Le signe de la croix
176 pages
Français

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Le signe de la croix , livre ebook

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Description

Le geste qui consiste à tracer sur soi une croix est sans doute aussi ancien que le christianisme lui-même, mais la manière de s'y prendre a varié au cours des siècles, sans qu'on sache à quels moments se situent les tournants majeurs et quelles ont été les motivations. Le présent ouvrage essaie de retracer cette évolution en insistant sur les significations qui s'attachent à ce geste et à sa symbolique, quelle soit spécifiquement chrétienne ou universelle.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2007
Nombre de lectures 240
EAN13 9782336252315
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Culture et Cosmologie
Collection dirigée par Pierre Erny
Toute culture contient d’une manière ou d’une autre une vision du monde, de l’homme et de la société. Y interfèrent, selon des proportions propres à chacune, mythe, science et idéologie. Quelle que soit notre civilisation, nous avons besoin de savoir d’où nous venons, où nous allons et comment les choses fonctionnent : cela conditionne l’image que nous nous faisons de nous-mêmes et de notre destin. La présente collection a pour but de rassembler d’une manière très ouverte des études sur ces représentations culturelles fondamentales du passé comme du présent.
Déjà parus
Pierre ERNY, Les chrétiens et le rêve dans l’Antiquité, 2005.
Pierre ERNY, Sur les tractes du petit chaperon rouge. Un itinéraire dans la forêt des contes, 2003.
Chantal JOLLIOT, Les notions de force vitale et d’énergie. Permanence culturelle, nécessité conceptuelle, 2003.
Dominique Banléne GUIGBILE, Vie, mort et ancestralité chez les Moba du Nord Togo, 2002.
Ibrahima CAMARA, Le cadre rituel de l’éducation au Mali. L’exemple du Wassoulou, 2002.
Ivan GOBRY, La cosmologie des Ioniens, 2001.
Pierre ERNY, L’homme divers et un. Positions en anthropologie, 2001.
Pierre ERNY, Au fil de l’existence humaine. Premières approches en anthropologie, 2001.
Tamba DOUMBIA, Groupes d’âge et éducation chez les Malinké du Sud du Mali, 2001.
Pierre ERNY (éd.), Cultures et habitats. Douze contributions à une ethnologie de la maison, 2000.
Michel FROMAGET, Dix essais sur la conception anthropologique “corps, âme, esprit”, 2000.
Pierre ERNY, Contes, mythes, mystères. Eléments pour une mystagogie, 2000.
Pierre ERNY, Enfants du ciel et de la terre. Essais d’anthropologie religieuse, 2000.
Castor KESNER, Ethique vaudou, herméneutique de la maîtrise, 1999.
Le signe de la croix

Pierre Erny
“Je fléchis les genoux en présence du Père de qui toute paternité au ciel et sur terre tire son nom. Qu’il daigne, selon la richesse de sa gloire vous armer de puissance par son Esprit pour que se fortifie en vous l’homme intérieur, que le Christ habite en vos cœurs par la foi, et que vous soyez enracinés, fondés dans l’amour. Ainsi vous recevrez la force de comprendre, avec tous les saints, ce qu’est la Largeur, la Longueur , la Hauteur et la Profondeur , et vous connaîtrez l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance, et vous entrerez par votre plénitude dans toute la Plénitude de Dieu.”
Epître aux Ephésiens, 3,14-19 (traduction. de la Bible de Jérusalem)
www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2007
9782296024304
EAN : 9782296024304
Sommaire
Culture et Cosmologie - Collection dirigée par Pierre Erny Déjà parus Page de titre Page de Copyright Introduction I - L’universalité de la croix II - Que représente la croix pour le chrétien ? III - L’évolution historique du signe de croix IV - Symbolique du signe de la croix V - Usages liturgiques VI - Piété populaire, superstition, magie VII - Textes anciens et modernes sur la croix et le signe de croix VIII - Pour une pédagogie du geste Bibliographie Autres ouvrages de P. Erny
Introduction
“Parler de la croix en notre époque est, de fait, une épreuve redoutable, car elle nous apparaît désormais indigne de l’homme et surtout indigne de Dieu.
Indigne de l’homme, car la croix est pour nous spontanément suspicion systématique de tout ce qui dans l’homme est soif de bonheur, désir de vivre, épanouissement, amour de la joie. La Croix est le trouble-fête ; elle nous rappellerait l’exigence de sacrifice, de mortification, de renoncement.
Mais elle est aussi, et encore plus, indigne de Dieu. La foi nous dit que seule la Croix nous sauve. Dieu s’est laissé apaiser par le sacrifice de la Croix et c’est pour autant que nous portons notre croix et que nous nous crucifions à notre tour que nous sommes sauvés. Mais pourquoi Dieu a-t-il besoin d’une croix pour nous donner son salut éternel et nous ravir notre bonheur terrestre à nous ?
Aussi, d’emblée, la croix nous crucifie-t-elle notre esprit. Elle n’est pas digne de l’homme, elle n’est pas digne de Dieu. Qui prêche la croix n’est qu’un rabat-joie. Comment un Père peut-il vouloir la croix pour l’homme ? Comment un Père peut-il vouloir crucifier ses fils pour soi-disant les sauver d’eux-mêmes ? Un crucifié sur la croix choque l’esprit, le cœur et le goût ; c’est indécent. Tel serait le nouveau procès contemporain.
Francis De Beer, La Croix selon l’Esprit, pp. 52-53
In hoc signo vinces, “par ce signe tu vaincras” : c’est ce que Constantin aurait lu sur la croix lumineuse qui lui apparut au moment d’engager la bataille contre Maxence au pont Milvius en 312, et sur un ordre du Christ il aurait inscrit ce signe sur son étendard et les boucliers de ses soldats. Son accession au pouvoir et l’Edit de Milan qui s’ensuivit représentent un tournant absolument capital dans l’histoire du christianisme, puisqu’il donnait à celui-ci un statut officiel après trois siècles de persécutions.
Mais en 312 la pratique consistant à marquer certaines parties du corps ou certains objets du signe de la croix avait déjà une longue histoire derrière elle. Il s’agit sans doute là du geste le plus anciennement et les plus universellement attesté en milieu chrétien, qu’on peut raisonnablement faire remonter à l’âge apostolique. Rien ne le prouve de manière absolue, mais les indices en sont nombreux. C. Vogel a fait remarquer que, dès les origines, la “signation” était chargée d’un symbolisme que les siècles postérieurs n’enrichiront plus guère, et que la foi mise par les premières communautés chrétiennes en son exceptionnelle efficacité ira plutôt en s’affaiblissant (p. 37).
La croix est devenue le symbole par excellence du Christ. Aux premiers siècles du christianisme, toute action liturgique ou sacramentelle, toute entreprise, tout pas dans la vie, tout danger ou toute épreuve attribuée au démon était l’occasion d’un signe de croix si l’on en croit des auteurs comme Tertullien, Lactance, Cyrille de Jérusalem, Origène, Jérôme, Jean Chrysostome, Augustin, voire un homme dont la mention est inattendue ici : l’empereur Julien dit l’Apostat.
Depuis lors, c’est chez les chrétiens le premier geste religieux que l’on apprend à l’enfant ou au catéchumène, et c’est aussi le dernier, celui dont on marque le corps du défunt. Malheureusement nous sommes très mal renseignés sur la manière dont il s’effectuait au long des siècles et sur les mutations qu’il a connues. A l’exception de la plupart des milieux protestants, il est aujourd’hui universellement pratiqué par les diverses Eglises chrétiennes, mais sous des formes légèrement différentes.
Les textes qui nous sont parvenus — en particulier les livres liturgiques — citent avec soin les paroles à prononcer en telle occasion, mais ne décrivent que rarement et parcimonieusement les gestes qui les accompagnent, comme si en matière de gestuelle les choses allaient de soi et n’avaient pas besoin d’être explicitées. On apprenait sur le tas en voyant faire et en imitant, et il était inutile d’en parler. Il est vrai que tout ce qui touche au mouvement, aux attitudes et au style corporel est relativement difficile à décrire et à consigner par écrit. Les peintures, les mosaïques et les sculptures pallient dans une certaine mesure ce manque sans arriver à le combler.
On peut considérer le signe de croix comme le geste rituel le plus élémentaire, et pourtant, en y regardant de près, il est facile de s’apercevoir qu’il s’agit d’un geste “total”, synthétisant à lui seul l’enseignement chrétien en ce qu’il a d’essentiel. On peut voir en lui une véritable récapitulation de la foi, une manière de rendre présentes et d’inscrire sur le corps et dans l’âme les vérités fondamentales qui structurent la vie du croyant : la Trinité, l’incarnation, la mort et la résurrection du Christ, son retour glorieux.

Dans la présente étude, je me centrerai pour l’essentiel sur le geste ; mais je ne pouvais pas ne pas replacer celui-ci dans tout un ensemble plus vaste comprenant la théologie et la spiritualité de la croix, qui touche à tous les dogmes majeurs (sur lesquels les diverses sensibilités chrétiennes divergent significativement), l’histoire de la croix comme emblème, ornement et thème privilégié de la peinture et de la sculpture, et surtout la symbolique de la croix qui dépasse de très loin le domaine proprement chrétien et relève d’un fonds que l’on peut qualifier d’archétypique. En effet, on trouve des tracés de croix depuis le paléolithique, et on peut en relever jusqu’à nos jours dans les rites et usages de différents peuples des cinq continents, hors de toute influence occidentale.
Pour n’en rester qu’au domaine chrétien, on est frappé par la profond

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