«J'ai voulu que ce journal décrive à sa manière un désir de récit : celui qui m'a traversé pendant toute ma jeunesse, pendant toutes ces années où je ne savais écrire que sur les œuvres des autres.» Dans les années 1990, Noël Herpe, jeune critique, croise les fantômes du cinéma et de la littérature d'après-guerre, et fréquente l'avant-garde du moment. Il collectionne lectures, films, rencontres, psychanalyses et expériences des limites. Il écrit de nombreux articles pour la presse, mais aucun livre ni aucun film. En secret, il tient un journal où alternent mondanités parisiennes et amours platoniques, balades en collants et nostalgie de l'enfance... Au début des années 2000, la mort de son père vient mettre un point final à ce journal singulier et mélancolique, à la fois portrait de son auteur et reflet d'une époque.
Je n'ai pas touché à ces ruines. Ce sont des moments de ma vie passée, détachés de moi et que je livre tels quels. Je me suis tout juste autorisé à les organiser, en éclairant les détails qui pourraient rester obscurs ; en supprimant les passages qui m'ont paru insignifiants ou redondants. J'ai voulu en effet que ce journal (interrompu par des lettres de mon père, et interrompu après sa mort) décrive à sa manière un désir de récit : celui qui m'a traversé pendant toute ma jeunesse, pendant toutes ces années où je ne savais écrire que sur lesœuvres des autres. Ce désir m'a inspiré bien des « faux départs »…On en lira quelquesuns à la fin.