Court-circuits
198 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Par une brûlante journée d'été, le narrateur arrive dans une petite ville de Bohême, déserte, avec l'espoir de s'y restaurer, croit-il. Mais avant qu'on le retrouve, trois mois plus tard, de retour, pour découvrir ce qu'il est vraiment venu chercher là, il se sera effacé, passant le relais à une multitude de personnages, aux quatre coins du monde, dans des situations révélatrices de leurs destins, en ces moments particuliers où ils ont pris la décision de changer de vie. Il arrive que, par hasard, l'un ou l'autre revienne, croisant le chemin de celui ou de celle avec qui l'on se trouve.


Dans ce vaste roman à tiroirs, les récits s'emboîtent les uns dans les autres, comme des poupées russes, mais il se peut qu'une histoire ait de plus grandes proportions que celle dont elle semble issue. Le narrateur revient parfois, à l'occasion d'un court-circuit, là où le roman retrouve ce " je " de la première personne. Il arrive aussi que le livre accueille des personnages venus d'autres romans ou nouvelles du même auteur, certains lecteurs ayant ainsi la surprise de les retrouver tandis que les autres feront rapidement leur connaissance. Quant à l'auteur lui-même, certains le reconnaîtront ici ou là, malgré les masques de l'anonymat ou du travestissement.


Ainsi, d'une certaine façon, ce roman et ses thèmes, avec ses personnages et leurs obsessions, les uns et les autres récurrents, prennent place étrangement plutôt au centre qu'à la suite des précédents ouvrages d'Alain Fleischer, un lieu où tout converge et d'où tout peut être redistribué.





Informations

Publié par
Date de parution 29 mars 2012
Nombre de lectures 33
EAN13 9782749122922
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0127€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Alain Fleischer
Courts-circuits
Roman
COLLECTION « STYLES » DIRIGÉE PAR VINCENT ROY
Couverture : C. Liger-Marie. © le cherche midi, 2012 23, rue du Cherche-Midi 75006 Paris Vous pouvez consulter notre catalogue général et l’annonce de nos prochaines parutions sur notre site : www.cherche-midi.com « Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. »
ISBN numérique : 978-2-7491-2292-2
DU MÊME AUTEUR AU CHERCHE MIDI
L’Ascenseur , « Styles », 2007 (récit).
La Vision d’Avigdor , « Styles », 2008 (théâtre).
C HEZ D’AUTRES ÉDITEURS
R OMANS
Là pour ça , « Textes », 1986 (réédition Léo Scheer-Flammarion, 2003).
Quatre voyageurs , Le Seuil, « Fictions & Cie », 2000 et « Points », n° 907.
Les Trapézistes et le Rat , Le Seuil, « Fictions & Cie », 2001 et « Points », n° 1151.
Les Ambitions désavouées , Le Seuil, « Fictions & Cie », 2003.
Les Angles morts , Le Seuil, « Fictions & Cie », 2003.
La Hache et le Violon , Le Seuil, « Fictions & Cie », 2004.
Immersion , Gallimard, « L’Infini », 2005.
L’Amant en culottes courtes , Le Seuil, « Fictions & Cie », 2006.
Prolongations , Gallimard, « L’Infini », 2008.
Moi, Sándor, F. , Fayard, « Alter ego », 2009.
R ÉCITS ET NOUVELLES
Grands hommes dans un parc , Verdier, « Antigone », 1989.
Quelques obscurcissements , Deyrolles/Verdier, 1991.
Pris au mot , Deyrolles/Verdier, 1992.
La Nuit sans Stella , Actes Sud, 1995.
La Femme qui avait deux bouches , Le Seuil, « Fictions & Cie », 1999.
La Seconde Main , Actes Sud, 2001.
Mummy, Mummies , Verdier, 2002.
La Traversée de l’Europe par les forêts , Virgile, 2004.
Descentes dans les villes , Fata Morgana, 2009.
E SSAIS
Faire le noir. Notes et études sur le cinéma , Marval, 1996.
L’Art d’Alain Resnais , centre Georges-Pompidou, 1998.
La Pornographie. Une idée fixe de la photographie , La Musardine, « L’attrape-corps », 2000.
La Vitesse d’évasion , Léo Scheer, 2003.
La Femme couchée par écrit , Léo Scheer, 2005.
Éros/Hercule , La Musardine, « L’attrape-corps », 2005.
L’Accent, une langue fantôme , Le Seuil, « La librairie du XXI e siècle », 2005.
Le Carnet d’adresses , Le Seuil, « La librairie du XXI e  siècle », 2008.
Les Laboratoires du temps. Écrits sur le cinéma et la photographie I , Galaade, 2008.
L’Empreinte et le Tremblement. Écrits sur le cinéma et la photographie II , Galaade, 2009.
La Caméra , Actes Sud, 2009.
T HÉÂTRE
Tour d’horizon , Léo Scheer, 2003.
(…) La littérature ne commence que lorsque naît en nous une troisième personne qui nous dessaisit du pouvoir de dire Je.
Gilles D ELEUZE
 
 
 
 
Réponse ou question (amicale) à Gilles Deleuze :
Et si parfois la littérature pouvait aussi commencer – ou continuer – lorsque renaît en nous une première personne qui nous dessaisit de tout pouvoir de ne pas dire Je ?
J e ne sais pourquoi ce sont les mots « La Terre est ronde… » qui me viennent à l’esprit alors que je pénètre dans cette petite ville de Tabor, en Bohême, où je ne suis jamais passé auparavant, lors de mes précédentes traversées de cette contrée, où je ne connais personne et où d’ailleurs personne ne se montre, en ce midi d’une brûlante journée de juillet, comme en produisent parfois les étés du climat continental. Pourquoi les mots « La Terre est ronde… » m’apparaissent soudain, en relation avec la chaleur et le vide de cette petite ville, quelque part en Europe centrale ? Est-ce la chaleur que j’associe à la rotondité, en pensant à des objets ronds comme les chaudières ou les marmites, où cuisent et se réchauffent les aliments ? Ou est-ce le vide, que je me représente plutôt rond que carré ou triangulaire, c’est-à-dire plutôt circonscrit et contenu par une sphère que par un cube ou une pyramide ? Ou encore, est-ce le sentiment d’un centre – de l’Europe, de mon destin ? – qui me renvoie à une périphérie circulaire ? À moins que ce ne soit l’impression de revenir ici – où je serais donc déjà passé – après un grand tour qui m’aurait d’abord projeté ailleurs, ou bien l’inverse : être arrivé au point de départ d’un voyage qui me ramènera ici tôt ou tard, inévitablement ? Les rues sont désertes, les boutiques closes, rideaux baissés, les bâtiments publics comme l’hôtel de ville, la poste, l’église ou la synagogue affichent leur indifférence obtuse à tout visiteur mal informé des horaires d’ouverture ou des jours fériés, et mon espoir s’évanouit bientôt de trouver un petit restaurant, une taverne ou le moindre café où me désaltérer et me sustenter, alors que c’est ce besoin qui m’a détourné de la route principale, entre Marianské Lazné et la frontière hongroise, pour tenter ma chance en m’aventurant dans l’agglomération. Je conduis mon automobile au ralenti, et je pourrais dire « sur la pointe des pieds », pour éviter de troubler l’ensommeillement et la torpeur qui ressemblent à ceux de la sieste, dans une ville du Sud de l’Europe, de l’Afrique du Nord ou du Moyen-Orient, aux heures du jour où les populations cherchent la fraîcheur et sont saisies par l’inaction. Mais nous sommes largement au nord de tout cela, et à une heure où, avant de s’abandonner à la somnolence qui peut en résulter, on s’attable pour le déjeuner. J’ai plutôt l’impression de parcourir une ville fantôme, que ses habitants auraient quittée pour une raison ou une autre, ou alors un décor de cinéma, qui ne reprend vie que lorsqu’un film vient se tourner là, nécessitant des rues et des façades typiques de cette région du monde, qu’envahissent alors des figurants costumés et des véhicules d’autres époques. Quelque chose a dû m’échapper à l’entrée de la ville, une indication de sa fermeture à la circulation, ou même une interdiction totale d’y pénétrer. Je m’attends à être interpellé par une autorité invisible, retranchée, qui s’adresserait à moi par l’intermédiaire de haut-parleurs, pour m’ordonner de déguerpir au plus vite. La petite ville pourrait être le centre d’un exercice militaire, ou de la simulation d’un accident, d’une catastrophe. Mais rien de tel ne se dessine, tout semble parfaitement paisible, le seul risque est celui de perdre mon temps, la seule menace celle de ne pas repartir dans la bonne direction et, avec mon réservoir aux trois quarts vide, de consommer de l’essence inutilement, jusqu’à la panne. De fait, je vois défiler la ville comme dans un film, avec des travellings de cinéma dont mon confortable fauteuil, dans une salle de projection, ne me transmettrait aucune secousse : mouvements réguliers, fluides, lumière idéale, absence de tout badaud importun, qui compromettrait la prise de vues en passant dans le cadre et en jetant un regard à la caméra ou, si je reviens au volant et au siège de ma voiture, en m’obligeant à freiner brutalement, ou à faire une embardée pour l’éviter. Il n’y a pas non plus le moindre indice permettant de dater le décor, comme un panneau de signalétique routière interdisant le stationnement, une enseigne au néon ou une publicité pour une compagnie aérienne. Cette petite ville que je parcours semble disponible et adaptable : il suffirait d’y installer les signes, les traces et les marques du temps ; il suffirait d’habiller les p

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