pour grignoter quelque chose avant de m’y consacrer corps et âme. Surtout corps, une trentaine de mômes effervescents et le double de parents à gérer pour le reste de la journée valent bien un match de foot ou une bonne nuit de baise.
Derniers préparatifs : dispatcher les bénévoles sur les stands, vérifier le buffet, briefer les musiciens… Tout est prêt. Moi aussi.
Je m’approche du petit miroir carré suspendu au-dessus du lavabo écaillé de ma salle de bain exiguë. L’étroitesse matérielle dans laquelle je vis m’importe peu. Je replace en arrière, à l’aide de cire, ma satanée mèche rebelle et constate que mes cheveux deviennent un peu trop longs. De plus, la chaleur de ce mois de juin n’est décidément pas compatible avec cette masse capillaire ondulée qui blondit depuis plusieurs semaines et retombe sur mes larges épaules.
Ma vie me parait subitement en adéquation parfaite avec mon environnement immédiat. Passer de la lumière à l’ombre a été un choix lucide et nécessaire, émis sans regret, mais surtout judicieux, même adroit, pourquoi pas… J’en porte les stigmates, décelables uniquement par moi-même et par quelques-uns de mes proches, mais tout est beaucoup plus simple à présent. Les ténèbres ne résument-elles pas réellement la vie que je viens de quitter ? Ma lumière, je la trouve finalement dans l’exil et l’abnégation.
Tout est question d’interprétation…
 
Je déboutonne rapidement ma chemise, retire mon col blanc et m’attarde sur le reflet inversé de mes tatouages. Jamais je ne chercherai à les cacher, je regrette que celui que je porte sur mon cœur ne soit pas apparent comme le sont, sur mes bras, les anges qui déploient leurs ailes. J’évalue ma barbe naissante et vérifie l’état impeccable de mes ongles. S’il y a une chose que j’exècre, c’est bien l’aspect négligé, pourquoi ne pas prendre autant soin de son enveloppe que de son âme ? Dieu nous a conçus à son image, et il est du devoir de tout être humain de s’en préoccuper. Abstraction faite des laissés pour compte de notre société, et encore, certains de ceux que je côtoie considèrent l’hygiène comme un dernier obstacle à toute perte de dignité.
Cette introspection terminée, je me hâte dans mon modeste salon puis m’approche de la fenêtre ouverte qui donne sur le jardin. D’ici, je peux voir l’ensemble des installations, tout semble près. Le thermomètre extérieur m’indique 28°. Je le prends en photo et l’envoie à Marjorie en espérant lui saper le moral pour la journée. Sur la Côte d’Azur, les gens sont déjà en tongs et short depuis un mois ! En Angleterre aussi, mais les codes vestimentaires étant là-bas inversés, l’« Englishman » n’a pas forcément la même définition du mot « chaleur », isn’t it ?
Je suis très attaché à cette ville, presque autant que celle que je viens de quitter. Brighton, par son architecture et ses plages, est un pâle reflet de Nice. Mais j’y retrouve malgré tout, la même ouverture sur le monde, des mélanges de personnes d’horizons et de cultures différentes, une tendance à la non-discrimination et à la tolérance. Ma mère est née ici, mes grands-parents dirigeaient un établissement hôtelier sur la Promenade des Anglais. Elle y a vécu jusqu’à ce que mon père, jeune lord en voyage, pose ses bagages et la demande en mariage.
J’y venais régulièrement chaque année, et tout naturellement lorsque cet ordre de mission s’est présenté, je n’ai pas hésité longtemps. Un motif respectable et une issue vénérable m’ont encouragé.
La gestion de la petite communauté anglicane dans laquelle j’ai été muté occupe mes journées et me laisse tout juste assez de temps pour les activités annexes. L’église à laquelle elle est rattachée est située sur les hauteurs de la ville. C’est une « vieille dame » bâtie à la Belle Époque quand Nice était le lieu de villégiature préféré des ressortissants britanniques.
Comme la plupart des anciennes maisons niçoises, elle dispose d’une cour et d’un jardin planté en partie de citronniers « Menton » et de bigaradiers. L’autre partie est constituée d’une grande variété de plantes aromatiques, indispensables à la cuisine locale que j’apprécie plus que la mienne, et de massifs de fleurs innombrables, dont l’aspect naturel et sauvage respecte en fait une structure stricte. Des allées courbes et sinueuses se frayent un passage entre les rosiers et les arbustes, me rappelant ainsi l’authentique jardin anglais que je possède là-bas.
En plus du service religieux, je m’occupe des sorties périscolaires, du catéchisme et d’une association. Je suis souvent sollicité par les paroissiens, mais il me reste encore un peu de temps pour ma passion, la musique. J’anime régulièrement les soirées privées de la paroisse, afin de récolter quelques dons pour la communauté. J’ai acheté d’occasion une table de mixage et dès mon arrivée en mai, j’ai monté avec trois jeunes gens un petit groupe pour attirer un public différent. Je n’ai pas eu trop de mal, le local au sous-sol était vaste et vacant. J’avais déjà l’ampli et ma guitare électrique, une Gibson, Luc à la basse, Jeremy sur une batterie, Vincent au clavier et une bonne dose de volonté, ça roulait.
Ma vie tourne ainsi, prières, sermons, dialogue, paperasse, gamins, musique. Solitaire et célibataire endurci, j’ai toujours refusé d’engager mes sentiments à court, moyen ou long terme, prétextant que ma vocation ne laissait pas de place à une femme. Mes critères de choix physique et intellectuel étant de plus incontournables et impossibles à concentrer sur un être unique, je suis convaincu que même s’il existait un dernier exemplaire de déesse, je ne serais pas sûr de la trouver à mon goût.
Depuis deux ans, je parviens à limiter mes rapports intimes : deux histoires très brèves sans intérêt… Rien ne m’y oblige, je m’y contrains. Les idées plus claires, l’esprit plus libre, je préfère laisser mon corps s’exprimer de lui-même, indépendamment de toute charge émotionnelle, au hasard d’un regard, lors d’un rêve. En l’y aidant aussi.
Tout compte fait, ma vie aujourd’hui est sans aucun doute, aux antipodes de ma vie d’avant.
Sex, drugs, alcohol & rock’n’roll !
Se consacrer aux autres en faisant volontairement abstraction de soi-même résume mon job. Et je l’aime passionnément, je suis fait pour ça.
J’ai choisi de me tourner vers Dieu, car, lui seul ne me déçoit pas, ne me juge pas et m’accepte dans mon intégralité, aussi complexe soit-elle. Je le lui rends bien, enfin je le pense humblement, « donner » me procure un certain plaisir indéfinissable, presque jubilatoire. Inversement, « recevoir » me force à être dépendant vis-à-vis d’autrui et m’impose des obligations injustifiables pour moi, je n’aime pas le principe « donnant-donnant ».
Jean super skinny délavé, chemise blanche légère, Stan Smith, « I’m ready now ».
Le concert va débuter, un ultime appel micro pour la sœur de Luc, elle me remplacera à l’éclairage, oubli de dernière minute ! Tout est « opé ».
Les lumières baissent sur l’assemblée, d’autres se figent sur nous quatre. Je branche mon micro et commence Waiting for love d’Avicci.
Balayant rapidement du regard le public pendant les applaudissements, avant d’entamer Say you won’t let go de James Arthur, mes yeux s’arrêtent sur un visage qui m’est totalement inconnu. Elle est là, seule. Sur le moment, je pencherais pour une illusion d’optique, car l’instant d’après il n’y a plus personne, mais sa silhouette se devine encore dans l’obscurité.
Au dernier morceau, Halelluya , elle a définitivement disparu.
Tout s’est parfaitement enchaîné. Cherchant à apaiser ma soif, je pars en quête de quelque chose de frais. M’éclipser de la scène afin de rallier le buffet déjà pris d’assaut est un vrai parcours du combattant, dans mon cas, j’opterais presque pour une croisade. Lorsque j’y parviens enfin, elle est là, toujours seule un verre à la main. Elle est donc bel et bien réelle.
Elle semble avoir pleuré, j’en ai fait pleurer plus d’une pour des raisons bien différentes qui n’ont rien à voir avec la simple interpréta

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