Paroles d appelés
242 pages
Français

Paroles d'appelés , livre ebook

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242 pages
Français

Description

Ce recueil de témoignages a été réalisé principalement en interviewant 32 appelés à servir en Algérie pour "y maintenir l'ordre" selon l'expression de l'époque. Informations minimisées, censure systématique de certains sujets, cercueils rapatriés en silence, comment, dans ces conditions, oser témoigner publiquement ? Avec 50 ans de recul, ces récits relatent la diversité et la complexité des situations vécues et contribuent à la transmission de la mémoire pour mettre un point final à un long silence.Š

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Publié par
Date de parution 01 avril 2014
Nombre de lectures 43
EAN13 9782336345765
Langue Français
Poids de l'ouvrage 18 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Fernand PAROLES
D’APPELÉS FournierMémoires Mémoires
ee du XX siècledu XX siècle
L’État français nous a obligés à faire la guerre en Algérie
lorsque nous avions 20 ans, dans le cadre du service militaire
obligatoire. Étrangement, nous n’en avons jamais parlé
publiquement, ou presque pas. Certains d’entre nous n’osent PAROLES
toujours pas témoigner, par pudeur, par ignorance de l’intérêt
que cela peut avoir, ou encore par peur de se remémorer des D’APPELÉSépreuves douloureuses et traumatisantes. Offi ciellement, on ne
partait pas faire la guerre mais on allait participer « aux opérations
de maintien de l’ordre » concernant les « événements d’Algérie ». LEUR VERSION
Il n’était pas question de parler de guerre d’indépendance, et
encore moins de guerre coloniale. Les informations étaient DE LA GUERRE D’ALGÉRIE
minimisées, voire occultées, la censure systématique pour
certains sujets, les cercueils rapatriés en silence. Dans ces
conditions, comment oser témoigner publiquement ?
Ces témoignages d’aujourd’hui, après 50 ans de recul,
sont sincères, apaisés, pudiques. Ils relatent la diversité et la
complexité des situations vécues. Ils résultent d’une initiative
personnelle encouragée par la curiosité des jeunes, du besoin
de transmettre la mémoire et enfi n de mettre un point fi nal à
un long silence, quasi collectif. Nos enfants et petits-enfants
ignorent ce que nous avons vécu. Il est temps de le leur dire.
Espérons aussi que ce livre incitera à écrire d’autres témoignages
pour mieux comprendre ce passé et regarder ensemble plus
sereinement notre histoire en face.
Fernand Fournier est né en avril 1939. Il a effectué son service
militaire en Allemagne, à Trêves, puis en Algérie, à Aïn-Sefra, au
e363 Groupement de Transport. Pendant dix mois, il a participé
« aux opérations de maintien de l’ordre » en sillonnant les pistes du
Sud Oranais, principalement pour transporter les légionnaires et les
commandos basés dans cette région, aux confi ns du désert.
Photo de couverture : GMC du GT 363 d’Aïn-Sefra prêts à partir en
mission. À l’arrière-plan, le djebel Haïssa.
ISBN : 978-2-343-03202-3 Série S25 € Maghreb
PAROLES D’APPELÉS
Fernand Fournier
Leur version de la guerre d’AlgérieParoles d’appelés
Leur version de la guerre d’AlgérieeMémoires du XX siècle


Déjà parus


Marguerite CADIER-REUSS, Lettres à mon mari disparu
(1915-1917), 2014.
Nadine NAJMAN, 1914-1918 dans la Marne, les Ardennes et
la Belgique occupées, 2014.
Marcel DUHAMEL, Ça jamais, mon lieutenant !, Guerre
19141918, 2014.
Xavier Jean R. AYRAL, HÉROÏSME - Jean Ayral, Compagnon
de la Libération, Histoire et Carnets de guerre de Jean Ayral
(18 juin 1940 – 22 août 1944), 2013.
Sabine CHÉRON, Les coquelicots de l’espérance, 2013.
Pierre BOUCHET de FAREINS, Madagascar, terre
ensanglantée, 2013.
Jacques SOYER, Sable chaud. Souvenirs d’un officier
méhariste (1946-1959), 2013.
Edith MAYER CORD, L’éducation d’un enfant caché, 2013.
Michelle SALOMON-DURAND, De Verdun à Auschwitz,
L’histoire de mon père André Raben Salomon (1898-1944),
2013.
Robert du Bourg de BOZAS, Lettres de voyage. Avant-propos
et notes de Claude Guillemot, 2013.
Marion BÉNECH, Un médecin hygiéniste déporté à
Mauthausen. Portrait de Jean Bénech, 2013.
Larissa CAIN, Helena retrouvée. Récits polonais, 2013.
Lucien MURAT, Carnets de guerre et correspondances 1914 –
1918. Documents présentés et annotés par Françoise FIGUS,
2012.
Zysla BELLIAT-MORGENSZTERN, La photographie,
Pithiviers, 1941. La mémoire de mon père, 2012.
Serge BOUCHET de FAREINS, De l’Ain au Danube,
reTémoignages de vétérans de la 1 Armée Française (1944–
1945), 2012.
Gabriel BALIQUE, Saisons de guerre, Notes d’un combattant
de la Grande Guerre, 2012. Fernand FOURNIER
Paroles d’appelés
Leur version de la guerre d’Algérie
L’Harmattan



































© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-343-03202-3
EAN : 9782343032023
Remerciements
Ce recueil de témoignages a été réalisé principalement
en interviewant 32 appelés à servir en Algérie, comme moi,
pour « y maintenir l’ordre » selon l’expression de l’époque.
Je tiens à les remercier très vivement. Sans leur concours,
ce document n’aurait pas pu voir le jour.
J’exprime aussi de chaleureux remerciements à mon
épouse, Yvonne, et à Jean-Marc, l’un de mes enfants
qui ont relu mes notes et m’ont apporté de précieux
conseils pour écrire ce mémoire.Introduction
Dans le cadre du service militaire obligatoire, nous avons été appelés
par l’Etat français pour faire la guerre d’Algérie. Étrangement, nous n’en
avons jamais parlé publiquement, ou presque pas. Certains d’entre nous
n’osent toujours pas témoigner, par pudeur, par ignorance de l’intérêt que
cela peut avoir, ou encore par peur de se remémorer des épreuves trop
douloureuses et traumatisantes. Il reste sans doute aussi chez certains
d’entre nous un vague sentiment de culpabilité, plus ou moins conscient,
parce que le sujet a longtemps été tabou. En effet, ce n’est qu’en 1999
que l’État français reconnaît l’existence d’une guerre. Offciellement, on
ne partait pas faire la guerre mais on allait participer « aux opérations de
maintien de l’ordre » concernant les « événements d’Algérie ». Il n’était
pas question de parler de guerre d’indépendance, et encore moins de
guerre coloniale. Les informations étaient minimisées, voire occultées. La
censure était systématique pour certains sujets. Les cercueils étaient
rapatriés en silence. Dans ces conditions, comment oser témoigner
publiquement ? Aujourd’hui, les jeunes générations ne sont pas avares de
confessions, parfois très personnelles, devant des millions de téléspectateurs ou
d’internautes, pour des motifs qui peuvent paraître dérisoires au vu de
ce que nous avons vécu. Pourrait-on actuellement obliger 1,5 million de
jeunes à partir en terre inconnue et lointaine, avec le risque d’y mourir ?
Et à ne pas en parler au retour ? L’époque n’est tout simplement pas la
même. Nous sommes d’une toute autre génération, pour laquelle il était
presque normal de mettre sa vie en danger pour la Patrie.
Ni historiens, ni journalistes, ni chercheurs, nous n’avons jamais écrit de
livre. Nous habitons en majorité la Normandie et nous avons fait notre
service militaire obligatoire aux quatre coins de l’Algérie. Nos expériences
sont très différentes selon que nous étions affectés dans le désert, dans les
montagnes, dans les plaines, dans des villages pacifques ou au contraire
dans des zones de confits armés intenses. C’était une sorte de loterie. Les
situations variaient également si on se trouvait dans le bled ou en ville,
en unité combattante ou dans un service auxiliaire, au début ou à la fn de la guerre. Certains pouvaient vivre des expériences très enrichissantes,
humainement et professionnellement, voire joyeuses, alors que d’autres
vivaient les cauchemars d’une guerre insidieuse et diffcile, où la mort
rodait à chaque instant. L’objectif de ce livre n’est pas d’apporter une
vision complète ou exhaustive du vécu des appelés au service militaire. Il
s’agit plutôt d’apporter nos témoignages qui forment une mosaïque de
situations. En effet cela nous semble aujourd’hui important de dire ce que
nous avons vécu, de donner notre version des choses. A nos âges,
retraités, nous n’avons pas sur ce sujet d’enjeu idéologique, politique,
fnancier ou professionnel à défendre. Notre seul intérêt, c’est d’expliquer aux
nouvelles générations ce qu’il s’est effectivement passé pour nous sur le
terrain, de livrer notre version des faits, en fonction de ce que l’on pouvait
voir et comprendre sur place. Nous souhaitons de cette manière apporter
notre pierre à l’édifce, certes modeste mais sincère et sans arrière-pensée,
afn

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