La RAF
178 pages
Français

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Description

Pour réaliser cet ouvrage, l'auteur s'est entretenue avec d'anciens membres de la Fraction armée rouge et avec quelques-uns de leurs proches, acteurs de la scène berlinoise. Ces échanges sont restitués au plus près des propos recueillis ; des dires d'experts (psychiatres, avocats) sont aussi mis en regard de ce "verbatim". Ce texte constituera simplement un matériau original qui se veut très à plat et libre de toute interprétation, un document où puiser...

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2009
Nombre de lectures 73
EAN13 9782336269672
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur
. Viviré si Dios quiere, Editorial INI, México DF, 1977.
. La Maîtresse mort — Violence au Mexique, préfacé par Jacques Soustelle, Éditions Berger-Levrault, Paris, 1982.
. Le Peuple du toro, codirigé avec Pierre Veilletet, Éditions Hermé, Paris, 1986.
. Le rire du chien — Petites scènes de vie à Pékin , Jean-Paul Rocher, Paris, 2004.
La RAF
Vie quotidienne d'un groupe terroriste dans l'Allemagne des années 1970

Véronique Flanet
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296076921
EAN : 9782296076921
Sommaire
Du même auteur Page de titre Page de Copyright Epigraphe INTRODUCTION 1. LES DÉBUTS, L’ENGAGEMENT 2. LA CLANDESTINITÉ 3. LES FEMMES, LES ENFANTS 4. L’ARME 5. L’ACTE, LE DISCOURS 6. LES MORTS 7. LA FIN ÉPILOGUE ANNEXES B. Notices biographiques BIBLIOGRAPHIE Allemagne d’hier et d‘aujourd’hui
Une pensée toute particulière à Christian Péchenard qui a beaucoup apporté à ce petit ouvrage
Merci à Daniel Cohn-Bendit, grâce à qui cette enquête a pu se faire dans les meilleures conditions...
Merci à Me Gilberte Deboivieux, présente tout au long de cette enquête.
Merci à Barbara Köster pour son accueil si sympathique lors de mes passages à Francfort.
Merci à Jutta Bruch, berlinoise à Paris, pour sa relecture bien avisée.
Merci à Edith Kohn, pour les moments, cocasses ou difficiles, que cette enquête nous aura donné de partager.
Merci à toutes les personnes rencontrées qui m’ont accordé de leur temps et leur attention, à Francfort, Berlin, Hambourg, Paris, Cologne...
« C’est tout de même effrayant d’entreprendre quelque chose dont on sait que le pire échec serait le succès ».
Christian Péchenard
« Le terroriste est fasciné par l’innocence beaucoup plus que par la culpabilité. L’innocence serait le péché suprême, puisque c’est une absence de péché, une absence de faute, sans mérite. Il n’y a pas de mérite à être innocent. Vous ne gagnez pas à l’innocence ! Il y a là quelque chose d’agaçant, agaçant jusqu’au crime».
Christian Péchenard
« ... C’est pour cela que le discours se perpétue, pour ne pas laisser traîner les morts derrière soi ».
Gerd Schneider
INTRODUCTION
À l’origine de ce texte il y a un projet avec un éditeur 1 . La commande, très libre, était de faire une enquête auprès de femmes terroristes.
Par un contrat signé à l’automne 1988, je m’engageai à remettre un texte un an plus tard.
Mais ce délai s’avéra être beaucoup trop court. Je n’ai pu mener l’enquête et digérer un tel sujet en si peu de temps.
Je me suis intéressée à des groupes nationalistes (comme ETA au Pays Basque), à des groupes dits d’extrême gauche (la RAF et le 2 juin en Allemagne ; les Brigades rouges, Prima linea en Italie, Action directe en France), ainsi qu’au terrorisme international.
Aujourd’hui presque vingt ans après je reprends le matériau accumulé pour m’intéresser au fonctionnement d’un groupe armé d’extrême gauche actif dans les années soixante-dix, en l’occurrence la RAF, la Fraction armée rouge, Die Rote Armee Fraktion , dite à ses débuts la Bande à Baader.

A. Contexte historique
La RAF est l’un de ces nombreux groupes armés dits « d’extrême gauche à vocation révolutionnaire », surgis de l’effervescence de la fin des années soixante.
La RAF est contemporaine de groupes armés qui ont sévi pendant environ deux décennies dans les sociétés occidentales, en Europe, aux Etats-Unis, au Japon...
Les groupes européens 2 (la RAF en Allemagne, la myriade de groupes en Italie dont les Brigades rouges, Prima linea, etc) ont en commun d’avoir été actifs grosso modo une entre 1968 à la fin de la décennie soixante-dix ; avec des soubresauts jusque vers le milieu des années quatre-vingt. Le terrorisme d’extrême gauche a très fortement marqué ces pays pour lesquels ces années restent dans la mémoire de nos voisins comme « les années de plomb ».
Pour schématiser, les nombreux groupes italiens, comme les Brigades rouges (qui se sont créés sur le terreau de l’industrie automobile notamment à Turin donc plus prolétaires) et surtout la très violente Prima linea qui « gambisait » 3 à l’envi, étaient globalement ouvriéristes et écrivaient peu, tandis que les fondateurs de la RAF, avec la figure intellectuelle que fut Ulrike Meinhof, ont produit de nombreux textes 4 .
Quant à Action directe 5 et aux CCC 6 belges véritablement actives au début des années quatre-vingt, elles font plutôt figure de queue de comète.
Enfin, les groupes d’extrême gauche les plus radicaux et les plus solidement constitués ont en commun d’être nés dans des pays qui avaient connu le fascisme durant la dernière guerre mondiale, à savoir l’Allemagne, l’Italie, et plus loin le Japon.

. Première génération : la naissance de la RAF 7
La RAF n’est pas le seul groupe armé à oeuvrer en Allemagne dans les années soixante-dix. Elle est contemporaine des groupes Berlinois du 2 juin et des - très informels - Tupamaros Berlin-Ouest, des Cellules révolutionnaires, des féministes Rote zora 8 ...
Ces groupes de guérilla urbaine connaîtront des destinées fort différentes. Il n’empêche qu’ils se sont nourris du même terreau et semblent avoir émergé de la coïncidence des mêmes mouvances et facteurs historiques :
. Berlin d’abord, ville émergeant de ses ruines et soudain emmurée dans l’empire soviétique, lieu d’utopies...
. Les milieux alternatifs berlinois que furent les « Kommune » 1 et 2 (à partir de 1967) : ces communautés ne se contentent pas de partager des formes de vie au quotidien, mais elles prennent aussi des positions politiques actives, souvent provocatrices, voire « interloquantes » ; par exemple, en mai 1967, un terrible incendie ayant ravagé un grand magasin à Bruxelles (dans lequel deux cent cinquante et une personnes périrent), la « Kommune » 1 diffuse le tract suivant : « Pour la première fois dans une grande ville européenne, un grand magasin qui brûle avec des gens qui brûlent donne le sentiment crépitant d’être au Vietnam (d’y être et d’y être en feu), sentiment dont jusqu’à présent nous devions encore nous passer à Berlin »...
Cet incendie accidentel aurait donné à Baader l’idée des incendies dans les grands magasins de Francfort début 68.
. Le pacifisme dénonçant la guerre des Américains au Vietnam.
. Les mouvements contestataires 9 issus notamment des mouvements étudiants, psychiatriques, pédagogiques 10 , etc.
. La répression souvent brutale des manifestations pacifistes, en particulier la mort de l’étudiant Behno Ohncsorg, tué le 2 juin 1967 lors d’une manifestation contre la visite du Shah d’Iran à Berlin, a certainement fait l’effet d’un détonateur dans l’extrême gauche. Cette date a donné son nom au mouvement berlinois du 2 juin.
. Et puis surtout, le poids du conflit générationnel entre les enfants révoltés du nazisme et leurs pères 11 ... Le poids de ce conflit non dit - indicible - est certainement inestimable. Les fondateurs ne sont pas des étudiants, mais de jeunes adultes, intellectuels (en dehors de Baader) : Ulrike Meinhof, Horst Mahler, Jan-Carl Raspe, nés dans les années 30-40. Le nazisme, la faute des parents a pesé très lourd sur les générations suivantes :
« La gauche en Allemagne, le terrorisme, c’est le résultat du passé, du fascisme, de la culpabilité des parents... Le problème de la culpabilité est capital », dit Gerd Schneider, membre de la deuxième génération de la RAF.
La RAF réalise ses premières actions violentes en avril 1968. Leurs auteurs, Baadcr et Ensslin, seront aussitôt arrêtés et condamnés à trois ans de prison. Libérés au terme de 14 mois de préventive, ils gagnent la clandestinité, avant leur procès en appel.
Une amnistie interviendra à la charnière des années 1969-1970 pour les détenus accusés de délits mineurs.
Des témoins et des acteurs de l’époque pensent que cette « indulgence » de l’État a favorisé la radicalisation de la RAF 12 et de ses sympathisants.

. La radicalisation
Le sigle de la Fraction armée rouge apparaît en mai 1970 pour revendiquer la libération de Baader 13 , action commando qui marque un tournant pour le groupe originel.
Puis, le noyau historique de la RAF part durant cet été 70 faire un stage dans un camp d

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