Oeuvres Diverses
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Oeuvres Diverses , livre ebook

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Description

Ensemble de textes de Diderot, peu connus, écrits entre 1762 et 1775. "Sur la princesse Dashkoff", "Lui et moi", "Histoire de la Russie", "Histoire universelle traitée relativement aux arts de peindre et de sculpter", "Lettre de M. Raphael Le Jeune", "L'Ombre de Raphael", "Frontière de Virginie" sont autant de petits textes courts qui ont ponctué la pensée de Diderot.

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Publié par
Nombre de lectures 24
EAN13 9782335017021
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335017021

 
©Ligaran 2015

Nous réunissons, sous le titre forcément un peu vague d’ Œuvres diverses , quelques morceaux qui n’ont point de lien entre eux et qui, sauf le second et la Lettre sur la Librairie qu’on trouvera dans le volume suivant, sont tous inédits. Le premier est un dialogue communiqué par feu M. Rathery, bien peu de temps avant la dispersion de son précieux cabinet. Si court qu’il soit, ce dialogue nous a obligé à beaucoup de recherches, parce qu’il fait allusion à un épisode resté obscur de la vie du philosophe et qu’en outre il y est question d’une brochure dont nous avons renoncé à trouver un exemplaire.
Le portrait de la princesse Dashkoff, publié d’abord par Naigeon, est la contrepartie du récit que la princesse nous a laissé de ses relations avec Diderot, qu’elle devait revoir trois ans après à Pétersbourg et dont elle nous a heureusement conservé les lettres.
La communication du catalogue des manuscrits de l’Ermitage, préparé par M. de Murait, nous avait révélé quelques desiderata que nous désespérions de combler jamais, lorsqu’un Français, M. Howyn de Tranchère, depuis longtemps familier avec les trésors de la Bibliothèque impériale, a bien voulu prendre la peine de copier ces morceaux et de nous les envoyer. Grâce à lui, notre édition s’enrichit donc de ces pages destinées sans doute à la Correspondance de Grimm, où elles n’ont point été insérées, et qui n’auraient peut-être jamais vu le jour. Nous en témoignons à M. Howyn de Tranchère notre profonde gratitude.
Lui et moi
Personne n’a jamais su comme lui combien j’étais bête ; il doit, il m’emprunte de l’argent pour payer ses dettes et s’en sert pour faire imprimer une satire contre moi. Avant que de faire imprimer sa satire, il me la lit. Je lui montre qu’elle est mauvaise et il se sert de mes conseils pour la rendre meilleure. Quand il croit avoir tiré de moi tout le parti qu’un coquin peut tirer d’un sot, il vient me voir, il me dit qu’il est un coquin, me laisse clairement entendre que je suis un sot, me tire sa révérence et s’en va.
Au bout de cinq à six mois, je le retrouve au coin de la rue Maçon. Il rasait le mur, il n’avait pas pour vingt sous de hardes sur tout son corps. Il était maigre, sale et hâve. Il paraissait accablé de misère et de vilaines maladies. Il m’arrête et nous causons.

MOI
Comme vous voilà !

LUI
Il est vrai que je suis fort mal ;

MOI
Pardieu, je m’en réjouis.

LUI
Comment ! Vous vous en réjouissez.

MOI
Assurément. Vous avez le sort que vous méritez et je vois qu’il faut tôt ou tard que justice se fasse.

LUI
Toujours de la gaieté et de l’imagination. Sans plaisanter, vous m’avez dit il y a quelque temps que s’il ne me manquait qu’une centaine de francs par an pour me soutenir et m’aider à reprendre la robe de palais, vous me les donneriez volontiers.

MOI
Je m’en souviens, mais j’ai changé d’avis.

LUI
Et pourquoi cela ?

MOI
C’est que vous êtes un brigand et qu’il y a dans la société vingt mille honnêtes gens qui souffrent.

LUI
Vous avez bien mauvaise opinion de moi.

MOI
Très mauvaise. Mais qu’est-ce que cela vous fait ?

LUI
Peu de chose.

MOI
Oh ! je sais que la seule chose que vous regrettiez, c’est l’argent que vous ne m’attraperez plus.

LUI
Vous ne savez pas combien vous êtes bon.

MOI
Mais, en revanche, je sais combien vous l’êtes peu. À quel propos aussi me faire cet impertinent apologue de la fourmi et du fourmilion ?

LUI
Vous pensez encore à cela ?

MOI
Si j’y pense ! cet apologue pouvait me coûter fort cher : il ne fallait que le différer jusqu’aujourd’hui, par exemple.

LUI
Le conseil est bon et j’en userai. Imaginerez-vous que dans l’état déplorable où vous me voyez j’ai fait un livre ?

MOI
Une satire contre un bienfaiteur ?

LUI
Ah ! l’horreur !

MOI
C’est donc une apologie des persécuteurs ou des sangsues de la nation ?

LUI
Ah ! ah !

MOI
Mais n’est-ce pas au moment où je vous empêchais de mourir de faim au coin d’une borne, ou sur la paille dans une prison, que vous avez fait imprimer les Zélindiens ?

LUI
Qu’est-ce que cela ?

MOI
Une satire contre mes amis et moi.

LUI
Et de qui cette satire ?

MOI
De vous.

LUI
Cela n’est pas possible.

MOI
Vous êtes un impudent. Songez donc que vous me l’aviez lue manuscrite ! Allons donc, à votre rôle ! Il ne faut pas me dire : « Je ne sais pas ce que c’est que les Zélindiens  », mais : « Il est vrai que j’ai fait cette satire. Que voulez-vous ? Je n’avais pas le sol, et ce coquin d’Hérissant, qui court après tout ce qu’on écrit contre les encyclopédistes, m’en offrait quatre louis ». Je suis homme à me payer de ces raisons. Si je fais la sottise de réchauffer un serpent, je ne serai pas surpris qu’il me pique.

LUI
Il fait un froid de diable. Si nous entrions au café ?

MOI
Serviteur.

LUI
Ma foi ! vous êtes un rare corps. Entrons un moment. J’ai un plaisir infini à causer avec vous.

MOI
Moi, je ne saurais souffrir les gens sans caractère. Quand on a le vice, encore faut-il savoir en tirer parti.

LUI
Entrons un moment et vous m’apprendrez tout cela.

MOI
Serviteur.

LUI
Quoi que vous pensiez de mon caractère, je ne néglige pourtant rien pour m’en donner un bon.

MOI
Temps perdu. Peut-être qu’avec plus d’intrépidité…

LUI
Eh bien ! Que ferais-je ?

MOI
Mais si vous aviez un père âgé qui vécût trop longtemps…

LUI
Je n’ai point de père.
À ce mot, l’horreur me saisit. Je m’enfuis, lui me criant : « Philosophe, écoutez donc, écoutez donc. Vous prenez les choses au tragique. » Mais j’allais toujours et j’étais bien loin de cet homme que je m’en croyais encore trop près. M. Le Roy m’a dit qu’il avait beaucoup de pareils. Ma foi, je ne saurais le croire.
Sur la princesse Dashkoff

1770
M me la princesse Dashkoff a passé ici quinze jours, pendant lesquels je l’ai vue quatre fois, depuis environ cinq heures du soir jusqu’à minuit. J’ai eu l’honneur de dîner et de souper avec elle, et je suis presque le seul Français dont elle ait accepté les visites.
Elle est Russe, intus et in cute ; grande admiratrice des qualités de l’impératrice, dont elle m’a toujours parlé avec le plus profond respect et la vénération la plus vraie. Elle a pris beaucoup de goût pour la nation anglaise ; et je crains un peu que sa partialité pour ce peuple antimonarchique ne l’ait empêchée d’apprécier juste les avantages de celui-ci. Il n’en était pas ainsi de M lle Caminski, sa compagne de voyage et son amie. Elle aimait la France et les Français, et louait nos belles choses avec une franchise qui n’était pas trop du goût de la princesse.
M me Dashkoff sortait de chez elle dès les neuf heures du matin : c’était au commencement de novembre. Elle ne rentrait qu’à la chute du jour pour dîner. Tout son temps était employé à s’instruire de ce qu’on peut connaître par les yeux : tableaux, statues, édifices, manufactures ; à l’entrée de la nuit, j’allais causer avec elle de ce qu’on ne voit point, et qu’on ne peut apprendre que par un long séjour : lois, coutumes, administration, finances, politique, mœurs, arts, sciences, littérature ; je lui en disais ce que j’en savais.
Elle ne demandait de l’impératrice ni grandeur ni richesse ; mais la conservation de son estime, qu’elle croyait mériter, et son amitié, qu’elle se flattait de posséder.
Nous n’avons parlé de la révolution qu’un moment ; elle en réduisait, pour sa part et celle des autres, le mérite presque à rien ; elle disait que cela s’était engagé par des fils imperceptibles, qui les avaient tous conduits à leur insu ; que si quelqu’un avait poussé sérieusement à cette aventure, c’était Pierre III lui-même, par ses extravagances,

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