Clarté 1924-1928 (Tome II)
262 pages
Français

Clarté 1924-1928 (Tome II) , livre ebook

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262 pages
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Description

Le partisans de Clarté veulent hâter l'avènement d'une morale et d'un art au service des travailleurs. Ils rejoignent le groupe surréaliste d'André Breton au cours de l'année 1925. A partir de juin 26, Clarté devient un outil d'éducation communiste avant tout. Devant la montée du stalinisme et de son arbitraire politique, ils se tournent, à l'automne 1927, vers le trotskisme, déterminés à servir la cause de la révolution et de la démocratie ouvrière.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 8
EAN13 9782296467323
Langue Français
Poids de l'ouvrage 60 Mo

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Extrait

Clarté 1924-1928
Historiques Dirigée par Bruno Péquignot et Denis Rolland La collection "Historiques" a pour vocation de présenter les recherches les plus récentes en sciences historiques. La collection est ouverte à la diversité des thèmes d'étude et des périodes historiques. Elle comprend deux séries : la première s'intitulant "Travaux" est ouverte aux études respectant une démarche scientifique (l'accent est particulièrement mis sur la recherche universitaire) tandis que la seconde, intitulée "Sources", a pour objectif d'éditer des témoignages de contemporains relatifs à des événements d'ampleur historique ou de publier tout texte dont la diffusion enrichira le corpus documentaire de l'historien. Dernières parutions série ‘Travaux’ Fernando MONROY-AVELLA,Le timbre-poste espagnol et la représentation du territoire, 2011. François VALÉRIAN,Un prêtre anglais contre Henri IV, archéologie d’une haine religieuse,2011. Manuel DURAND-BARTHEZ,De Sedan à Sarajevo. 1870-1914 : mésalliances cordiales, 2011. Pascal MEYER,Hippocrate et le sacré, 2011. Sébastien EVRARD,Les campagnes du général Lecourbe, 1794-1799, 2011. Jean-Pierre HIRSCH,Combats pour l’école laïque en Alsace-Moselle entre 1815 et 1939, 2011. Yves CHARPY,Paul-Meunier, Un député aubois victime de la dictature de Georges Clemenceau, 2011. Jean-Marc CAZILHAC,Jeanne d’Evreux et Blanche de Navarre, 2011 André FOURES,L’école du commissariat de la Marine (Brest 1864-1939), Regard sur soixante-dix promotions et un millier d’anciens élèves, 2010. Nenad FEJIC,Dubrovnik (Raguse) au Moyen-Age, espace de convergence, espace menacé, 2010. Jean-Paul POIROT,Monnaies, médailles et histoire en Lorraine, 2010. Dernières parutions série ‘Sources’ Claude VIGOUREUX,Servir la « Lettres d’officiers (1894-1929)Gueuse », , 2010. Henri-Charles de Thiard de Bissy,Correspondance du comte de Thiard (Textes revus, avant-propos et notes par Bernard Alis), 2010. Yves BLAVIER,Fournier l'Américain. Mémoires secrets et autres textes, 2010. Lydia OLCHITZKY-GAILLET,Spoliation et enfants cachés, 2010.
ALAINCUENOTClarté 1924-1928 Tome II Du surréalisme au trotskisme Itinéraire politique et culturel
DEUXIÈME PARTIE (suite) CLARTÉDÉCEMBRE 1924-JUIN 1926
DU MÊME AUTEURAutogestion, la dernière utopie (sous la direction de Franck Georgi) Sorbonne, 2003 . Pierre Naville (1904-1993), biographie d’un révolutionnaire marxisteBénévent, 2008.© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-55497-9 EAN : 9782296554979
Chapitre XI Contre Maurice Barrès et Anatole France L’année 1924 se caractérise par une attaque en règle menée parClarté contre le pilier du nationalisme, Barrès et contre le représentant de l’humanisme bourgeois, Anatole France. Ce travail de dénonciation des plus violents constitue le point fort de l’activité culturelle de la revue. C’est une critique enragée que mèneClartécontre la pensée française. Il s’agit, à ses yeux, d’écraser les « idoles », et les « faux dieux » de la bourgeoisie, de montrer « la ruine ignominieuse » de la culture française classique. Comment expliquer ce soudain extrémisme ? Plusieurs éléments de réponse peuvent être avancés. L’antimilitarisme, l’antipatriotisme deClarté,plus ou moins spontanés, ne sont pas morts. La haine farouche des soldats et des écrivains-combattants contre les plumitifs de l’arrière, contre les services de propagande habite toujours les consciences. L’introduction des principes soréliens dans le cadre des recherches culturelles menées par la revue sur l’art prolétarien permet de mieux organiser la sensibilité et le jugement artistique deClarté.La décadence de l’art bourgeois, l’étouffement par l’appareil capitaliste des valeurs intellectuelles, la confiscation de la pensée par la classe dominante sont clairement assimilés parClarté.La crise d’octobre 1923 révèle plus ou moins confusément aux responsables clartéistes les insuffisances et les limites de leur démarche politique. Après l’échec de la poussée insurrectionnelle du peuple allemand, les collaborateurs clartéistes constatent le retrait de toutes formes de lutte révolutionnaire. Si, pour l’heure, on ne peut plus tendre vers l’action immédiate, pourquoi ne pas placer sa foi dans une besogne critique et blasphématoire ? L’actualité littéraire offre àClartél’occasion de se manifester. « Barrès, fossoyeur et faussaire » La mort de Barrès, survenue le 4 décembre 1923, mobilise toute l’attention de la presse qui salue respectueusement un tel écrivain et lui rend le plus pompeux hommage.Clarté,pour sa part, dénonce avec violence l’attitude criminelle de ce romancier, son sadisme patriotique. L’ensemble de la rédaction se mobilise pour dresser le procès de cet intellectuel méprisable. er Dans son éditorial du 1 janvier 1924,Clartés’acharne sur ce romancier et son fanatisme guerrier. Propagandiste forcené, il a maquillé le tragique des combats tel un faussaire : « Il a répandu à profusion la fausse monnaie de la joie, de la rigolade dans les tranchées. Il a clamé que de toute tombe s’exhalait le parfum inouï des vertus mirlitonnesques et non la rage inexpiable des sacrifices inutiles
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[…] Pour un sou, pour deux sous, il vendit dans toute la France une fausse 1 âme de soldat combattant. Faussaire ! » Ce maquillage effroyable des souffrances des combattants pousse Clartéà lancer avec violence : « Quiconque se souvient d’avoir entendu à ses côtés un copain cracher sa rage de moribond ou de condamné, qu’il haïsse Barrès, qu’il le haïsse, lui 2 et sa classe, lui et tous les siens . » Dans le même numéro, Jean Bernier oppose au nationalisme de Barrès et de la société bourgeoise les cris de révolte des soldats, en se référant au livre de Jolinon « Le valet de gloire ». Il lance avec mépris : « L’homme qui de son bureau deL’Écho de Parisbafoua tout au long de la guerre, les agonies des premières lignes, n’a pas le droit au respect dont jouissent conventionnellement les morts. Le patriote en chambre qui souille de sa prose emphatique les morts, nos camarades que nous piétinâmes nuit et jour en attendant notre tour et dont nous raclâmes à nos bandes molletières, à nos genoux, aux coudes de nos capotes, à la crosse de nos fusils, les fibres pourries, ce patriote-là appartenait à la justice des mutinés. » Il ajoute rageusement : « C’est en pensant à la tranchée, c’est en pensant ainsi aux paysans de Lorraine, que nous refusons de respecter sur son entassement de couronnes officielles, la tombe fraîche du grand homme de la Revanche. L’envie nous 3 prend d’y cracher . » Maurice Parijanine, de son côté, se montre tout aussi violent : « Barrès mérite avec tant d’autres au lieu d’une croix, selon l’expression russe, un pieu bien aiguisé sur sa tombe, le crachat de la nation, 4 suprême décoration du corrupteur, de l’imposteur . » Il est cependant important de noter que Maurice Parijanine, journaliste àl’Humanité,s’efforce tout au contraire de ménager Maurice Barrès. Dans l’article qu’il fait paraître dans les colonnes du journal communiste, il tient à souligner l’influence que Maurice Barrès a exercée sur la génération d’avant-guerre. Il écrit : « Vers 1900, nous découvrions Barrès, D’Annunzio et Nietzsche. […] Le pathétique de Barrès nous émouvait. Sa politique nous laissait 5 indifférents . » En fait, cette attitude singulière traduit la différence de ton qui existe entrel’HumanitéetClarté.D’un côté, la génération d’avant-guerre dont fait partie Maurice Parijanine qui garde de Barrès l’image d’un écrivain
1 er Editorial, « Barrès, fossoyeur et faussaire »,Clarté,1924.1 janvier 2 Ibid.3 er Jean Bernier, « La réponse du soldat »,Clarté,1 janvier 1924. 4 Maurice Parijanine, « Barrès devant ses disciples de 1900 »,Clarté,n° 50, 1924. 5 Maurice Parijanine, « Barrès le rhéteur »,l’Humanité,16 décembre 1923.
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distingué et néo-classique, de l’autre la génération sacrifiée de 1914 dont font partie les gens deClartéet qui ne peut oublier le fanatisme de Barrès louant et divinisant le sacrifice des combattants. Avec Georges Michael et Edouard Berth,Clarté,usant d’un vocabulaire essentiellement sorélien, démontre que la production littéraire de Barrès est la parfaite expression de la décadence culturelle de la civilisation bourgeoise. Georges Michael explique que la littérature barressienne, reflet du e romantisme moribond du XIX siècle, ne vise qu’à servir les intérêts de la classe dominante : « Pas d’écrivain romantique qui n’ait un jour au moins lancé son petit ou grand anathème contre l’argent, contre la bourgeoisie. Avec Flaubert cela devient même une jolie déclaration de guerre. Barrès le premier rompt cette tradition […] Avant Barrès,Clartése devait de déserter sa classe en quelque 1 façon, depuis Barrès l’écrivain revendique sa qualité de bourgeois . » Edouard Berth rappelle que le néo-classicisme de Barrès n’est en fait qu’un romantisme médiocre et impuissant. Il est l’aboutissement de la réaction inaugurée par Chateaubriand et de Maistre. Pour Edouard Berth, le e e romantisme du XIX et du XX siècle s’identifie à un mouvement littéraire vulgaire et pitoyable, empêtré de conservatisme. Seul le classicisme e e bourgeois du XVII et du XVIII siècle a su, selon Edouard Berth, engendrer des valeurs spirituelles de progrès qui ont abouti à la révolution de 1789. Les romantiques comme Barrès ou Chateaubriand ne sont que « des faibles à qui le rude talon de fer de la bourgeoisie ne peut qu’arracher des plaintes, des lamentations et des jérémiades ». Le romantisme pessimiste n’est que « factice » et « hypocrite ». Les thèmes barressiens comme le culte du moi, des anciens, l’amour de la terre, le culte de Jeanne d’Arc ne sont que des « utopies réactionnaires ». L’œuvre de Barrès est la claire affirmation « du désarroi spirituel le plus profond et le plus irrémédiable » de la classe dominante, poursuit Edouard Berth. Barrès est « l’artiste de la décomposition sociale, le chantre du sang de la volupté et de la mort. » Face à cette décadence intellectuelle et morale de la bourgeoisie, Edouard Berth oppose l’épopée prolétarienne de 1917 et l’ère nouvelle qui s’annonce, celle 2 de la puissance spirituelle des travailleurs . 1  Georges Michael, « L’anti-Barrès : une psychologie du parasite »,Clarté,n° 51, 1924. 2  Edouard Berth, « L’anti-Barrès : du génie du christianisme au génie du Rhin », Clarté,n° 53-54, 1924.
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« Anatole France, social-démocrate, social-traître, social-chauvin » Le procès que dresseClartéd’Anatole France vise à mettre en pièces l’intelligence et le classicisme bourgeois. Il s’agit de dénoncer la décadence de la culture capitaliste et d’y opposer la force jeune de l’art prolétarien. Il s’agit également de s’en prendre au conformisme politico-littéraire des communistes qui voient dans cette personnalité un serviteur de la révolution. A l’occasion de la cérémonie de son jubilé,Clarté,dans son éditorial er du 1 mai 1924, s’engage dans une critique impitoyable. Elle montre que l’œuvre de cet écrivain correspond à une sorte de brocantage littéraire et que cet intellectuel traduit, au même titre que Barrès, la décadence inéluctable de la culture bourgeoise. Elle s’insurge contre « l’Union sacrée de l’intelligentsia française », particulièrement contre l’attitude conventionnelle et classique de la gauche et des révolutionnaires qui rendent hommage à un tel écrivain : « C’est pourquoi, il est temps pour nous, qui voulons servir la révolution prolétarienne arrachée du fatras social-démocrate et dressée toute vive sur le monde par le génie de Lénine de dire avec une calme fermeté aux révolutionnaires français : Anatole France n’est pas des vôtres, le prolétariat n’a que faire de cette œuvre d’art tout imprégnée des idées libérales, républicaines et sociales qui présidèrent et président encore à son sommeil. Ce n’est que par une complaisance littéraire, un esthétisme d’ailleurs aussi mal fondé qu’il se peut, et qui montre bien que la rhétorique bourgeoise, gracieuse et vide, conserve encore du prestige aux yeux du peuple dressé par la bourgeoisie à rougir de soi, que les intellectuels d’extrême gauche ont cru devoir célébrer France en compagnie de monsieur de Jouvenel et de l’Action française ; apportant ainsi au nihilisme souriant, au scepticisme fleuri et au protestation vague, l’hommage de ceux qui se sont jurés avec une foi incorruptible d’abattre le capitalisme et de construire la société prolétarienne. » A la mort d’Anatole France,Clartérenouvelle ses accusations dans l’éditorial du 15 novembre 1924. Posant la question de savoir si Anatole France est révolutionnaire, Edouard Berth, en bon sorélien, l’assimile à un artiste de luxe appartenant à la classe des lettrés : « En vérité, le socialisme n’a rien à voir avec lui, car que pourrait devoir la nouvelle culture prolétarienne, cette culture de producteur, à ce parasite et sybarite des lettres, qui incarne éminemment l’ancienne culture ? » Il poursuit : « Anatole France, c’est comme dit Nietzsche « la décadence opulente, aimable et malicieuse, aimant le luxe et l’art. » Il pourrait séduire un socialisme réformiste, bourgeois, parlementaire, forme extrême au fond de la démocratie et de la décadence moderne. Un socialisme vraiment révolutionnaire qui doit apporter au monde les valeurs nouvelles ne peut que
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l’ignorer et déclarer qu’il n’a rien à faire avec ce « représentant soi-disant 1 « hors ligne » de l’art capitaliste . » Edouard Berth n’hésite pas à rappeler à l’ordre les communistes et mettre en doute les affirmations deLa Pravda: « En vérité, le concert de la presse bourgeoise est une puissante incantation. Bon nombre de camarades n’ont pas caché non plus leur vénération envers Anatole France, queLa Pravdacependant qualifiait de « représentant hors ligne de l’art capitaliste ». Je crois bien queLa Pravdaen écrivant que « en la personne d’Anatole France, l’ancienne culture tend la main à l’humanité nouvelle » a fait à l’auteur de « Thaïs » encore beaucoup trop d’honneur. Anatole France en réalité appartient tout entier à l’ancienne culture aristocratico-bourgeoise ; je n’aperçois en lui aucun élément nouveau qui puisse développer la nouvelle 2 culture … » Cette mise en accusation d’Anatole France se poursuit. Marcel Fourrier rappelle qu’il est vain et ridicule d’annexer Anatole France au prolétariat révolutionnaire : « Nous répudions l’œuvre de Monsieur France. Nous sommes animés dans cette revue par un trop vif souci de probité intellectuelle pour pouvoir parler autrement à un public qui apprécie notre franchise. L’œuvre de Monsieur France, disons-nous, nie toute l’idéologie prolétarienne dont est issue la révolution russe. Par son scepticisme supérieur et sa rhétorique onctueuse, Monsieur France s’apparente singulièrement à toute la lignée des socialistes bourgeois dont les méfaits vis-à-vis de la classe ouvrière ne se 3 comptent plus . » Marcel Fourrier s’attache à dénoncer ensuite la position militariste adoptée par l’écrivain durant la guerre. Anatole France en effet, dès la déclaration de guerre, demande avec frénésie à être enrôlé comme combattant. De 1914 à 1917, il accomplit un travail de propagandiste. Son recueil de textes « La voie glorieuse » est, en cette matière, éloquente. Marcel Fourrier lance alors : « Nous pouvons dire qu’un seul homme fut aussi totalement méprisé par les combattants : Barrès et France, ces deux dociles porte-plumes des 4 services de propagande . » Il déplore d’ailleurs queLa Pravdaelle-même, ignorant cette compromission effroyable de l’écrivain, soit allée jusqu’à déclarer « que bien plus que l’affaire Dreyfus, la grande guerre détermine le représentant 1 Edouard Berth, « Le bloc des gauches a perdu son grand écrivain »,Clarté,n° 67, 1924. 2 Ibid.3  Marcel Fourrier, « Anatole France, social-démocrate, social-chauvin, social-traître »,Clarté,n° 68, 1924. 4 Ibid.
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hors ligne de l’art capitaliste à rompre avec le capitalisme pour passer dans le camp adverse ». Et d’ajouter : « Non seulement, Monsieur France ne rompt pas avec le capitalisme mais il s’en fit le plus ardent défenseur de 1914 à 1917. A cette époque-là, ajoute-t-il, il refusait de donner sa signature 1 à un manifeste que lui apportait Séverine . » Marcel Fourrier s’en prend aussi à la gauche et à l’extrême gauche françaises qui pour leur part n’ont dit mot de ces événements. Retraçant l’évolution politique de l’écrivain à partir de 1918, son revirement, son adhésion àClarté,son soutien au PCF et à la révolution russe, Marcel Fourrier démontre en fait que cet apparent révolutionnarisme s’identifie à un parfait social-démocratisme. L’épisode, renchérit-il, du procès des socialistes 2 révolutionnaires ne fait que confirmer l’appartenance toute formelle et toute gratuite d’Anatole France à la révolution russe. Dans ces conditions, il n’est pas possible, pour Marcel Fourrier, d’admettre que la gauche révolutionnaire française se joigne au concert de louanges qui accompagne la dépouille d’Anatole France. La position de l’Humanitéest à ses yeux insupportable : «L’Humanité,elle-même, s’est laissée aller jusqu’à exprimer son admiration sans réserve pour Anatole France, écrivain qui « au grand scandale des bourgeois s’affirme socialiste voire communiste. » De telles déclarations ne peuvent qu’hélas contribuer à entretenir autour du prolétariat français la légende d’un Monsieur France révolutionnaire, ce qui est pour le 3 moins bouffon . »Et de rappeler sévèrement : « Il est encore parmi les communistes français des hommes qui cherchent à se raccrocher – jusqu’à travers Monsieur France – aux pires 4 formes du socialisme français d’avant-guerre . » Pourtant, Marcel Fourrier note avec satisfaction que seules « Les Jeunesses communistes » et leur journalL’Avant-gardeont refusé leurs suffrages à Anatole France. Il précise que, dans le camp anarchiste,Le Libertaireet surtoutLes Humbleset son directeur Wullens ont répudié, les premiers, Anatole France. Jean Bernier, en ce qui le concerne, s’attachant à l’œuvre romanesque d’Anatole France, considère qu’elle est un poids mort dans le monde des
1 Ibid.2 Anatole France protestera, en compagnie de Maxime Gorki, contre l’inculpation et la condamnation de plusieurs socialistes révolutionnaires, prononcées par le tribunal de Moscou, en août 1922. 3  Marcel Fourrier, « Anatole France, social-démocrate, social-chauvin, social-traître »,Clarté,n° 68, 1924. 4 Ibid.
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