Méditations urbaines
229 pages
Français
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Description

Dans ces notes quotidiennes rédigées de bon matin, l'auteur se donne comme tâche de dégager deux ou trois réflexions sur des feuillets qu'il glisse ensuite dans une boîte en carton, sorte de boîte à lettres qu'il se confectionne. Dix mois plus tard, il ouvre la boîte et, après une brève recomposition de l'ensemble, cela donne le texte que vous avez sous les yeux, fruit de méditations urbaines d'où se dégage, peut-être, une philosophie de la sincérité.

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Date de parution 01 octobre 2017
Nombre de lectures 7
EAN13 9782140047756
Langue Français

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Extrait

Patrick Gaboriau
Méditations urbaines
L O G I Q U E S S O C I A L E S
Série documents
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Méditations urbaines
Patrick Gaboriau
Méditations urbaines
Du même auteur
La pensée ensorcelée. La sorcellerie actuelle en Anjou et en Vendée.Les Sables d’Olonne, Le Cercle d’Or, 1987.
Modes de pensée et savoirs psychiatriques. Essai d’anthropologie sociale.Doctorat d’État en anthropologie et sociologie comparée. Lille, Atelier National de Reproduction des thèses, 1988, trois volumes.
Clochard. L’univers d’un groupe de mendiants parisiens.Paris, Julliard, 1993.
La civilisation du trottoir.Paris, Austral, 1993.
SDF à la Belle Epoque. L’univers des mendiants e e vagabonds au tournant des XIX et XX siècles. Paris, Desclée de Brouwer, 1998.
Ethnologie des sans-logis. Étude d’une forme de domination sociale.L’Harmattan, 2003 [livre Paris, codirigé avec Daniel Terrolle].
SDF. Critique du prêt à penser. Toulouse, Privat, 2007 [livre co-écrit avec Daniel Terrolle].
Le chercheur et la politique. L’ombre de nouveaux inquisiteurs.Montreuil, Aux Lieux d’Être, 2008.
La présence et l’absence. Brève introduction à l’existence.Paris, L’Harmattan, 2016.
© L’HARMATTAN, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Parishttp://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-13079-8 EAN : 9782343130798
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La boîte en carton
Aujourd’hui, 22 mars 2016, je prépare une boîte en carton que je scelle avec du ruban adhésif, comme sur une boîte à lettres je cisaille une ouverture sur le côté pour le passage d’une feuille de format A4, j’ambitionne d’y glisser deux ou trois réflexions quotidiennes que j’écrirai à la main, pour me désintoxiquer de l’ordinateur. Le huit décembre prochain, mon jour anniversaire, j’ouvrirai la boîte. Ce sera le texte que le lecteur, si jamais je le touche, aura sous les yeux, fruit de méditations urbaines. À l’instant, j’écris sur une feuille blanche et, sitôt achevées ces présentes phrases, je les « posterai » dans ma boîte. Les pages de ce livre sont écrites de la sorte, sur des feuillets glissés dans ce carton ramené hier du supermarché Simply. Je pourrais créer un blog, me servir de Twitter ou Facebook, je préfère écrire à la main. Le stylo plume prend désormais l’aspect d’un outil de résistance face à la pensée numérisée et volatile. Je ne chercherai pas a priori une cohérence à l’ensemble, j’aimerais seulement qu’il reflète et s’accorde avec le mouvement de ma propre vie et que, suivant à vau l’eau une existence, il présente les préoccupations fugitives d’une personne.
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J’ai longtemps écrit pour mes contemporains, je me disais que coller au temps présent, c’était me lancer dans les débats du jour, m’inscrire dans l’enracinement d’une époque et d’une présence, je pensais n’avoir guère le choix, plus encore j’associais ce souci àune forme diffuse de sincérité. Sur ce point j’ai changé. J’écris pour les gens qui sauront me lire, qu’importe leur inscription. Que je sois vivant ou disparu, j’aimerais que ma voix apporte une amitié chaleureuse aux oreilles qui l’écoutent. Je m’adresse maintenant à un être inconnu, quel que soit le lieu et le moment où il vive. Quelqu’un qui aimera quelques heures s’associer à mon âme. Je n’écris plus pour les humains de mon temps, s’il se trouve quelques lecteurs j’en serais ravi, mais je ne cherche aucune reconnaissance, je connais trop le concert du monde. Je garde pour seule et unique arme la force de la sincérité qui agglutine sa puissance au fil du temps.
Est-ce une bouteille jetée à la mer, pour espérer un dialogue au-delà d’un espace et d’un moment historique ? Voici peut-être où se niche l’esprit du temps, dans les plus secrets des rêves qui, échos d’une même époque, fourmillent de similitudes avec les semblables qui partagent ce moment historique. J’ai ce pressentiment de l’éclosion d’un germe qui peine à s’énoncer, d’où fourmilleront des espoirs neufs. Par-delà ce souci de devoir en finir avec les valeurs du commerce et de l’argent, par-delà ce sentiment stérile d’un air étouffant qui nous pourrit l’existence, j’anticipe un espoir collectif qui miroitera quelques années, motivera nos forces créatrices et générera une autre ambiance. Je peine à en cerner les contours, je le conçois dans plusieurs directions, en cela je me trompe sans doute. Si je le résumais d’une
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phrase, je dirais : nous devons renaître et nous émerveiller autour de projets collectifs motivants. …Tranquille, je relisais le présent tapuscrit quand mon travail fut interrompu par une avalanche d’eau venant du plafond de ma salle d’eau. À travers un conduit d’aération que je n’avais guère remarqué auparavant, il se mit à tomber des dizaines de seaux d’un liquide noirâtre. La cascade s’arrêta d’elle-même, laissant ma pièce dans un état pitoyable. Je trouvai deux vieilles serpillères et commençai à pomper l’eau sale qui imbibait mon carrelage. Je venais à peine d’assécher les cinq ou six centimètres d’eau étalée sur le sol que l’équivalent de deux ou trois seaux supplémentaires me furent délivrés sans coup férir, comme un rab, cette fois-ci associés à une projection de graviers. Je montais cogner à la porte de mes voisins qui n’avaient rien constaté de particulier. De retour chez moi, je poursuivis ma besogne. Il était onze trente du soir, je passai deux heures à tenter d’assécher le sol. Ce n’était qu’un début. Mais revenons à nos moutons. J’imagine le mode de vie dans vingt ou trente ans, je le fais sans difficulté – ce sera sans doute un capitalisme libéral toujours plus arrogant ; si je pense : et dans cent mille ans ? Alors l’ordre de grandeur anéantit mes projections et rend mes hypothèses dérisoires. Dans un espace de temps aussi large nous subiront des transformations inattendues. Si notre humanité persiste, nous serons autres, vivrons comme nous ne savons l’imaginer, sans doute où nous n’avons pas encore mis les pieds.  Nous envisageons le prolongement de nos valeurs, globaliste et écologique, scientifique et informatique, nous
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