La lune cendrée
165 pages
Français

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La lune cendrée , livre ebook

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Description

Céline, artiste, change de vie et part emménager dans un pays baigné par les contes et légendes.
Dans la cour de sa propriété, elle découvre un catalpa qui semble gardé par une louve apprivoisée. Elle s’aperçoit que ses voisins s’intéressent de très près à sa maison.
Que peut-elle bien renfermer de si précieux ?
Une nuit, Wahya, mystérieux Indien aux longs cheveux surgit et un attachement profond s’installe entre eux.
Mais pourquoi ne vient-il qu’au crépuscule pour disparaître à l’aube ?
Et que signifie le rituel de la lune cendrée qu’il doit accomplir et dont sa vie dépend ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 septembre 2014
Nombre de lectures 676
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0034€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA LUNE CENDRÉE

Brune-El



© Éditions Hélène Jacob, 2014. Collection Fantastique . Tous droits réservés.
ISBN : 978-2-37011-181-4
« Il n’y a d’oasis que pour ceux qui n’ont pas de sable dans les yeux.
Sache que tes yeux peuvent faire des miracles. Ouvre-les bien et grandement, et tu verras tout, autrement et mieux.
C’est ainsi que tu verras, tout comme moi, briller des larmes aux cils des fleurs ; surgir de la mer des îles fabuleuses ; apercevoir au cœur de la forêt des clairières où dansent les loups et où chantent les chevreuils. C’est ainsi que tu découvriras également la montagne sacrée, la source de toutes les magies, le pont d’or qui relie le ciel et la terre ; la face cachée de la lune, toutes les oasis du désert et les châteaux de l’Espagne. Tu verras des nuages te sourire et des anges te faire de grands signes de la main. Et tu auras, étalées pour toujours devant tes yeux, et rien que pour toi, les splendeurs jamais éteintes de l’aube et du crépuscule.
Nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit. »
Khalil GIBRAN
Chapitre 1


Le cœur serré, j’abandonne tous mes souvenirs là où j’ai vécu heureuse avec Jules, mon mari. Un malencontreux accident de tracteur forestier me l’a enlevé il y a deux ans et, à trente ans, je me retrouve seule. La propriété que nous louions est en vente et je quitte aujourd’hui mon village pour l’Azé, hameau de l’Estélat en Haute-Loire. Bourg touché par la désertification : 142 habitants s’éparpillent de part et d’autre de la rivière. Qui souhaiterait aller se perdre là-bas ? Moi, apparemment.
La maison est vide et j’ai passé ma dernière nuit sur le sol dans mon sac de couchage, brisée par le manque de confort de ce lit improvisé. Pas d’eau non plus, je me débarbouille au bac de l’écurie et j’enfile juste un jean et un débardeur. Il fait déjà chaud, prémices d’un été caniculaire.
Je distribue les croquettes à Basile, mon jeune border collie, et à Minimoï la minette ; pendant qu’ils prennent leur dernier repas ici, je mets les poules et leur coq en cage. Drôles de compagnons de voyage.
Hier, les déménageurs ont emporté mes quelques meubles. Oh ! Pas grand-chose, mais j’y tiens, ils suffiront pour la nouvelle maison, de quoi me sentir chez moi.
Le coffre de la Logan accueille les derniers bagages et la cage de la volaille. Dans la remorque, j’ai aussi chargé toutes les planches rabotées par Jules, car je souhaite continuer mon activité artistique.
Basile s’assied tel un seigneur sur la banquette arrière et Minimoï boude dans son panier. À l’avant, complice de bien des déménagements, la pivoine de ma mère, dans un seau avec sa motte de terre humidifiée.
En chemin, je m’arrête pour saluer les parents de Jules. J’ai de la peine. Oui, bien sûr je reviendrai, promis. Les bras chargés de présents, la gorge nouée et les yeux humides, je remonte dans la voiture. Par la fenêtre ouverte, j’entends crier ma belle-mère : « Adieu, Céline, prends soin de toi ! » De nouveau, une bouffée de nostalgie et d’inquiétude me comprime la poitrine.
Décision irrévocable, je pars ! Loin de ma belle-famille pour m’installer avec mes animaux dans ce coin désert. Jules avait acheté le domaine de l’Adahy, cinq ans auparavant, en vue de notre retraite. Charmant corps de ferme datant des années 1800. Une belle terrasse en bois s’ouvre sur un grand parc arboré entretenu par notre ami Paul Moureï.
La fluidité de la circulation sur l’autoroute fait défiler les kilomètres assez vite. La musique m’aide à conduire et à garder le moral. Au moins, je n’entends pas le concert donné par la minette en colère. Basile, bienheureux, dort affalé de toute sa longueur sur deux sièges. Le harnais ne semble pas le gêner. À mi-chemin, une pause sur une aire de repos devient absolument indispensable : soulager le dos, la vessie et le gosier de tous les passagers. Guère de places libres sur ce parking, c’est l’autoroute du Sud et la première vague de vacanciers de cette fin de semaine cherche le soleil. Des voitures bondées avec la plage arrière recouverte de fringues, jouets et jeux destinés à calmer des enfants impatients et turbulents. J’aurais bien aimé pouponner, mais le sort en a décidé autrement. Pourtant, j’envie ces familles bruyantes et joyeuses.
Après l’autoroute, le massif imposant de la Margeride surgit devant moi, au passé lourd de mystères, comme la bête du Gévaudan. Paul m’a raconté l’histoire. Ils n’ont jamais su qui avait commis ces horribles crimes, un loup ou un tueur en série. Certains même croyaient à un loup-garou ! C’est dire ! Tout ce qu’ils savaient se résume à des rumeurs déformées au fil du temps. De nombreux films ont pris pour trame de fond l’histoire et des scénarios tous aussi effrayants les uns que les autres.
Vertigineuse et sans garde-fou, cette route étroite zigzagante m’oblige à une concentration maximum. Je ne pourrais pas croiser un tracteur !
La route surplombe de rares villages aux maisons en pierre et aux toits d’ardoises, qui semblent abandonnés. D’immenses plantations les ceinturent. En contrebas, le ruisseau vagabonde et réplique à l’identique les multiples virages de la petite route. Peu d’habitants au mètre carré. Chaque parcelle est boisée. Par-ci par-là, quelques trouées vertes où paissent chevaux de trait, moutons et vaches.
Tout le long du trajet, des panneaux aux incroyables noms de contes : Chanteloube, La tuile des Fées, Lestigeolet . La route grimpe, le panorama change et devient plus sauvage. Les sapins et les hêtres centenaires remplacent les pins sylvestres. Une longue ligne droite défile sur plusieurs kilomètres, assombrie par la densité des branches de grands conifères semblables à ceux sacrifiés pour illuminer la grande place de la ville durant les fêtes de Noël.
En milieu d’après-midi, je dépasse le panneau l’Azé avec un petit pincement au cœur. Je conçois à quel point je vais être seule. Pour m’enterrer vivante, je ne pouvais pas trouver mieux. Paul est absent, pas besoin de m’arrêter. À la verticale sur le talus, je croise ses chèvres affairées dans les ronces en bordure de route. La commune devrait les récompenser. Aucun équipement de voirie ne pourrait faire ce travail de débroussaillage. Elles ne risquent pas grand-chose, vu la quasi inexistante circulation. Une fois par semaine un grumier monte charger les résineux abattus. Quelques habitués, à l’automne, remplissent leurs paniers de cèpes ou de girolles. Ici, rare celui qui ne connaît pas Biscotte et Bergamote. La première fois, quelques années avant le décès de Jules, nous avions ralenti devant ce panneau insolite avec cette phrase en patois : espalegé de chabrà , « traversée de chèvres ». Paul Moureï, un ami de longue date, l’a fabriqué et planté malgré l’interdiction verbale de son ami, le maire de la commune.
Personne sur le chemin. Après deux fermes insignifiantes, les volets bleu lavande de la troisième attirent mon regard. Encore cent cinquante mètres en direction de la forêt et je devrais voir l’entrée de la maison au bout de la route, là où démarre un sentier de grande randonnée, là où, enfin, je serai chez moi.
Chapitre 2


À travers le feuillage du parc, je distingue la bâtisse. Le souvenir de mes quelques visites demeure assez vague. En revanche, je connais assez bien la forêt alentour, pour avoir souvent suivi Jules lors de l’achat d’arbres sur pied. Avec Paul Moureï, responsable du hameau – le chef, en quelque sorte –, nous partions arpenter d’un bout à l’autre la forêt pentue. Nous devions trouver les bornes, limites des propriétés. À l’aide du marteau forestier, Jules marquait d’une entaille les troncs qui devaient être abattus et ensuite rapportés à la scierie afin d’être coupés en longues planches ou en chevrons pour la réalisation de charpentes.
Voici l’Adahy, nom donné par le premier propriétaire, René Alzait. Je passe la pergola de bois où grimpent des clématites aux fleurs brillamment colorées de pourpre et j’arrête la Logan près de l’escalier de bois, à l’ombre des branches garnies de cœurs verts. Je sors, libère mes deux fauves et m’étire sans aucune retenue.
Ma maison : belle et orgueilleuse. Avec ses murs de pierres blanches réchauffés par le bois des volets percés d’un cœur. Son toit au singulier damier gris-vert d’ardoises et de feuilles mélangées pour protéger l’habitation. La fragrance d’un chèvrefeuille des forêts entortillé dans la balustrade parfume la petite terrasse.
Quel silence étonnant ! Pas un chant d’oiseaux, certainement rendus muets par cette subite invasion d’étrangers. Même le vent a disparu.
Basile détale vers la forêt. Inquiète, je siffle et n’en crois pas mes yeux ! Il revient près de la voiture avec un ch

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