Chambre 503
209 pages
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Chambre 503 , livre ebook

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Description

Avec sensibilité et sérénité, Hélène Harbec nous fait vivre les derniers mois d’un homme malade, que sa fille a choisi d’accompagner jusqu’à la mort.
Chambre 503. Dernier lieu d’un homme qui marche lentement vers la mort.
À son chevet, sa fille.
De mois en mois, elle assiste, impuissante, à la souffrance et à la dégradation physique de son père. À chaque visite, elle note dans un carnet ses échappées, ses petits oublis, comme ses beaux moments de lucidité, tapissés de souvenirs et d’éclats de rire.
À l’image du voyage qui transforme les voyageurs, cette traversée du temps et de l’espace laisse ses empreintes tant chez celui qui se meurt que chez celle qui veille.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 février 2013
Nombre de lectures 8
EAN13 9782895972242
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CHAMBRE 503
DE LA MÊME AUTEURE

Poésie

Le tracteur céleste , Moncton, Éditions Perce-Neige, 2005.
Va , Moncton, Éditions Perce-Neige, 2002. Prix Antonine-Maillet-Acadie Vie 2002.
Le Cahier des absences et de la décision , Moncton, Éditions d’Acadie, 1991.

Fiction

Les Voiliers blancs , Moncton, Éditions Perce-Neige, 2004.
L’Orgueilleuse , Montréal, Éditions du remue-ménage, 1998.
L’été avant la mort , en collaboration avec France Daigle, Montréal, Éditions du remue-ménage, 1986.
Hélène Harbec
Chambre 503

RÉCIT
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Harbec, Hélène, 1946-
Chambre 503 / Hélène Harbec.
(Voix narratives) ISBN 978-2-89597-117-7
I. Titre. II. Collection : Voix narratives
PS8565.A5946C43 2009 C843’.54 C2009-905746-8
ISBN ePub : 978-2-89597-224-2

L’auteure remercie le Conseil des arts du Nouveau-Brunswick et le Conseil des Arts du Canada pour leur soutien financier à l’écriture de ce récit.

Les Éditions David remercient le Conseil des Arts du Canada, le Secteur franco-ontarien du Conseil des arts de l’Ontario, la Ville d’Ottawa et le gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada.

Les Éditions David
335-B, rue Cumberland
Ottawa (Ontario) K1N 7J3

Téléphone : 613-830-3336 / Télécopieur : 613-830-2819

info@editionsdavid.com
www.editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada.
Dépôt légal (Québec et Ottawa), 4 e trimestre 2009
Remerciements à
Monique LeBlanc
Marie Cadieux
Simone LeBlanc-Rainville
Jean Harbec
Lise Harbec
À ma mère
I
Je t’ai laissé un jardin à soigner pour aller au chevet de mon père Comment sont les fleurs ?
Avant il se croyait dans un hôtel. Maintenant il sait qu’il est à Gertrude-Lafrance et qu’on lui met des barrières. Ce n’est pas endurable d’être privé de ses capacités à cause des grosses ceintures et des barrures pareilles, mais il a passé une bonne nuit parce qu’il comprend mieux le fonctionnement des choses. La nuit prochaine sera bonne aussi. Celle d’avant ne l’a pas été du tout, il y avait trop d’inconnu. Maintenant il est rassuré, tout le monde le connaît ici, ils savent même le nom de sa femme et de ses sept enfants : Hélène Claude Gilles Lise Jean Guy Robert, défile-t-il d’un seul trait.
Assieds-toi ma fille, dit-il, lis ou écris, ne perds pas ton temps.
À son réveil, nous nous préparons pour une promenade à pied dans le corridor à l’aide de sa canne. Nous faisons un court arrêt à la porte de sa voisine de gauche, Kim Roswell. Couchée dans son lit, elle ressemble à une Frida Kahlo aux cheveux blancs. Un jour, elle aura son congé et elle aimerait que sa sœur lui apporte ses deux valises carreautées. Une rouge et une beige. À la fin du premier tour, nous disons bonjour à sa voisine de droite, Mme Granger, qui fait du surplace en fauteuil roulant, avançant et reculant au milieu du corridor. Elle répond bonjour monsieur, bonjour madame, penchant la tête sur son épaule et levant les yeux vers nous.
Papa ne veut pas rentrer tout de suite, il est d’accord pour que nous fassions un autre bout de chemin. Je l’encourage en le tenant par la taille. Sa chemise et son bermuda sont mouillés d’urine. Il n’en dit rien. Nous coupons court au deuxième tour du carré, revenant sur nos pas du côté nord. Nous repassons devant la chambre de Kim Roswell. Nous lui faisons un salut de la main, mais elle ne répond pas : elle s’est endormie. La chambre d’ensuite est celle de papa. Il va droit vers le lit et s’assoit tout au bord du matelas. Je lui dis que son linge est mouillé. Nous enlevons ensemble ses vêtements. Je le lave. Il demande une débarbouillette pour frotter plus fort. Il ne veut pas être un fardeau. Je le rassure. Il m’aide à le revêtir de propre et désire quelque chose qui sent bon dans le cou et si ça ne me dérange pas, il va faire un somme.
Où passes-tu tes nuits, toi ma fille ?
Je dors au condo avec maman.
Tu as de la chance.
Plus tard dans l’après-midi, nous entendons des pleurs au loin. La dame qui pleure, dit-il, elle pleure tout le temps. Chaque jour de la même façon.
Je l’accompagne à sa chaise pour le repas. Il mange une soupe aux légumes d’une main incertaine. Les légumes tombent et s’éparpillent. Il refuse le plat principal et la salade de fruits. Il accepte toutefois les biscuits aux brisures de chocolat, boit un café le regard fixe. Je le conduis au lit. La distance à franchir entre la chaise et le lit est courte, mais il arrive à peine à se tenir sur ses jambes. Il avance à la fois craintif et déterminé de se rendre, s’appuyant sur moi. Enfin couché, il se tourne sur le côté droit en poussant un soupir de soulagement. Au moment de mon départ, il s’assombrit. Il bougonne quelques mots et lève le ton, prétextant qu’il n’est pas nécessaire de l’attacher. Il se sent désarmé. Hier soir justement, un homme l’a libéré parce que c’était trop serré. Je lui dis qu’il le faut pour ne pas qu’il tombe quand il n’y a personne auprès de lui. Un silence se fait de part et d’autre. Dans ses yeux, une grande désapprobation. Il bout à petits bouillons tandis qu’une main au-dedans de lui contrôle le feu. Je reste à son chevet et j’attends.
Vas-y, dit-il. Fais ce que tu veux.
Je prends les deux bouts de la contention et les joins doucement, tâchant de lui laisser tout l’espace possible et je monte la ridelle sans que jamais son œil triste ne cesse de me regarder.
L’attacher, ce n’est pas ce que je veux.
Ici, le matin, on veut toujours savoir s’il a fait une selle, la forme, la quantité, c’est sérieux . Même plus tard dans la journée. Il dit que c’est une chance que je sois là, moi sa fille, parce qu’il vient de passer les pires années de sa vie. Hier soir, il était attaché dans son auto et il ne savait plus quoi faire pour revenir à sa chambre. Il se sent prisonnier et ne souhaite pas ça à personne, mais il comprend qu’il vaut mieux être attaché que de se casser une jambe. C’est vrai qu’il est un grand malade, réfléchit-il, et sa vue baisse, il ne faudrait pas que je raconte ses problèmes à maman, elle s’inquiète trop et elle est plus malade que lui.
Tu peux en parler à tes enfants, autrement ça rend malheureux, je lui dis. Claude et Lise vont venir bientôt.
Je pense que tu as raison.
Ce n’est pas la question, papa.
Est-ce que tu aurais quelque chose de doux pour que je sente bon ?
Il voit un miroir en direction du fauteuil bleu. Ma sœur Lise lui dit qu’il lui arrive de voir des choses qu’on ne voit pas. Le problème n’est pas là, répond-il. Il est où le problème ? Il ne le sait pas. Pendant le repas, elle lui donne le choix d’écouter de la harpe ou des voix corses. Il opte pour Voce di Corsica . Tout en écoutant, il prend plaisir à se rappeler la manécanterie à laquelle il appartenait et les belles soutanes que les jeunes garçons portaient pour chanter. Le chanoine les corrigeait avec un bâton. Il dit qu’il l’aimait quand même. Avec une lenteur qui s’accentue, il mange tout, assez proprement, mais la cuillère atterrit souvent à côté de l’assiette.
Qu’est-ce que vous avez pour dessert les femmes ? demande-t-il.
Des mandarines, deux biscuits secs et du chocolat, que je lui réponds.
Et c’est quoi ce gaspillage d’eau ? Comment se fait-il que les champlures coulent comme ça ?
Tu as dû rêver, papa, ou entendre un bruit qui fait penser à de l’eau qui coule.
Non, je n’ai rien entendu couler, je voyais seulement deux champlures ouvertes à pleine capacité, l’eau chaude et l’eau froide, juste là. Je ne peux pas avoir rêvé non plus puisque je ne dormais même pas.
Mon frère Claude le teste en lui rappelant qu’il était bon dans les chiffres. Il lui demande d’abord de donner le résultat de 8 + 8. Après quelques secondes d’hésitation et un sourire, il répond : 16. Alors il continue : 16 + 16. Réponse de papa : 32. Et ensuite : 32 + 32. Réponse rapide de papa : 64. Et pour terminer : 64 + 64. Réponse encore rapide de papa : 128. Mon frère trouve que c’est assez surprenant. Chante papa, chante ! lui demande Lise. Papa ne se fait pas prier, il a ses pièces de choix : Notre sentier et Le petit bonheur de Félix Leclerc. Il bat la mesure du pied gauche. Nous écoutons ensuite L’hymne au printemps sur la casse

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