La Méthode historique appliquée aux sciences sociales
115 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La Méthode historique appliquée aux sciences sociales , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
115 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Extrait : "La méthode historique est la méthode employée pour constituer l'histoire; elle sert à déterminer scientifiquement les faits historiques, puis à les grouper en un système scientifique. Il semble donc au premier abord, tant qu'on reste dans la logique formelle, qu'il existe une science spéciale, l'histoire, que cette science étudie une certaine catégorie de faits, les faits historiques, et qu'elle les étudie par une méthode appropriée à la nature de ces faits..." À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants : Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin. Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 67
EAN13 9782335054446
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335054446

 
©Ligaran 2015

Avertissement
Ce livre est sorti d’un cours professé pendant trois années au Collège libre des sciences sociales. Bien qu’entièrement remanié il porte encore la trace de son origine ; les divisions et subdivisions y sont très apparentes et annoncées expressément, la langue est plus familière et moins sévère qu’il n’est d’usage dans les livres écrits directement pour des lecteurs. Je n’ai pas cru devoir faire disparaître ces caractères, qui m’ont paru convenir à un recueil de conseils et d’indications de méthode. J’ai à m’excuser aussi d’avoir discuté des opinions sans citer le texte exact des auteurs ; un résumé m’a semblé suffisant pour le but pratique que je me proposais. Il m’a paru inutile également de donner une bibliographie des travaux sur les sciences sociales ; on en trouvera une, bien choisie et bien classée, dans le Catalogue bibliographique , publié en novembre 1899, par la Société nouvelle de librairie et d’édition.
La première partie du présent ouvrage porte sur le même sujet que l’Introduction aux Études historiques (1897), composée en collaboration avec mon collègue et ami Ch. -V. Langlois et qui est un traité sommaire de méthode historique ; mais elle n’en est pas la reproduction. Non seulement j’ai résumé les parties purement théoriques, abrégé celles qui n’intéressaient que les historiens, introduit des exemples tirés des sciences sociales ; je crois aussi avoir rectifié et complété la théorie fondamentale.
La deuxième partie : La méthode historique et l’histoire sociale est presque entièrement nouvelle ; elle traite une matière peu étudiée jusqu’ici, parce qu’elle occupe un terrain intermédiaire entre l’histoire et les sciences sociales ; elle s’adresse donc à la fois à deux publics différents, mais je pense qu’elle doit intéresser plutôt les spécialistes des sciences sociales que les historiens.

CH.S.
Introduction

MÉTHODE HISTORIQUE ET SCIENCES SOCIALES

I.  Méthode historique. – Nature de l’histoire. – Caractère indirect de la méthode historique. – Opérations historiques.

II. Sciences sociales. – Sens primitif de ce mot. – Sens actuel.

– Caractère des sciences sociales.

III. Nécessité de la méthode historique dans les sciences sociales : 1° Pour l’étude des phénomènes actuels ; – 2° Pour l’étude de l’évolution des phénomènes.
I.– La méthode historique est la méthode employée pour constituer l’histoire ; elle sert à déterminer scientifiquement les faits historiques, puis à les grouper en un système scientifique.
Il semble donc au premier abord, tant qu’on reste dans la logique formelle, qu’il existe une science spéciale, l’histoire, que cette science étudie une certaine catégorie de faits, les faits historiques, et qu’elle les étudie par une méthode appropriée à la nature de ces faits ; – de même qu’il y a une science de la chimie qui étudie les faits chimiques par une méthode chimique, une science de la biologie qui étudie les faits biologiques – ou (pour prendre comme exemple une science descriptive) une science de la zoologie qui décrit le monde animal. L’histoire serait une science d’observation. Il semble même qu’on puisse délimiter la catégorie de faits étudiés par l’histoire ; ce sont toujours des faits passés, et des faits humains. Les faits passés relatifs aux animaux ou aux plantes ne sont plus rangés dans la catégorie de l’histoire ; le mot histoire naturelle représente une conception entièrement abandonnée. L’histoire, au sens moderne, se réduit à l’étude des hommes vivant en société ; elle est la science des faits humains du passé.
Mais, dès qu’on cherche à délimiter pratiquement le terrain de l’histoire, dès qu’on essaie de tracer les limites entre une science historique des faits humains du passé et une science actuelle des faits humains du présent, on s’aperçoit que cette limite ne peut pas être établie, parce qu’en réalité il n’y a pas de faits qui soient historiques par leur nature, comme il y a des faits physiologiques ou biologiques. Dans l’usage vulgaire le mot « historique » est pris encore dans le sens antique : digne d’être raconté ; on dit en ce sens une « journée historique », un « mot historique ». Mais cette notion de l’histoire est abandonnée ; tout incident passé fait partie de l’histoire, aussi bien le costume porté par un paysan du XVIII e  siècle que la prise de la Bastille ; et les motifs qui font paraître un fait digne de mention sont infiniment variables. L’histoire embrasse l’étude de tous les faits passés, politiques, intellectuels, économiques, dont la plupart ont passé inaperçus. Il semblerait donc que les faits historiques puissent être définis : les « faits passés », par opposition aux faits actuels qui sont l’objet des sciences descriptives de l’humanité. C’est précisément cette opposition qu’il est impossible de maintenir en pratique. Être présent ou passé n’est pas une différence de caractère interne, tenant à la nature d’un fait ; ce n’est qu’une différence de position par rapport à un observateur donné. La Révolution de 1830 est un fait passé pour nous, présent pour les gens qui l’ont faite. Et de même la séance d’hier à la Chambre est déjà un fait passé.
Il n’y a donc pas de faits historiques par leur nature ; il n’y a de faits historiques que par position. Est historique tout fait qu’on ne peut plus observer directement parce qu’il a cessé d’exister. Il n’y a pas de caractère historique inhérent aux faits, il n’y a d’historique que la façon de les connaître. L’histoire n’est pas une science, elle n’est qu’un procédé de connaissance.
Alors se pose la question préalable à toute étude historique. Comment peut-on connaître un fait réel qui n’existe plus ? Voici la Révolution de 1830 : des Parisiens, tous morts aujourd’hui, ont pris sur des soldats, morts aussi, un bâtiment qui n’existe plus. Pour prendre en exemple un fait économique : des ouvriers morts aujourd’hui dirigés par un ministre mort aussi ont fondé l’établissement des Gobelins. Comment atteindre un fait dont aucun élément ne peut plus être observé ? Comment connaître des actes dont on ne peut plus voir ni les acteurs ni le théâtre ? – Voici la solution de cette difficulté. Si les actes qu’il s’agit de connaître n’avaient laissé aucune trace, aucune connaissance n’en serait possible. Mais souvent les faits disparus ont laissé des traces, quelquefois directement sous forme d’objets matériels, le plus souvent indirectement sous la forme d’écrits rédigés par des gens qui ont eux-mêmes vu ces faits. Ces traces, ce sont les documents, et la méthode historique consiste à examiner les documents pour arriver à déterminer les faits anciens dont ces documents sont les traces. Elle prend pour point de départ le document observé directement ; de là elle remonte, par une série de raisonnements compliqués, jusqu’au fait ancien qu’il s’agit de connaître. Elle diffère donc radicalement de toutes les méthodes des autres sciences. Au lieu d’observer directement des faits, elle opère indirectement en raisonnant sur des documents. Toute connaissance historique étant indirecte, l’histoire est essentiellement une science de raisonnement. Sa méthode est une méthode indirecte, par raisonnement.
C’est une méthode évidemment inférieure, une méthode d’expédient ; on l’évite tant qu’on peut employer la méthode normale, l’observation directe. On n’en fait aucun usage dans toutes les sciences générales, physique, chimie, biologie, celles qui cherchent les lois générales, c’est-à-dire permanentes, des phénomènes ; il suffit ici d’expérimenter et d’observer. Mais quand on a besoin de connaître une évolution, il faut pouvoir comparer avec les faits présents qu’on observe des faits passés qu’on ne peut plus observer ; on est forcé alors de recourir à la méthode indirecte, qui seule permet d

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents